Une amie m'avait offert une icône naïve ancienne qui intrigue beaucoup de gens. On y voit la mère de Dieu avec deux moines et personne ne pouvait dire qui ils étaient, peut-être des commanditaires, car ils n'avaient pas de nimbes. Or je suis tombée, sur vkontakte, sur une icône du même type, il s'agit de la Mère de Dieu "Petcherskaïa", "des Grottes, avec deux saints moines de la Laure des Grottes de Pskov, Antoine et Théodose.
Mon icône. A côté, une fleur en tissu qu'a faite Cécile, et un coeur en pâte à sel qui me vient d'Anne Frinking, souvenirs de Cavillargues et Solan.
L'icône d'internet
La première icone de ce type aurait été faite par saint Alipi des Grottes de Pskov, considéré comme le premier iconographe russe (+ en 1114). L'icône originale est liée à plusieurs miracles, elle a rendu la vue au prince Roman de Tchernigov. On la prie pour recouvrer le vue, pour se délivrer des démons et restaurer sa santé spirituelle et son équilibre.
Et à propos de santé spirituelle, d'équilibre et de démons, voici le genre d'icônes qu'affectionne la propagande de Kiev, je la dédie aux fervents soutiens de ce régime, en leur souhaitant de recouvrer la vue:
Ceux qui fournissent les mitraillettes ne viennent certainement pas du paradis.
Je suis allée le même jour chez le coiffeur et au salon pour chiens faire toiletter Rita. J'ai récupéré un bijou de chienne, j'ai même eu rétrospectivement honte de ne pas l'avoir mieux entretenue, c'est une transformation merveilleuse, la voici prête à rencontrer l'été, à l'issue de notre absence de printemps, et toute rajeunie, ce qui n'est pas mon cas! J'ai passé la journée à courir. La dame qui m'avait amené Tania, la réfugiée du Donbass, m'avait demandé, la veille, de louer l'appartement des invités à une amie venue en pèlerinage, et de lui préparer un repas simple, pour son retour des vêpres. Je suis allée en vitesse acheter du poisson avant de récupérer ma chienne, et puis j'ai préparé pour deux personnes, elle et moi. Mais au grand embarras de son amie, elle m'a fait faux bond au dernier moment pour rester au monastère.
C'est dire si les locations, tout de même, ce n'est pas trop ma tasse de thé. S'enquiquiner à tout préparer, et puis les gens ne viennent pas, et je ne suis pas précisément une bonne petite ménagère. Ou bien ils me demandent de déplacer les meubles, ou bien il faut que je leur procure des séances de psychanalyse gratuites, ou bien ils viennent me casser les pieds quand je rêvasse dans mon jardin. Je crois que si j'ai d'un côté le voisin, de l'autre des locataires, cela va devenir compliqué.
Il est arrivé avec des copains, j'ai trois bagnoles sous les fenêtres, je m'attends au tintamarre sur la terrasse dans le courant de la journée. Il fait froid, mais il y a de merveilleux nuages, sculpturaux et éblouissants, que bouscule le vent et qui laissent passer le soleil, et pendant que tout cela dormait encore à côté, j'ai jardiné, puis me suis étendue sur le hamac avec Rita, pour regarder passer ces énormes présences mousseuses et argentées et écouter le déferlement presque marin de ce vent froid et violent, tout en prenant mon indispensable bain de soleil, et me reconstituer physiquement et moralement. J'entendais les oiseaux, les mouettes, les mésanges, et encore d'autres angelots rapides que je n'identifiais pas.
Le beau temps, ici, est rare. Mais le ciel est d'une incroyable beauté. C'est une des raisons de mon retour à Pereslavl. Le lac est presque une sorte de petite mer, il en vient de grandes rumeurs, des chants, de graves et puissants oratorios et des débâcles somptueuses, des icebergs aériens dérivants. Hier soir, les averses se succédaient, glaciales et violentes, et entre elles jaillissait le soleil depuis de béants gouffres bleus. Je suis revenue de chez la toiletteuse sans trop regarder la route tellement c'était magique: de lointaines falaises blanches, des cavalcades dorées, d'énormes et sombres vagues et des arcs en ciel, doubles, triples, des arcs en ciel de tous les côtés.
Ci-dessous, un gradé américain dit carrément qu'ils ont travaillé huit ans (c'est-à-dire depuis le Maïdan de 2014) à préparer l'armée ukrainienne à une guerre contre la Russie.
