Je m’active pour préparer l’appartement de
l’artiste-peintre et de sa mère. Qu’elle me soit tombée du ciel m’a obligée à
m’en occuper, mais que de corvées… Je suis encore retournée au siège de
l’électricité Energo, qui était tout le temps fermé pour « causes techniques ». Les employées étaient présentes, mais ne me voyaient pas, j'avais un avant-goût de ce que peut signifier être sorti de son corps et imperceptible au monde des vivants, et cela a duré un bon quart d'heure. Quand on m'a enfin aperçue, on m’a encore envoyée ailleurs. Valia, du café français, m’a accompagnée, car c’est son
mari qui a changé le compteur. Et là, on me dit qu’avant de changer le
compteur, j’aurais dû les appeler, et que d’ailleurs j’avais une dette de
20 000 roubles. Théoriquement, je paie à travers la banque, mais il faut
quand même leur envoyer le relevé du compteur, sinon, ça ne marche pas, alors à
quoi bon passer par la banque ? En France, il y a un prélèvement mensuel,
une vérification ponctuelle du compteur et un réajustement si besoin est, mais
ce serait sans doute trop simple… D'un autre côté, les employés sont eux-mêmes tellement conscients que c'est le bordel, que cela ne va généralement pas plus loin et qu'on s'arrange...
Maintenant, il me faut attendre le gars qui
viendra plomber le truc.
Pour le gaz, j’ai renoncé à faire le raccordement
des plaques au reste du circuit, car c’était également toute une affaire, et
j’aurais dû mettre des plaques à induction sans me poser de questions. Là j’ai
vraiment manqué de jugeotte. La même Valia m’a dit de prendre une bonbonne,
normalement, ici, on doit les placer à l’extérieur, ce qu’en France, on ne fait
pas. J’espère que son mari va bien venir finir l’électricité, il manque des
prises…
Avec cela, il parait que les flics ont omis de me
donner un papier pour l’assurance de la voiture, et il va me falloir aller les
trouver, ce que je remets à demain depuis quinze jours.
Et côté permis de séjour, ce n’est pas fini non
plus.
Je vais à nouveau chanter toutes les semaines avec Katia à
Rostov, car Liéna est plus libre de son temps et désireuse de travailler avec des adultes et de fonder un petit ensemble. Cette fois, elle nous a reçues chez elle. Elle vit dans une isba, et son mari est charpentier, quel beau et véritable métier... Il a agrandi cette isba, pour y mettre les commodités modernes et avoir plus de place, sans aucunement la défigurer, elle reste une jolie maison russe. Il a sculpté lui-même les encadrements de fenêtres, et j'envisage d'en faire poser chez moi, aux fenêtres de la partie ancienne de ma maison. A titre de témoignage!
Nous en sommes au choix de vêtements typiques pour d'éventuels concerts. Ils ne doivent pas être trop typiques non plus. Nous allons nous adresser à une femme qui en fait sur commande, avec des imprimés traditionnels ravissants, à Vologda.
Nous en sommes au choix de vêtements typiques pour d'éventuels concerts. Ils ne doivent pas être trop typiques non plus. Nous allons nous adresser à une femme qui en fait sur commande, avec des imprimés traditionnels ravissants, à Vologda.
sarafanes de Tatiana Cheoulina |
La ville de Rostov est encore très belle, délabrée, mais belle, avec des dentelles de bois sur les vieilles isbas, des petits hôtels particuliers de brique, des maisons de marchands, quelle magnifique destination touristique elle pourrait devenir si ceux qui décident avaient un minimum de goût et d'intelligence...
L’actualité est abominable, ce ne sont que
destructions, génocides discrets, comme au Yemen et au Donbass, indignations
bruyantes et manipulées dans le sens voulu par la dictature mondiale qui se met
en place avec de plus en plus d’évidence
et d’impudence, invasions voulues et
dirigées, corruption, perversion. Une amie russe m’a appelée pour m’en parler.
