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jeudi 13 juin 2024

Ilot dans la pluie


 Il pleut tout le temps, il pleut à verse, je n'arrive pas à voir fleurir mes plantes, leurs pétales sont arrachés par ces déluges incessants. J'ai reculé devant l'orage et ne suis pas allée aux vigiles de l'Ascension. Il paraît qu'il a tonné au moment où l'on chantait le tropaire de la fête. Le père Andreï raconte, sur VK, qu'il y a dix ans, le jour de l'Ascension, qui tombait avec la fête d'Alexandre Nevski et de la Russie, comme cette fois-ci, on avait installé en plein devant la cathédrale l'horrible structure "ludique" qui est maintenant chaque année devant la mairie, un machin gonflable monstrueux, d'une laideur métaphysique, avec des animaux caricaturaux aux yeux exorbités, toutes sortes de créatures bariolées et terrifiantes. J'aurais dû d'ailleurs la photographier, car il faut le voir pour le croire, je m'interroge sur le mental du gars qui a conçu cela pour des enfants. Cette chose est évidemment accompagnée de la musique tonitruante de rigueur. "Comment est-ce possible? avait alors protesté le père Andreï auprès des édiles qui l'attendaient avec un sourire confiant. Nous avons un service religieux, et l'on n'entend rien!

- Mais c'est la fête, c'est pour les petits enfants!"

Le père avait dû fermer toutes les fenêtres par une chaleur terrible, pour qu'à travers le vacarme, on pût quand même saisir les prières de l'office. Mais au milieu des réjouissances, comme cette année, un orage avait éclaté, et ça aussi, pour moi, c'est métaphysique, toute cette bacchanale avait été chassée par des trombes d'eau. 

Ce qui me fascine, c'est que beaucoup de gens ne voient pas le problème, le mal que toute cette monstruosité visuelle et sonore fait à leurs malheureux gosses, dont l'âme contrefaite n'aura aucune référence esthétique et culturelle, ce qui est déjà le cas de leurs parents.

Dans la série des îlots français, j'ai rencontré à la cathédrale Jean-Pierre, sa femme, sa belle-fille, la merveilleuse folkloriste Thaissia Krasnopevtseva, et ses trois enfants. Nous sommes allés déjeuner au café Montpensier. D'habitude, Rita y est très bien accueillie, et l'une des serveuses lui apporte toujours de l'eau et des restes de poulet, mais là, nous étions en terrasse, la fille de service nous a dit que la veille, un chien l'avait mordue, et que le mien était reçu par faveur spéciale. Du coup, Rita, qui, toute frétillante, avait bien reconnu l'endroit, était plus que déçue: scandalisée! Elle protestait par des jappements autoritaires et perplexes. Heureusement, sa copine a fini par sortir, et, la voyant, s'est hâtée de lui fournir les gâteries habituelles.

Tout le monde parle français dans la famille de Jean-Pierre. Il a senti, il y a quinze ans, qu'il fallait partir, que le France filait un mauvais coton, et il ne s'y sentait plus chez lui, il trouvait l'ambiance de plus en plus oppressante. Il ne regrette rien, il se sent bien ici, et il a l'impression que ses enfants et petits-enfants y ont un avenir. Il n'éprouve aucun désir de revenir en France, car il a peur de ce qu'il y trouverait. Il a parlé de la mentalité des Russes au travail, comme Maxime l'autre jour. Sa femme considère que les Russes ne sont pas matérialistes, que leur intérêt ne passe pas au premier plan, et c'est exact. Leur famille, ou d'autres impératifs, passe avant le boulot. Le boulot, ils s'y consacrent s'il les implique profondément, pour d'autres raisons que de recevoir un salaire: s'il est créatif, s'il a un sens, si ils aiment et respectent leur chef ou leur patron. Je me souviens de l'exaspération du pâtissier Didier devant l'amateurisme de ses employés, et devant leur besoin d'encouragement affectif. Dany me disait ce matin qu'il y avait beaucoup moins de sincérité chez les Français, et plus de lâcheté, c'est vrai que la sincérité et l'authenticité ne m'ont jamais réussi en France, et qu'elles n'ont pas réussi non plus à ma mère, à mes tantes, qui étaient comme moi. En France, il ne faut pas violer les règles du jeu social, et nous ne les avons jamais vraiment comprises. C'est pourquoi aussi, la littérature française du XVIII° et du XIX° me touchait si peu et me donnait le cafard. Je ne m'y sentais pas chez moi. Les héros de Dostoievski sont sincères et authentiques, même ses salauds sont authentiques.

Pendant que j'étais assise avec eux sur cette terrasse, j'ai réalisé que l'église saint Pierre de Moscou avait été partiellement débarrassée de ses échafaudages, et apparaissait, au dessus des bâtiments voisins, sa belle structure conique passée à la chaux et surmontée d'une ravissante coupole de bois essenté qui offrait un dégradé soyeux de gris et de beige. Le miracle a eu lieu, l'une des plus anciennes églises de Pereslavl est sauvée. Il paraît que ses voisines, la cathédrale saint Alexandre Nevski et l'église de l'icône de la Vierge de Vladimir, vont être également restaurées.

Un avion sans pilote ukrainien a été abattu dans la région de Vladimir, plus exactement près de Iouriev Polski, à 60 km d'ici. C'est inquiétant, le petit gnome vert, travaillé au corps par les divers séides de Lucifer, va finir par nous provoquer le merdier qu'à l'ouest, toute la clique espère. Un homme armé a attaqué une voiture de pèlerins qui venaient du monastère d'Optino, il les a obligés à s'arrêter et a commencé à tirer. Une moniale, qui était dans une voiture derrière, a fait dévier l'arme avec un courage extraordinaire et, légèrement blessée, a supplié le bandit armé "d'arrêter au nom du Christ". Le type est parti tirer plus loin, on ne l'a pas encore trouvé. L'histoire ne dit pas si c'est lié ou non à la guerre.https://vk.com/id64720729

Les "patriotes en colère", comme dit Xioucha, de mon entourage, se demandent ce qu'on attend pour répliquer de façon convaincante. En ce qui me concerne, je trouve qu'il devient difficile de s'y retrouver, et je comprends que, sans la foi, les gens deviennent fous ou volontairement idiots.