Et ici une vidéo déjà supprimée par youtube où Michel Coullon dénonce les manipulations de l'information en vue de désamorcer les témoignages des victimes. C'est une chose à laquelle j'assiste depuis huit ans et qui ne m'étonne plus, ce qui continue à m'étonner, c'est la crédulité, le parti-pris et le manque de discernement chez des gens qui font profession de penser et ont le temps de le faire. Michel Coullon est un véritable intellectuel :
L'ancien militaire à la moralité irréprochable qui témoigne, avec cependant les précautions oratoires de rigueur, n'avoir vu que des atrocités ukrainiennes se fait déjà calomnier et huer par toutes sortes de trollichons français, ukrainiens ou même russes. C'était fatal, on a tous ses hyènes.
La mentalité du troll est une énigme, quand il n'est pas payé pour faire son boulot, car je n'aurais personnellement pas l'idée d'aller sur les pages de ces gens pour les insulter ni même leur débiter des arguments auxquels ils sont imperméables, mais eux ne peuvent pas vivre tant que subsiste un ennemi de classe ou un mal pensant, enfin un esprit libre.
Il faut avoir les yeux ouverts. Et voir aussi l'Ukraine et la Russie à la lueur, ou plutôt aux ténèbres, de ce genre de choses et d'individus. Personnellement, je me ferai aux drapeaux rouges. Skountsev qui déteste les bolcheviques, grands massacreurs de cosaques, m'a dit: "mais c'est le drapeau de notre victoire..." Oui, bon, je sais, je connais le paradoxe, je m'y ferai, et pourtant, l'admirable livre que j'ai commencé sur les îles Solovki, la "lampe inextinguible", ne m'incite pas a adhérer à la légende. Enfin à choisir, je préfère le communisme russifié à cette horreur trotskisante brute mâtinée de nazisme, ou de nazisionisme, d'autant plus que dans cette émission, on voit la confirmation de ce que je sentais émerger, et que mon amie Isabelle appelle le cocopitalisme, soit le capitalisme pour eux, pour la caste, pour les surhommes, le communisme pour les esclaves. La société russe me démontre en ce moment qu'elle n'est pas mûre pour le Nouvel Ordre Mondial. Elle reste très humaine, avec de grands sentiments, des émotions, de l'héroïsme... le sens de la communauté et du sacrifice.
Je voudrais aussi diffuser cette vidéo. C'est une famille nombreuse de Marioupol, le petit dernier, né il y a un mois, a été baptisé Vladimir. Le père s'est cassé une jambe, vivent avec eux le grand-père et la grand-mère, dont l'immeuble a été bombardé, et aussi les deux frères invalides de la mère de famille, ils n'ont pas la vie facile, ils subsistent grâce à l'aide humanitaire, et pourtant des visages rayonnants. Ils jouent "Katioucha", la chanson fétiche de la seconde guerre mondiale. Le grand-père profite de l'interview pour saluer son copain de régiment en Russie et lui demander de le contacter. Tous envoient à leurs diverses connaissances le message qu'ils sont sains et saufs et qu'ils vont bien.
J'ai pensé à mon amie Yelena qui, depuis huit ans, traduit des témoignages sur des gens simples comme eux, et m'a dit récemment: "Ne fais pas attention à ce qu'on peut te dire, moi, maintenant, je m'en fous, parce que je téléphone à ma maman, à Marioupol, et je ne me fais plus de souci pour elle, et j'ai aussi reconnu des cousins sur un reportage! C'est ça, le plus important".
C'est la réponse que je donnerai au troll de service, dont le dernier message m'est parvenu à l'instant, et dont je vous laisse apprécier la teneur, et à tous ceux qui lui ressemblent!
« … l'empire américano-sioniste… » : tiens-donc, cette vieille rengaine conspirationniste sur le sionisme qui refait surface, remarque qu’un nazi ne renierait certainement pas. Puis « le juif nazi ». On pourrait peut-être en sourire, si cela ne venait d’une paumée qui cautionne l’invasion fomentée par son dictateur en chef, au nom… d’une guerre contre le nazisme. À ta décharge, un Alzheimer déjà bien lancé. Le cognitif en déroute, dans un pays qui saura te prendre en charge comme il se doit. Fais-nous le plaisir d’un geste plein de cohérence : ne mets plus jamais les pieds en Occident. Même pour te faire soigner. Et profites-en pour octroyer l'asile à ton cercle de désaxés. J’ai le sentiment qu’il n’en faut pas beaucoup pour les convaincre de te rejoindre. L’air deviendrait ainsi plus respirable des deux côtés, dans le pays qu’ils quitteront et dans leur nouvelle terre d'accueil, cette Russie aux relents nauséabonds.
