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jeudi 9 août 2018

AUX SOLOVKI - 2 - Saint Cyrille du Lac Blanc


Voilà, mon bain du lendemain de la saint Elie sera sans doute le dernier, le vent se lève, le ciel se couvre, on annonce de la pluie, mais cette heure de nage solitaire, sous les nuages montants, des nuages qui s’épaississent insensiblement, qui caillent dans le pâle azur du matin comme un lait nacré, avec les étoiles blanches et criardes des mouettes de rivière, m’a fait le plus grand bien, moralement et physiquement. J’ai rencontré un chat, un chat heureux que j’ai revu ensuite, il suivait un ponton, quelle belle vie pour un chat, ce bord de rivière…
J’ai un peu peur de marcher sur le ponton, car il tangue, et moi aussi, je tangue de plus en plus.
Anna m’a emmenée à Saint-Cyrille. Je ne me souvenais pas de la ville de Kirillov qui l’entoure et qui date principalement de Catherine II, bien qu'il ne subsiste pas grand chose de son plan et de ses bâtiments initiaux. Comme partout ailleurs, il reste quelques maisons anciennes au milieu d’un chaos post-industriel de cabanes en plastique mal fichues, avec des toits en tuile métallique criarde. Une sorte de bidonville amélioré avec des administrations et des églises, d'ailleurs en très mauvais état, qu'on a oublié de détruire. A vrai dire, dans les temps anciens, les villes russes étaient composées de bâtiments en dur, palais princiers, églises, administrations qui résistaient aux incendies et aux aléas climatiques, et de bâtiments en bois renouvelés fréquemment, la différence est qu’ils étaient beaux, abondamment décorés, que la tradition de leur fabrication était vivante…
J’étais très fatiguée, et j’avais du mal à marcher. J’ai remarqué que Saint Cyrille était composé de deux grandes cours, la première pratiquement vide, où peut-être les moines avaient autrefois des cultures, des animaux domestiques, et d’une autre cour où se trouvent les églises, magnifiques et majoritairement du XVI° et du XVII° siècle. Il devait aussi s’y trouver des édifices de bois disparus depuis.  Dans la première cour, une espèce d’isba m’a fait penser à celle que l’higoumène attribue à Fédia. On a implanté là des constructions en bois du nord, soustraites aux villages où elles pourrissaient, notemment une petite église du XIV° siècle, en tous points semblables à celles que l’on continuait à faire ultérieurement dans la même tradition. Mais pourquoi déplacer des monuments conçus pour un autre environnement, au lieu de les restaurer sur place ? C’est l’esprit des musées, faire d’un objet vivant une pièce de collection coupée de son contexte. Même chose pour les icônes en conserve à la galerie Tretiakov…



Le mur d’enceinte est énorme, un vrai mur de forteresse, avec de grosses tours du XVI° et du XVII°. Je suis sûre d’avoir pris une photo d’un point de vue qui montrait, du haut de ces remparts, le rempart d’en face, une tour et le lac derrière. J’en ai parlé à la sous-directrice du musée, que connaît Anna, et elle m’envoyait obstinément sur le clocher, pour avoir la vue, mais ce que je voulais, moi, c’était déterminer si Fédia pouvait régulièrement contempler le lac du haut des remparts avec ses fils.  Je suis montée héroïquement sur le clocher, avec ma patte folle. La vue est panoramique, le clocher récent, mais en réalité, il existait à l’époque sous une autre forme,  il était surmonté de trois pyramides, trois bulbes sur une structure en forme de tente, comme à saint Théraponte, où il n’y en a que deux. Ce devait être très beau.
Je pense qu’il pouvait voir le lac, comme moi quand j’avais pris la photo, non en s’accoudant au rempart, comme je l’avais écrit, mais en lui tournant le dos, et en s’appuyant à la rambarde de la galerie pour regarder le lac qui s’étendait derrière le rempart opposé. Car les remparts sont absolument opaques, les seules ouvertures existantes sont des meurtrières permettant de tirer à travers, un point c’est tout. Les gardes déambulaient sur la galerie, et sous un toit, sans doute à cause des intempéries.
 La sous-directrice nous a montré des reconstitutions de cellules de moines, avec le mobilier, une sorte de petit placard dont les portes sont faites d’écorce tressée, des coffres, un banc au dossier mobile. Ils suspendaient un récipient à deux orifices au dessus d’un baquet en bois pour leur toilette quotidienne, et en fait d’éclairage, recouraient à la fameuse  « loutchina », un long bout d’écorce coincé dans une pince en fer forgé installée sur un récipient de bois évidé oblong. Il était rempli d’eau, pour que la cendre ne risquât pas de mettre le feu à la maison. Les cellules n’étaient pas mal, chauffées par un poêle, mais ils dormaient sur des bancs, comme la plupart des Russes.
Cet ensemble de cellules date du XVII° et a été construit par des Italiens. Il m’est venu à l’esprit que le recours fréquent aux services des Italiens venait sans doute du fait que les Russes n’avaient pas l’expérience traditionnelle de la maçonnerie, contrairement à eux ; les Russes sont des charpentiers, qui faisaient des merveilles avec le bois. La brique et la pierre n’étaient pas vraiment leur truc. A l’époque de mon livre, ces bâtiments devaient être en bois, il y avait sans doute aussi des églises en bois remplacées ensuite par des églises en brique. Tout ce qui est du XVII° siècle n’a pas lieu d’être dans mon livre.
Une église datant de 1530/1534 est consacrée à saint Jean Baptiste, sans doute a-t-elle été construite pour la naissance d’Ivan le Terrible, dont il était le protecteur céleste.  L’église est sur une sorte de petite éminence, ce qui donne un joli relief à cette cour, et aurait pu permettre aux enfants de Fédia de la dévaler sur une luge, mais le monastère étant très sévère, j’ai renoncé à cette idée aussitôt qu’elle m’est venue.
J’ai visité l’exposition d’Anna et de son mari Sacha, il y avait de très jolis tableaux vibrants et chatoyants.
Anna a absolument voulu entrer vénérer les reliques de saint Cyrille, alors que je n’en pouvais plus et que je n’avais pas osé me lancer dans la tour des galeries du rempart, qui m’aurait été utile. Mais une fois dans l’église, je me suis souvenue de ce que m’avait dit ma cousine : «Si Fédia est mort à saint Cyrille, c’est là bas qu’il faut prier pour lui ». Et j’ai commandé pour lui une quarantaine.
Pour des renseignements complémentaires, j’ai trouvé un bel album sur le monastère.



