Petit séjour à Moscou pour chanter des vers spirituels au monastère Donskoï, avec l'assistance de Skountsev. C'était très chaleureux, et je me suis laissé aller à une sincérité totale, ce qui a touché profondément le public. La sincérité me paraît la chose la plus nécessaire du monde, dans la dystopie où nous avons sombré, où tout est à l'envers, où tout est mensonge et faux-semblant. Et d'ailleurs, il n'est pas dans ma nature de me conduire autrement.
C'était le samedi de Lazare, le dimanche des Rameaux. Je les ai fêtés "en famille", avec le père Valentin et les siens, son fils le père Mikhaïl, sa fille Liéna, son gendre Aliocha, ses petites filles, son petit-fils Marc, fils de Macha. Marc est un enfant tout rond, avec le rire désarmant de sa mère, spontané, communicatif. Comme elle, il est très bon, très attentif aux autres. Il m'a demandé plusieurs fois si j'avais mangé, et aussi si j'avais communié, se souciant de ma santé physique et de ma santé spirituelle! Il fait à l'église le servant d'autel en robe doré, avec un grand zèle. "Que veux-tu faire dans la vie, Marc?
- Prêtre!"
Je ne suis pas étonnée!
Le samedi, il y avait à l'église un choeur de 60 personnes, et c'était bien sûr très impressionnant et très au point, mais j'étais peu émue, cela faisait fastes de Saint-Pétersbourg, musique décorative extérieure pour pantins en perruques poudrés qui sont pressés d'aller au bal.
Pourtant, j'éprouvais une sorte de joie subtile, mêlée à une profonde nostalgie. Ma vieillesse déployait toute mon existence derrière elle; et je me rendais compte qu'il en restait si peu de choses... De toutes mes souffrances, qui étaient vécues au jour le jour, mêlées à de petites joies, et même à des grandes, car rien n'est totalement tragique. Mais c'est une vieillesse lumineuse et ascensionnelle, et du coup, c'est toute ma vie qui monte avec elle. De Gaulle disait que la vieillesse était un naufrage, la mienne me paraît un accomplissement. Il y a une quinzaine d'années, le père Valentin me l'avait prédit.
Avec la famille du père Valentin, comme avec mes amies de la paroisse, au café du coin, nous avons abondemment commenté la situation internationale, comme on dit: le sabbat de sorcières européen et les calomnies enragées, la fourberie des dirigeants occidentaux et des mafieux ukrainiens, la cruauté des sbires néonazis de "l'empire de la haine et du mensonge", comme dit le Saker, à l'oeuvre dans ce triste laboratoire, à tous les sens du terme, de l'avenir qu'il nous réserve. Le Saker écrit que la propagande occidentale en a trop fait, et que les Russes, dans l'ensemble, sont complètement réveillés et conscients qu'on leur veut la peau. C'est exactement l'impression que j'ai. Même des gens que je pensais libéraux font corps avec les autres.
https://lesakerfrancophone.fr/50eme-jour-de-loperation-speciale-russe-les-choses-deviennent-elles-plus-claires
Après Xioucha, c'est Sveta Soutiaguina qui a observé: "Laurence nous parlait de tout cela depuis des années, et nous n'y avons pas prêté l'attention requise!
- Oui, a répondu Yana, mais il faut dire que même ici, la presse en parlait peu..."
Pardi bien sûr, parce qu'ainsi que je le dis aussi depuis longtemps, une grande partie de la presse russe était aux ordres des mêmes maîtres que la nôtre et servait la propagande de la CIA et du vieux Soros plutôt que celle du Kremlin.
Et à ce propos, on diffuse dans la presse occidentale la photo d'un jeune garçon mutilé, en mettant ce malheur sur le dos des Russes. Je m'en souviens parfaitement, c'état en 2016. Un enfant du Donbass, victime des bombardements de l'armée de Kiev. L'enfant était extrêmement attachant, j'en avais été bouleversée. Et le vilain dictateur Poutine avait même organisé son transfert à Moscou pour le faire soigner.
Maintenant, ceux qui cachaient ce genre de drames ressortent les photos soigneusement ignorées pour les utiliser contre les Russes, avec leur vilenie habituelle.
De sorte qu'aucun faux drapeau ne m'étonne plus de leur part, et ce réflexe qui est le mien est aussi celui des gilets jaunes, sur les réseaux sociaux. Quand on a été confronté à ce cynisme, à cette fourberie, à cette absence totale de conscience et d'empathie, on sait à quoi s'en tenir, à moins d'être complètement idiot.
Claude Ginesty m'écrit:
Chère Laurence,
Certains lecteurs de nos blogs sont un peu distraits. Ainsi on me met ce commentaire ( anonyme!(en croyant s'adresser à toi:
Chère Laurence je lis aussi votre Blog. Au sujet de choses étonnantes : fin 2020 j'enseignais le français à LVIV. J'Y ai rencontré un français travaillant là depuis 10 ans il parle ukrainien. Sur messenger je lui transmets des informations sur le conflit du moment en réaction à ses propos antirusses. Puis je continue lui évoquer les 8 ans du martyr du Donbass. Il me répond à ce sujet "avez-vous bien vérifié vos informations qui frisent la propagande "
Ceci pour vous dire que des habitants de l'ouest de l'Ukraine tentent d'ignorer ce qui se passe à l'est. Je l'ai rencontré dans les rencontres francophones de LVIV où les gens sont assez privilégiés ignorant la misère très proche.