J'avais répété pour la fête de la victoire la chanson "le corbeau noir de Donetsk" qui a quelque chose de traditionnel, bien qu'elle ne le soit pas, et que Skountsev chante avec ses fils. Mais je n'ai pas eu le courage de rejoindre mes cosaques. Tout le centre était bouclé, il faisait un froid polaire avec des averses intermittentes et violentes de neige fondue, j'avais peur que ma vielle ne me trahît, car elle a horreur de l'humidité et du froid, et je la comprends. J'ai donc fait un enregistrement.
Pendant la dernière guerre, mon père était parti au STO. Il avait un grave problème cardiaque, consécutif à des rhumatismes articulaires mal soignés qui l'a emporté à l'âge de 30 ans, et ne pouvait être soldat, mais on l'avait envoyé au STO. Catholique et de droite, il trouvait le communisme plus dangereux que le nazisme. Au STO, il avait rencontré des Polonaises et des Russes. Les Russes lui paraissaient complètement endoctrinées mais beaucoup plus sympas que les Polonaises. Au moment de la débâcle allemande, il avait fait un retour épique, traînant attaché à son sac à dos un copain qui flanchait et qu'il ne voulait pas laisser derrière lui, ce qui n'avait pas dû arranger son état de santé.
Mon oncle Henry, avec lequel il était ami, et ils portaient tous deux le même prénom, était parti au maquis à 17 ans en volant le vélo d'un cousin qui ne le lui avait jamais pardonné.
Mon avis personnel est qu'à part ceux qui ont fait du fric sur notre dos, bâti une puissance financière illicite et démesurée et provoqué la situation où nous sommes actuellement, personne, dans cette guerre n'a vraiment été vainqueur. Je n'ai pas la mentalité idéologique, je suis pour la société traditionnelle et organique de type monarchique. Je suis donc ce qu'on appelle une anarchiste de droite, ni facho ni coco.
Cependant, cette société traditionnelle, à laquelle appartenaient en fin de compte et mon père, et mon oncle, et ma mère et mes tantes, mon grand-père et ma grand-mère, mon beau-père et toute ma famille, a été mise à mal tout autant par le capitalisme occidental qu'elle le fut en Russie par le communisme soviétique, et parfois même, je me demande si elle ne le fut pas davantage, car ainsi que le dit ma tante Mano, le consumérisme américain conquérant et débilitant est arrivé sur une population dont la gauche républicaine socialiste, matérialiste et progressiste avait éliminé la plupart des anticorps culturels et spirituels. Actuellement, la question ne me paraît plus d'être communiste ou facho, mais d'être antilibéral, c'est-à-dire contre le dernier avatar totalitaire du même monstre matérialiste et technocratique qui est en train d'atteindre des abysses d'ignominie encore mal explorés.
Je ne suis vraiment pas communiste, et beaucoup de choses me restent en travers du gosier de ce côté-là. Mais actuellement, communistes ou pas communistes, j'observe que les Russes se conduisent beaucoup mieux que les occidentaux, c'est-à-dire que depuis la fin de la guerre froide, le capitalisme de ce qu'on appelle l'empire américano-sioniste a pris un tour extrêmement agressif et dépourvu du moindre scrupule, entre la fourberie et l'impudence, quelque chose qui relève de la mentalité du malfrat tout-puissant. Nous en sommes arrivés à un capitalisme mafieux qui, des divers systèmes totalitaires, prend le plus mauvais et en fait une étrange mixture. Les Russes voient se manifester en occident une renaissance du nazisme, qui justifie a posteriori le communisme et la lutte héroïque de leurs ancêtres durant la seconde guerre mondiale. J'y vois un mélange de trotskisme et de nazisme hypocrite, et si l'on peut reprocher tout ce qu'on veut au nazisme, il n'était guère hypocrite, mais la caste occidentale l'est; elle l'est avec arrogance, impudence, cynisme. La caste ment, contre toute vraisemblance, elle ment jusqu'au bout, elle nie l'évidence, de sorte que même les gens de bonne foi finissent par avoir l'impression d'avoir la berlue. Des intellectuels juifs ne voient pas de croix gammées en Ukraine, et moi, cela fait huit ans que je suis et diffuse des documents et des témoignages qui les attestent. La mère Carrère d'Encausse ricane elle aussi que c'est tout à fait impossible et ridicule. Sans doute parce qu'il serait trop difficile d'être ostracisée par son petit milieu parisien bien tiède?
