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mercredi 15 février 2023

Sainte Rencontre

 


Il y a toujours de la neige, et il y en a encore pour longtemps, mais quelque chose a changé, je viens d'entendre chanter les oiseaux que je nourris. De joyeux chiens se poursuivent dans mon quartier et dans toute la ville. Il y a du vent, et ce vent est plus frais que froid, il apporte des flocons en rafale, mais aussi de brusques apparitions d'un soleil qui chauffe et qui éclaire, qui piaffe derrière des nuages infusés de lumière. ll m'a littéralement sauté dessus comme un gros chien, pendant que je déneigeais la cour, et j'ai senti son haleine sur mes joues.

C'est la sainte Rencontre, une fête qui, en France coïncidait pour moi avec mon anniversaire, la Chandeleur, et avec celle de la mère Hypandia, à qui je pense toujours ce jour-là, mais ici, où nous suivons le calendrier julien, où nous vivons dans un autre temps qui se fout de l'exactitude astronomique, j'ai l'occasion d'y penser deux fois et de faire prier pour elle. La sainte Rencontre est une fête joyeuse et tendre, elle nous parle du printemps, et d'un Printemps cosmique promis inimaginable qu'il m'arrive d'attendre tout autant, quand je parviens à m'élever au dessus de la mêlée, ce qui n'était pourtant pas vraiment le cas ce matin à l'église. Mais bon, où ne sait jamais comment les semences fermentent en secret... 

Le vieillard Siméon prit le petit enfant

Qui portait les étoiles dedans son corps langé,

Et vit dans ce moment jusqu’au fond le passé

Qui monte vers demain sous le flot des instants.

 

La grande croix du temps qui perce nos destins

Irradiant nos larmes d’une lumière sans fin

Instrument de supplice qui jette sur nos vies

L’éclat écartelé qui les réconcilie

 

Verticale des siècles dans la mer éternelle

Astre des jours plongé sous l’écume actuelle

Qui tremble à la surface de l’océan profond

De l’antique existence au centre des éons.


Dans une dizaine de jours nous entrerons dans le carême qui nous fera sortir de l'hiver.

Lundi, j'ai reçu ceux qui s'étaient trompés de jour, ou qui avaient un régime à suivre, le jour de mon anniversaire, et pour celui qui était à Moscou, eh bien, il s'est débrouillé pour y aller encore, comme disent les Russes, "cherchez la femme"...

Le père Andreï m'avait apporté son dernier livre, c'est un prêtre écrivain de talent. Je lui ai donné le mien, il m'a confessé qu'il avait du mal à lire, et je lui ai répondu que moi aussi. Nous ferons ce que nous pourrons... 


Génia m'a offert une magnifique orchidée rose. Les orchidées viennent bien chez moi, alors que toutes les autres plantes ont du mal. J'en ai une blanche, offerte par Yan, le hollandais orthodoxe et sa femme, pour mon anniversaire précédent, elle tient le coup, et elle vient même de refleurir.

Le père Andreï est aussi un conteur, il aime bien parler. Il nous a raconté son entrevue avec Poutine, venu offrir à la cathédrale une relique d'Alexandre Nevsky, et faire des dévotions qui lui ont paru parfaitement naturelles et sincères. Il a attendu que le père Andreï ait fini de célébrer, celui-ci ne voulant pas, à juste titre, interrompre l'office pour ce visiteur de marque. Cela m'a fait penser à la lettre d'Ivan le Terrible à l'higoumène de Saint-Cyrille-du-Lac-Blanc où il lui rappelle comment le moine en charge du réféctoire avait refusé de le servir à part, parce qu'avec sa jeune tsarine et leur suite, ils s'étaient attardés à profiter du long crépuscule des nuits blanches nordiques et avaient laissé passer l'heure du repas du soir...

