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samedi 16 mai 2020

Assimilation

On m'appelle aujourd'hui au téléphone: "Guillon, Laurence, Marguerite, Madeleine?
- Oui?
- C'est le service d'immigration de Pereslavl. "
Mon sang n'a fait qu'un tour: qu'est-ce qu'on me voulait donc?
La voix continue: "Vous vous souvenez de moi? C'est moi qui ai enregistré votre permis de séjour...
- Oui, oui...
- Je voulais savoir, votre adorable petite chienne n'a pas fait de petits?
- Ah non, et du reste, elle est maintenant en chasse, je vois revenir l'horrible basset qui m'indique que c'est le moment.
- Laissez-moi lui trouver un fiancé, j'ai tellement envie d'avoir de nouveau un spitz!"
J'avais chez moi Natacha, qui discutait de la traduction de mon livre, et à qui l'adresser éventuellement, quoique naturellement, je me demande si l'espèce de cauchemar de science-fiction hollywoodienne qui se met en place me laissera le publier, d'autant plus qu'il n'est pas précisément porteur des valeurs de Bill Gates, Soros ou Guerman Gref.
Sous une photo ancienne de paysannes russes en costumes traditionnels, sur un site prônant le retour à la terre, une jeune Russe branchée avait écrit: "Est-ce le peuple russe, on dirait des extraterrestres". J'ai répondu: "Bien sûr, c'est ça le peuple russe, et les extraterrestres, c'est nous.
- Mais non, me répond-elle, les gens se sont assimilés, ils portent des fringues de marque, ils écoutent de la musique branchée...
- Ils se sont assimilés, c'est vrai. Assimilés à quoi? En France aussi, ils se sont assimilés, les citoyens du monde. Mais ils ne sont plus russes ni français, ni même tellement humains, ce sont des extraterrestres. Les vrais Russes, et les vrais Français ce sont ceux qui ne sont pas "assimilés".
Tout de même c'est extraordinaire ce terme d'assimilés... Un terme que l'on emploie pour les étrangers arrivés dans un pays. C'est-à-dire que cette fille qui ne sait même plus d'où elle sort, ignore ses ancêtres et leur culture, s'est assimilée, à l'intérieur de son pays, à ce qu'on nous propose partout, la contrée transnationale de l'imbécile hagard bientôt dument pucé et répertorié, mais à côté de cela, il reste les Russes, ceux qu'elle ne connaît pas, les Russes non assimilés que moi, je fréquente.
La veille, j'avais discuté avec Katia, venue m'aider, sur le même thème. Elle me disait: "La Russie n'existe plus qu'en tant qu'entité spirituelle". C'est sans doute vrai, et c'est déjà ça, c'est l'histoire de la ville invisible de Kitej. Quand j'avais ma datcha au village de Krasnoïé, j'avais accompagné ma vieille voisine sur la tombe de son fils, car elle ne pouvait plus marcher jusqu'au cimetière. Je l'avais attendue à distance, pour ne pas la gêner dans ses dévotions, en faisant un dessin sur le bord du chemin. Et j'avais entendu de loin des lamentations déchirantes, à pleine voix. Quand je l'avais rejointe, elle m'avait dit, en montrant les tombes autour d'elle: "Tu vois, tout le village est ici, il y a plus de monde sous la terre que dessus".
Et en effet, mais aussi bien les folkloristes que les orthodoxes, nous ne sommes pas séparés de ceux qui sont sous la terre et au ciel, comme les "assimilés", comme les extraterrestres qui n'appartiennent ni à l'une ni à l'autre. Nous formons tous ensemble avec eux la sainte Russie, la ville invisible de Kitej qui survit dans les décombres prérévolutionnaires et parmi les monstres post-révolutionnaires. Mes petites élèves, les filles du cosaque, m'ont dit: "Nous avons toujours eu l'impression que de quitter son pays était une trahison...
- Pour moi, on trahit son pays quand on essaie de lui nuire et de le déprécier, où qu'on soit, ce que je ne fais pas. C'est votre père qui pense cela?
- Oh non, il vous trouve super, une vraie patriote de la Russie.
- C'est vrai, je suis patriote de la Russie, et je ne renie pas la France, parfois, je ne la reconnais plus, mais nous sommes tous touchés par le même processus. Cela dit, pour ressusciter la France, selon le rêve de votre père, je ne sais pas dans quoi m'inscrire, car la France a été catholique pendant des siècles, et je ne le suis plus, je ne l'ai même jamais vraiment été, je suis passée du paganisme grec à l'orthodoxie, et si je puis dire, au delà de la Russie, je suis patriote de l'orthodoxie. C'est un peu inconfortable, mais il me faut bien l'assumer."
Je m'amuse bien, avec mes deux gamines. Elles m'écrivent en français des résumés historiques, et je leur fais traduire des recettes de cuisine. Hier, j'ai essayé de parler et de les faire parler. C'est la pratique et la prononciation qui pèchent le plus, chez elles.



