Je commence à donner des cours de français, j'espère que j'arriverai à m'en tirer. Car on ne sait de quoi demain sera fait. Je n'en avais guère envie, mais la jeune femme est très sympathique et j'ai l'impression que cela ne se passera pas trop mal.
Ma soeur, le jour de Noël, m'a appelée au téléphone, avec la caméra. Elle était à Marseille, sur la terrasse de ma cousine, et j'ai vu, à travers ce petit écran, surgir une telle lumière et un tel ciel bleu que j'ai eu l'impression d'être une plante dont on venait brusquement d'ôter le pot de fleurs qui la recouvrait. L'hiver du nord est vraiment dur, et il est vraiment sombre. "Pas grave", me dit le promoteur immobilier qui me vend mon appartement. "Vous êtes mieux ici. Vous êtes plus tranquille, et plus libre, n'est-ce pas? Et plus en accord avec votre conscience? Vous savez que des prophéties parlent de la Russie comme d'une arche?
- Oui, lui réponds-je assez surprise. C'est ce que dit un autre Français, le père Basile Pasquiet, à Tcheboksary..."
Mon promoteur est un pied-rouge du Kazakhstan. "C'est chaud, le Kazakhstan , et il y a aussi beaucoup de lumière, mais je ne regrette pas d'en être parti!"
Je pensais à mon amie Liouba, qui me disait que les anges pouvaient nous parler par la bouche de n'importe qui, le flic du coin, le concierge. Le promoteur!
Cherchant quelque chose sur les crèches traditionnelles russes sous forme de théâtre de poupées, je suis tombée sur cette vidéo de l'ensemble Ouleima. En fait cet ensemble n'en est pas vraiment un, ce sont les habitants de la communauté du village de Davydovo, entre Rostov et Ouglitch. Ils peuvent aller chanter ailleurs, mais le folklore est redevenu pour eux une façon de vivre, ils le pratiquent tous ensemble à l'occasion des fêtes, ils ont même des veillées régulières, chez les uns et les autres. J'aurais dû m'installer à Davydovo, je serais dix ans plus jeune, je le ferais peut-être encore
Je dédie cette merveilleuse crèche russe à l'ensemble la Chavannée, qui m'a écrit un intéressant commentaire et que j'apprécie énormément.
Comme
d’habitude, j’ai eu du mal à me traîner à l’église, et j’ai manqué les vigiles, la veille. Je vais à la liturgie de l’aube chantante, c’est plus rapide, il y a
moins de monde, l’acoustique est meilleure. Je n’avais pas grand chose à
confesser car j’ai communié il y a trois jours. Mais j’y suis allée quand même,
pour ne pas traumatiser le père Alexeï, et j’ai oublié de lui dire le seul truc
qui me tracassait vraiment, d’avoir manqué les vigiles la veille.
Quand je suis sortie, le ciel commençait à peine à s'éclairer, derrière les coupoles.
C’était
l’évêque qui officiait. Me voyant, au moment des prières de remerciements, avec
le petit bouquin du père Placide, il s’est exclamé, ravi : « Oh mais
que vois-je ? Vous avez la traduction française !
- Eh oui,
monseigneur, je ne comprends rien, quand on lit vite. »
En me donnant
sa bénédiction, il m’a dit qu’il avait honte de ne pas parler français, je lui
ai répondu que je pouvais lui donner des cours, mais il n’aura jamais le temps.
J’éprouve
une immense lassitude morale, et la fréquentation de l'église, dans ce contexte, est une nécessité vitale, quelle que soit ma flemme. Nicolas Bonnal dit que « Poutine a tué 500 000
Ukrainiens, et que les prorusses s’en réjouissent ». Moi, je ne me réjouis pas du tout, et ce n’est
pas Poutine qui a tué ces soldats, mais leur gouvernement ukrobolchevique à
folklore nazi et ses parrains anglosaxons qui l’ont acculé à la guerre et
ont tout fait pour la prolonger et faire périr un maximum de gens des deux
côtés. Le gouvernement russe a au moins essayé d’épargner les civils, qui sont
systématiquement la cible de l’OTAN et de son proxy. Cela dit, la trahison est
partout, la vilenie, les combines, la corruption, l’hypocrisie, tout cela sévit
aussi à l’arrière chez nous. Nicolas me donne
parfois l’impression de se réjouir de tout ce qui peut confirmer ses vues les
plus pessimistes, et en particulier des revers réels et supposés de la
Russie. Or si la Russie bascule complètement du mauvais côté, il n'y aura plus de place sur terre ni pour Nicolas, ni pour Slobodan, ni pour Dany et Iouri, ni pour moi, ni pour aucun être humain normal. Voir ce qui se passe en Ukraine, en Syrie et en Palestine.