Il a évoqué le premier jeune officier de Pereslavl mort en Ukraine, qui avait été son élève, quand il enseignait, combien il était courageux et attentif aux autres. J'avais assisté à ses funérailles et j'étais pleine de compassion pour ce jeune homme et sa famille. "Vous savez, m'a-t-il répliqué, il était prêt à cela, "il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis". Moi, cela ne me rend pas triste, parce qu'il a accompli le destin qu'il s'était choisi."


vendredi 10 février 2023

Février

 


Février est le mois où généralement revient la lumière, où le soleil fait des incursions, où il chauffe même un peu. C'est aussi un mois venteux et neigeux. Ce matin, j'avais un soleil radieux, j'ai ressenti le besoin d'aller me promener. Il y avait du vent, pas très froid, mais pas de neige. J'ai pris beaucoup de plaisir à respirer l'air frais, à voir ce ciel nacré, dont le soleil s'enveloppait peu à peu jusqu'à presque disparaître, plus qu'une tête brillante aux boucles blanches dans un envol de draperies grises et roses. Le lac se distinguait de la neige par une sorte de très allusive phosphorescence bleue. J'avais mis de vraies bottes de feutre sans semelles de plastique, c'est vrai que cela tient très chaud, et ne glisse pas, et puis j'avais pris aussi des bâtons de ski, ce qui donne beaucoup de stabilité, décharge les genoux d'une partie du poids du corps, et fait travailler les bras et les épaules.

Je tire du congélateur des souvenirs de l'été précédent, en attendant le prochain. Des groseilles congelées dans le sucre, qu'elles m'ont donc paru bonnes, avec leur petit goût âpre et sauvage! Meilleures qu'en été ou l'abondance m'empêche de les apprécier. J'ai aussi des réserves de mente et de mélisse, de marjolaine que j'ai fait sécher, et dont le parfum s'échappe du bocal comme s'il ouvrait directement sur la belle saison.

Mon jardin est toujours hanté par les deux frères Nounours et Alba, les deux gentils et timides géants à la fourrure blanche. Hier, en rentrant de mes courses, j'ai vu Alba confortablement installé sur l'herbe sèche, dans la niche que j'avais mise pour Nounours, et où il n'a jamais voulu entrer. Alba a pris un air coupable, je lui ai dit qu'il pouvait rester...

J'ai aussi, outre les traditionnels bouvreuils, des compagnies de huppes qui viennent manger avec les mésanges dans mon restau du coeur.

J'avais l'intention de parler de ci, de ça et du reste, de tout ce qui nous inquiète, nous révolte, nous effraie, nous consterne et des imbécilités que je lis, ou des trahisons, mais là, brusquement, je n'ai plus envie. Que les imbéciles et les salauds aillent se faire voir sans moi chez les Grecs, qui en ont pourtant déjà bien assez vu, les pauvres. J'attends le printemps comme une fête, aujourd'hui j'en sentais un peu la présence, dans un mois tout va commencer à fondre, il y aura ces premiers merveilleux jours où l'on peut déjà s'asseoir sur la terrasse, où l'air reste encore froid mais le soleil est chaud et la lumière vive. Je travaille la musique, j'écris, je corrige, à chaque jour suffit sa peine. Ma tante Mano va mieux. On m'a transmis par internet une lettre de la mère Hypandia: "Nous sommes dans une époque incompréhensible si nous ne nous fions pas au regard du Christ pour la comprendre. Et encore le mot « comprendre » peut-il avoir un sens ? Il faut plutôt dire que nous recevons notre temps, tel que Dieu nous le donne aujourd’hui. Recevons-le de Sa main, pleine d’amour et réjouissons-nous et glorifions tout ce qui nous arrive".

Beaucoup de choses me rendent infiniment triste et je ne sais comment je les supporte ou les supporterai plus avant, mais sans doute de cette manière, et avec la certitude que derrière tous les désastres se lève quelque chose de mystérieux et de grandiose et qu'il ne faut pas se tromper de combat...


mercredi 8 février 2023

Bougies blindées

 On m'a passé un petit film charmant sur le Pereslavl que j'ai connu, même un peu avant que je le découvre, que c'était donc pittoresque, intéressant et paisible, encore plein de légendes et de traditions, malgré la période soviétique... С'est encore assez paisible, surtout quand on voit le contexte général, et les  gens intéressants ne manquent pas, mais les changements ne vont pas précisément dans le bon sens, comme partout ailleurs, constructions chaotiques et laides, monceaux d'ordures, mépris absolu de tout ce qui est simple, naturel et local... 