AUX SOLOVKI - 1 - La saint Elie



Le soir, sur la rivière Itkla
Après en avoir rêvé pendant 30 ans, j'ai décidé, accompagnée des artistes peintres  Sacha et Anna Messerer, qui ont une datcha à côté de Ferapontovo, de me rendre aux îles Solovki, dans la mer Blanche, à la rencontre du métropolite martyr Philippe de Moscou, qui était higoumène dans le célèbre monastère du grand nord, avant d'accepter la charge proposée par Ivan le Terrible. Ma première étape était donc Ferapontovo, 450 km plus au nord. C’était déjà un long voyage. Comme le paysage ne change pas vraiment, on a l’impression de faire du sur place. Anna m’avait écrit de prendre à Vologda la direction de Medvejegorsk, Vyterga, je croyais que c’était dans leur coin et je vois l’un à 300 km et l’autre à 600…
A mon arrivée,  Anna m’a montré l’endroit où la famille se baigne, un ponton dans la rivière. J’ai eu l’impression de me trouver dans un film de Tarkovski.  Comme je me lève tôt, je suis allée nager le lendemain matin. L’eau était douce et tiède, un peu boueuse, on dit ici qu'elle "fleurit", très lisse. Le silence n’était troublé que par le lointain vrombissement d’une route, l’eau froissée, les oiseaux. Les mouettes joignaient l’éclat blanc de leur vol rapide à celui de leur cri. Quand j’étais petite, et que j’entendais le pinson, il me semblait qu’il chantait : « tip, tip, tip, Madagascar ». Et les mouettes du nord crient : « K riekie ! K riekie ! K riekie ! » (à la rivière, à la rivière, à la rivière !)
Je nageais et me disais que la Russie, il faut la connaître aussi en se baignant dans ses cours d’eau, en traversant les reflets du ciel dans leur miroir, quand les algues, nous effleurant dans cette soupe fraîche et douce, évoquent  les chevelures des ondines à l’affût.

les enfants Messerer sur le ponton

Le naufrage de la maison grise

Ensuite nous avons suivi la procession qui va du magnifique monastère de saint Théraponte à l’église saint Elie, dont c'était la fête. Sacha voulait le faire en voiture, mais on lui avait mis d’autorité une icône dans les mains pour l'inclure dans le mouvement. J’ai suivi aussi, à pied, parce qu’en voiture, ce n’est pas pareil.
La procession quitte l'église

Saint Théraponte est un ensemble extrêmement harmonieux d’églises médiévales aux dentelles de briques passées à la chaux, de petites coupoles inégales et pareilles à des fleurs. Dans l’église en activité, j’ai vu une superbe iconostase de bois sculpté, très élégante, très originale. Je n'aime pas ce qui est postérieur à Pierre le Grand, généralement, mais je dois avouer que c'est une réussite esthétique, pleine de charme et de fraîcheur, bien que ce ne soit pas exactement les qualités que l'on doit attendre d'une iconostase.