Nicolas Bonnal m'a envoyé un article d'Isaac Shamir qui correspond à mes intuitions sur ce qui nous arrive: https://www.unz.com/ishamir/why-do-brits-hate-russians/

Et j'ai bien aimé le tour d'horizon de cette vidéo, dont la verve, gouailleuse comme on n'en fait plus, fait avaler la pilule de la folie et du cynisme déchaînés des malfaiteurs à l'oeuvre.

https://crowdbunker.com/@Loup_Divergent_Reposts

Pour la suite des élections, je pense exactement ce que dit ce texte, à ceci près que n'est pas envisagée la position vis-à-vis de l'OMS, dont il faut s'affranchir autant que de l'UE et de l'OTAN:

Via Caroline Porteu

IL Y A UNE SEULE QUESTION à POSER aux CANDIDATS DES LEGISLATIVES
La première question et la plus importante
Etes vous pour ou contre l'entrée en guerre de la France ?
Que pensez vous de l'accélération du processus d'intégration de l'Ukraine dans l'UE ?
Et cette question doit être posée à tous les partis !

J'ai déjà fait deux threads sur le sujet qui ont eu un succès certain et je vous en remercie
En effet , tout le reste dépend de la réponse à cette question
- la politique économique et budgétaire
- la politique sur l'immigration
- la politique agricole
- la politique industrielle
- le pouvoir d'achat des français
- Notre souveraineté
TOUT est lié
L'omerta de nos médias sur ce sujet est un signe très fort qui montre son importance




mercredi 12 juin 2024

Des moustiques, des étoiles et des merles.

 

Rostov

Je n’ai pas eu le temps d’écrire depuis presque une semaine. Vendredi, j’avais une interview du matin au soir. Ma nouvelle connaissance, le cinéaste Vladimir, m’avait amené Victor, auteur du blog orthodoxe « raznie dorogui », « chemins divers », qui voulait faire un numéro sur moi. Vladimir avait planifié tout un périple. Nous avons commencé par tourner chez moi, puis au musée d’art populaire de Rostov, où l’antiquaire Alexandre nous avait préparé un thé avec des petits gâteaux. Ce lieu m’a permis d’enfourcher mon dada folklorique. Ensuite , Vladimir avait prévu la visite d’un monastère très joli, avec une bonne atmosphère, mais je n’en pouvais déjà plus. Je devais, en dernière étape, jouer des gousli et de la vielle dans le jardin de sa datcha, au coin du feu, avec le chant des rossignols, mais comme je le prévoyais de mon côté, nous étions attendus par de telles nuées de moustiques affamés que j’ai catégoriquement refusé de passer des heures à leur fournir du sang frais. Cela s’est passé dans la maison, où il y avait aussi des moustiques, mais pas autant, et puis il a mis des prises insecticides, sa femme m’a donné du spray... Elle était avec une amie, également journaliste et cinéaste, intelligente, vivante, avec un bon sens de l’humour. J’ai dit un mot de mes livres, et surtout d’Epitaphe, mais la femme de Vladimir a évoqué les chroniques année 17 avec des yeux pleins de larmes : « Je ne peux pas m’en arracher, c’est à la fois drôle et plein de douleur ».

J’avais depuis la veille Maxime à la maison, l’associé de Gilles. Nous avons bien rigolé, en parlant de la Russie, de ses problèmes avec les employés. Il trouve que les jeunes qui travaillent là bas ont besoin d’autorité, de direction, ils ont besoin d’estimer leur patron. Et en effet, je crois que les Russes marchent beaucoup au respect et à l’affectif. Maxime m’a beaucoup aidée, il a tondu le jardin, fait une partie du bricolage en souffrance. A un moment, il a observé, avec une pointe de nostalgie, que je parlais un peu comme sa mère décédée, et cela m'a touchée. Il m'arrive, lorsque j'écoute un enregistrement de moi, de retrouver les intonations de la mienne, on nous confondait au téléphone. Et ce qui m'étonne davantage, celles de ma tante Jackie, qui me disait que j'allais reprendre son flambeau, ce que j'aurais bien voulu éviter, je n'avais pas envie de finir seule, comme elle.

Le dimanche, je suis partie à Moscou voter à l’ambassade. Je n’en avais aucune envie, car c’était le sixième dimanche de Pâques, celui de la procession sur l’eau de la rivière Troubej et du lac. Me retrouver à l’ambassade m’a fait un drôle d’effet, car j’y allais très souvent quand je travaillais à côté, mais cela faisait des années que je n’y avais mis les pieds. Tout le monde était très aimable, à la française, j’ai trouvé le bulletin Asselineau, mais il me semble que Philippot et Dupont-Aignan n’y étaient pas. Sur la grille de l’ambassade, des photos commémoraient Normandie-Niemen, alors que Macron n’invitait pas les Russes aux fêtes du débarquement, mais conviait, avec d’enthousiastes tortillement du cul, l’horrible petit bonhomme vert-de-gris, le fourbe petit nazisioniste de Kiev, soutenu par les Bandera à croix gammées. Il a eu le front de traiter de nazis les Russes qui ont laissé 20 millions de morts dans la lutte contre Hitler, et ça passe crème. Une baderne stupide parle d'envoyer la jeunesse française se faire trouer la peau pour les banksters et leur projet ukrainien, et ça passe crème. Macron exhorte notre "vaillante jeunesse" à aller mourir pour Zelenski et ses séides, Pujadas parle avec des trémolos dans la voix de son émotion palpable et de sa sincérité. Celui-là, l'enfer l'attend avec impatience, il est sur le tobboggan direct, il n'a plus qu'à se laisser glisser... Etre pourri à ce point-là, ce n'est pas possible. 

