Les Suisses, qui devaient s’en aller le 18, ont du partir plus tôt que prévu. Ils reviendront quand l’architecte Pavel Baranov aura débuté les travaux. Nous avons tout discuté avec lui et par mon intermédiaire.
Je suis enchantée par la
maison de Pavel, et celle qu’il fait à côté sera aussi un bijou. Ces carreaux
aux motifs raffinés sur le sol, ce mur recouvert de vieilles planches de
récupération, vivantes, qui gardent la douce teinte du bois, et ces encadrements
de fenêtres sculptés posés à l’intérieur, des luminaires contemporains mais
poétiques, tout est ravissant. Sa terrasse est très réussie, le toit est en
plastique, mais comme il est blanc, transparent, et posé sur une belle
structure métal et bois, cela n’est absolument pas gênant. Je crois qu’il fera
aux Suisses une vraie merveille. Sa femme Irina parle français, ce qui sera
pratique pour eux, elle ne le parle pas très bien, elle a l’a un peu oublié,
mais quand même.
Ce matin, ils sont venus avec Veniamine le Suisse cosaque, me livrer les chaises de l’ancienne propriétaire, car ils ont vidé la maison. Au début, je ne voulais pas les prendre, mais en fait, elles sont les bienvenues, car j’en ai deux ou trois qui sont presque inutilisables du lot que j’avais acheté chez Avito. Je pensais les recouvrir, mais cela ne sera même pas nécessaire, car l’imprimé soviétique qui paraissait tristounet chez elle, chez moi s’inscrit très bien, avec un agréable côté vintage.
J’ai écrit à Anna Novikova
pour lui exprimer mon soutien, je trouve ce coup monté trop ignoble, et
on dit qu’elle est très seule. A ce propos, j'ai lu un article qui exprime bien la quintessence de la situation:
« L’affaire Anna Novikova ou la cabale infernale du nouvel État français
Parallèlement à la pauvre Anna Novikova, le métropolite Arséni poursuit son ascension du Golgotha, avec son air doux et lumineux, en faisant des dessins (talentueux, dans le genre iconographique) pendant les audiences. Moi, en situation de stress, c'est plutôt le point de croix ou le crochet, comme à l'hôpital pendant le covid. Comme j'avais écrit que c'était un saint homme, ce que je pense, au vu de son visage, de ses yeux rayonnants de bonté, de ses homélies, de son attitude digne, chrétienne et ferme, un individu au nom slave vient me contredire: "Mais pas du tout, certes, son procès n'est pas justifié, mais non, ce n'est pas un saint etc..." Je vais voir, sa page, toute jaune et bleue, avec le métropolite uniate dont j'ai oublié le nom, là, tout de suite, et ce n'est pas grave, mais dont j'avais démonté, sur Novorossia today, les mensonges éhontés proférés à la Croix au sujet du Donbass. La France en général, et les paroisses orthodoxes en particulier, grouillent à mon avis d'agitateurs ukrainiens, et si je me souviens bien, Macron avait commencé à recruter des Azov dans la gendarmerie.
Ce matin, je lisais quelque
chose sur la mort de Marie-Antoinette. Elle avait un cancer de l’utérus très
avancé, et pour être sûre qu’elle finisse sur l’échafaud, Robespierre avait
envoyé son médecin la bourrer de tampons, pour l’empêcher de saigner. Que dire
du médecin qui s’est prêté à cela ? Je crois que la révolution a déchaîné
une ignominie qui nous est devenue consubstantielle, nous la payons encore
aujourd’hui, et nous en avons gardé les immondes réflexes.
Là dessus, je vois que d’après Macron, qui cherche à justifier son protégé Zelinski, la corruption est la preuve que nous sommes dans une démocratie bien vivante ! Celui-là ne recule devant rien, c’est une anthologie de la fausseté et de l’impudence. Mais en réalité, il a raison, c’est peut-être juste, chez lui, du cynisme. Car je pense depuis bien longtemps que la démocratie, hormis peut-être dans de tous petits pays, ou mieux, dans une ville, se termine obligatoirement par une dictature de bandits.