L'argument massue du bobo hagard c'est: "ils ne peuvent pas être nazis, ils ont un président juif". C'est touchant de naïveté. Posez-vous donc la question en ces termes: "D'où vient que ces nazis aient un président juif et qu'un certain nombre d'intellectuels juifs qui ont trempé dans les pires combines de la fin du siècle dernier, de l'Irak à la Syrie en passant par la Serbie et la Lybie, n'y voient que du feu et, s'ils le concèdent, déclarent que ce n'est rien du tout, des gamineries, du folklore"?
Des personnalités et personnes juives discernent clairement ce qui se passe, avec l'Ukraine comme avec l'opération covid auparavant, et le dénoncent, mais elles ne partent pas du postulat idiot que si un être humain est juif, il est forcément bon, honnête et systématiquement calomnié par de vilains fachos. Elles savent bien que pour penser de la sorte, il faut être extrêmement endoctriné ou n'avoir pas les neurones à la bonne place. Du reste, c'est dans la bouche d'un intellectuel israélien que j'ai entendu l'expression "nazisionisme". C'est que malgré tout, si y on réfléchit, le concept de peuple élu, s'il n'est pas compris dans le sens d'une élection spirituelle, n'est pas trop éloigné de celui de race supérieure ou de surhomme, et si l'on a mauvais esprit, on fait aussi le lien avec le transhumanisme, et avec la certitude de certains puissants de ce monde qu'ils peuvent tout se permettre à l'égard des sans-dents français, ou des prolos du Donbass, ou autres populations méprisables de second ordre, s'ils se mettent en travers de leur chemin. Je ne dis pas que toutes les personnes qui constituent la caste soient juives, Biden et son horrible fils ne le sont pas, je dis qu'être juif n'empêche pas d'être un salaud prêt à sacrifier des millions de vies, on l'a vu avec Trotski. Et je n'ai jamais oublié ces paroles d'un vieux médecin juif à son fils révolutionnaire, dans la Marche de Radetzky de Joseph Roth: "le problème avec toi, c'est que tu n'as pas de coeur". Certains donneurs de leçons de l'intelligentsia française n'en ont pas non plus. Ils ont des intérêts et des rancoeurs.
Ce que je vois se profiler à l'horizon côté occidental me fait paraître plus acceptable le communisme russifié que le libéralisme mondialiste, et c'est peut-être cette russification du communisme qu'on n'a pas pardonné à la Russie. Les conceptions des Russes et leur comportement, actuellement, restent humains. Ils donnent leur interprétation des faits, de la seconde guerre mondiale comme de la troisième en cours, mais ils ne montent pas de faux drapeaux, de faux reportages ni toutes sortes de traquenards ignobles, ne se livrent pas à des déclarations haineuses hystériques, à des agressions, des lynchages, des calomnies éhontées; non plus, en dépit des inversions accusatoires occidentales, qu'aux tortures, exécutions et viols sadiques dont on a eu déjà tellement d'exemples au Donbass où non, ce n'était pas "pareil des deux côtés"... Ils n'essaient même plus de se justifier, ils vont de l'avant; et je pense que ce qu'ils vont découvrir et nous découvrir nous fera dresser les cheveux sur le crâne.
Aussi je m'associe à leur victoire passée et je souhaite leur victoire future. Celle de l'humain sur le monstrueux, celle de tous les humains sur les mutants, et sur l'avenir affreux qu'ils nous préparent. Les vampires de la caste mondialiste ne s'en iront pas tout seuls.
Ici le témoignage d'un journaliste français sur ce thème:
Fête des femmes myrrhophores. Le sacristain, me rencontrant sur le parvis, m'a joyeusement félicitée, "C'est la fête des femmes, la seule, la vraie!"
C'est aussi la veille du 9 mai, la ville est bourrée de monde, et je n'ai même pas pu entrer dans le café la Forêt après la liturgie.