Iouri a publié des reflexions sur le fait qu'un peuple doit être cimenté par une idéologie. Ce n'est pas du tout mon avis, les idéologies ne cimentent rien du tout, elles divisent, elles ne cimentent que les quelques décennies pendant lesquelles on peut tenir tranquilles sous la botte ceux qui n'adhèrent pas vraiment. Ce qui cimente, c'est la foi et la culture que les idéologies détruisent. Et une fois que c'est détruit, même si une certaine proportion de gens les conservent, ce n'est pas facile à ressusciter. J'ai vu un texte, que je ne retrouve plus, dont l'auteur disait qu'il fallait regarder notre réalité en face pour nous préparer à réagir. Et cette réalité, pour lui, c'est que nous sommes fichus, que nous ne retrouverons jamais le monde tel que nous l'avons connu, que notre civilisation est condamnée, et que nos pays vont disparaître. En ce qui me concerne, je compte sur Dieu. Je me fie à Lui. Ce ne sont certainement pas les idéologies qui me feront marcher, je les trouve interchangeables, et elles se résument au cri triomphal d'un député révolutionaire français: "Nous avons éteint au ciel des étoiles qui ne se rallumeront plus." Je ne serai jamais du parti des éteignoirs d'étoiles, quels que soient leur couleur ou leur programme. 

Le soir, je suis allée au restaurant belge avec Xioucha. Elle connaît tout le monde, tout le monde la connaît, en chemin et sur place, tout le monde la saluait. Il faut dire qu’elle a une joie et un appétit de vivre étonnants, un rire communicatif. Nous nous sommes assises à la terrasse, il faisait bon, ni trop chaud, ni froid, avec une petite brise vésperale, j’aurais pu me croire en France, dans un café à Uzès ou Vaison, quand on respire enfin, le soir, sans se faire dévorer par les insectes piqueurs, du moins dans le temps, c’était comme cela, car maintenant, il y a le moustique tigre... Au retour, nous sommes tombées sur un de ses voisins qui était avec son père, un vieil homme, je veux dire plus vieux que moi, encore que je n'en sois pas sûre, car je suis un peu comme Virginia Woolf, qui, à soixante ans, se croyait toujours la personne la plus jeune de l'autobus. Un vieux monsieur avec une béquille, qui me regardait d'un air attendri, j'avais manifestement un gros ticket, et je me disais que les hommes sont prêts à draguer jusque sur leur lit de mort. 

Le lendemain, la soeur de Xioucha, Macha, m’appelait pour me féliciter de la victoire de la « droite ». Quelle droite ? Celle de ce clone de Macron complètement sous contrôle ? Bon, les gens ont montré qu’ils ne voulaient pas d’Iznogoud, le vizir des banques, ni de sa politique, mais je crains qu’ils n’aient juste changé d’avatar. Personnellement, je n’ai jamais très bien compris ce que voulait dire « la droite », et je le sais moins que jamais. La droite, c’est tout ce qui n’est pas à gauche, cette gauche geignarde et moche des trotskystes déchainés, ceux qui ont gâché ma jeunesse en fac et détruit la France au fil des années ultérieures.

Un droitard mal réveillé d’une congélation de cinq décennies, au moins, se réjouit entre autres de la poursuite de la lutte « contre les soviétiques » en Ukraine. Où, à part le soutien aux Bandera, toutes les méthodes sont bolcheviques, à commencer par la persécution de l’Eglise authentique au moyen d’un machin autocéphale honteux que plein d’occidentaux orthodoxes font semblant de trouver honorable, pour continuer à ne pas remettre en question la propagande officielle. C’est la confusion totale, j’en ai mal à la tête, et je crois que je finirai ermite, pour ne plus laisser cette bêtise protéiforme et hystérique court-circuiter mes conversations avec le ciel... J’entends de toutes parts, et même ici, des discours contradictoires jusqu’à l’absurdité, et aussi des calembredaines cyniques qui n’essaient même pas de garder les dehors de la vraisemblance et de la décence, ce n’est plus la peine, on n’a plus le temps, il faut vite pousser les derniers représentants de la chrétienté blanche au massacre final, à l’holocauste sur l’autel de Mammon et Baalzébuth réunis dans une ultime copulation LGBT de rigueur. Avez-vous entendu la chanteuse transgenre sourde-muette hurler à la mort devant un aéropage de connards qui l'exhibent avec des airs inspirés? Voilà notre chant du cygne, l'ultime stade d'un emballement morbide commencé dans une floraison de génies et venu, à l'issue de multiples effondrements et profanations plus ou moins frénétiques, s'échouer là, en poussant des borborygmes pitoyables.

Pour le reste, il y a quelque chose de pathétique à voir un grand pays autrefois prospère et puissant se faire ainsi l’artisan de son propre effondrement dans tous les domaines (économique, social, moral, démographique, culturel), et en prime signer son propre arrêt de mort en déclenchant une guerre que, de toutes les manières, il n’a plus les moyens de mener. Car, quand on dépense l’argent public comme il s’est habitué depuis belle lurette à le faire, il s’en prive forcément. Il ne lui reste dès lors que la petite guerre, celle qu’il instrumente pour achever de transformer en cauchemar l’existence de ses propres populations. Mais ce n’est même pas lui qui la mène. La France est présentement dans l’incapacité de mener la moindre guerre. En revanche, elle est en mesure de déclencher l’apocalypse, écrit Eric Werner dans Antipresse.


Au retour de Moscou, je me suis arrêtée chez matouchka Alexandra et sa fille Hélène, dans leur si agréable maison de Serguiev Possad, tout près de la Laure, et nous sommes restées dans le jardin, avec une légère petite brise humide, et de gros nuages, mais pas de moustiques. C'est un espace franco-russe, un peu comme chez moi, parce que matouchka est d'origine russe, mais elle a passé toute sa vie en France, elle vient de l'émigration. C'est un autre ilôt, avec le café de Gilles et Maxime, l'appartement de Iouri et Dany, et même la famille Asmus, avec deux gendres français, tous ces endroits intermédiaires, ces passages d'une vie à l'autre, d'une réalité à l'autre, d'une époque à l'autre.

Aux rossignols succèdent les merles, j'ai des concerts diurnes magnifiques. Il fait chaud, orageux, pluvieux, aux averses succèdent des coups de vent, aux nuages noirs de brusques échappées d'un soleil qui passe comme un cheval blanc dans une caverne aux voûtes trouées. Vivons jusqu'au dernier moment et merde aux malfaisants colporteurs de mort.