Je vois sur Facebook plein de Français prendre Poutine pour l’homme fort et le
dernier recours, et ses discours sont effectivement impeccables, le problème
est que la réalité russe nous offre le démenti permanent de ce qu’il nous
raconte… Cette amie me disait qu’elle ne savait pas s’il servait de paravent
aux entreprises sournoises et délétères des équivalents « russes » de
nos seigneurs mafieux occidentaux,
auquel cas c’est un excellent comédien, bien meilleur que Macron, ou s’il
ne pouvait, au fond, pas faire grand-chose. Car d’après sa sœur, spécialiste de
l’économie et de la politique, la Russie est vendue, comme l’est l’Europe, ce
qui explique d’ailleurs cette arrogance des apparatchiks qui font ce qu’ils
veulent, imposent ici tout ce qui a
perdu l’Europe, mais en douceur, parce que la population n’étant pas aussi
abrutie que la nôtre, aussi coupée de toutes ses sources, désorientée,
conditionnée, hypnotisée, il ne faut pas effrayer la grenouille qu’on a mise
dans l’eau tiède de sa future cuisson avant que le degré d’ébullition ne lui
permette plus de réagir. Aussi Poutine nous parle-t-il des valeurs humaines éternelles,
des ciments spirituels et culturels de la sainte Russie et de la foi orthodoxe, et je souscris pleinement, mais l’on continue à détruire le patrimoine architectural, à piétiner tout ce
qui est russe, à promouvoir tout ce qui est étranger, et surtout ce qui peut
pervertir et abrutir la jeunesse, tout en lui faisant prendre son pays en
horreur. Parallèlement, une immigration musulmane est discrètement favorisée
aux dépens des Russes coincés dans les républiques ex-soviétiques et qu’on devrait inciter à
venir et accueillir à bras ouverts. Quand la population sera aussi avachie,
abrutie, hypnotisée que la nôtre, on pourra alors lui déverser dessus la Chine
et l’Asie Centrale par millions d’envahisseurs voraces, avec peut-être aussi l’Afrique
en prime, comme on le fait chez nous.
A mon humble niveau, je ne perds pas une occasion
de souligner les parentés de techniques entre leurs politicards et les nôtres,
leurs journaleux et les nôtres. Et de manifester mon enthousiasme pour tout ce
qui est russe de chez russe.
Il me paraît de plus en plus évident que tout cela
est voulu, concerté, qu’une toile d’araignée nous emprisonne tous, que des
métastases détruisent nos pays les uns après les autres au profit d’une caste
absolument sans foi ni loi qui confisque tout le pouvoir et toutes les
richesses, et nous créera un enfer auprès duquel les totalitarismes du XX°
siècle nous paraîtront d’aimables plaisanteries, un vrai cauchemar de
science-fiction. Parce que ce qui fait la force des peuples, c’est leur unité,
c’est leurs traditions, leur culture, leur foi, leur héritage historique,
culturel, spirituel, génétique, tout ce système de code subtil qui met les gens
en communion, et fait qu’ils se sentent en famille dans leur pays, et porteurs
d’une certaine idée sacrée de leur destin commun. Si l’on brise tout cela, si
les gens n’ont plus d’autre lien que la merde dans laquelle on les fait vivre
universellement, alors on observe l’émergence d’un abruti d’une stupidité et d’une
méchanceté, d’une indignité et d’une veulerie qu’on n’avait jamais connues
jusqu'alors, le produit, le produit au sens marchand du terme, d’une mafias de
monstres auxquels la disparition des monarchies a donné tout pouvoir sur nous, et qui nous prend pour des sous-hommes, qui nous métamorphose en sous-hommes.
Dans ce chaudron de sorcières que devient la
planète, mes seules lueurs d’espoir, c’est
la résistance spirituelle du métropolite Onuphre et de ses fidèles en Ukraine;
la résistance armée du Donbass qui, au moins, mourra debout, s’il faut mourir.
Des prophéties, celles de saint Païssios ou celles de saint Laurent de
Tchernigov. Des signes. Par exemple, les nuages. Après ceux que j'ai vus l'autre jour, j'ai observé dans la publications de mes amis russes, qu'ils en avaient aperçu d'aussi fantastiques près de Moscou. A la fois splendides et menaçants, comme un avertissement, assorti d'une bénédiction.
En attendant la suite, je profite de mon jardin, et du ciel, du vent, après deux jours de froid polaire, le soleil réchauffe un peu notre été nordique. J'ai fait une aquarelle, sur le perron, en écoutant l'air siffler à mes oreilles, et en contemplant les mouvements torses et bleuâtres de ce ciel unique, plein de lumières exaltées et d'ombres menaçantes, de rayons et de pluies traversières. Nous avons encore des oiseaux. Nous avons encore des papillons, des abeilles et des bourdons, des coccinelles... Et cela me paraît miraculeux, cela me paraît un sursis, cela qui me semblait si normal dans mon enfance, et si éternel.
Fouillis fleuri, comme dit ma tante |
Vigilante gardienne |
partie de hamac... |