Pluie glaciale.
Cet hiver trop doux se termine par une interminable période déprimante et
boueuse. J’ai toujours mes deux
« locataires ».
Ils m’avaient dit qu’ils allaient récupérer un appartement , mais cela ne va pas marcher. Pour retrouver une intimité convenable, je vais fermer la
porte de communication entre la cuisine et l’autre partie. Je suis obligée de
laisser un accès à leur cuisine où sont les compteurs. Mais je vais pratiquer
un autre accès, faire comme je le voulais une petite terrasse ou une véranda
pour les locataires. De sorte qu’en attendant qu’ils s’en aillent, je serai plus
tranquille. Et quand ils s’en iront, je louerai ponctuellement. De toute façon, même avec des locataires ponctuels ou une famille d'amis, il serait nécessaire de mieux séparer les deux logements.
Je suis
profondément perturbée par la chienne des voisins, une adorable et intelligente
jeune chienne, j’ai l’impression que c’est un patou, donc une bête énergique
faite pour travailler avec des moutons. Elle est tout le temps à la chaîne, ils
lui ont fait une grosse niche qui doit être froide, car les petites niches
permettent aux chiens de créer un microclimat, grâce à leur haleine, et qui
reproduit la grosse maison du patron. Mais en ce moment, avec la boue, elle est
sous la pluie, crottée boueuse. Ils la nourrissent bien, et lui font quelques
caresses en passant, ils sont sans doute persuadés de la traiter normalement,
puisqu’elle n’est ni battue ni affamée, alors que certains meurent de faim au
bout de leur chaîne. Elle périt de solitude et d’ennui, et pousse parfois des
plaintes désespérées. Mais elle leur fait des fêtes, sa fonction de chien est
d’aimer ses maîtres, et elle a besoin d’amour, comme toute créature sociale
évoluée. Si au moins le bonhomme prenait deux heures par jour pour aller la
promener, jouer avec elle…Mais non, ça ne lui vient pas à l’idée. Je n’arrive
pas à comprendre comment on peut vivre avec cela, avec cette pauvre prisonnière
à la vie sacrifiée, sans jamais se poser de questions. Par ailleurs, ces gens
sont très aimables, très bien disposés envers moi. Je ne vois absolument pas ce
que je pourrais faire pour cet animal. Je prie pour que Dieu rende ses patrons
un peu moins bouchés à l’émeri : ils aimeraient être à la chaîne dans une
cour boueuse, sans stimulations autres que de voir passer les gens et les
voitures, et sans contacts affectifs ? Je ne sais plus lequel de mes divers conseillers spirituels, peut-être
la mère Hypandia, m’avait conseillé de confier à Dieu le malheur d’autrui quand
je n’y pouvais rien. Mais le spectacle de cette chienne me gâche tellement la
vie que je déménagerais, si je ne pressentais qu’ailleurs, je trouverais autre
chose du même genre. S’ils pouvaient déménager et l’abandonner, je la
recueillerais.
Les amis qui sont
chez moi en ce moment pour une durée indéterminée la caressent, et il parait
qu’elle réagit avec une détresse bouleversante, raison pour laquelle moi, je ne
vais pas le faire. J’ai dit à Natacha, qui n’est pas ici pour toujours, qu’elle
pourrait peut-être essayer de parler délicatement à ces gens, ce que d’ailleurs
elle pensait faire.
La cruauté des
gens, qui est souvent de la bêtise, m’aura toujours gâché la vie. Quand je lis
des considérations de divers religieux sur le fait que les animaux n’ont pas
d’âme (mais je connais aussi au moins autant de religieux qui ne sont pas de
cet avis) je ne peux absolument pas être d’accord avec cela. Ce serait
d’une injustice impossible, et puis ce n’est même pas intellectuellement
recevable. Je suis persuadée que chaque être vivant qui arrive au monde est
destiné à expérimenter la vie par tous les pores, par tous les sens, odeurs,
saveurs, couleurs, et par tous les sentiments. Même si cette vie est brève. Ou
même si l’être en question, lorsqu’il est humain, se détourne ensuite par
ascèse de cette jouissance immédiate d’exister, ce qui m’est complètement
étranger. Même à mon âge, l’été, je savoure le contact du vent, de l’eau, du
soleil, la beauté du monde qui m’entoure, les nuages, les étoiles, la joie des
réunions entre proches, la vie, en un mot, et j’emporterai cela avec moi, tout
ce que j’ai vu, admiré, senti, aimé.
« Nous partons là bas avec tout ce que nous aimons » m’a dit
mon père Valentin quand je pleurais un chat assassiné par des cons. Et la
prière m’apparaît comme le prolongement dans l’éternel de cette intensité de
vie. Alors que dire de ce que nous
infligeons à d’autres êtres, de façon complètement arbitraire ? Au nom du
droit que nous nous arrogeons sur eux ? D’acheter un jeune être et de le
mettre à la chaîne devant chez soi, ou dans une cage ? De faire vivre des
animaux dans des conditions épouvantables, pour ensuite leur faire connaître
une mort absolument atroce ? De les faire venir au monde juste pour ça, pour
souffrir, nous nourrir et surtout nous enrichir ? Auront-ils connu le
destin prévu par le Créateur ou la nature, jouer et faire des câlins avec ses
congénères, s’imprégner de soleil et de vent, chasser, procréer, exulter avant
de mourir ? Or ils ne sont un amas de cellules sans sentiments ni raison
que pour les imbéciles que cela arrange de se croire infiniment supérieurs et
de justifier leur tyrannie de plus en plus ignoble sur tout ce qui vit et qui a
autant que nous le droit de vivre, de
vivre vraiment, et de ne pas souffrir sans espoir dans l’enfer que nous faisons de la terre
à nous confiée. Je crois qu’au jour du Jugement, beaucoup d’animaux témoigneront contre les
hommes.
Une grande découverte de cette première semaine de carême que j'ai fait rigoureux: chaque jour qui passe, j'ai moins mal au genoux. Comme quoi la preuve est faite que les produits laitiers sont effectivement un poison pour les articulations. Dans un sens, je ne m'attendais pas à retrouver un usage plus facile de mes jambes et des nuits sans douleurs. Mais dans l'autre, je me retrouve au carême pour toute ma vie, car j'adore les produits laitiers et m'en passer sera une grande privation et me compliquera aussi la vie.
Une grande découverte de cette première semaine de carême que j'ai fait rigoureux: chaque jour qui passe, j'ai moins mal au genoux. Comme quoi la preuve est faite que les produits laitiers sont effectivement un poison pour les articulations. Dans un sens, je ne m'attendais pas à retrouver un usage plus facile de mes jambes et des nuits sans douleurs. Mais dans l'autre, je me retrouve au carême pour toute ma vie, car j'adore les produits laitiers et m'en passer sera une grande privation et me compliquera aussi la vie.