Maxime me fait de la pub, merci Maxime!

https://orthodoxe-ordinaire.blogspot.com/2024/06/presentation-de-son-livre-epitaphe-par.html










 

 

 

mercredi 5 juin 2024

Grosse caisse

 


Gilles est parti en France, je l’ai vu hier au café. Il m’a dit, à propos des moustiques particulièrement virulents cette année : « Ils ont mis longtemps à arriver, à cause du froid, mais ils sont maintenant complètement déchaînés. Avant, avec des prises, j’avais la paix dans la maison, cette année, ils s’en fichent. On dirait qu’ils ont des quotas à remplir, et qu’apparus en retard, il leur faut mettre les bouchées doubles »...

Pour une fois, j’ai une belle histoire d’animaux à raconter. Mon voisin avait loué pour six mois à des gens qui faisaient construire ici, et qui avaient un chien, genre husky, un beau chien. La chienne de Nadia la chevrière, courte sur pattes et sans aucune beauté, mais très intelligente et amusante, s’était prise de passion pour le nouveau venu, elle venait tous les jours le voir, ils avaient une grande amitié, je me demandais avec angoisse comment elle prendrait son départ imminent, et ne les voyant plus ni les uns ni les autres, j’ai demandé à ma voisine Ania ce qu’il en était. Les patrons du chien ont adopté la chienne de Nadia, avec son accord, et l’ont emmenée avec eux et avec son copain.

Je suis repartie me baigner à la rivière, tant que le temps le permet, car on ne sait pas de quoi demain sera fait. Hier, il pleuvait et quelqu'un, au café, a déclaré que cela serait comme ça jusqu'à la neige! De sorte que voyant du soleil, je me suis hâtée d'aller nager. L'eau était très fraîche, à cause de la pluie, sans doute. Je pensais aux paroles d'un moine copte que j'avais vu sur la page d'un ami, la veille. Il parlait de la transfiguration du cosmos, de la beauté de la nature qui nous apparaissait, comme si notre regard était nettoyé et voyait ce qui d'ordinaire nous est caché. "Le fait de voir toute la création transfigurée, c'est l'expérience que nous avons de l'Incarnation". Cela m'est arrivé quelquefois dans ma vie, avec une grande intensité, et c'est arrivé à une amie devenue ensuite orthodoxe, à une époque où elle ignorait tout de la religion. Ces expériences me sont souvent tombées dessus, comme une grâce, sans que j'eusse fait grand chose pour les provoquer. D'ailleurs, le regard poétique y conduit directement. Au fil des ans, c'est devenu un état permanent atténué et subtil, c'est la meilleure façon que je connais de communiquer avec Dieu, c'est-à-dire de prier, et je me signe devant la pleine lune ou quand j'écoute, dans le vent nocturne, les rossignols. Or, quand je me suis retrouvée dans l'eau fraîche, j'ai commencé à réciter mes prières matinales, et j'ai vu, avec une intensité étrange et merveilleuse, l'azur hanté de blanches présences, ce léger rayon bleu au tournant de la rivière, puis au ras de l'eau, les lampes de nénuphars jaunes en bouton qui projetaient de brillants reflets dans le miroir plissé où se mirait le ciel, et sur la berge, les dentelles dansantes et froissées des égopodes, si allègres et légères. Et puis cet énorme saule, majestueux, avec au sein de ses branches, une sorte d'ouverture, de porte qui semblait m'appeler à la franchir. C'était comme si, dans ce monde où j'étais, j'avais changé de monde, parce que ce monde était devenu autre, ou bien se montrait tel qu'il était et que plus personne ne le voit. Et tout m'est adorable de ce qui vole, glisse, frémit et scintille, de ce qui chante et joue, de ce qui existe. C'est sans doute la raison pour laquelle la laideur de notre vie contemporaine m'offense si profondément, je la ressens comme une véritable profanation, et n'arrive pas à surmonter cette peine pour atteindre la Source de cette beauté, qui est inaltérable. 






J'ai passé trois heures à faire le ménage, car j'ai bientôt des gens qui louent pour trois semaines mon petit studio, et je n'ai pas fini. Et puis après demain, j'ai toute une journée d'interview à Rostov, dont je pressens qu'elle sera pour moi assez fatigante. Si je fais cette interview avec ma nouvelle connaissance de l’église du père Ioann, c’est dans l’espoir de promouvoir Epitaphe, car cela ne décolle pas tellement, et si je veux tout republier chez cet éditeur, puis publier ce qui ne l’a pas été, il faut que quelque chose se passe. Je lui avais dit de changer le résumé d’introduction pour le remplacer par la pub qu’avait faite Katia sur sa page, plus racoleuse, mais je pense que c’est ce qu’il faut, bien que ce soit contraire à ma nature, et Katia, qui est jeune, le sent bien. J’ai vu qu’un livre tout ce qu’il y a de plus racoleur se vendait abondamment, même si les gens ne lisent plus, et pour susciter la curiosité d’acheter le mien, il faut ne pas hésiter à faire donner la grosse caisse dans le tohu-bohu général.

Je vais devoir à nouveau faire le représentant de commerce pour mon livre, ce qui me fatigue et n’est pas très gratifiant. J’ai envoyé un mot à deux amis qui l’avaient commandé : « Si vous l’avez lu, mettez une note et une appréciation sur le site d’Ozon ». Il y en a un qui a mis une note, mais pas d’appréciation, l’autre a promis et ne l’a pas fait. 

Un ami qui travaille dans une librairie dissidente à Paris a récupéré mon livre Parthène dans le stock d’une autre librairie dissidente qui a fermé. Il va essayer de vendre ce que je fais, et me dit que pour promouvoir des livres il faut avoir une audience par ailleurs, blog ou vidéos youtube. J’ai un blog, mais, alors que j’ai toute une colonne consacrée à mes livres à droite de ma page, avec les références, des gens me demandent parfois comment se les procurer ! Il me faudrait mettre autour un encart fluo et clignotant ?

Je vais faire une vidéo et lire moi-même des extraits, auront-ils la curiosité d’écouter ? Et s’ils commandent, auront-ils le réflexe de commenter et noter ? 

