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lundi 17 juin 2024

Peuples du monde

 


J'étais conviée à chanter à la fête de la pivoine, deux chansons, et j'y suis allée, car deux personnes qui m'y avaient vue l'année dernière, étaient venues à la présentation de mon livre et me l'avaient acheté. Il faisait très chaud, je craignais les moustiques, il n'y en avait pas tellement: la chaleur et le soleil les rebutent. En chemin, j'ai croisé une vache qui traversait paisiblement la route, toute seule. Puis j'en ai vu une autre dans un champ, toujours en stabulation libre. Quel spectacle réconfortant que celui de ces paisibles animaux en train de brouter à leur guise... Le ciel avait un ton transparent, très lumineux, et des nuages blancs y flottaient les pattes en l'air, éblouissants d'un côté et ténébreux de l'autre. 

La fête de la pivoine, c'était la vraie foire, la vraie fête à neuneu, avec un ensemble pseudo-folklorique très kitsch qui braillait tant et plus, et des foules de gens. Je ne savais pas où me mettre, avec ma chienne hors d'haleine. On m'avait recommandé de me tenir prête pour cinq heures vingt. J'étais archiprête, mais pas eux. Avant moi, il y avait une espèce de pièce de théâtre jouée ou plutôt mimée par des enfants, car le texte était enregistré préalablement par des adultes, et le tout était mené par un jeune homme à guitare. Cela a duré facile un quart d'heure de plus que prévu. Deux gamines m'ont demandé ensuite, avec des sourires radieux, comment j'avais trouvé cela, j'ai répondu: "Ah super!" Que dire d'autre?

Je pensais que mon tour était venu, mais non. On m'avait mise dans la section"les peuples du monde", sans doute parce que je suis française. Et avant moi passait une jeune personne en fourreau noir, avec des strass partout, qui chantait démonstrativement en anglais un truc américain. Puis ce fut une danse chinoise en kimono. Enfin on me conduisit à la scène avec d'immenses précautions, comme si j'allais me casser en route, et on m'y a fait grimper par un escalier aux marches si hautes, que je n'arrivais pas à me soulever. Rita voulait absolument me suivre, le présentateur, un garçon qui faisait l'important, ne voulait pas en entendre parler, comme si nous nous trouvions dans un grand music-hall. Une de ses aides s'est emparée de ma chienne, qui heureusement ne l'a pas mordue, sans doute le choc. J'avais le soleil en pleine poire, et j'entendais le fichu bonimenteur expliquer que Laurence Guillon venait d'un pays qui et que, allez, devinez, les croissants, la tour Eiffel... Ouiii! la France! 

Or, j'avais bien expliqué au préalable que j'avais préparé une chanson russe, et même deux, mais je n'avais plus le temps que pour une seule, "dans le champ se dressait un bouleau". C'est ce que j'ai dit au public: "Oui, je suis française, mais j'avais prévu une chanson russe, des cosaques de l'Oural. Vous voulez une chanson française?"

Aveuglée par le soleil, je distingue deux cosaques dans le public qui me crient: "La chanson cosaque, bien sûr!

- D'accord, c'est parti."

Après cela, il me restait bien peu de temps pour regagner Pereslavl, où avait lieu le concert d'Andreï Kotov, de l'ensemble Sirin, au bar du café. Je suis arrivée pile poil, et comme j'avais faim et soif, j'ai pris un verre d'hydromel et des pistaches avant de m'installer avec Rita. J'aime énormément ce que fait Andreï Kotov, et après les kitscheries précédentes, c'était un vrai beaume pour le coeur et l'âme d'entendre cette vielle poignante et ces vers spirituels authentiques et nobles. Je ne doutais pas une minute que les gens dont c'était l'univers étaient cent fois plus intelligents que leurs descendants, ceux que j'avais vus l'après-midi errer hagards à travers les stands en écoutant des singes savants faire une musique horrible. Mais j'eus maille à partir avec Kotov, je pense qu'au départ, le fait que je buvasse un coup en grignotant quelque chose avait dû lui taper sur les nerfs, car il me fallait écouter ses chants et son interprétation magnifiques avec une attention religieuse, et c'était bien ainsi que je l'écoutais, cependant, je le jure. De plus, Rita, ensorcelée, est allée sur la scène frétiller de la queue devant lui, elle ne le fait jamais, sauf quand c'est moi qui chante, c'est ce que je lui ai expliqué quand il m'a priée de récupérer mon animal perturbateur. Non seulement ses chansons étaient très belles, mais il expliquait des choses très intéressantes, il a évoqué, comme Starostine l'avait déjà fait, la persécution des joueurs de vielle et des chanteurs de vers spirituels par le pouvoir soviétique, et parlé de la fonction du chant populaire traditionnel: "Courir n'est pas naturel à l'homme, il ne le fait que dans deux cas, s'enfuir ou poursuivre. Si l'homme chante, c'est pour transfigurer ses émotions. Le chant produit un déplacement de conscience dont il a besoin pour surmonter sa vie. Les bylines, les chants épiques et les vers spirituels sont de la méditation collective". 