mardi 12 mai 2020

Un peu de grâce

Deux jours de soleil, et je ne pouvais rester dans la maison, tant j'avais besoin d'être dehors, j'avais besoin d'air, de lumière, et quand il fait beau, ici, cela prend une sorte de caractère mystique, car c'est rare, et même les bonnes années, cela ne dure pas bien longtemps, on a l'impression de déboucher au paradis, et soudain, plus rien n'a d'importance. On reste dans le fil du vent, qui était d'ailleurs violent, mais tiède, et l'on regarde le ciel, les pruniers en fleurs, d'abord un semis de perles blanches, puis un lacis de dentelles, et d'ici deux jours tout cela sera déjà fané, les feuilles apparaîtront, les pétales s'envoleront. J'aurai cette année très peu de poires mais beaucoup de prunes, si le gel ne compromet pas la récolte. Les jonquilles sont magnifiques, et il en faudrait beaucoup plus, et des tulipes apparaissent, les renoncules s'annoncent. Au fond, d'être vieux permet de savourer chacune de ces joies contemplatives, la joie d'exister. Certes les nuages s'accumulent, et des créatures des ténèbres cherchent à nous priver de cette simple et intense joie, toutes créatures confondues, puisqu'ils détruisent la vie sauvage, et créent un enfer aux animaux et aux humains réduits à un matériel exploitable. Mais chaque minute d'extase que je leur vole me rapproche de la Source qui vivifie tous ceux qui viennent y boire, c'est-à-dire ceux qui la cherchent au lieu de gaspiller leur vie à empoisonner celle des autres.
Mon petit voisin Aliocha m'aide à répartir,  sur mon futur potager, et en certains endroits du jardin, qui réclamaient un apport, la tonne de terre qu'un aimable ouzbek a déversé devant ma palissade. Je veux lui offrir un accordéon pour le récompenser, car son père pourrait lui montrer comment s'en servir, et tous deux sont désoeuvrés par le coronavirus. J'ai vu une occasion dans un village, une veuve qui vend celui de son mari.
J'avais chez moi un jeune homme qui voulait absolument fuir la vaccination, le puçage et l'ordre  mondial de l'antéchrist au fin fond du nord, contre l'avis de sa tante et de sa mère, car il a de sérieux et chroniques problèmes de santé. La tante est arrivée à le retenir un mois. Puis elle est venue le rejoindre ici, et il est parti avec le jeune сonducteur qui l'avait amenée. Ils ont fait leur quatorze heures de route sans encombre, mais une fois sur place, où le printemps n'est pas encore vraiment arrivé, ils ont été arrêtés par un fleuve en crue, aucun moyen de le franchir pour arriver dans la bourgade perdue où on lui prête une maison. C'est drôle, ce réflexe qui subsiste chez les Russes de filer se réfugier dans le nord comme au temps des Tataro-Mongols. En réalité, si j'étais plus jeune, je partirais peut-être aussi, l'appel du nord et de sa rude et magique liberté est puissant, mais sans doute déjà illusoire, car les modernes Tataro-Mongols nous mettent tout nus sur la paume du diable, sans aucun moyen d'échapper à l'oeil de Sauron-Soros-Gates and co.
Le jeune homme revient donc, et va rester encore chez moi quelques temps. Je pense qu'il pourrait, sans aller aussi loin, trouver un village, ou mieux une communauté, par ici. De toute façon, maintenant, si Dieu n'intervient pas, rien ne pourra plus nous soustraire aux investigations de la caste maudite.
En attendant, je vis. Je vis des moments d'intense bonheur, il me suffit pour cela d'un peu de lumière et de vent, et de quelques fleurs. Ce beau temps nordique, si loin des fêtes printanières méridionales, a de sévères enchantements, une sorte de douceur fervente, mystérieuse, retenue qui se répand, pleine de grâce.