Naturellement, je n’attends pas des ventes colossales et n’espère même pas rentrer dans mes frais. Mais je voudrais pouvoir continuer à publier. Le pire est que ceux qui lisent ces livres les apprécient généralement beaucoup, à l’exception des toqués idéologiques qui me reprochent de ne pas donner d’Ivan le Terrible et de ses compagnons une image qui leur convient. Mais je suis presque obligée de faire la danse des septs voiles pour arriver à persuader les gens de faire la démarche de les commander et de les lire, or à mon âge, la danse des sept voiles, ce n’est plus trop dans mes cordes et je n’ai plus la silhouette requise.

Le journaliste Vladimir, qui me fait l’interview de Rostov, m’a dit que son copain lui avait piqué Epitaphe pour le lire, avant qu’il n’ait pu le faire lui-même, qu’il l’avait trouvé captivant et bien écrit et demandait comment se le procurer. Eh bien mais sur Ozon, et mettez-moi une appréciation, nom d’un chien ! Vladimir, en attendant, lit l’année 17 de mon blog, il est enthousiaste, mais l’année 17, pour se la procurer, il faut s’adresser à moi, et je voudrais qu’elle fut vendue sur Ozon, par mon éditeur, or elle le sera si Epitaphe ne stagne pas. Sinon, elle restera sur mes étagères et partira au compte-gouttes. Par moments, je me dis: "Et alors? L'important, c'est de délivrer ce que tu avais à donner, qu'ils en fassent tous ce qu'ils veulent, et s'ils ne veulent rien, ce n'est plus ton problème, tu l'as fait, tu l'as édité, et merde." 

J’ai vu, avec une horreur incrédule, que la fondation Georges Clooney proposait d’arrêter les journalistes russes ou prorusses. Une amie parle de maccarthysme, mais j’ai l’impression que c’est pire. Et parallèlement, on commet des attentats sur les chefs de gouvernement qui pensent mal. On en menace d’autres. C’est complètement fantasmagorique. Il faut que rien ni personne ne vienne compromettre le discours hallucinogène de tous ces malades cornaqués par des criminels.

Nous nous concentrons sur la poursuite des journalistes pro-russes les plus évidents, les plus en vue, mais je ne les nommerai pas car nous demandons aux procureurs de délivrer des mandats d'arrêt sous scellés.
- a déclaré Anna Neistat, directrice juridique du projet Docket de la Fondation Clooney pour la justice.

Selon Anna Neistat, contrairement aux militaires russes et à leurs commandants, de nombreux journalistes voyagent fréquemment en Europe, ont des permis de séjour, des parents et des biens à l'étranger et peuvent être détenus sur la base de mandats d'arrêt dans les États membres d'Europol.
 https://t.me/economica/1606

Georges Clooney, le chéri de ces dames! 

 




dimanche 2 juin 2024

Icônes soviétiques

 


Il fait vraiment chaud, et trop sec, mais avec quand même un petit air, c’est supportable, ce n’est pas le Gard au mois de juillet. J’ai ouvert la saison en allant me baigner dans la rivière Troubej, qui manque d’eau, elle aussi. Elle était fraîche comme j’aime, et en sortant de là, je me sentais tellement bien, ma pauvre vieille carcasse était complètement régénérée, et mon âme aussi, car c’est un vrai bonheur de dériver sous le ciel et les saules, les oiseaux et les libellules. Au retour, malheureusement, j’ai eu droit à la radio du voisin. La mère Alexandra me dit qu’il ne l’écoute sûrement même pas, mais que les gens ne peuvent se passer de bruit, qu’ils en sont drogués, et c’est exactement ce que je pense. Or ce bruit est, j’en suis sûre, néfaste à notre organisme, il nous rend fous et idiots. On empêche les gens de fumer dans les lieux publics mais on ne voit aucun inconvénient à leur casser les oreilles et les nerfs partout. De mon côté, j'ai joué des gousli devant la fenêtre ouverte, le soir, avec le chant des rossignols, et le vent frais qui m'apportait des effluves fleuries.

La mère Alexandra a détesté le bruit dès l’enfance, et c’est aussi mon cas. Elle cherchait à s’isoler pour réciter un psaume, je ne sais plus lequel, moi, je ne connaissais pas les psaumes, mais je cherchais le silence pour écouter la symphonie de la vie et contempler le ciel, les arbres et les fleurs.





Le temps passe à une vitesse effrayante, comme si ma vie, en approchant de son terme, se transformait en un tourbillon aspirant, pareil au mouvement de l’eau dans une baignoire qui se vide, les semaines s’écroulent positivement les unes sur les autres et filent dans l’abîme. Les nouvelles aussi sont effrayantes. 

Le démon qui gère la France pour le compte des banksters va, après nous avoir complètement ruinés, nous précipiter dans la guerre et la catastrophe. En deux siècles de « démocratie », on aura organisé notre complète extermination, je dis bien organisé, car il est visible maintenant, que les gens ne mordent plus vraiment à un aucun hameçon pour partir la fleur au fusil, alors on est prêt à les contraindre, comme en Ukraine où de pauvres types se retrouvent au front sans savoir qu’y faire, et où l’on commence à y envoyer des femmes, dans le cadre d’un génocide hypocrite et ignoble. La mort de nos rois chrétiens nous a livrés à des ploutocrates qui nous haïssent. Pacha le cosaque écrit que les choses ne font que commencer... Peut-être que de toute façon, je ne mourrai pas de vieillesse, et il est bien probable que je ne revois plus la France, pourtant, quand j’y suis allée, j’ai eu l’illusion que c’était facile, qu’il suffisait de prendre son billet, que c’était juste plus cher et plus fatigant, mais en fin de compte, je retrouvais sans trop de mal les miens, et les lieux de mon enfance... 

