De nouveau, cela n'arrête pas. Je suis allée à Rostov, fêter Noël avec le père Alexandre, Liéna Tsitsoulina, avec laquelle Katia et moi allions chanter, et une dame que je ne connaissais pas, Lioudmila, elle était très gentille et à fait le signe de croix sur moi quand nous avons tous pris congé. Cela se passait dans une sorte de salon de thé qui sert des pains d'épices, et derrière, il y a aussi des salles de restaurant. A vrai dire, avec les Russes, on ne sait jamais ce qu'on va manger, c'était pour moi l'heure d'un vrai repas, et il n'y avait que des pâtisseries. On en ressort bourré de sucres, mais aps vraiment nourri, et si on déjeune par là dessus...
L'endroit était joli, ancien, le père Alexandre a vanté les fenêtres qui s'ouvraient à Rostov sur d'autres époques. Il est passionné d'histoire, spécialement celle du moyen âge. Nous avons chanté avec Liéna, et j'ai joué des gousli. Rostov essaie de m'attirer dans ses murs, c'est clair. On me poussait à fêter mes 70 ans dans l'une des arrières salles et bien sûr, cela me tenterait. Les gens pourraient venir et repartir par le train, ce qui n'est pas possible à Pereslavl, et boire en conséquences! Mais on m'offre aussi de louer un local sur Moscou et de faire apporter par les invités divers plats et boissons, comme je l'ai déjà fait plusieurs fois. Fêter mon anniversaire dans un restaurant à Moscou me coûterait très cher.
Aujourd'hui, j'avais une soirée chez les cosaques, après une journée de courses et de démarches à n'en plus finir. Et pour terminer en beauté, j'ai dû emmener Moustachon chez le vétérinaire. J'ai vu qu'il était blessé, il avait un oeil plein de sang et de pus. Je l'ai fourré comme j'ai pu dans le sac de voyage de Rita. Il s'est avéré que ses yeux n'avaient rien, mais qu'il avait une blessure au front assez profonde. J'en ai profité pour le faire stériliser, et je l'ai récupéré juste avant de courir chez les cosaques. Quand je vois ce qui se passe avec les animaux à Pereslavl, je ne tiens pas à ce que l'admirable matériel génétique de Moustachon contribue à grossir les rangs des ravissants chatons victimes du froid, de la faim, des chiens errants et des sadiques, il était temps de mettre fin à tout cela, surtout si en plus, il prend des coups qui mettent sa vie en danger. Maintenant, ce sera le tour de Robert.
Il faut que je fasse avaler au fichu Moustachon des antibiotiques, et que je nettoie régulièrement sa plaie. Cela va être sportif. Et encore, Moustachon, il est plutôt gentil et confiant, il en est que je ne pourrais pas soigner du tout, à moins de me transformer en dompteur de cirque. Pauvre Moustachon, c'est le plus mignon de la bande...
Les cosaques ont demandé à tous les membres de l'assistance de faire le bilan de leur année et de dire ce qu'ils souhaitaient pour l'année suivante, quels objectifs ils se donnaient. Ils sont extrêmement idéalistes. Et plutôt mal perçus par les gens du pays, enfin une partie d'entre eux, qui se moquent d'eux, ou vont leur chercher des poux dans la tête, parce qu'ils ont décoré la cathédrale avec quatre petits sapins, et que cela n'est pas écologique, ou que leurs gosses jouent à la guerre, ce qui en fera naturellement des assassins. J'ai dit que fêtant mes 70 ans, j'atteignais la dernière ligne droite de la vie humaine, et que je la souhaitais ascensionnelle. Que d'autre part, les enfants ayant à mon avis besoin exactement de ce qu'ils leur offrent, j'espérais qu'ils allaient donner à leur action toute l'ampleur nécessaire.
J'ai déjà des nouvelles de Nil par les balalaikers. Ils l'ont déjà visiblement emmené dans un bar, dans leur petite usine et ils ont même trouvé le moyen de lui prendre une interview pour la presse locale... J'ai peur qu'ils ne nous le surmènent, pas en le surchargeant de boulot, mais en le promenant de tous les côtés. D'un autre côté, c'est sûr qu'avec eux, il ne va pas s'ennuyer.