l'iconostase du XIX° siècle

détails de l'iconostase

détails de l'iconostase

L’église saint Elie est toute en bois. Elle était en ruines, un enthousiaste l’a restaurée. On y voit les habituelles photos des prêtres martyrs locaux. Là encore, magnifique iconostase en bois sculpté et une belle exposition de deux artistes inspirées par l’art populaire, Alina et Genia. Genia chante aussi des chants populaires, de ce style incantatoire qui remonte à la nuit des temps.
L'église saint Elie

la coupole de saint Elie




Il y avait une foire, ensuite, au pied de l’église. La saint Elie est le moment où l’on arrête généralement de se baigner car le temps ne le permet plus. Il faisait très chaud, et nous avons reçu avec plaisir la fraîche pluie de l’eau bénite que le prêtre jetait sur nous à grands coups de goupillon. Mais cela ne durera pas très longtemps, et l’on voit déjà de petites touches dorées ou rouges dans les feuillages.
J’ai discuté avec un ensemble populaire d’Arkhangelsk, qui m’a chanté une chanson rien que pour moi, car je n'étais pas sûre de pouvoir rester jusqu'au moment de sa prestation. J’ai su après que c’étaient des vieilles qui ne s’étaient encore jamais produites et ne chantaient jusque là qu’entre elles.

Je ne tenais plus sur mes jambes et à cause de la chaleur, j’avais mal à la tête.  On m’a proposé de me ramener en voiture, mais la voiture était si loin que j’ai fait la moitié du trajet à pied. La propriétaire de la voiture cavalait comme un lièvre, avec Anna, devant, et je boitais loin derrière. Je ne pouvais ni courir ni même hâter le pas. Les Messerer sont plus jeunes que moi de dix ou quinze ans, ça fait toute la différence, ce sont les dix ans qui vous font comprendre que votre corps et vous ne vont plus bien ensemble… A la fête, j’ai rencontré un potier, un type à moitié russe, à moitié hongrois qui vit seul dans un village et parle français. « Cela doit être dur, pour une femme, d’être seule, m’a-t-il dit, même pour moi, ce n’est pas facile, et pour l’instant j’arrive à couper mon bois, mais le jour où je ne pourrai plus ? »
C’est un homme encore très beau, avec un visage médiéval. Ses poteries aussi sont belles. Il m’a confirmé qu’on avait interdit aux paysans, dans les années 50/60, de pratiquer leur artisanat traditionnel, raison pour laquelle dans toutes ces foires typiques, ce qu’on vend comme « souvenirs », c’est toujours de la merde et les gens ne savent même plus ce que c’est que des objets authentiques. Je n’avais d'ailleurs pratiquement pas envie d’acheter.
 
Le lac devant la maison de Sacha Pesterev
A notre retour au village, nous nous sommes arrêtés chez un artiste peintre qui va venir avec nous aux Solovki, Alexandre Pesterev. Sa maison est de très bon goût, très agréable, et elle donne directement sur le lac. Nous sommes allés nous y baigner. L’eau était plus fraîche, plus agitée, et je regardais la lumière jouer à travers les roseaux qui ondulaient souplement autour de moi, en échangeant des murmures. Puis en m’éloignant, j’ai vu le monastère, ses coupoles fantastiques, au dessus de l’eau d’une couleur que je ne vois qu’à ces lacs du nord, d’un gris souple et mauve, sourdement habité de reflets d’or.  Deux immersions totales m’ont guérie de ma migraine commençante.
Ensuite, nous avons dû aller chez Alina, qui le voulait absolument, et c'est une personne très charmante, entre toutes ces invitations,  je n’ai pas arrêté de manger de la journée. Je commençais à être complètement hébétée, et le soir nous avons remis ça chez un peintre du coin, Oleg, dont la femme fêtait son anniversaire. Cela se passait dans un joli jardin près d’une vieille maison, avec une  compagnie adorable,  des gens spontanés, bienveillants. Il y avait Génia, la chanteuse aux sculptures de bois, et elle a chanté, moi aussi, un jeune homme m’a interprété une chanson de marins en français. Son père est devenu moine aux Solovki, et il nous a donné son numéro de portable.
 Une dame m’a expliqué qu’elle avait quitté Moscou pour Férapontovo, elle travaille pour le musée, et vit seule à la campagne avec deux chiens. Elle est perpétuellement confrontée à la faune sauvage : élans, ours et loups. C’est une grande spécialiste du toast, elle en porte d’intarissables, avec des tas de compliments. Les Russes se réunissent pour se dire mutuellement tout le bien qu’ils pensent les uns des autres. Chaque fois qu’on lève son verre, c’est pour chanter les louanges de quelqu’un.
Je dors dans une vieille maison qui coule à moitié dans la terre.  Ses parquets ont aussi du gîte, c'est comme si on se trouvait dans un bateau, pris dans une tempête figée.. C’était celle du barine local, elle est plus jolie, plus simple que celles des oligarques modernes. Elle est encombrée de tout un tas de trucs, avec quelques antiquités. Anna et Sacha veulent la restaurer, mais en attendant de pouvoir le faire, ils en ont construit une plus petite, un peu plus loin… Le soir, des brumes traînent dans les champs, et la lune monte au travers, grosse goutte d’un orange rosé, sanguin, prise dans leurs filets gris.