Je suis allée à la liturgie tôt le matin, à l'église de la Vierge de Vladimir, à côté de la cathédrale. On avait exposé, dans la première partie du bâtiment, des icônes « soviétiques » que faisaient les gens quand tout cela était clandestin. Je trouve que c’est extrêmement joli et touchant, et dépourvu du mauvais goût fantasmagorique qui se répand dans l’iconographie et les églises de nos jours, peut-être tout simplement parce que ces représentations ont une ferveur et une vérité qui vient de leur fabrication par les croyants eux-mêmes avec les moyens du bord. Pour remplacer les revêtements d’argent, de laiton des siècles précédents, les gens utilisaient des feuilles de métal travaillées comme de la dentelle, ou même du papier d’aluminium, ou encore, m’a-t-il semblé, des papiers de bonbons, et ils intégraient à ces compositions des fleurs en tissu ou en papier, des fleurs séchées, des perles brillantes, tout ce qu’ils pouvaient trouver de poétique. J’ai même vu une guirlande de fleurs en plastique identique à celle qui orne le saint Nicolas que j’avais trouvé et recueilli à la cathédrale et qui doit appartenir à la même catégorie ! Pour ces réalisations, on utilisait des icônes en papier ou en carton, mais aussi des icônes peintes, comme la mienne, et souvent d’une façon spontanée et vivante qui me touche beaucoup plus que les reconstitutions plates des icônes médiévales ou les peintures académiques.









 Je n'ai pas forcément photographié celles que je préférais, mais celles qui ne présentaient pas trop de reflets. Ce qui est curieux, c'est que j'ai moi-même procédé de la sorte avec une photo du saint suaire, que j'ai entourée de fleurs séchées de Solan, et de la tombe de sainte Matrona, d'une tresse de mes cheveux d'enfants et même d'une touffe de duvet de mon malheureux petit chien Doggie. Je vais peut-être perfectionner la chose. 


mercredi 29 mai 2024

Privilèges

 

Il y a quelques temps, j’entends au téléphone de bon matin une voix d’homme qui s’écrie : «Le Christ est ressuscité ! » C’était l’higoumène Parthène, d’un monastère de la région de Toula, qui voulait me prendre une interview. Il est venu hier, avec un journaliste qui, à 63 ans, restait mince et séduisant, et nous avons eu un entretien fatigant, mais cordial et joyeux, le père Parthène a de l’humour. Quand je leur ai parlé des gauchistes des années soixante-dix en France, il s'est exclamé : « Comme c’est intéressant, c’est exactement comme chez nous après la révolution de 17, avec les bolcheviques ! »

En effet, c’est la gauche trotskiste qui sévissait alors, qui sévit toujours. Alors que déjà sous Brejnev, le communisme soviétique n’avait plus le même caractère. 

Le père Parthène m’avait apporté du lait des vaches du monastère, des oeufs du monastère, des calendriers et autres petits cadeaux. Il m’a même baisé la main, c’est la première fois qu’un higoumène me fait un baise-main, il faut dire que le baise-main n’existe plus qu’en Russie, je ne l'imagine vraiment pas dans la France woke !

Une personne qui veut émigrer ici, m’a appelée sur Telegram, et nous avons longuement parlé. Elle m’a tracé un triste tableau de la Suisse, où, comme en France, tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire et où l’on emmerde les gens de toutes les manières, et ce qui est pire, les gens sont formatés pour s’emmerder les uns les autres, comme on l’a vu au moment du covid, ils le font avec empressement, avec zèle, avec une vraie satisfaction. Il y a toujours une bonne âme pour prendre la place du flic là où on a oublié de le mettre. Elle a cru pouvoir lâcher son chien inoffensif dans un bois pour lui permettre de courir un peu, on lui a fait comprendre, en tapant avec réprobation sur l’écriteau qui interdisait la chose (pour « ne pas déranger la faune sauvage »), qu’elle contrevenait aux instructions « écologiques » de  gouvernements qui ont mis la planète à bout de souffle et continuent à le faire. Elle ne peut plus se garer dans son quartier car, désormais, il y a une file d’attente de quatre ans pour obtenir le passe-droit pour les riverains, et on a souligné avec sévérité que sa voiture était un « privilège », c’est-à-dire que c’est un privilège que les seigneurs veulent garder pour eux en en privant les gueux. Je lui ai dit que cet état d’esprit existait depuis très longtemps, et que dès les années soixante-dix, l’après soixante-huit, j’avais vu le gauchisme de la médiocratie empoisonner lentement mais sûrement le pays où j’avais grandi et en rendre l’atmosphère irrespirable. Par l’ostracisme et la calomnie, le harcèlement, la persécution administrative, par toutes sortes de moyens sournois et avec la complicité de tous les minables contents d’enquiquiner ceux qu’ils enviaient ou ne comprenaient pas. 

Le coup du privilège, on nous le faisait déjà dans les années soixante-dix. Quand on n'était pas traité de facho, on l'était de privilégié. Le notaire, le restaurateur ou le dentiste étaient privilégiés. Le haut fonctionnaire socialiste aux avantages et passe-droits éhontés, ou le patron de chaîne de grandes surfaces, curieusement, ne l'étaient pas. Ils étaient sans doute perchés trop haut, au delà de la perception myope du petit médiocre ulcéré.

Nous avons évoqué Slobodan Despot qui s’indigne d’être calomnié et persécuté dans cette même Suisse démocratique où on l’accuse de tout, et du contraire de tout, c’est-à-dire simultanément d’être un « révisionniste » et de prétendre, dans son délire « complotiste », que les pays baltes remettent le nazisme à l’honneur. On n’a plus le droit de dire que les nazis sont nazis, ni de s’offusquer de la justification de cette idéologie dans les pays où elle est inexplicablement permise, mais on est obligatoirement traité de facho et de révisionniste si l’on critique les satrapes de l’UE, leurs discours stupides et schizophrènes, leur hypocrisie et leurs doubles standards systématiques. Slododan Despot est pourtant une personne éminemment civilisée et mesurée, et son indignation l’est aussi, mais je ne sais pourquoi, en le regardant expliquer tout cela, je pense aux intellectuels russes des années vingt, ébahis par les reproches que leur adressaient des minables enragés et le tour dangereux et ignoble que tout cela prenait, jusqu’au poète Goumilov, fumant sa dernière cigarette avec une bravoure dédaigneuse au nez des tchékistes qui le faisaient fusiller. Enfin, quand je dis que je ne sais pas pourquoi... bien sûr que je le sais. Et j’ai comme l’impression que cela se terminera à peu près de la même manière pour tous les gens lucides, qu’ils soient ou non civilisés et mesurés. La valise ou le cercueuil. Réjouissons-nous que le traité avec les truands de l'OMS ait fait flop. Comme dit Igor Drouz, c'est une importante petite victoire.