https://vk.com/loralira?z=video-74930543_456239357%2F6951c892c9eda24e57%2Fpl_post_-74930543_24878

Natalia Razouvakina a fait un article sur Gilles et le café la Forêt, point de rencontre de pas mal de personnalités artistiques ou pittoresques de la ville. La photo de Gilles et de sa femme Lika qui illustre l'article m'a tellement plu que je la pique pour ma chronique, Natacha est une excellente photographe, en plus d'être poète, elle a l'art de surprendre l'âme de ses modèles et de toujours les montrer sous leur meilleur jour. 

Elle évoque l'atmosphère de légèreté et de gaité françaises que l'on trouve au café, et que peut-être on ne trouve plus en France même...


https://vk.com/away.php?to=https%3A%2F%2Frusmir.media%2F2023%2F02%2F05%2Fvalter&cc_key=

Là bas, à l'épicentre du sabbat démoniaque où s'enfonce notre monde, meurent en masse des soldats enrôlés de force, des gamins jusqu'aux vieillards et bientôt aussi les femmes, ce qui permet de nettoyer l'Ukraine de sa population, et de mettre cela sur le dos des Russes, qui font la guerre, et qui la font pour la gagner, car ceux qui n'ont pas fichu le camp au paradis démocratique savent très bien que le sort de l'Ukraine sera celui de leur pays demain, s'ils ne sortent pas vainqueurs de ce conflit. Je pourrais dire la même chose de l'Europe qui ne le comprend qu'en partie, cela fait huit ans que je le proclame, l'Ukraine est le laboratoire de notre futur radieux, notre "brave New World"... Pour un certain projet nous ne comptons pas plus que les animaux de boucherie, nous ne sommes que de la biomasse.

Je suis allée chez les cosaques, qui étaient en train de fabriquer en famille des "bougies blindées", pour les soldats, au son des chansons soviétiques de la guerre de 40. "Nous n'avons pas le choix, me dit oncle Slava, il nous faut vaincre ou mourir". Les bougies blindées ne sont pas des cocktails Molotov mais des luminaires fabriquées à partir d'une boite de conserves, dans laquelle on met du carton ondulé enroulé et qu'on remplit de paraffine. Il paraît que cela brûle très longtemps et que même, ça chauffe. J'avais apporté des galettes à la frangipane, et trois des gosses présents ont demandé à en emporter un morceau pour leurs mères respectives, restées à la maison. Un des cosaques soutenait l'idée d'une guerre sans merci, sans les précautions et les lenteurs de l'armée russe. Les autres protestaient qu'on ne pouvait sacrifier une population largement prise en otage, et qu'on devait rester russes et magnanimes.

Dernièrement, on m'a envoyé l'interview d'une critique de cinéma russe, passée sur une chaîne israélienne. Elle s'appelle Irina Pavlova, et je lui tire mon chapeau. Son exposé était clair, intelligent, et surtout honnête. Elle expliquait que ses amis intellectuels avaient assez tôt fait la démonstration d'une étrange russophobie, d'une sorte d'aversion pour le peuple russe qui avait fini par la révulser, et je me suis moi-même souvent heurtée à ce phénomène dès les années 90. Elle avait apporté son soutien à une jeune actrice dont ces gens boycottent le spectacle, car ils lui en veulent d'avoir, après une visite au Donbass, changé complètement d'opinion devant les tristes faits observés, ceux qui relèvent pour eux de la "propagande de Poutine". A la suite de quoi, elle-même se fait insulter et ostraciser. Mais peu lui chaut. "J'ai des origines très mélangées, dit elle, un peu juive, un peu polonaise, un peu ukrainienne, et donc je ne suis pas vraiment ethniquement russe, mais ma culture, ma langue sont russes et je suis solidaire de la Russie. Comment peut-on quitter ce pays, et depuis l'étranger l'insulter et le vouer à sa perte, chacun de ces jeunes soldats qui sont là bas pourrait être mon fils. J'observe que oui, aujourd'hui, les jeunes sont incultes, coupés de leurs racines et on a tout fait pour obtenir ce résultat, on s'est donné beaucoup de mal, seulement malgré cela, c'est raté. Je veux dire que ceux qu'on a complètement rééduqués de la sorte sont partis, mais ceux qui restent, malgré leur inculture, ont mystérieusement gardé un coeur russe et l'amour de leur pays."