Je ne peux plus supporter de
voir les nouvelles de France, et en particulier ce qui se passe avec les
éleveurs, dont on massacre les troupeaux sous leurs yeux. Il me semble voir se
répéter dans mon pays d’origine, ce qui s’est déroulé ici au moment de la
collectivisation, dans les années trente, et dont je ne peux lire le récit sans me provoquer des insomnies. Des bêtes abattues, sous le faux
prétexte d’une maladie bénigne et sur la commande mafieuse de l’UE inféodée au
capitalisme supranational, comme on dit. Et il se trouve des vétérinaires pour
marcher là dedans, des flics pour éxécuter ces ordres iniques, on envoie de
véritables armées de bourrins casqués pour réprimer les agriculteurs et tuer leurs vaches
sous leurs yeux. Cela ne devrait pas m’étonner, nos gendarmes et CRS sont
devenus depuis longtemps de simples sbires de la mafia en col blanc, cravate et
brushing. Ils éborgnaient et mutilaient joyeusement les gilets jaunes, pourquoi
se gêneraient-ils avec les paysans et leurs vaches ? Discrets dans les
quartiers chauds, on ne les voit affluer en force que pour tabasser le
franchouillard de base ou pour emmerder Dieudonné. Je ne sais même pas comment ces gens peuvent se regarder dans une glace ou affronter le regard de leurs gosses. Beaucoup
de malheureux Français, cramponnés à leurs illusions rassurantes d’un autre
âge, d’une part se refusent à croire qu’ils sont dirigés par des pervers narcissiques et des criminels et d’autre
part, estiment que les bons représentants de la loi « ne font qu’obéir aux ordres ».
Demain, on donnera à ces misérables cognes celui de tirer sur la foule, et ils
le feront, j’en doute de moins en moins. Je n’ai plus aucun respect pour eux, non
plus que pour les généraux Boum-boum qui viennent décoconner à la télé sur
ordre du psychopathe de service. Les préfets, on sait depuis longtemps ce que c’est : des publicains infects, j’aurais honte d’avoir un fils ou un mari
dans cette profession indigne, et pense souvent à la grand-mère de ma soeur,
déclarant à l’un d’eux : « Monsieur, je ne salue pas les
fonctionnaires qui ne fonctionnent pas ». A la différence qu’ils
fonctionnent, ils fonctionnent pour nous détruire, façon shérif de Notthingam.
Mais contrairement à mes compatriotes, j’en veux particulièrement aux
gendarmes, aux vétos, à ceux qui conservent quand même plus ou moins leur
confiance, alors qu’ils n’en sont plus du tout dignes, qu’ils trahissent sur
toute la ligne, et méritent finalement le qualificatif clamé dans les stupides
manifs de 68 : CRS-SS ! Des types capables de tuer ces troupeaux de
vaches saines sous les yeux des éleveurs le sont de nous coller tous demain
contre un mur.
Maintenant on s’en prend aux
cochons qui « vivent trop près de la nature », c’est-à-dire qui
échappent aux élevages concentrationnaires du cocopitalisme escrologique. Demain ce seront
les moutons et les chèvres, puis les animaux de compagnie. Et ensuite les gens, car la collectivisation soviétique
s’est accompagnée de la famine qu’on veut à présent coller sur le dos des seuls
Russes, alors qu’ils en étaient victimes comme les copains.
Sur le fond de cette tragédie,
je fais mon troisième panneau, un berger dans la montagne, en écoutant du vrai
folklore français, et en pensant à mon beau-père qui aurait peut-être, de nos
jours, transformé sa belle ferme en fort Chabrol, et accueilli comme il
convenait tous ces pandores à coups du fusil qu’il gardait sagement sous
son lit au cas où, comme tout bon paysan qui se respectait à l’époque. Le
berger dans la montagne, c’est la France, la vraie. Une fois éliminés les
derniers représentants de ces bons travailleurs français, il ne restera plus là-bas qu’une plèbe hagarde et multicolore aux cheveux bleus et deux ou trois dissidents terrés dans
des villages de la Dordogne ou de la Creuse, en attendant que vienne les
débusquer la milice de la caste.
J'ai trouvé chez Slobodan cette citation intéressante:
"Dans sa conférence de Hiroshima, publiée justement pendant notre séjour au Japon, Emmanuel Todd se fonde sur sa connaissance du pays pour dire que le Japon, comme l’Italie chez nous, est en quelque sorte protégé du nihilisme par son culte du beau. Un échange avec son hôte nous livre une clef étonnamment limpide pour saisir l’âme du Japon. M. Ochi: Vous avez mentionné la «beauté» de la société japonaise. Dans un monde en pleine mutation, avec l’immigration et l’évolution des valeurs, que pensez-vous qu’il adviendra de cette beauté? M. Todd: La «beauté» dont je parle n’est pas celle du paysage, mais «la sensibilité qui permet de perce voir le monde comme beau». Le problème du Japon n’est pas le nihilisme, mais un excès de recherche de la perfection. Accepter parfois un peu d’«imperfection» ne mène t-il pas à la maturité humaine? "
La beauté protège du nihilisme, c'est pourquoi on s'emploie à la faire disparaître partout. Toute personne insensible à la beauté est un nihiliste conscient ou inconscient, une âme mutilée. C'est en ce sens que je comprends la phrase de Dostoievski: "la beauté sauvera le monde". La beauté est le reflet de Dieu. Une beauté d'où Dieu est effacé devient laide, on en voit de nombreux exemples sur les affiches et les écrans.