J’avais décidé d’offrir un tableau à la jeune femme du café français qui m’a tellement aidée pour organiser mon voyage en France, ou régler des questions administratives, et elle est venue prendre le thé avec son mari, et choisir. Ils ont pris une vue du château de Pougnadoresse, dans le Gard, et ils en étaient tellement émus et contents que j’en étais moi-même bouleversée 



vendredi 24 mai 2024

Permis de conduire

 

Après Strelkov, l’arrestation du général Popov, qui a une tête de parfait honnête homme, qui est très aimé dans l’armée et sur lequel on a collé une accusation crapuleuse. Poutine n’est pas une personnalité simple. Le père Basile, qui en est un inconditionnel, me parle de son grand charme, car il l’a rencontré, et me dit que lui-même, dans son monastère, ne dirige pas tout seul et ne contrôle pas tout. D’autres me disent qu’il ne fait pas ce qu’il veut. En tous cas, face à ceux qui en font une marionnette juive et un mondialiste, Nicolas Bonnal a produit un article dont un extrait sonne très juste à mes yeux:

« La nouvelle que des milliers de Juifs russes fuient vers Israël pour protéger leur argent, et les signes continus que de nombreux oligarques juifs maintenant hors de Russie pourraient ne jamais revenir, suggèrent que « l’auto-épuration naturelle et nécessaire de la société » de Poutine impliquera une réduction de la présence juive, de la richesse juive et de l’influence juive dans le pays. En plus des oligarques déjà mentionnés, il y a plusieurs milliardaires juifs, dont Boris Mints sur les listes russes les plus recherchées, pour une variété de crimes, y compris le détournement de fonds et la fraude. Leonid Nevzlin, un oligarque juif, ami de l’exilé Khodorkovski et ancien magnat du pétrole qui a fui la Russie en Israël il y a 20 ans afin d’échapper à une peine d’emprisonnement à perpétuité pour meurtre et crimes financiers, a récemment entrepris l’acte symbolique de renoncer à sa citoyenneté russe. Les demandes russes d’extradition de Nevzlin ont été ignorées à plusieurs reprises par Israël. Nevzlin a récemment déclaré à un journaliste : « J’ai été l’un des premiers à être frappé par Poutine. Il a jeté mes amis en prison et en a tué certains. »

L’un des aspects les plus fascinants de la carrière politique de Poutine est qu’elle combine un philosémitisme rhétorique et performatif souvent flamboyant avec des actions qui nuisent ou entravent directement les intérêts juifs. Comme mentionné dans un essai précédent, Poutine est l’un des principaux promoteurs européens du récit de l’Holocauste, mais c’est un récit de l’Holocauste nettement moins utile aux Juifs que la version hollywoodienne/Spielbergienne à laquelle nous sommes si habitués en Occident. C’est un récit de l’Holocauste dépouillé de l’exclusivité juive, imprégné de codes moraux géopolitiques favorables principalement à la Russie, et dirigé sans vergogne par et pour Moscou plutôt que Jérusalem. Dans un autre exemple curieux de rhétorique heurtant la réalité, en 2016, Poutine a invité les Juifs à venir s’installer en masse en Russie, sachant vraisemblablement très bien que des milliers de Juifs quittaient déjà la Russie à un rythme de plus en plus rapide. En 2014, plus du double du nombre de Juifs a quitté la Russie qu’au cours des 16 années précédentes.

L’une des forces de Poutine pour vaincre le pouvoir financier juif au plus haut niveau, ce qu’il a incontestablement fait, pourrait avoir son fondement dans le fait qu’il n’est pas un antisémite au sens classique. Il ne pense peut-être pas en termes raciaux, mais, en tant qu’ancien membre des services secrets, il est parfaitement à l’écoute des cliques, de l’intrigue, de la subversion et des subtilités de l’identité – les caractéristiques habituelles de l’activisme juif dans les cultures européennes. Il apparaît tout à fait capable d’éliminer de telles stratégies lorsqu’il les affronte sur une base individuelle et avec un pouvoir autocratique. Il peut déposer un Berezovsky, par exemple, non pas sur la base de la judéité, mais, néanmoins, sur certains comportements et associations qui sont une excroissance de la judéité. Ils disent qu’une horloge cassée sera toujours juste deux fois par jour, et de la même manière si l’on entreprend d’éliminer les stratégies de groupe opposées, même de manière « race aveugle », alors les confrontations avec les Juifs deviennent inévitables. De cette manière, Poutine est une sorte d’antisémite accidentel, ou plutôt accessoire, qui a dominé ou éliminé les financiers juifs dans son pays d’une manière probablement inédite depuis l’époque des Juifs de cour et la montée de la démocratie parlementaire. »

Si cela est juste, son attitude, sur ce plan-là, est la bonne, ne pas penser en termes raciaux, mais s’attaquer à ce qui est un danger pour l’Etat, et pour la survie de son peuple, sans entrer dans le détail de l’origine ou de la couleur de la clique concernée, qui n’a pas à être traitée avec des égards particuliers. Personnellement, face à ce problème, c’est tout ce que je demande. Et cela devrait s’appliquer également à tout le monde. Que les migrants ne soient pas privilégiés par rapport aux Russes dans les affaires pénales, que les Russes de la diaspora soient prioritaires pour la récupération de leur nationalité, et que les ennemis intérieurs authentiques de la Russie soient poursuivis avec au moins autant de sévérité que des patriotes grandes gueules.