Cela m'a beaucoup frappée, parce qu'en réalité, et bien que je me désole de cette inculture, de cette ignorance, je réalise que c'est globalement vrai, quelque chose d'irrécuctiblement russe a résisté à tous les lavages de cerveau successifs.



mardi 7 février 2023

Réédition

 Si vous le lisez ou l'avez lu, n'hésitez pas à commenter dessous... Ce livre fait suite à Yarilo


lundi 6 février 2023

Alentour se déchaînera la folie, mais la Russie tiendra !



Venez à moi comme si j'étais en vie, je vous entendrai et vous aiderai", c'est ainsi que s'exprimait l'archimandrie du grand schème Zossima (Sokour) dans les derniers jours de sa vie.
Une grande partie de ce que le père a dit s'est déjà réalisé. Ses prédictions étaient étonnamment précises. On l'appelle dans le peuple prophète de notre temps. Beaucoup de gens pensent qu'on devient un ancien en prenant de l'âge. Il y a beaucoup de personnes âgées, mais elles ne sont pas toutes des anciens. Parce que l'ancien (starets) est le vase choisi du Saint-Esprit, par lequel Dieu lui-même parle aux siens.
Le starets Zossima a dit que si Dieu lui en donne l'audace, il serait particulièrement utile un an après sa mort. Ces paroles se sont également réalisées, beaucoup ont témoigné de l'aide qu'ils ont reçue par ses prières. Et voilà que le 29 août 2003, alors que ses ouailles s'étaient rassemblées à Nikolskoié, pour fêter l'anniversaire de la mort du cher starets, il advint un miracle. Juste après la liturgie à sa mémoire et l'office des morts, deux pommiers ont fleuri près de la tombe du starets. Et on était à la fin août. C'était étonnemment beau à voir, l'arbre qui d'un côté croulait de fruits vermeils, de l'autre le blanc des fleurs printanières.
Beaucoup ont ressenti une joie pascale, et ont dit: "Voici Pâques en été!" Ensuite, tout le monde a chanté "Christ est ressuscité!" On a senti et vu dans ces pommiers quelque chose de symbolique et d'une malesté solennelle. Voici quel miracle eut lieu, à la veille de l'automne, le jour de commémoration du starets, lorsque les pommiers ont fleuri comme au printemps près de sa tombe.
L'ancien est apparu en rêve à la servante de Dieu Christina. Elle le raconte ainsi : - C'était dans la nuit du 22 septembre. Je dormais. Je me vois assise près de la tombe du starets, les portes en sont ouvertes. Soudain, le père Zosime vient à ma rencontre, tout blanc, et si lumineux. J'ai eu très peur. Il était pourtant mort, et puis le voilà qui vient vers moi. Et le père, me regardant, dit : "Mais c'est que je ne suis pas mort ! Je suis toujours en vie, et c'est ma cellule, j'habite ici !"
Rappelons quelques unes des mises en garde et des instructions importantes du starets: voici que de nouveau le diable danse, il se déchaîne, il veut le sang des matryrs. Et il coulera inévitablement dans un proche avenir...
L'épanouissement de la foi, l'impression des livres saints, la construction des églises ne dureront pas longtemps... on va de nouveau les brûler.
Gardons-nous seulement de nous éloigner de Dieu en ces jours, de nous égarer dans ces schismes réformateurs et ces autocéphalies. Là, ce sont les serviteurs du mal, les ennemis de l'Eglise du Christ. Voici ce que je vous lègue: sauvez-vous tous! Tenez bon jusqu'à votre dernier souffle!
Notre Russie était une; elle l'est et le restera!
Pour nous, la Terre Russe est sacrée et indivisible. Elle l'était, elle l'est et le restera jusqu'à la fin des siècles!