samedi 9 mai 2020

Bonne fête de la victoire!

Le jour de la victoire, me voici invitée cette fois chez le cosaque Alexandre et sa nombreuse famille. A vrai dire, Alexandre n'est cosaque que d'adoption, son père est Estonien, sa femme Natacha, en revanche, a vraiment des origines cosaques. Les enfants étaient tous habillés façon militaire, les portraits des grands-parents vétérans étaient disposées près du coin des icônes, et tout le repas a été émaillé de chansons et de discours patriotiques. Alexandre faisait même avec ses enfants du commentaire de textes, pour leur faire comprendre l'arrière-plan historique. Tout le monde espère que Poutine ruse, et que le jour où il aura les mains libres, la Russie renaîtra. "Vous comprenez, me dit Alexandre, nous devons le croire, nous devons le croire pour élever nos enfants correctement, pour élever des enfants qui défendront leur patrie, car Stolypine disait qu'un peuple qui n'a plus foi en lui-même devient le fumier qui engraisse ses remplaçants." Les enfants sont très bien élevés, et ils se préoccuppent toujours de leurs frères et soeurs, pensent à ce qu'ils soient servis, à ce qu'on leur donne autant qu'à eux-même. Périodiquement, nous nous levions et chantions "le jour de la victoire", "les trois tankistes",  "la Moldave au teint mat", tout le répertoire y est passé. Le grand-père me cherchait sur le comportement des Français, visiblement, il pensait qu'ils ne s'étaient guère battus, juste une poignée de résistants. Je lui ai répondu que nous avions été laminés par la guerre de 14, et que nous étions occupés...
Après le repas, Alexandre a voulu que nous allions tous faire des photos près du monument de la victoire, fleuri et gardé par une policière obligeante qui s'est chargée de l'opération. Nous étions au bord de la rivière miroitante, avec l'église de la Protection qui se laissait encore deviner au travers des nuages verts diffus des bourgeons éclos.
Alexandre part du principe qu'un président nous est donné par Dieu en fonction de notre état spirituel, et c'est donc à nous de le rendre meilleur par notre propre perfectionnement. J'ai objecté que dans certains cas, la tâche était surhumaine, mais il y tient beaucoup. Il faut tout donner à son pays, sa vie, ses enfants, il n'est pas du tout prêt pour le globalisme. Comme nous évoquions cette guerre qui ne dit pas son nom des grands malfaiteurs de la caste transnationale contre les populations, et que je soupirais après les snipers providentiels qui pourraient nous en débarasser, il m'a dit: "ces snipers, il faut les mettre au monde; et il faut les élever."
Ils vivent pauvrement, dans un appartement qui aurait besoin d'être réparé. Mais c'est manifestement une famille heureuse, digne et normale. Je n'ia quand même pas de veine, car aujourd'hui, c'est un enfant qui m'a renversé un verre de kvas sur ma jupe!





