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vendredi 10 février 2023

Février

 


Février est le mois où généralement revient la lumière, où le soleil fait des incursions, où il chauffe même un peu. C'est aussi un mois venteux et neigeux. Ce matin, j'avais un soleil radieux, j'ai ressenti le besoin d'aller me promener. Il y avait du vent, pas très froid, mais pas de neige. J'ai pris beaucoup de plaisir à respirer l'air frais, à voir ce ciel nacré, dont le soleil s'enveloppait peu à peu jusqu'à presque disparaître, plus qu'une tête brillante aux boucles blanches dans un envol de draperies grises et roses. Le lac se distinguait de la neige par une sorte de très allusive phosphorescence bleue. J'avais mis de vraies bottes de feutre sans semelles de plastique, c'est vrai que cela tient très chaud, et ne glisse pas, et puis j'avais pris aussi des bâtons de ski, ce qui donne beaucoup de stabilité, décharge les genoux d'une partie du poids du corps, et fait travailler les bras et les épaules.

Je tire du congélateur des souvenirs de l'été précédent, en attendant le prochain. Des groseilles congelées dans le sucre, qu'elles m'ont donc paru bonnes, avec leur petit goût âpre et sauvage! Meilleures qu'en été ou l'abondance m'empêche de les apprécier. J'ai aussi des réserves de mente et de mélisse, de marjolaine que j'ai fait sécher, et dont le parfum s'échappe du bocal comme s'il ouvrait directement sur la belle saison.

Mon jardin est toujours hanté par les deux frères Nounours et Alba, les deux gentils et timides géants à la fourrure blanche. Hier, en rentrant de mes courses, j'ai vu Alba confortablement installé sur l'herbe sèche, dans la niche que j'avais mise pour Nounours, et où il n'a jamais voulu entrer. Alba a pris un air coupable, je lui ai dit qu'il pouvait rester...

J'ai aussi, outre les traditionnels bouvreuils, des compagnies de huppes qui viennent manger avec les mésanges dans mon restau du coeur.

J'avais l'intention de parler de ci, de ça et du reste, de tout ce qui nous inquiète, nous révolte, nous effraie, nous consterne et des imbécilités que je lis, ou des trahisons, mais là, brusquement, je n'ai plus envie. Que les imbéciles et les salauds aillent se faire voir sans moi chez les Grecs, qui en ont pourtant déjà bien assez vu, les pauvres. J'attends le printemps comme une fête, aujourd'hui j'en sentais un peu la présence, dans un mois tout va commencer à fondre, il y aura ces premiers merveilleux jours où l'on peut déjà s'asseoir sur la terrasse, où l'air reste encore froid mais le soleil est chaud et la lumière vive. Je travaille la musique, j'écris, je corrige, à chaque jour suffit sa peine. Ma tante Mano va mieux. On m'a transmis par internet une lettre de la mère Hypandia: "Nous sommes dans une époque incompréhensible si nous ne nous fions pas au regard du Christ pour la comprendre. Et encore le mot « comprendre » peut-il avoir un sens ? Il faut plutôt dire que nous recevons notre temps, tel que Dieu nous le donne aujourd’hui. Recevons-le de Sa main, pleine d’amour et réjouissons-nous et glorifions tout ce qui nous arrive".

Beaucoup de choses me rendent infiniment triste et je ne sais comment je les supporte ou les supporterai plus avant, mais sans doute de cette manière, et avec la certitude que derrière tous les désastres se lève quelque chose de mystérieux et de grandiose et qu'il ne faut pas se tromper de combat...