Il y a quelques temps, j’ai vu une vidéo du scientifique Jean-Pierre Petit sur les manipulations du climat, et elle a disparu du paysage. C’est grand dommage, car elle était très instructive, et je pensais aux plaisanteries incessantes, dans la presse et les BD des années soixante-dix sur les braves gens qui gémissaient à chaque accident climatique : « Ma bonne dame, ils nous détraquent le temps, avec leurs bombes atomiques ». Eh bien oui, c’est encore le comptoir du café du Commerce qui avait raison, ils nous le détraquent bel et bien, avec des retombées radioactives sur les populations des endroits où s’exercent les tirs expérimentaux, et puis tout le reste, les outils de manipulation du climat, et pas seulement : provoquer des ouragans, des séismes, des raz-de-marée. D’après Jean-Pierre Petit, tout est possible, et tout le monde le fait, les militaires, par définition, sont prêts à tout. Tout est possible, disait aussi le père Boboc, pour ce qui concerne le transhumanisme et les manipulations génétiques. Quand on voit le profil psychologique et les gueules de cauchemar des gens de la caste, cela fait froid dans le dos. Des gens capables d’assassiner les chefs d’état qui les contredisent, comme en Slovaquie, et de menacer les autres, comme dernièrement le premier ministre géorgien qui a reçu une mise en garde mafieuse d’un parlementaire européen. Comment pouvons-nous ne pas voir à qui nous avons affaire ?

Avec cela, cette bande sinistre nous déclare, la main sur le coeur, que nous devrons manger de la merde pour ne pas salir la planète, qu’ils violent et malmènent à leur gré sans aucune précaution, aucune pitié ni aucune limite. Pierre Rahbi a pourtant maintes fois expliqué que la Terre pouvait amplement nourrir sa population, si on retournait à l’agriculture vivrière, avec l’ajout de techniques contemporaines, à la gestion, au contrôle et à la distribution locales de la production alimentaire, l’écologie, la vraie, c’est la fin de l’industrie agroalimentaire monstrueuse, et quand ceux qui la patronnent prennent des prétextes écologiques pour nous l’imposer et nous assassiner, nous devrions éclater d’un rire sarcastique et prendre un fusil.

Jean-Pierre Petit croit les voyages interstellaires possibles et pense que nous sommes mûrs pour essaimer dans l’univers, après avoir rendu notre planète invivable. Il voit là le but de l’évolution, à un moment, je réfléchissais aussi à cela, je me disais que le but de l’évolution était l’apparition de la conscience, et l’union de la créature avec le Créateur, la chute m’apparaissant comme un bug dans le programme et aussi un processus éternel. Le père Barsanuphe me disait qu’il n’était pas situé dans le temps, et que nous étions chassés du paradis terrestre à chaque minute. Mais cher Jean-Pierre Petit, qu’y a-t-il de plus désespérant que d’envisager l’essaimage dans l’univers entier de Klaus Schwab, Soros, Harari, le docteur Alexandre et autres créatures des ténèbres ? C’est à cela qu’aboutirait la glorieuse et sanglante aventure humaine, avec ses infamies, mais aussi sa grandeur tragique et ses sacrifices ? Et pourquoi, en ce sens, les "extraterrestres" qui viendraient nous visiter, seraient-ils bienveillants et discrets, quand, au sommet de l'évolution, nous le sommes si peu? Pour moi, les extraterrestres sont déjà parmi nous, ce sont ceux qui sont prêts à sacrifier tout ce qui vit à leur pouvoir et à une fausse immortalité; ceux qui nous font une existence ignoble et ceux qui y consentent. Et parce qu'ils sont extraterrestres, ils sont aussi extracélestes. Une tumeur indurée dans le tissu cosmique fluide. 

A propos des gens qui marchent dans les combines politiques libérales, ou selon les critères français, bobos, Xioucha me dit qu'en fait, ils sont programmés, et refusent toute information qui ne correspond pas au programme. Peu importe leur degré de culture ou leur intelligence, ils sont programmés, ils étaient programmables. C'est exactement l'impression que j'ai depuis ma jeunesse, celle d'avoir affaire non plus à des êtres humains mais à des espèces de mutants. Cela me paraît provenir en grande partie du déracinement culturel et spirituel, et même naturel. Des gens grandis hors sol, sans poésie, sans mémoire, sans épopées, sans prière, sans beauté. Ma tante Mano me disait que la gauche avait détruit les anticorps spirituels des Français, les laissant sans défense devant le déferlement du consumérisme américain d'après guerre. D'une façon ou d'une autre, ce processus a touché au moins tous les pays de culture européenne et chrétienne. Et ceux qui résistent sont soumis par la force.

Il fait toujours froid, la nuit, au point que j'allume le chauffage le soir. Mais quelle pleine lune somptueuse, énorme et dorée, la lune, et le soleil, paraissent plus gros ici qu'en France, mais les étoiles ne sont pas aussi vives. Le marécage retentit du chant ensorcelant des rossignols, que je n'entends pas depuis mon lit, les fenêtres sont trop isolantes. Et la spirée japonaise, avec les narcisses et les jonquilles, répand, sur ces litugies nocturnes, les bouffées d'un encens puissant et frais. J'ai obtenu très facilement mon permis russe, je suis désormais en règle. On n'a plus a repasser les épreuves, seulement à fournir des documents et la traduction assermentée du permis français. La seule chose que m'ont demandé les gendarmettes du GIBDD de Petrovskoié, c'est si je me sentais mieux en Russie ou en France. Et elles m'ont fait une photo qui me rajeunit de vingt ans, elles pourraient faire concurrence à Harcourt! 

Je suis allée montrer le précieux document au café français, Gilles vient d'avoir le sien, Maxime à Moscou a beaucoup plus de mal, comme d'habitude. J'éprouve un curieux et agréable sentiment à plaisanter là bas dans ma langue, sur le fond de radio Nostalgie, avec tous les tubes des années soixante et soixante-dix. Comme si je me trouvais dans une sorte de salle des pas perdus du train de l'éternité, où toutes les époques de ma vie se téléscopent. D'ailleurs, moi qui ai grandi en partie à Annonay, je vois voler ici des mongolfières de partout. Rita adore le café et son patron. Depuis son opération, elle retrouve sa belle fourrure d'autrefois, et, embusquée derrière la plante verte du bord de la fenêtre, attend que quelqu'un lui fasse l'hommage d'un bout de ce qu'il déguste, pareille à Jane, dans la jungle, guettant le retour de Tarzan, un phacochère sur l'épaule.

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