Jubilée

photo éparchie de Pereslavl
Nous avons fêté les soixante ans du père Andreï, à la cathédrale avec l'évêque, puis le lendemain, chez le père Andreï, avec le sacristain et les membres du choeur. Parmi ces membres, une jeune fille très jolie et très fraîche, Lisa, qui "rêvait de me rencontrer" et qui chante dans la lignée de Lydia Rouslanova ou de Lioudmila Zykhina. Elle fait des tournées à travers la Russie et même à l'étranger. La partie masculine de l'assistance, complètement bourrée, était en proie à une logorrhée aussi torrentielle qu'affectueuse. J'ai quand même réussi à parler un peu avec la jeune fille, auprès de laquelle j'étais allée m'asseoir, après avoir reçu, dans les échanges de grands gestes qui accompagnaient les discours, un verre de cognac sur ma manche, et une tasse de thé sur les genoux. Voulant emporter des assiettes à la cuisine, j'ai été suivie par Ritoulia.  L'innocente s'est heurtée à la chatte de la maison, qui a une portée de chatons, et s'est métamorphosée en tigre du Bengale. Elle s'est jetée sur ma malheureuse chienne qui jappait avec épouvante, et pour lui éviter d'être éborgnée, je l'ai soulevée au péril de ma vie, et j'ai reçu deux profondes griffures. Les bonshommes se sont répandus en excuses et les femmes en conseils. On m'a arrosé la main de cognac, de désinfectant, puis encore de je ne sais quel produit, en la recouvrant de serviettes en papier, et le sacristain la baisait avec vénération entre chaque couche, en versant encore une dose de liquide alcoolisé spiritueux ou pharmaceutique.
Après quoi, au moment de partir, ma roue était à plat, et le sacristain l'a obligemment changée. Cet homme, qui a toujours l'air très sévère à l'église, était complètement transformé, plus qu'aimable, carrément sentimental. Ils étaient tous très sentimentaux, d'ailleurs. "Laissez-moi vous embrasser, vous n'avez pas peur du coronavirus? me disait-on.
- Ben si, quand même, un peu...
- Oh pour l'avenir qui nous attend, un an de plus ou de moins... Nous sommes entre les mains du Seigneur!
- Certes, mais je voudrais vivre assez vieille pour enterrer mes chats..."
Du coup, je suis allée au "chinomontaj" faire réparer ma roue, qui n'avait rien, on me l'a juste regonflée. Et au "Magnit" voisin faire des courses, avec masque et gants. A la sortie, je vois l'infirme habituel, dans son fauteuil roulant, et je cherche dans mon sac, ce qui avec des gants n'est pas facile. "Je sens que vous allez me donner de l'argent, dit-il. Enlevez donc votre équipement. Qu'est-ce qu'on en a à foutre de leur virus? Les vrais problèmes, c'est que les prix n'arrêtent pas de monter, et que Poutine a perdu la partie".
Le soir-même j'ai appelé mon père Valentin, et lui ai rapporté les paroles du mendiant. "N'importe quoi, s'est-il écrié, Poutine contrôle parfaitement la situation, le gouvernement agit correctement, c'est pourquoi nous avons beaucoup moins de victimes qu'en occident, Le virus existe, le père Théodore a été malade, maintenant c'est le père Valéri qui est touché." D'après lui, le vaccin russe ne sera pas le vaccin de Bill Gates, les Russes ne seront jamais des Chinois, ils ne feront pas partie du Nouvel Ordre Mondial, et il n'y aura pas de puçage électronique en Russie, impossible. Je ne demande qu'à le croire, mais au vu de ce que je vois passer, je n'en suis pas tellement convaincue. Et je me souviens que lorsque je redoutais la trahison de Bartholomée, il me répondait que certainement pas, que c'était juste un fin diplomate qui rusait avec les Américains. De plus, le fait qu'on agite un vaccin, quand le professeur Raoult et d'autres distingués virologues, y compris ici, disent que le virus ne s'y prête pas, et qu'un traitement existe, dont l'équivalent russe a été approuvé par décret, m'inspire une réelle méfiance, sans parler des créatures des ténèbres qui tournent autour de tout cela. Cependant, je ne nie pas que le virus existe, quelle que soit son origine et les manipulations auxquelles il donne prétexte, et regrette les deux extrémismes, ceux qui le nient, et ceux qui en font un instrument d'intimidation et de conditionnement.