Le matin, au réveil

La rivière Itkla

une barque...

Fleurs aquatiques

le ponton


mardi 31 juillet 2018

Bigoterie

Alexandrina Viguilianskaïa,, jeune femme on ne peut plus pieuse, fille d'un ecclésiastique renommé, l'archiprêtre Valdimir Viguilianski et de la poétesse et romancière Olessia Nikolaïeva, a connu une mésaventure comparable à beaucoup d'autres que l'on m'avait relatées autrefois et qui me scandalisaient profondément, au point que j'en avais presque perdu la foi.
Il y a deux  ou trois jours, mon voisin, en faisant notre palissade, m'avait déclaré qu'il portait une croix en bois d'olivier de Jérusalem mais ne fichait pas les pieds à l'église à cause des popes qui ne pensaient qu'à l'argent. C'est une chose que j'entends souvent, le "pope en Mercedes" ou le pope ivrogne, ou les deux. Mon voisin me produit un exemple: "Au monastère saint Nicétas, dès que tu arrives, on te saute dessus pour te prendre de l'argent.
- Oleg, je ne sais pas, vous avez sans doute un physique de riche, car je suis allée plusieurs fois là bas sans que personne ne me demande rien.
- Comment cela, mais dans tous les coins on voit des troncs qui nous incitent à ouvrir le portefeuille!
- Mais enfin, Oleg, il faut bien vivre, ces moines font beaucoup de bien, ils accueillent les sans abris, ce qu'on leur reproche assez, ils restaurent toutes les églises des villages environnants, alors que personne d'autre ne se soucie de conserver et de restaurer votre patrimoine! Je n'ose penser à ce que serait la Russie sans l'Eglise! Les gens deviendraient aussi cons qu'en Europe!
- Ce prêtre qui est venu bénir votre maison, il vous a pris de l'argent pour cela?
- Il ne me l'a pas pris, je le lui ai donné!
- Oui, mais il l'a accepté!
- Evidemment! Il mange, lui aussi, il ne vit pas de la manne céleste, il a des enfants à élever!"
Je n'ai jamais connu de "pope en Mercedes", sauf un, en Biélorussie, sa bagnole devait avoir 30 ans, et il se démenait tant qu'il pouvait pour ses paroissiens à qui il voulait constituer une bibliothèque classique. Beaucoup de prêtres font des kilomètres et des kilomètres, si un sponsor leur paie une voiture, cela ne me dérange pas vraiment. Beaucoup de prêtres sont d'ailleurs fauchés comme les blés, dans les campagnes, où ils n'ont que quelques grands-mères tout aussi fauchées pour subvenir à leurs besoins. Car ils vivent ici des dons des fidèles, en nature, ou en argent. On apporte à l'église des pommes, de l'épicerie, du miel, des conserves, à certains endroits on fait la quête, à d'autres non, les gens laissent de l'argent dans les troncs, ils donnent un peu plus pour les mariages, les enterrements, les bénédictions de maisons, offices spéciaux etc.
Pour ce qui est de l'ivrognerie, la femme du père Valentin m'avait dit que c'était presque une maladie professionnelle, parce qu'il faut toujours finir le vin de messe, d'une part, et que d'autre part, partout où ils vont bénir, marier et enterrer, les prêtres sont invités à boire et manger avec la famille. Alors selon qu'on lève ou non facilement le coude...
En revanche, ce qui me révulse, ce sont les Savonarole, qui ne sont pas toujours prêtres, qui peuvent être des fidèles, des jeunes filles revêches, des dragons de paroisse en fichu, des barbus rigides, des moines et moniales. Ceux qui se jettent sur la bonne femme qui entre mettre un cierge sans foulard, ou en pantalon, qui vous engueulent à tous propos dans la maison du Seigneur. J'ai pris un jour une tape sur la tête, parce que quelqu'un trouvait que je ne m'inclinais pas assez, quelqu'un qui ne s'est pas dénoncé quand je me suis retournée, furieuse, ce qui avait beaucoup fait rire le père Basile Pasquiet.
Et voilà donc Alexandrina qui, avec sa fille et sa nièce adolescentes, s'arrête pour aller visiter un joli petit monastère dans le Don, et mettre quelques cierges. En bonne fille de prêtre bien pieuse, elle a jupe longue, manches et fichu, et passe un moment, avec les gamines, à les équiper de la même manière, manches courtes, jupe jusqu'aux chevilles, en principe, tout est au delà du réglementaire, mais les moniales ne les ont pas admises, car les manches s'arrêtaient au coude et ne descendaient pas jusqu'au poignet (peut-être faudrait-il même les faire aller jusqu'aux doigts, comme au moyen âge?), qu'elles ne portaient pas de chaussettes dans leurs chaussures d'été (par 40°) et que, péché suprême, Alexandrina avait du vernis incolore sur les ongles de ses orteils!
Comme le faisait remarquer un commentaire, Alexandrina s'en remettra, mais la fille peu ou pas christianisée qui serait venue, sans tenue réglementaire à la chaussette près, chercher du réconfort, prier, qui serait venue sur un bon mouvement, un élan de son âme, accueillie de cette manière par des mégères doucereuses en soutane aurait fui pour toujours. J'ai connu un homme qui, s'étant décidé à se confesser pour reprendre une vie pratiquante, s'était fait engueuler dans toute l'église, de sorte que plus personne n'ignorait ses péchés dans la paroisse.
J'ai d'ailleurs le vague soupçon que si Alexandrina et ses jeunes compagnes avaient été de vrais laiderons sinistres, la longueur de leurs manches n'aurait pas eu la même importance.
Toujours est-il que c'est un étrange réflexe quand on voit arriver des gens dans un lieu de prière, que de mesurer mentalement la longueur des ourlets et de traquer l'orteil qui brille de façon suspecte sous certains angles, quand on se penche bien pour le voir et qu'on ne pense qu'à ça. Cela ne dénote pas un coeur débordant d'allégresse spirituelle et d'amour pour son prochain.
De telles histoires m'avaient conduite à un état permanent de colère que j'avais confessé au père Valeri, et celui-ci s'était exclamé avec tristesse: "C'est que vous fréquentez trop les prêtres et entendez tous nos ragots, eh bien que voulez-vous que je vous dise, vous avez raison, pardonnez-nous, au nom du Christ!"
Réflexion qui m'avait délivrée de cette colère pour toujours. L'Eglise est une communauté, avec ses brebis noires, que Dieu leur soit juge. Il faut pourtant bien dire que souvent, ses pires ennemis, ses ennemis les plus efficaces ne se trouvent pas parmi ses persécuteurs et ses calomniateurs, mais d'abord en son sein...
Je préfère un pope en Mercedes qui picole à des vierges desséchées et méchantes ou à des ayatollahs orthodoxes qui désespèrent les gens...