Lisez la vie des saints du XXe siècle - ils sont pour nous un exemple vivant; ils nous soutiennent dans le découragement ; ils nous montrent ce qu'est notre foi orthodoxe, non pas en paroles, mais dans les actes de notre vie. Donne-nous, Seigneur, de ne pas nous engager sur le chemin du mensonge, de ne pas aller mendier le gras morceau maçonnique qui nous sera offert. Nous serons de nouveau persécutés, ils nous traiteront de fanatiques mais nous serons fidèles au Seigneur, comme nos grands-pères et nos arrière-grands-pères. Ne comptez pas sur votre force même en ces temps difficiles. Ne dites pas : "Je suis un héros ! Je n'ai peur de rien !" Tout le monde a peur : pour vous comme pour nous, c'est un faux héroïsme. Nous avons mis nos masques, ça va, croit-on, nous n'avons peur de rien, mais ce n'est pas le cas. Plus nous portons ce faux masque de héros, plus nous réalisons que nous avons en nous une peur particulière - une peur bestiale. Nous resterons fidèles au Seigneur jusqu'au bout ! Entendez-vous? Il nous faut à tous tenir jusqu'au bout.
La roue du temps s'accélère, chaque jour nous nous rapprochons de plus en plus de l'éternité, de la rencontre avec le Seigneur. Et nous devons franchir le seuil de l'éternité non comme un juste imaginaire, mais comme un pécheur repentant. Nous avons tous péché et nous sommes tous coupables devant Dieu. Et donc je nous souhaite, à vous et moi, d'hériter du Royaume des Cieux, mais il ne faut pas s'accrocher au terrestre, il ne faut pas s'accrocher au temporel. Aspirez à l'éternité !
Aimez le Seigneur, aimez les gens, ayez pitié de tout le monde... Dieu est fatigué d'écouter nos paroles creuses. Chaque prière doit être pleine de sens et provenir des profondeurs d'un cœur simple. Même s'il s'agit d'une courte prière, elle doit venir directement du cœur. Lisez le Psaume 50 et les mains des criminels retomberont. Ils partiront sans vous faire de mal. L'Occident se lève contre la sainte Russie, encore une fois le fascisme renaît. Mais Dieu est avec nous ! La Sainte Vierge est avec nous ! Tous les saints de Dieu sont avec nous ! Un chrétien orthodoxe devrait traiter l'Occident comme dans le sacrement du baptême - tournez votre visage vers l'ouest, crachez trois fois et proférez: "Tu es renié, Satan, avec ton orgueil!" Pour moi, n'importe quel cierge russe de n'importe quelle église russe a plus de valeur que tous les cierges de Jérusalem. Alentour se déchaînera la folie, mais la Russie tiendra ! Et il y aura une grande grâce en Russie. Toute la puissance de l'enfer se soulèvera contre elle, les serviteurs de l'Antéchrist se précipiteront sur elle, mais ils n'en viendront pas à bout. L'orthodoxie dans toute sa pureté ne sera préservée qu'en Russie et uniquement dans l'Église orthodoxe russe. Jusqu'à la venue même de l'Antéchrist, notre Église subsistera, car en Russie brûleront les lampes de Dieu, les lampes de la vraie foi, et elles seront avec nous jusqu'à la fin des temps. On dit que je suis devenu trop braillard... Réveillez-vous ! Je crie maintenant parce que quatre-vingt-dix pour cent d'entre vous dorment ! Réveillez-vous! Archimandrite du grand schème Zossima (Sokur)

samedi 4 février 2023

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vol de mouettes au dessus du lac

Cette année, j'ai fêté modestement mon anniversaire au café la Forêt. Très modestement, parce que beaucoup ne sont pas venus. L'un se croyait mercredi alors qu'on était jeudi, l'autre avait des enfants malades, d'autres encore étaient à Moscou. Je n'ai pas eu le courage d'organiser cela à Moscou, et puis cela me revient cher. Quand j'habitais sur place, c'était plus simple. 