J'observais qu'il mettait un maximum de collophane sur sa roue, ce qui expliquait le caractère particulièrement poignant de son instrument qui, néanmoins, avait, comme le mien, tendance à se désaccorder ou grincer, je suis loin d'être virtuose et ne suis pas une spécialiste du chant populaire, mais cela me consolait de voir qu'un maître comme Kotov avait le même genre de problèmes que moi. Aussi, pendant qu'il remettait les choses en ordre, me permis-je de glisser: "C'est capricieux, la vieille-à-roue...

- Pas du tout, c'est votre chienne qui est capricieuse, la vielle, c'est une question d'affinités!"

N'empêche qu'il est intervenu sur la sienne je ne sais combien de fois. Je n'ai pas perdu ma soirée mais je n'ai pas conquis la sympathie du maître! Pourtant, malgré l'hydromel, les pistaches, ma chienne et ma remarque, j'étais certainement la personne la plus profondément concernée de son auditoire!



Andreï Kotov

 Le lendemain, après la liturgie, j'ai trouvé Katia sur un banc, près du café, et nous y sommes allées ensemble. Je lui ai demandé des nouvelles de Fiodor, il est en vie, Dieu merci, et pense le devoir à nos prières. Nous avons discuté de la situation, et je ne donnerai pas de détails, mais le commentaire du discours de Poutine, et de sa proposition de paix par Emmanuel Leroy m'a paru tout à fait pertinent, en ce qui concerne la Russie et l'Ukraine, et m'a recentrée. J'y ajoute ce témoignage d'Ukrainiens, pour ceux qui doutent encore d'avoir à leur tête des mafieux fous furieux. Et en ce qui concerne la France, l'analyse brève et percutante d'Olivier.


https://disk.yandex.ru/i/dLrprSnlpZthzA


L'antifascisme est, en Occident, ce que le fascisme a produit de pire. Un réflexe pavlovien de la gauche pour empêcher, précisément, toute unité nationale et populaire contre l'oligarchie financière.

Cet antifascisme se manifeste sous la forme du simulacre, de la bouffonnerie, du spectacle, du théâtre. Son caractère haineux et paroxystique est un dérivatif destiné à détourner la gauche militante de toute radicalité authentique.

La comédie du "tous ensemble contre l'extrême droite", rite de passage de foules adolescentes embrigadées et médiatisées, dévie la légitime colère du peuple français vers un mépris de classe qui ne veut pas dire son nom: celui des métropoles "wokes" et "bobos" envers la France profonde des "beaufs" et des "Deschiens".

Bien entendu, l'obsession fantasmagorique de l'islamisme, du péril rouge et de l'antisémitisme remplit une fonction similaire à droite de l'échiquier idéologique, empêchant tout lien entre la dénonciation du grand remplacement et celle du globalisme marchand.

Le retour du réel et du tragique permettra peut-être un jour de sortir des conditionnements psychologiques qui rendent impossibles toute authentique remise en question du capitalisme mondialisé et cosmopolite.

Enfin je terminerai avec et article pénétrant du Saker francophone: https://lesakerfrancophone.fr/pour-comprendre-les-globalistes-il-faut-comprendre-leur-religion-psychopathique

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