vendredi 27 juillet 2018

Bénédiction de la maison

Le père Victor et sa matouchka Nadia sont venus bénir aujourd'hui ma maison. On a collé des croix au quatre côtés, encensé et béni toutes les pièces, et lu des prières, l'évangile de Zacchée, le petit bonhomme grimpé sur un arbre pour voir le Seigneur, lequel l'apostrophe en lui disant qu'il viendra déjeuner chez lui. C'est une histoire que j'aime beaucoup. C'était chez moi, aujourd'hui, que le Seigneur s'invitait.
Le père Victor était ébahi par ma destinée, et me suggérait de l'écrire. Mais pas si surpris que cela: "Il y a chez nous un esprit qu'on ne trouve plus ailleurs, et si la Russie ne tient pas et disparaît, alors ce sera la fin. Même certains catholiques le disent: le Christ se retire d'Europe..."
Ma destinée ne m'ébahit pas du tout, elle me fiche plutôt le cafard, mais on peut dire que dans sa trame sombre a toujours couru le fil d'or de la providence, malgré tout... Et celui de l'espoir, souvent contre toute raison.
"N'essayez pas de comprendre votre attirance pour la Russie, m'a dit le père Victor, ce sont là des choses qu'on ne peut pas expliquer. C'était sans doute la volonté de Dieu, vous vous êtes russifiée, et voilà..."
 L'été est de retour,hier j'ai décidé d'aller enfin me baigner au lac d'un coup de vélo. Rosie m'a accompagnée, c'est vrai qu'elle est attentive aux voitures, son accident l'a rendue prudente. Elle adore l'eau et m'a suivie dans le lac, mais ne m'a pas laissé nager tranquillement. Le lac est très peu profond, mais il y a des endroits où j'aurais pu nager un peu, seulement comme elle n'avait plus pied, elle estimait que c'était très dangereux et qu'il fallait me sortir de là. Elle restait collée à moi, avec un air concerné, et me donnait de grands coups de pattes. A part Rosie, l'autre problème, ce sont les taons qui s'en donnent à coeur joie.
Je me suis assise sur un rocher pour sécher et faire une petite carte postale, tandis qu'une grosse fille prenait des poses de sirène pour se faire photographier par son petit ami. Rosie aboyait férocement sur ceux qui approchaient de moi et s'ennuyait visiblement. Ce n'est pas le genre de chien que je conseillerais à ceux qui veulent draguer... De plus, son grand jeu est de faucher tout ce qu'elle voit: ma robe, les maillots des nageurs. Bref, la plage avec Rosie, ce n'est pas à refaire...