Du coup, c'était l'équipe du café plus quelques amis, des pizzas délicieuses et un gros gâteau.

On m'a envoyé beaucoup de messages extrêmement touchants, j'en suis même interloquée. Des Russes mais aussi de nombreux Français.

Je me sens dans un drôle d'état, disons qu'il se produit en moi des transformation, à la faveur de la situation extrême, ce qui arrive à des tas de gens dans le même cas. Toute ma vie a reculé derrière ces événements, comme si on avait refermé toute une série de tomes, dont les illustrations me reviennent en mémoire, feuilletées par une main invisible. Un monde désormais inaccessible et resté si familier m'envoie des signaux au travers d'une incompréhensible folie et de présages sinistres qui pourtant ne touchent pas encore mon refuge septentrional.

A voir ce qui se passe dans notre monde, il m'est venu à l'esprit que beaucoup de gens pourraient ne pas remarquer qu'ils se trouvent en enfer. Par exemple, si je devais vivre éternellement dans un univers de cages en béton, d'usines, de fermes industrielles, avec le vacarme puant de routes fréquentées, de la musique tonitruante et affreuse imposée partout, des objets et des vêtements hideux, des comportements indignes, agressifs et vulgaires, je serais dans un désespoir absolu, mais beaucoup de mes contemporains trouvent tout cela parfaitement normal, détestent le silence et la nature, et ne comprennent plus rien d'authentique, de beau, de bon et d'harmonieux, l'enfer, ils en ont déjà l'habitude, et le paradis les ennuie ou les fait ricaner. Dans Yarilo, à un moine qui lui dit qu'il aura du mal à éviter l'enfer, Maliouta Skouratov, homme de main et bourreau du tsar, répond que cela ne lui fait pas peur car il aura là bas toujours de l'ouvrage. En quelque sorte, il s'est préparé à sa destination finale, et elle lui convient. Bien sûr les gens comme lui passeront à côté de joies radieuses infiniment exponentielles, mais ils ne sont pas équipés pour les apprécier, ils n'ont pas ou n'ont plus les récepteurs: nous emporterons avec nous le trésor de notre coeur, à chacun le sien... Le diable de Boulgakov, le professeur Woland, qui n'a d'ailleurs pas grand chose à voir avec le vrai diable, boit, dans le crâne de l'intellectuel pourri Berlioz, au néant auquel celui-ci avait toujours cru et qu'il allait donc rejoindre. 

Je vois avec horreur ce qui se passe dans l'Ukraine en guerre, mais ceux qui ont organisé tout ça et y participent avec enthousiasme, ou poussent les autres à le faire, s'y sentent comme des poissons dans l'eau. Ils ne sont arrêtés ni par les vols impressionnants d'innombrables corbeaux, ni par les larmes que versent de nombreuse icônes, ils ne respectent pas les hommes de Dieu qui firent parfois reculer Ivan le Terrible et ses opritchniks, ou même des nomades barbares, et mènent des bacchanales dans les églises dont ils ont chassé les héritiers légitimes. Ils sont insensibles à l'innocence et à la beauté, n'ont compassion de personne, ne respectent rien, ils s'affichent ouvertement satanistes, ils en sont fiers, ils jouissent du mal et de la profanation, du mensonge, du cynisme et de la fourberie, de la pleurniche manipulatrice, du sarcasme et du persiflage, ils égarent les simples et les enfants, et c'est là, disait le Christ, le péché le plus impardonnable, malheur à celui par qui le scandale arrive... 

Il me semble que la seule issue, dans ce maelstrom où nous sommes tous entraînés est de prendre de la hauteur, de s'élever comme la mouette au dessus de la tempête, ce qui ne signifie pas l'ignorer, ou lui être indifférent, mais garder, entre les abîmes du ciel et les abysses inférieurs, la direction des courants ascendants, ne pas verser d'huile sur le feu ni de sel sur les plaies, ne pas tirer sur les ambulances, ne pas danser sur les tombes ni ajouter au bruit et à la fureur ambiants des appels au meurtre et des blasphèmes. 