J'ai une pensée pour mes élèves de l'alliance française à Lviv
Cela m'a beaucoup amusée que l'on confonde nos deux blogs! Ce qui met en évidence leur parenté d'esprit, sans doute, leur côté fout la merde et pieds dans le plat... La réaction rapportée est très répandue en Ukraine de l'ouest, en occident et on la trouve même en Russie. En fonction de l'option de départ, la haine de la Russie, ou la haine de Poutine, l'adoption inconditionnelle du point de vue local admis, la peur d'être désavoué par le groupe ou de quitter sa zone de confort, on ignore délibérément des crimes, on les justifie.
Je rencontre cela aussi chez les communistes, qui traitent d'ennemis du peuple les orthodoxes ou les paysans qui ont été victimes des répressions bolcheviques ou staliniennes, pour blanchir les rouges. Il s'est déchaîné en Russie dans les années 20 et 30 un mal qui a ravagé la France après 1789 avant d'infecter les autres pays; et maintenant, ce mal se déplace de nouveau à l'ouest, dont il est issu, pour revenir attaquer la Russie par Ukraine interposée, et quand je dis l'Ukraine, quelle Ukraine? Les nazis et nazisionistes de la bande banderiste de Kiev et leurs soutiens occidentaux glapissants?
Un couple de vieux a acceuilli en libérateurs, avec le drapeau rouge, des soldats de Kiev qu'ils avaient pris pour des Russes. Les soldats ont arraché et piétiné le drapeau rouge de la grand-mère, et elle leur a rendu les vivres qu'ils venaient de lui distribuer, ne voulant rien recevoir de leur part. Ce drapeau était pour elle celui sous lequel son grand-père avait combattu les fascistes. Et ce sont des fascistes qu'elle voit dans les armées de Kiev et leur président juif, irréprochable par définition.
Une abominable vidéo de propagande ukrainienne, où une jeune femme en costume pseudo-national égorge un prisonnier russe à la serpe, scandalise en ce moment les réseaux russes. Quelqu'un a opposé sur un dessin la fille à la serpe et l'héroïque grand-mère au drapeau rouge. J'ai l'impression d'une imposture de part et d'autre, car la créature à la serpe ne représente pas le monde traditionnel que caricature sa tenue, mais l'empire de la haine et du mensonge, apatride et transhumaniste, qui hait toute espèce de racines et le monde paysan en bloc. Quand à la vieille, ce qu'elle porte n'incarne pas la Russie mais le drapeau de gens qui la détestaient tout autant que l'empire de la haine et du mensonge et ses idiots utiles à croix gammées. Cependant, si peu communiste que je sois moi-même, je n'aurais pas offensé cette grand-mère, ni n'aurait soumis la distribution de vivres au rejet de son drapeau. Et puis, à tort ou à raison, tout ceci a été russifié partiellement au cours des décennies, le drapeau lavé dans le sang de la guerre de 40, et ne présente plus de danger, parce que le communisme et ses prolétaires ont été rejetés sur le côté de la route par l'hydre protéiforme de Moloch et de Mammon qui est passée à autre chose.
Actuellement, l'armée russe est une armée régulière, avec des codes de conduite, qui fait son boulot sans débordements abominables et qui a la consigne d'épargner autant que faire se peut les populations locales que son gouvernement a tout intérêt à se concilier. En face d'eux, en sus de l'armée, des hordes de repris de justice sadiques et fanatisés de style Daech version néonazie, issus des chaudrons de l'OTAN qui sème partout la désolation depuis les années 90. Contrairement à ce qu'on prétend en occident ou même dans les milieux libéraux russes, depuis huit ans que je suis l'affaire, je n'ai jamais vu côté Donbass une méchanceté, une vilenie et une stupidité comparables à celles des Ukrainiens maïdanites et leurs commanditaires et sponsors.
En Occident , tous les imbéciles qui se fichaient éperdument des vrais drames dénoncés, sous les mensonges, les calomnies et les ricanements, par des justiciers isolés, poussent des cris de hyènes au signal, comme s'ils n'avaient tout ce temps-là fait que chercher un ennemi digne "d'avoir leur haine", celle qu'ils ne voulaient pas donner aux islamistes venus sur leur territoire les assassiner. Mais qu'il s'agisse des islamistes ou des néonazis, les marionnettistes sont exactement les mêmes.
Constantin Soutiaguine a dit à sa femme: "Cette guerre dépasse de loin le cadre de l'Ukraine, c'est la guerre de Satan contre l'orthodoxie, et si Satan est contre nous, c'est que Dieu est avec nous, et si Dieu est avec nous, alors qu'avons-nous à craindre?" En effet, et c'est une chose que je ressens profondément. Non que je pense la Russie et ses dirigeants irréprochables, mais de ce côté-ci, nous avons affaire à des êtres humains, imparfaits mais humains, avec un comportement normal, et de l'autre, à des goules, des vampires, des démons et des sorcières, des sectateurs de Satan qui hululent, bêlent et rugissent dans tous les sens, je parle des gouvernements, de leur presse et des idiots qui les croient, qu'ils soient ou non instruits et diplômés; et les orthodoxes ne sont hélas pas les derniers à brailler sans avoir jamais rien voulu savoir. Ce qui émerge maintenant de l'occident ressemble à ces tableaux de la renaissance où des faces de cauchemar grouillent autour d'un Christ impassible.
Il y a trois ans brûlait Notre Dame et j'y ai vu le symbole de la perdition occidentale. Maintenant, c'est le tour de la si touchante petite église saint Séraphin de Sarov, dans le quinzième arrondissement de Paris, construite par des émigrés sans le sou, décorée par eux, et consacrée au saint russe le plus lumineux et le plus vénéré. Ces émigrés qui nous ont apporté l'orthodoxie russe, celle qui m'avait convertie.
Quel symbole peut-on y voir aujourd'hui?
Je pose juste la question...