jeudi 26 juillet 2018

Les cabines Rouges

Je me fais périodiquement attaquer par des communistes purs et durs qui me reprochent d'être "victime de la propagande occidentale" (qui, dans ma jeunesse, en France, était pro communiste) et me soutiennent mordicus que tout ce qu'on a raconté sur les épurations diverses, c'était de gros mensonges. Ils accusent également Soljenitsyne d'être un menteur et un traître. Or mon opinion s'est forgée au cours de longues années, et Soljenitsyne n'a pas été le seul à m'influencer, loin de là. J'ai juste entendu énormément de témoignages, beaucoup de ces témoignages, d'ailleurs, m'arrivaient par l'émission "Jdi Menia", "Attends-moi", où la télévision aidait des gens à retrouver des parents disparus, des amis perdus de vue. J'ai entendu alors des histoires incroyables, et des gens séparés par les arrestations, il y en avait un paquet. Par ailleurs, des amis me racontaient leurs histoires de famille. Et voilà qu'aujourd'hui, je tombe sur un post de Dmitri Paramonov, le roi du gousli, qui est en vacances dans l'Oural où il a grandi, avec les commentaires de ses amis. C'est un témoignage direct sur ce qu'on a appelé la "dékoulakisation", l'épuration des paysans "riches":




Dmitri Paramonov : Près des cabines Rouges au croisement . C’est dans ces endroits magnifiques que fut déporté mon arrière-grand-père Sémione avec sa famille, après la « dékoulakisation », en automne. Ils vivaient dans des huttes, ils mangeaient de l’écorce. Ils avaient deux sacs de blé et de seigle, mais mon grand-père ne les donnait pas à manger, pour les semer au printemps. Ils tressaient des lapti et les vendaient à la foire de la ville. Grâce à Dieu, ils ont survécu !
Katerina Savelieva : Et d’où venaient-ils et où les a-t-on envoyés ? Mon arrière-grand père aussi a été dékoulakisé mais il s’est enfui. En hiver, sans vêtements d’extérieur, il a parcouru plusieurs kilomètres, s’est planqué chez un ami cheminot et profitant d’une occasion, il est parti à Moscou, s’est fait embaucher à l’usine et a fait venir petit à petit sa famille. Il avait alors 70 ans.
Alexandre Kapoustine. Je suis heureux que tout se soit bien terminé pour ton arrière- grand-père. Le mien a été dékoulakisé deux fois. La première fois parce qu’il avait deux chevaux pour une famille nombreuse. On a déporté toute la famille, sauf mon arrière-grand-mère qui travaillait. Au bout d’un moment, les dékoulakisés se sont faits à leur nouvel endroit, ils ont remonté l’affaire familiale et commencé à envoyer à l’arrière-grand-mère leurs produits : de la crème, du beurre, emballés dans des tonnelets.  Et on les a à nouveau dékoulakisés, on les a jetés au milieu de la steppe en hiver sans vêtements chauds ni instruments de travail, avec des enfants en bas âge, les vouant à une mort certaine.
Dmitri Paramonov : Et chez nous pareil, on a dékoulakisé deux fois.

Ces récits familiaux répondent en tous points à ce qui est décrit pat Soljenitsyne dans "l'Archipel du Goulag": des familles jetées en plein hiver dans des endroits inhabitables qui, avec leur courage et leur résistance russes, réussissent à survivre et à qui on refait le même coup, lorsqu'on constate qu'ils ont recréé une petite exploitation paysanne et qu'ils arrivent à s'en sortir. Cela correspond également à ce que décrit Alexandre Panarine dans la "Civilisation orthodoxe": un acharnement sadique, méticuleux et haineux contre la population paysanne russe. Je ne vois pas pourquoi ces jeunes folkloristes qui échangent des considérations entre eux mentiraient sur ce point.
Maintenant, on me répète sans arrêt de tous les côtés que les Russes ne veulent pas travailler. Les descendants de ceux-là même qui les mettaient dans de telles situations vous diront que c'est un peuple de bons à rien, de feignants et d'alcooliques. Or, au vu de telles histoires, je pense que c'est un peuple extrêmement résistant, héroïque, j'espère que ces qualités n'ont pas été définitivement brisées par le dressage subit.