Cette distance de sécurité, cette hauteur de vue, je ne peux la trouver que dans la prière et la création. Je mets en ordre tout ce que j'ai fait, en quelque sorte, je fais mes bagages. Les chansons, je dois les enregistrer, car je ne connais pas le solfège. Ainsi je garde le texte et la mélodie. Une amie m'a demandé s'il n'y avait pas de moi dans ces oies sauvages. Si, bien sûr. Elles sont pour moi un modèle de vie. Je crois et je crée comme les oies migrent, par nécéssité de nature. J'ai finalement assez peu créé, mais le terreau de la fin du XX° siècle était peu propice à mon développement intérieur, j'ai donc poussé comme ces arbres qui manquent de terre, j'ai volé comme ces oiseaux à qui les ondes et la pollution font perdre la boussole, mais contre les vents et les marées, jusqu'à la dernière page...

les oies sauvages

Je recommande de regarder la vidéo dont je donne le lien, et que je n'arrive pas à partager directement sans doute parce qu'elle est trop véridique, et qu'on en limite la diffusion. Pour ceux qui veulent comprendre et savoir :

https://www.youtube.com/live/nRbIlGbGtuI?feature=share

Je recommande d'ailleurs toutes les vidéos de cette chaîne, qui réinforme avec intelligence. Je souscris à tout ce que dit Karine, y compris au sujet du groupe Wagner, et je partage les inquiétudes des invités concernant les armes biologiques. Le groupe Wagner est très efficace, et s'il ne touche pas aux civils, ni aux prisonniers de l'armée régulière, il adopte envers les tortionnaires d'en face une justice expéditive qui risque de le faire descendre au même niveau. Quelle que soit la nature de l'ennemi, on n'a jamais intérêt à le suivre en enfer. C'est aussi l'une des thématiques de Yarilo.


Objets en vente sur le site du Temple satanique, organisation "religieuse" américaine...

    


lundi 30 janvier 2023

Adieu Vassia

 


Le père Nikita de Donetsk m'a appris la mort subite d'une force de la nature, Vassia Evkhimovitch, qui avait fabriqué sa vielle et l'une des miennes, et nous avait mis en relations l'un avec l'autre. Vassia est mort en chantant et plaisantant avec des amis. Il s'est effondré sur son voisin de table et il a été impossible de le ranimer. 

Vassia était un vrai Russe, ouvert, exubérant et chaleureux, il avait beaucoup de talent. Designer fortuné, il avait tout laissé tomber pour partir fabriquer des vielles et en jouer. J'étais allée chez lui, dans un centre touristique au fin fond de la Carélie, avec un autre fou, Sérioja Klioutchnikov, et ce voyage restera toujours gravé dans ma mémoire, pour ses aspects poétiques et cocasses. J'étais retournée le voir près de Tver, dans son isba extrêmement rustique, un épisode que j'ai relaté dans mes chroniques. 

Récemment, il était allé dans le Donbass chez le père Nikita, donner un concert pour soutenir la cause, comme ensuite le joueur de gousli Maxime Gavrilenko.C'était courageux, Vassia avait des origines biélorusses mais se sentait solidaire de la Russie, comme avant que tout un sale monde se mêle de séparer ce qui était uni.

Difficile de croire que cet homme jeune, tonitruant et plein de vie ait pu mourir d'un seul coup. Très affecté, le père Nikita a chanté un vers spirituel en hommage à Vassia, et l'office des défunts. Il raconte que Vassia avait été bouleversé par ce qu'il avait vu au Donbass, et s'était confié à lui longuement, il semble qu'il était en train de se rapprocher de Dieu. Il y a quelques jours, le père Nikita m'avait montré une vielle qui avait appartenu à un homme tué au Donbass, et comme il voulait lui donner un nom, j'avais suggéré la Voix de l'Homme Mort. Il dit que ce serait aussi désormais la voix de Vassia qui nous avait permis de nous rencontrer.

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hommage à Vassia du père Nikita.



Ce même jour, mon ami Slava a été inhumé à Moscou.