Et bien sûr, débarquement du voisin, qui, cette fois, a tenté la musique sur la terrasse, musique affreuse qui va avec le bonhomme et la maison, la semelle de glaise et la bagnole par dessus. Je pourrai arriver à ne plus trop le voir, mais il me sera difficile de ne plus l'entendre. Il n'y a rien qui me soit plus insupportable que la musique de merde, surtout en stéréophonie avec le bricolage de l'autre voisin! Mais le bricolage est plus supportable, parce que plus lointain. La terrasse est non seulement très proche mais en plus, en surplomb... S'il y a tous les soirs de joyeuses soirées et tous les jours des chachliks avec le tohu-bohu de rigueur...
J'ai donc quitté le jardin, le hamac, le vent et le soleil pour m'enfermer avec ma vielle, afin d'entendre ma musique et non la sienne. Hier matin, sa mère a fait livrer tout un camion de sable, ils trouvent sans doute qu'ils ne trônent pas assez haut sur leur socle, je pense que ce sont des maniaques.
Avant le sable, j'étais sur le perron, sur le point d'être vitré, pour garder à la fois un peu de vue et d'intimité, et dans la brise lumineuse, j'écoutais les oiseaux, avec ma corde de prière, dans un état de stupeur et de béatitude, je pensais à Henri et son Bugarach, on a les Bugarach qu'on peut. J'étais étonnée d'être aussi paisible, une paix qui ressemblait à une sorte de léger enivrement épuisé.
Mais il est difficile de rester dans une bienheureuse contemplation avec le vacarme qui rend idiot ceux qui ne le sont pas déjà. Il y a quelques jours, un ami m'a envoyé la photo d'une maison magnifique pour un prix dérisoire, et elle est habitable, mais c'est dans un village du côté d'Ouglitch, à 160 km d'ici. En essayant d'oublier le balourd d'à côté, je songeais à cette maison, mais je sentais tout le poids de l'âge, comment me résoudre à encore m'arracher, et comment assumer un terrain superbe mais immense, et toutes les contraintes matérielles alors que je suis seule et de plus en plus faiblarde? Pourtant, je me sens parfois poussée dehors.
Quand j'avais objecté mon âge au père Placide, lorsqu'il me conseillait de repartir, il m'avait répondu que je pouvais encore le faire mais que dans cinq ans, ce serait réellement au dessus de mes forces. Eh bien nous y voici.
Heureusement, ce voisin travaille à Moscou et j'ai de merveilleux jours où je ne le vois ni ne l'entends, mais s'il s'installait ici en permanence, ce serait terrible, et l'été, il sera là souvent.
Je reçois une jeune femme réfugiée de Lougansk, avec une jolie petite fille et un tout petit garçon. Elle est venue en pélerinage avec une guide de Moscou qui s'occupe d'aide humanitaire dans sa paroisse. Comme elle s'étonnait de la sérénité de sa protégée par rapport à d'autres réfugiés complètement traumatisés qui ne savent plus où ils sont ni comment ils s'appellent, elle lui a répondu: "A un certain moment, je me suis dit qu'il me fallait voir du monde et sortir de la déprime".
Elle fait partie de ceux qui ont été évacués du Donbass juste avant l'intervention. Elle venait d'acheter avec son mari une maison à crédit.
Elle se sent russe, et elle soutient l'intervention.
J'ai appelé une amie du Gard et son mari. Ils n'ont ni internet ni la télé mais ils veulent savoir ce qui se passe! Mon amie m'a dit qu'ils ne sentaient plus très bien dans leur village. "Pourquoi?
- Eh bien tu sais, comme nous ne sommes pas vaccinés et tout cela, on nous tient à l'écart."
Le monde merveilleux des concombres masqués triple dose...
Les fêtes sont un peu difficiles à passer. Il déferle tant de moscovites, qu'il n'y a plus de places ni dans la rue ni dans le café français. Et le voisin est arrivé avec armes, bagages, voiture, camion, invités. J'ai beau essayer de rester calme, j'ai un peu trop l'impression d'être une ourse qui grogne dans son fossé, au zoo, pendant que défilent au dessus d'elle des blaireaux débraillés qui lui trouvent l'air très très méchant. Dieu sait que je n'ai pas envie de déménager, mais si la chose pouvait se faire d'un coup de baguette magique... parce qu'il va falloir quand même un moment avant que les arbres ne poussent, même les saules, et je n'ai pas tant d'années devant moi.