mercredi 25 juillet 2018

Objectif Solovki

J'observe ici un phénomène curieux, le vent change plusieurs fois par jour, et le temps de même. J'ai réussi à aller faire une balade en vélo, vers le lac, la rivière, par les petites rues. De moins en moins d'isbas pittoresques, de plus en plus d'horreurs, aucun contrôle de ce qui se construit: n'importe quel style, si l'on peut appeler ça un style, n'importe quelle hauteur, au besoin en enfermant le voisin derrière son château sans se demander si on le prive de soleil et de vue... J'essaie de me concentrer sur les fleurs et les églises, le ciel et les reflets dans l'eau.
Le vent s'est mis à souffler en tempête, mais doux et tiède. J'ai trouvé un lac sombre, très sombre, exaltant, prêt à se soulever, prêt à tout balayer, toute la modernité hideuse, et à lâcher sur la ville les cavaliers disparus et les guerriers du prince Alexandre, qui défendaient contre les mongols leur poignée d'églises et de maisons de bois, mais cela ne s'est pas produit. Les routes étaient  jonchées de branches brisées.
Au retour, le vent est devenu glacial, le ciel chargé. Le voisin me continuait le mur de Berlin, ce n'est vraiment pas comme cela que je voyais les choses. En chemin, j'ai vu de magnifiques clématites avec de grosses rosaces violettes, et ce sera ma parade, lâcher des clématites sur le grillage. Du chèvrefeuille, peut-être du houblon. Je vais même conserver un coin roseaux.
La pauvre Rosie court avec tant de bonheur, pendant que le voisin s'affaire à la cloîtrer chez moi, dans le grand espace de notre pré intermédiaire... Mais elle ne leur fait que des bêtises, elle leur a déterré leurs pommes de terre, elle pique les jouets de la gosse, et généralement tout ce qui traîne à sa portée.
J'ai dit au voisin que cela sentait l'automne, il m'a répondu que pas du tout, que nous étions au milieu de l'été. En France, on a ce temps fin septembre.
J'ai pris aujourd'hui, avec Anna Messerer, une artiste peintre qui a une datcha à Ferapontovo, la décision de partir la rejoindre là bas, près du monastère saint Cyrille du Lac Blanc, et de pousser avec elle jusqu'aux îles Solovki. D'ici à saint Cyrille 450 km, de saint Cyrille aux Solovki plus de 900... Je vais sur la mer Blanche!
Cela fait plus de 30 ans que je médite d'aller aux Solovki. Par vénération pour le métropolite Philippe de Moscou qui en fut l'higoumène, et pour tous les martyrs de l'époque soviétique qui y furent emprisonnés, puisque ce fut le premier camp d'une longue série, pour le père Pavel Florenski, esprit remarquable et parfaitement innocent de tout crime, sinon celui d'être croyant et prêtre, dont les déchirantes lettres de Solovki à sa famille m'avaient impressionnée. Profondément affecté d'être loin des siens, son esprit scientifique ne cessait de fonctionner, d'observer, d'inventer, et il se lamentait de ne pouvoir travailler normalement et être utile à son pays. Les nouveaux maîtres de ce pays ont fini par le fusiller.
C'est de plus un endroit magnifique, magique, d'après les photos que j'en ai vu.
Enfin, j'ai un chapitre qui se passe là bas, et toute une partie qui se déroule à saint Cyrille. Quand j'aurai fait ces deux coups avec une seule pierre, je pourrai peut-être mettre un point final à mon premier livre et tenter de le publier.




mardi 24 juillet 2018

Le mur de Berlin

Pas loin de chez moi, des voisins refont leur maison, c'est-à-dire qu'ils la surélèvent. Je craignais le pire. Ce ne sera pas affreux , à condition que le toit ne soit pas rouge pétard ou bleu électrique, je prie pour que cela me soit épargné...

Il est vraiment souhaitable que ce toit en construction reste discret...
Le fils de ma voisine Violetta, qui avait promis de faire la clôture qui va nous séparer, m'a monté un vrai mur de Berlin, c'est une manie, maintenant, chez les Russes, s'ils pouvaient les faire monter jusqu'au ciel... Ce matin, j'ai timidement suggéré de raccourcir les poteaux, j'ai vu que je lui faisais beaucoup de peine.