Après cela, je suis tombée sur les photos des félicitations du père Andreï à la cathédrale, où il est très aimé, sur un film de la télé locale, où d'ailleurs je figure, sur le parvis. La joie, l'amour qui se lisent sur les visages de ceux qui lui portent fleurs et cadeaux, lisent un compliment, les enfants des cosaques, le petit Gricha, la petite Yevdokia, sur le fond du déjeuner alcoolisé dont je parle précédemment, m'ont fait une fois de plus prendre conscience de ce que c'est que l'Eglise. Tous ceux qui sont en dehors d'elle en exigent qu'elle soit une communauté de saints irréprochables, alors que s'il est des saints parmi ses membres, elle est surtout une mise en communion de pécheurs souffrants qui essaient cahin-caha de suivre le Sauveur en lui faisant constemment d'impuissants signes d'excuses. Sur les photos, les péchés et les défauts disparaissent derrière la ferveur touchante des expressions, l'affection, la fraîcheur des jeunes et des enfants, une fraîcheur qu'on ne voit plus guère aux rejetons maussades et prématurément dégradés et blasés des consommateurs mécréants. L'Eglise n'est rien de plus que l'humanité du Christ, celle qui écoute son appel comme elle peut, et le suit en procession, une procession millénaire de gens divers, du mendiant au saint prince ou au prince pas saint, mais chrétien quand même, comparable à la foule qui, à la fin du livre "les Quatre Vies d'Arsène", suit le sublime cadavre du starets, dans son dernier chemin jusqu'au marécage, où il a demandé à être jeté. Et cette Eglise, cette humanité christique tirée et poussée par ses saints, encouragée et consolée par eux, trébuchante, souffrante, réticente, entre l'élan de foi et le découragement, entre la chute et la repentance, avec tous ceux qui la composent, et qui individuellement peuvent être décevants, irritants, tout ce qu'il y a de plus critiquables, mais qui néanmoins continuent à cheminer, c'est tout ce à quoi je tiens en ce monde, c'est là mon peuple, dont le Christ est le roi et nos hiérarques les princes. Qu'avons-nous à faire de l'homme nouveau, du surhomme ou de l'homme augmenté? L'homme nouveau est celui qui a vaincu en lui le vieil homme, le surhomme est l'homme transfiguré, l'homme augmenté est celui qui a acquis le Saint Esprit et sa grâce. Le reste n'est que parodie démoniaque aux effets atroces. L'Eglise essaie, elle est faite de gens qui essaient, qui boitillent pas à pas. C'est même la seule différence notable entre cette humanité là et l'autre. Mais c'est une grosse différence. Ainsi, Gilles de Rais torturait et violait des enfants, mais il est allé au bûcher en pleurant et en implorant le pardon des parents. Ivan le Terrible fut un tsar dur et cruel, mais il éprouvait des remords et construisait de magnifiques églises, composait de très belles stichères. Nos modernes prédateurs sont tellement investis par le démon, qu'on ne peut même plus discerner en eux quoique ce soit d'humain. Ils n'ont reçu aucun des anticorps spirituels qui aurait pu garder une étincelle d'humanité dans leur carcasse ténébreuse et malfaisante. Et les gens sur lesquels s'exercent leur violence, leur séduction et leur fourberie n'ont pas non plus de défense, ni de discernement, et ne forment plus de communauté.
Les romans de Dostoievski sont entièrement façonnés par cette idée de la communauté chrétienne, où les uns sauvent les autres et quelquefois les perdent, où personne n'est parfait, et personne n'est exclu, et j'ose espérer que le Christ recevra toute son Eglise, à bras ouverts, tous ceux qui l'ont plus ou moins suivi, ou rejoint au dernier moment, ou pour lesquels des proches auront prié. Et de mon côté, c'est toute l'Eglise que j'aime, c'est la seule représentation tangible que j'ai de son Chef sur cette terre, avec les icônes qu'elle porte en procession depuis pratiquement les catacombes.