Je suis en train de vitrer le perron et de faire une entrée et une terrasse de l'autre côté, dans un recoin protégé par le poirier et par la maison, pour ne plus me sentir en permanence sous les regards de cette équipe. Ce sont des frais dont je me serais passé, mais je voudrais retrouver une certaine sérénité. J'ai dû équiper de rideaux la plupart de mes fenêtres,parce que sinon, je fais l'ourse dans sa fosse le jour, et le poisson dans son aquarium, la nuit.
Il y a longtemps que je n'avais pas eu de pareille tentation, et elle est plus ou moins permanente. Ce type est absolument obsédant, enfin cela pourrait être pire, il pourrait être carrément chez moi, je comprends que les appartements communautaires aient été si criminogènes.
J'ai appelé des amis de Solan, ils voulaient avoir des informations sur la Russie, car ils n'ont ni internet ni la télé, comme les soeurs du monastère. Ils m'ont dit que l'atmosphère devenait déplorable, qu'on les traitait comme des parias parce qu'ils ne voulaient pas se faire vacciner. Une autre amie m'a écrit qu'on leur avait pris tous leurs droits, et que la réélection du Foutriquet des banquiers était une catastrophe. Là dessus, je tombe ce matin sur cette vidéo, une interview de Virginie Joron, députée au parlement européen, qui m'a toujours paru courageuse et honnête. Elle parle d'un puzzle qui se met en place depuis un moment, et c'est une impression que je partage, mais peu de gens ont le réflexe d'associer les différentes pièces pour obtenir l'affreux tableau général. Or, sans être au courant des effets secondaires du vaccin miracle, la seule machination qu'on a monté pour nous l'imposer, avec le genre de société qu'il va engendrer, suffit à me rendre extrêmement méfiante à son égard, à l'égard de ses promoteurs financiers, politiques et médiatiques. J'ai même eu une crise de larmes à la pensée de ceux qui sont là bas, qui ont des enfants et petits enfants, à la merci de cette bande de crocodiles psychopathes.
En fait, les perspectives sont si affreuses qu'à la façon de mon correspondant Spirydon, je finis par envisager la mort avec sérénité, la vie que nous préparent ces gens est pire que la mort. Mais je suis une vieille femme. Que deviendront les petits enfants, quel sera l'effet de ces expériences médico-sociales sur leur destin?
J'ai dit à mes amis du Gard que les Russes ne faisaient pas la guerre aux Ukrainiens, mais aux possédés occidentaux qui s'agitent derrière. Un de mes correspondants, qui est à moitié en Biélorussie, est très très pessimiste, on peut même dire désespéré. Si je ne suis pas désespérée, c'est que je suis croyante et que la mafia de l'empire de la haine et du mensonge a tellement passé toutes les bornes, qu'elle suscite une colère croissante, et cette colère pourrait être l'expression et l'instrument de celle de Dieu.
Néanmoins, si Dieu fait pleuvoir sur les bons comme sur les méchants, son châtiment ne fait pas toujours non plus de détails.
Pour se rendre compte de toute la perversité à l'oeuvre en occident, il suffit certes de regarder les faciès de ceux qui le gouvernent, mais ils nous envoient en outre des signes qui laissent songeur. Un ami m'a posté le rapprochement qu'il a fait entre l'affiche de la fête de l'Europe et la vidéo atroce où une Ukrainienne de carnaval décapite un Russe à la serpe en incitant ses compatriotes à faire pareil:
Je ne trouve pas cela très rassurant, et la ressemblance ne me semble pas fortuite.
Prier m'a rassérénée, quand même, et j'ai lu avec bonheur l'article de Claude Ginesty "sans cesse" vraiment? sur la prière du coeur.
Moi qui me croyais la très mauvaise élève, le cancre de l'orthodoxie, eh bien c'est plus ou moins ce que je fais, et peut-être que cela me permet, en ce moment, de ne pas sécher d'angoisse au point de mon correspondant de Biélorussie...
Un des piliers de la cave culturelle du café la Forêt a perdu son fils adolescent, et c'est le deuxième en six mois. Le gamin est on ne sait pourquoi entré dans un vieux transformateur, et il est mort électrocuté.
Je pensais n'aller qu'au service religieux, mais le père éploré m'a demandé de venir chanter les Marins de Groix et un vers spirituel russe au repas des funérailles. Ce que je pouvais difficilement refuser.
L'office avait lieu dans l'église saint Serge de Radonej, qui a été pendant des années occupée par la Sberbank, puis récemment rendue au culte. Elle est couverte d'échafaudages, exiguë, et il y avait beaucoup de monde, beaucoup de jeunes gens, bien sûr, et le pauvre petit Ignat dans son cercueil, avec son jeune frère qui lui tenait la main.
