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samedi 29 février 2020

Maslenitsa à Davydovo

Comme l'année dernière, Nous sommes allées, avec Katia, fêter la maslenitsa au village de Davydovo, mais nous y avions rendez-vous avec Liéna de Rostov, quelques unes de ses élèves, dont les petites Américaines du père Gleason, le journaliste Vassia de Borissoglebski, et nous y avons retrouvé le père Alexandre de Rostov. Le temps était un peu comparable, bâtard, à la fois froid, glissant et boueux, mais le ciel plus translucide, avec des lueurs et des nuances. L'église m'a fait un effet irréel, comme souvent en Russie, où elles prennent la couleur des nuages, car elles sont souvent blanches ou bleues, avec des coupoles argentées, dorées, métalliques, leurs formes évoquent quelque chose de végétal, de féérique. Elles sont, surtout aujourd'hui, parfois la seule beauté du village, son rêve de perfection et de dépassement, son issue vers le haut, une sorte de nef en partance pour la Beauté qui est au delà de la beauté.
A Davydovo, on fête la maslenitsa, sans concerts, loin de la parodie de mauvais goût tonitruant qui sévit trop souvent ailleurs et notemment à Pereslavl. On sent évidemment que les gens se réapproprient tout cela comme ils peuvent. Mais ils se le réapproprient.
J'ai parlé avec le père Alexandre des ennuis que lui causent sa défense d'un site des environs sur lequel de gros requins ont des vues dévastatrices. Partout la cupidité et l'épaisse vulgarité piétinent ce qu'il reste de poésie, de sacré, ou pour dire plus brièvement et complètement, de vie.
Le père Vladimir m'a demandé de venir chanter avec ma vielle des vers spirituels pendant le carême, et je le ferai avec notre ensemble, et Liéna, naturellement. Comme nous prenions froid, malgré le thé et les crêpes à la confiture de courge (je ne connaissais pas, très bon, la confiture de courge), nous avons décidé d'aller dans un restaurant de Borissoglebsk, pour nous réchauffer.
Au passage, j'ai acheté un tapis circulaire traditionnel, tressé avec des chutes de tissus. Les couleurs en étaient très jolies.
Le restaurant s'appellait l'Arche, la décoration intérieure était vraiment grandiose... Des fausses pierres cernées de marron, avec une fresque d'animaux préhistoriques sur fond vert salade. Nous avons demandé la permission de chanter à table. Arrive une dame, qui se présente comme l'organisatrice des manifestations culturelles locales, et nous invite à un festival de folklore fin juillet, début août. Et la patronne nous a distribué des pirojki gratuitement pour nous remercier d'avoir mis de l'ambiance!
Nous ne chantons en réalité pas assez souvent ensemble dans le cadre des repas, des rencontres amicales, comme cela se faisait autrefois. Car il se constitue petit à petit un répertoire commun de gens qui ont l'habitude les uns des autres, c'est le cas de mes cosaques de Moscou, depuis le temps qu'ils chantent en toutes occasions, ils sont devenus quasiment un seul organisme. Le problème est que nous sommes un peu dispersés, les unes à Pereslavl, les autres à Rostov ou à Borissoglebsk.
Rita adore les crêpes. Mais les réjouissances dans la rue ne sont pas son truc, elle grelottait et ne quittait pas son sac ouatiné!
Katia vient de faire l'acquisition d'une voiture russe tout terrain "patriotique", mais comme elle n'a pas conduit depuis treize ans, elle ne s'est pas lancée dans l'expédition à Davydovo cette fois-ci...

Je discutais avec ma tante Mano des amis que j'ai ici, qui sont généralement hauts en couleurs, et vrais, qui ont une personnalité unique et affirmée. Je me souviens que dès ma jeunesse des années 70, il m'avait semblé que les gens de cette sorte, qui existaient aussi en France, appartenaient tous aux générations antérieures, et cela autour de moi comme dans l'art, la littérature ou la chanson. Elle m'a dit: "Je reconnais qu'avec les Russes, tu as pris l'habitude des alcools forts, non seulement au propre, mais au figuré"!


Katia

Vassia, Maxime, Liéna et Katia
La fête filmée par Vassili Tomachinski

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