Photos éparchie de Pereslavl

mercredi 6 mai 2020

Second Avènement

Sur Facebook, la censure se déchaîne, les interdictions arrivent en rafale et touchent n'importe qui, même des gens pas particulièrement polémistes. On sent monter l'impatience et l'arrogance d'une dictature qui ne prend même pas les dehors séduisants d'une idéologie, en dehors de celle du transhumanisme qui ne concerne que les "élus" de cette future société de science-fiction, ces monstres froids qui se croient plus intelligents et plus dignes de vivre que les autres, parce qu'ils n'ont jamais su s'intéresser à quoi que ce soit de plus noble que l'argent et la technique.
Je m'attends à être exclue de ce forum de plus en plus malsain, entièrement entre les mains de ces derniers, mais curieusement, je passe toujours à travers, cela m'a un temps vexée, maintenant cela pourrait m'inquiéter, car tout est inquiétant, de ce qui vient d'eux, de la secte...
Je me réoriente petit à petit sur le forum russe équivalent vkontakte, moins facile à utiliser mais aussi moins invasif et moins addictif.
Le printemps est ici si rapide, il est arrivé il y a trois jours, et je vois que les saules du marécage, encore bruns à ce moment là, sont déjà presque verts. Cela va trop vite, on n'a pas le temps d'apprécier, il faut dire que notre été du nord est un sorte de printemps prolongé, un peu comme en montagne.
J'ai planté beaucoup d'oignons divers, mais ce n'est encore pas assez pour peupler mon jardin en cette période où les fleurs plus spectaculaires commencent juste à dérouler leurs feuilles. J'ai des jonquilles qui ressemblent à des lampes 1900 mais elles sont lourdes, ce sera joli quand elles formeront des touffes épaisses, et peut-être faudra-t-il les environner d'autres plantes qui soutiendront leurs grosses corolles. Au petit matin humide, elles parfument le jardin.
Le matin, il pleut, ensuite un coup de vent écarte les nuages, nous avons du soleil, le temps devient lourd, il vente à nouveau, un vent violent et tiède qui me donne l'impression, sur mon perron,  d'être en bateau, puis des nuages spectaculaires accourrent et déploient leurs ombres, la pluie passe à grosses gouttes, et le soleil revient. Cela me rappelle la fête de Pâques, avec ses lenteurs, sa fatigue, ses ors, ses lumières, ses moments de joie carillonnante, ses bouffées d'encens et ses aspersions d'eau bénite.
Je ne me rassasie pas de ces spectacles célestes, de ces souffles, de ces brusques lumières. Et j'ai donc tendance à jardiner beaucoup, ce qui surmène mes genoux. Le jardin est une sorte de grand tableau vivant que je compose peu à peu.
Nous ne sommes pas faits pour la vie que nous menons, pour laquelle on nous a conditionnés ou à laquelle nous nous sommes conditionnés nous-mêmes, et encore moins pour celle que nous préparent des malades mentaux richissimes et sataniques. L'affaire n'est pas dans la longueur de la vie, ni dans son confort, mais dans son intensité et dans son sens. Et pour ce qui est de la longueur, ne comptons plus dessus désormais, on saura nous faire mourir plus vite. Quand au confort, ce n'est certainement pas aux esclaves pourvus d'un boulet électronique qu'il sera réservé.
Mais nous n'aurons plus autour de nous de communauté familiale, villageoise, nous n'aurons plus les chansons, les danses qui unissaient, consolaient et transfiguraient nos ancêtres, nous n'aurons plus la foi et la religion qui élevaient leur âme et attendrissaient leur coeur, nous n'aurons plus les savoir-faire qui leur donnaient la dignité du travail bien fait, et la satisfaction de mettre de la beauté autour d'eux. Nous n'aurons plus aucune raison de vivre, à part la peur de mourir. Et eux, les maîtres du monde, quelle vie mèneront-ils, et quel sens aura-t-elle, pour eux, ceux-là qui ont des yeux glacés de requins, des figures de cire, des costars consubstantiels, des brushings ridicules, et qui boivent le sang des enfants violés? Ils vivront deux cents ou trois cents ans avec les organes des autres, avec des machines, ils feront survivre leur affreux cerveau, leur affreux esprit dont ils ont une si haute opinion, dans un bac en verre servi par des tuyaux, ils le grefferont sur un corps jeune immolé pour lui donner cinquante ans de malfaisance supplémentaires?
J'attends le Second Avènement du Christ.






lundi 4 mai 2020

Interviews

Je voudrais donner trois interviews qui peuvent être intéressantes pour les lecteurs de mon blog, celles qu'a faites le blogueur Thomas Béguin en janvier de Gilles, le patron du café français la Forêt, de son génial pâtissier Didier et de moi-même, trois avis et expériences différents, trois reflets de la vie des Français en Russie.