Le repas avait lieu au réfectoire du monastère de la Trinité-saint-Daniel. J'ai chanté comme promis, ce qui m'a attiré des réflexions touchantes. J'étais à côté de la femme de Génia Kolesov, Tania, et en face d'une jeune femme que je ne connaissais pas, elle venait de Petrozavodsk, où elle dirige le choeur d'une église. Elle s'appelle Anna, et nous avons découvert que nous avions en commun une vénération particulière pour le métropolite Philippe de Moscou, et elle a fait comme moi le pélerinage aux îles Solovki. Elle a appelé son fils Philippe en son honneur.
Elle m'a dit qu'elle trouvait la personnalité du métropolite très attachante, et en effet, moi-même, en lisant de lui une biographie historique, je m'étais aperçue qu'il ne correspondait pas à l'image qu'on pouvait en avoir, c'était un homme doux, qui détestait les conflits, et c'est pourtant lui qui a tenu tête à Ivan le Terrible jusqu'au martyre.
Qu'elle se manifeste au moment où mon livre est sur le point de paraître me semble une sorte de signe. Philippe de Moscou n'est pas un de ces saints que tout le monde invoque, dont on voit l'icône partout, comme saint Serge, saint Séraphin de Sarov, saint Nicolas, sainte Matrona, et rencontrer quelqu'un qui l'a choisi comme intercesseur n'est pas fréquent.
L'éditeur m'a nevoyé la maquette de la couverture de Yarilo. Je prie généralement saint Philippe d'intercéder pour la sainte Russie, pour moi qui suis venue y vivre, pour mon livre et tous ceux que j'y ai fait figurer.
en principe, ce sera sur fond rouge
Je suis très fatiguée, mais tout le monde l'est autour de moi, et Anna de Petrozavodsk m'a dit que dans le nord, c'était pire, qu'ici, elle avait l'impression d'être sous les tropiques et de déborder d'énergie. Le printemps est glacial, je n'ai pas encore vu fleurir les jonquilles. A l'église, ma vieille copine de 80 ans a parfois du mal à se lever, et s'occuper du jardin est de plus en plus au dessus de ses forces. "Et puis ce printemps qui n'arrive pas, en hiver, on supporte d'être habillé, mais maintenant, j'ai l'impression de porter un scaphandre".
Le père Andreï m'a dit en confession qu'il me fallait prendre les choses avec philosophie, car de même qu'on ne devait pas placer ses parents au dessus de Dieu, il ne fallait pas non plus y placer sa patrie. "Oui, sans doute, bien que ce ne soit pas toujours facile, car je suis entre deux pays, enfin d'ailleurs je ne le suis plus vraiment, puisque je suis ici. Mais c'est là bas que j'ai grandi. Le père Valentin m'a dit que l'indignation nous ravalait souvent au rang de ceux qui nous indignent. Et je m'indigne...Mais je reste quand même calme, parce que voyez-vous, sous les bolcheviques, il y avait ici à l'oeuvre un grand mal, mais ce mal est parti, il est passé à l'ouest. Et donc pour moi, il est tout à fait clair que présentement Dieu n'est pas à l'ouest, j'ai donc confiance.
- Eh bien c'est parfait. Et puis c'est intéressant, on voit les démons sortir de toutes les failles, les choses deviennent très évidentes."
Dans la foulée, je suis tombée sur Iann, le Hollandais restaurateur de livres. Son fils participait à un spectacle paroissial après la liturgie, mais je n'avais pas le courage de rester, j'aspirais à une partie de hamac au trop rare soleil. Nous avons discuté sur le parvis. Certains compatriotes l'appellent pour lui dire qu'il a eu du flair. Mais dans l'ensemble, me dit-il, "ils sont tous en train de devenir fous, là bas, c'est invraisemblable ce que j'entends raconter..."
En effet, et j'ai vu de mon côté cette vidéo qui m'emplit de perplexité:
Les généraux dont on parle ignorent-ils les tenants et les aboutissants, comme les je-sais-tout qui éructent des commentaires stupides sur les réseaux sociaux? Non, bien sûr. Mais ils se foutent des vies françaises comme des vies ukrainiennes, ou russes, ils sont devenus des mercenaires de l'OTAN, qui est une organisation mafieuse.