Après mûre réflexion, je pense que je mettrai du grillage, pas en plastique vert, comme le propose le voisin, mais en métal, parce que le plastique vert, c'est trop moche, surtout que je n'arriverai pas à le cacher sur une clôture aussi haute. Le grillage est plus discret et je ferai grimper des lianes dessus. Le bois me reviendrait plus cher, et sur une pareille hauteur, couperait trop la lumière et me donnerait une impression d'enfermement.
Cette clôture sera un coup dur pour Rosie qui adorait cavaler à travers le grand terrain de Violetta, mais justement, ce qui a décidé son fils à agir, c'est qu'elle leur fauche des tas de choses.
Hier, j'ai vu Olga et Oleg, rencontrés cet hiver, deux intellectuels orthodoxes sympathiques. Ils m'avaient préparé de l'okrochka, soupe froide au kvas que j'avais toujours trouvée dégueulasse, la leur est très bonne, il faut dire que leur kvas aussi. Oleg m'a donné du ferment pour obtenir cette boisson au pain fermenté, très rafraîchissante. Ils m'ont aussi emmenée chez leur médecin (à la retraite) qui soigne à sa manière, avec des aiguilles d'acupuncture, mais ce n'est pas de l'acupuncture. Je voyais qu'Oleg avait l'air de souffrir, avec ses aiguilles enfoncées jusqu'à la garde, et je n'étais pas trop partante. Le médecin m'a dit que mon arthrose venait d'un déséquilibre traumatique de ma colonne vertébrale, qui faisait que mon côté gauche était déficient, et qu'il me fallait beaucoup marcher. "Je croyais que c'était déconseillé, qu'il fallait faire du vélo?
- Les hommes des cavernes ne faisaient pas de vélo, nous sommes faits pour marcher sur des kilomètres, quand vous marchez, vos articulations sont irriguées et lubrifiées, si vous ne marchez pas, tout se bloque..."
J'ai fait un peu de marche à pied avec eux le long de la rivière Troubej, jusqu'à l'embouchure, et nous avons regardé le lac de plus en plus envasé, parce que la municipalité a créé un problème écologique qui enlève du débit à la rivière, enfin comme d'habitude... Oleg et Olga sont aussi en deuil du joli Pereslavl dont il subsistait encore de beaux restes il y a vingt ans. La plus ancienne maison du quartier a été remplacée par un machin revêtu de plastique façon fausse pierre. La fausse pierre en plastoque fait fureur à Pereslavl. La seule consolation que nous ayons, c'est que la verdure l'été, et la neige l'hiver, cachent ces horreurs à la vue des gens encore normaux que ce spectacle déprime.
Cela sent déjà un peu l'automne.  Chez Oleg et Olga, quelques feuilles de vignes vierge rougissent et chez moi quelques unes deviennent violacées, sur le poirier. En Fance, je voyais venir l'automne fin août, à quelque chose de doré et d'épuisé dans la lumière, après un été surchauffé. .
Le lac déjà bien gris et son atmosphère de mer froide et lointaine

J'ai des coups de cafard en pensant à ma famille disparue et à mes petits chiens également disparus, surtout le pauvre Doggie, mort si jeune et se croyant trahi pat moi qui avais du le laisser dans la cage du vétérinaire... Parfois, lorsque je prie en français, j'ai comme un diaporama dans la tête, je revois les rues de Cavillargues, le chemin de saint Pons-la-Calm, celui de la Condamine, celui du docteur Henri qui montait à la chapelle, le côté de Mas Carrière, et mon petit Doggie qui me suivait, car c'était en me promenant que je disais ces mêmes prières. Je vois aussi des coins de Montélimar ou de Pierrelatte, et le monastère de Solan. Oleg et Olga connaissent un Français orthodoxe qui cherche à s'installer en Russie, il leur a dit que les points orthodoxes étaient en France isolés dans un ensemble incroyant, sinon hostile, et qu'ici, l'orthodoxie était partout dans l'atmosphère. Pour moi, après les années où je m'étais habituée à Solan, j'ai eu un peu de mal à revenir à l'orthodoxie russe, au slavon, et mon livre a aussi joué un rôle, dans la mesure où il m'a profondément perturbée. Je devais le faire, mais il m'a perturbée et comme ramenée en arrière, par rapport au moment où, pendant et après la maladie de ma mère, je m'étais comme dévitalisée et me raccrochais à la prière. Mais il s'est passé quelque chose au cours de l'office en la mémoire de la famille impériale et je suis sortie de cette torpeur spirituelle. Pourquoi? Mystère, ce genre de choses ne se commande pas, et c'est pourquoi je suis persuadée de leur profonde authenticité. Je pense que j'en discernerai plus tard tout le sens.
J'en discutai avec Oleg et Olga, être partie me conduit principalement à rassembler mes forces, à les concentrer, à ne pas me laisser aller et surtout à compter essentiellement sur Dieu et le soutien mystérieux de ces saints Russes que je côtoie ici, et auxquels je m'adresse, ceux de mon livre, ceux de Pereslavl, les nouveaux martyrs... J'aurais pu vieillir tranquillement à Cavillargues, et je vois bien que ce n'est pas au repos que Dieu m'a ici conviée. Parfois, j'en éprouve une grande crainte. Je suis amenée à parler, à m'engager, à triompher de ma négligence et de ma lâcheté. Je suis lâche par désir d'avoir la paix, mais je suis lâche surtout devant les gens que j'aime bien et que je redoute de blesser. Ceux qui m'enrôlent d'office, et à qui je voudrais faire plaisir en leur disant que je pense comme eux. Mais ce n'est pas le cas... Or il faut dire les choses telles qu'elles sont et ne pas suivre un mouvement dont on sait que la direction n'est pas la bonne, et la bonne direction est unique, il n'y en a pas trente-six quelque plus ou moins semblable ou parallèle à l'originale elles puissent nous apparaître.

PS: je réponds à tous ceux qui m'écrivent, n'ayant pas encore un courrier de vedette, et je signale à MARIAM que son mail ne m'est jamais parvenu!