Didier
https://soundcloud.com/russie_fr_en_immersion/pereslav-itv-didier-patissier
Gilles
https://soundcloud.com/russie_fr_en_immersion/gilles-crises-russes-sanctions
Moi
https://soundcloud.com/russie_fr_en_immersion/pereslav-itv-laurence


Rossignols

Dans le même temps qu'on interdit Mikhalkov d'antenne en Russie, on refuse de publier au dernier moment sur Spoutnik une interview complète et éclairante de Valérie Bugault dont j'avais déjà cité une vidéo exhaustive, ils sont puissants les milliardaires dingos du NOM... La voici, circonstanciée, détaillée et sourcée.
https://lesakerfrancophone.fr/valerie-bugault-interview-ssputnik?fbclid=IwAR1fSeELwGKKTGvMdasm6YRZAguebVfBHCUIGCG00_rsMEjG_CyTY2ApFs8
On y trouve ce passage intéressant pour moi:

Il faut toutefois garder à l’esprit que cette homogénéité apparente du confinement peut cacher une grande hétérogénéité de causes. En particulier, certains pays peuvent pratiquer le confinement de leur population par crainte d’une actuelle ou future guerre bactériologique qui se cacherait derrière l’apparence du Covid-19. Quelques indices me font penser cela, et en particulier un article selon lequel les équipes militaires russes – appelées en renfort, dans le plus grand silence médiatique occidental, par la Lega italienne et par le maire de Bergamo – ont fait état d’une guerre bactériologique menée sur le territoire italien sous couvert de Covid-19.
Cette découverte sur le territoire italien aurait immédiatement déclenché une alerte à la guerre bactériologique à Moscou. Il n’est pas impossible que cette perspective d’une guerre bactériologique de grande ampleur soit derrière certaines décisions russes ou chinoises de confinement des populations. En revanche, il est, à mon avis tout à fait exclu qu’une telle motivation soit la source des décisions de confinement en France et dans la plupart des pays occidentaux et affiliés.

Cela m'intéresse, car c'est une chose à laquelle j'ai pensé, et je ne suis pas la seule, cela expliquerait la panique du patriarche et l'homélie dramatiquement alarmiste du métropolite Tikhon.
Cependant, il est visible aussi que le confinement éternel arrange les libéraux complices des Maîtres du Monde, et qu'il est utilisé pour mettre en place leur camisole de force numérique et détruire l'Eglise, principal foyer de résistance aux "valeurs" ou plutôt à leur complète absence de l'Ordre implacable universel des usuriers aliénés.

Il court en Russie la blague suivante: "Un parachutiste saute en oubliant son parachute, il meurt du coronavirus."

A la fin de la chaude journée d'hier, le temps est devenu orageux, avec un vent frais enivrant et de splendides nuages. Au sein de leur chaos, une fugitive figure brillante dans une échancrure d'azur. On voit parfois sur internet des figures angéliques nébuleuses données pour des apparitions, et je ne répercute que rarement ce genre de miracles, cependant, un esprit poétique ne peut pas ne pas voir, dans toutes les manifestations naturelles qui l'entourent, un ensemble de signes sur le livre de la vie qui nous parle du Divin, et à ce titre, les formes des nuages ont aussi quelque chose à nous dire.
La nuit, je suis sortie sur le perron, la lune et quelques étoiles brillaient sans trains de satellites, sans la malédiction terrifiante de l'ubris des damnés au dessus de nos têtes. Les rossignols chantaient de toutes parts dans les bois du marécage. Hélas je ne les entends pas depuis ma chambre, ils sont trop loin. Il me faut sortir pour écouter cette liturgie printanière nocturne, si mystérieuse et douce. Elle aussi nous dit bien des choses, aussi faudra-t-il faire taire les rossignols, aussi des pandores au front bas traquent-ils les promeneurs en forêt plus que les voyous des banlieues.