5 commentaires:

  1. Oui , quelques fois je sature , comme dirait saturnin … quoi quoi quoi quoi … le petit canard de mon enfance , à la Tv sur la Tv enfin à une époque où c’était la Tv en noir et blanc , et qu’il y avait la Tv , sous entend qu’il y avait une chaîne , point c’était tout … le marchand de sable est passé …
    Aussi …
    Je pose mon cerveau dans un coin de forêt … en général vers l’eau … vive ou tranquille.
    Écouter la nature , et le silence de la nature , les odeurs , la fraîcheur sur le visage , plutôt vif le froid.
    Peu d’oiseau et pas de bruissements de feuilles au sol , nos amis rongeurs ou autres sont en dormance, en attendant un peu plus de chaleur.
    Pour les grecs , je suis d’accord aussi, et pour les deux avis.
    C’est toujours un plaisir de vous lire.
    À bientôt

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  2. Chère Laurence,
    Il y a bien longtemps que je n'ai pas posté un commentaire...

    Vous écrivez :
    J'avais l'intention de parler de ci, de ça et du reste, de tout ce qui nous inquiète, nous révolte, nous effraie,
    nous consterne et des imbécilités que je lis, ou des trahisons, mais là, brusquement, je n'ai plus envie

    Ça me met en mémoire 3 réflexions :

    - D'abord Saint Jean de la Croix (je sais, je suis catholique, et après... ?)
    " L’inquiétude est toujours vanité, parce qu’elle ne sert à rien de bon. Oui, même si le monde entier était jeté dans la confusion, ainsi que toutes les choses qu’il renferme, l’inquiétude à ce sujet serait vanité."

    - Ensuite, celle d'un psychiatre a qui un malade a dit un jour :

    "Docteur, depuis que j'ai éteint ma télé le monde de porte beaucoup mieux !"

    Je trouve cette réflexion savoureuse.
    Je n'ai jamais eu de TV, pas de radio depuis 16 ou 17 ans, je n'écoute que la musique que je joue.
    Je n'ai plus aucun réseau pseudo-social, je ne sais rien des nouvelles, et il m'arrive même de ne plus vous lire pour conserver ma paix intérieure et rester capable de quelque oraison.

    - Enfin, j'ai fait un rêve l'autre nuit, qui reste très fort et très prégnant dans mon esprit.
    Un rêve qui refuse de s'effilocher et de partir.
    Et si j'avais les moyens de m'offrir les talents d'un peintre professionnel, je lui ferais commande du tableau :

    "Je voyais un ou une enfant pré-ado, occidental(e). C'est l'âge de tous les dangers, de tous les tourments. Son visage reflétait 3 sentiments : l'angoisse, la joie et la confiance. Il ou elle était à l'arrière d'une grande Harley-Davison, à guidon « corne-de-vache ». L'enfant serrait dans ses bras, de toutes ses forces, le grand bonhomme qui conduisait.
    Et plus elle serrait plus elle souriait.
    On ne voyait la moto que de 3 quart arrière.
    Le grand bonhomme qui conduisait n'avait pas de casque, mais cheveux longs au vent, barbe de même, habillé d'une grande tunique blanche, on apercevait sa main gauche, posée sur le guidon, transpercée comme si un clou était passé au travers.

    Je vous assure que l'enfant, dont l'Evangile nous dit que nous devons lui ressembler, était radieux malgré ses peurs.

    Tranquille ! Soi tranquille, était-il écrit sur mon tableau, c'est Jésus qui conduit !

    L'enfant ne connaissait pas la route... mais savait qu'il ou elle ne risquait pas d'accident, et que le Grand Bonhomme qu'il ou elle serrait très fort, l'emmenait chez Lui, et que DÉJÀ, tout était apaisé".

    Voilà, en dehors de mon épouse et d'une amie que nous avions gardée à déjeuner après la messe, je n'ai raconté cette histoire à personne.

    Vous avez donc, vous et votre lectorat, la primeur de ce "tableau" dans ma tête, mon cœur et mon âme, qui me conforte dans le fait de ne plus rien redouter du tout.

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    1. C'est un commentaire et un rêve magnifiques. Pour selon que je suis assez anxieuse de nature, je reste pour l'instant plutôt calme; comme vous, je sais que c'est Jésus qui conduit.

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  3. Vous étiez autorisée, chère Laurence, à corriger mes fautes d'orthographe et de frappe 😊

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  4. Je suis contente de savoir que votre tante Mano de Marseille se porte mieux. Bonne santé à vous aussi

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