Je vois tous
les jours de déchirantes histoires d’animaux, dans les régions en guerre, bien sûr, mais surtout sur Pereslavl même. Dans les régions en guerre, beaucoup de soldats s'impliquent dans le sauvetage des malheureux quadrupèdes qui parfois même retrouvent leurs familles. Ici, les gens balancent des animaux domestiques dans les
stations services, dans la forêt, dans des villages où il n’y a personne, des
chats et des chiens qui étaient en appartement se retrouvent dans la neige, sur
la glace, abandonnés, affamés, affolés, suppliants des yeux et des pattes, c’est monstrueux. Certains s’indignent
de l’attention portée à toute cette innocente et injustifiable misère par des personnes comme moi, et
malheureusement parmi eux, des orthodoxes et même des prêtres. Eh bien j’estime que
secourir les victimes de notre indifférence, de notre irresponsabilité, de notre cupidité et de
notre sadisme allègera un peu la facture de notre méprisable et indigne espèce, le jour peut-être assez proche du Jugement.
Personnellement,
j’ai mon contingent de gentils parasites, et je ne suis plus de première jeunesse, je
ne suis pas sûre d’avoir encore l’espérance de vie d’un chat. Je me sens
parfois terriblement mal de ne pas recueillir un de ces malheureux. Mais c’est
par dizaines que leurs photos défilent sur les sites des bénévoles, et que ces
paires d’yeux nous implorent ou, pire, attendent avec une enfantine confiance
que nous fassions quelque chose pour eux. Si je les prenais au rythme où je les vois, j'en aurais déjà un véritable troupeau...
Merci Annie Duperey
J’ai vu deux
photos d’un quartier de Moscou, avant, après. C’est à pleurer, surtout quand on
pense à l’échelle fantasmagorique des destructions qui ont eu lieu partout. Mais un joyeux
communiste, en tous points semblables aux petits komsomols que j’ai connus dans
les années soixante-dix, s’écrie dans les commentaires que c’est parfaitement
normal, c’est la vie, tout change, vive le neuf, à bas le vieux, "du passé faisons table rase". « Le
problème, lui ai-je répondu, c’est qu’à la place du vieux, vous n’avez
construit et ne continuez à construire que du moche, du triste, du désespérant.
Le problème est que vous ne sachiez plus faire la différence. Vos « nouveaux
paramètres » sont le reflet d'un racornissement de l'âme. L’ancien quartier était humain, harmonieux et pittoresque. Le nouveau ne donne envie ni de le dessiner ni d'y habiter. »
Moins il
reste d’âme aux imbéciles plus ils sont actifs, agressifs et sans complexes. Forcément, l'âme, c'est parfois bien douloureux et lourd à porter, s'en passer est plus simple. Du moins en ce monde.
Ici, c'est la ville de Iouriev-Polski qui, pourtant, en comparaison de Pereslavl, a conservé beaucoup de son charme passé, mais cette vieille photo fait entrevoir la beauté absolument fantastique que nous avons perdue, et que nous avons perdue partout. La danse des vandales sur les ruines, avec cris de triomphe et autojustification péremptoire, me paraît de plus en plus revêtir un caractère satanique, qu'ils en aient ou non conscience.
Avec la venue de Noël, je repasse la tradition qui s'y rapporte, du moins celle que je connais. Malheureusement, je n'ai pas de crèche ici. En l'honneur de cette fête, j'ai mis en ligne deux chansons composées dans cet esprit, il y a déjà longtemps. Je les chante ensemble, parce que l'une me paraît le prolongement de l'autre. Sans doute à cause du musée d'art sacré de Pont-Saint-Esprit...
Пробую переводить
Какобычно,мнебылотруднотащитьсявцерковь,ияпропустилабдениянакануне вечером.Я хожу раненько на первую службу,тамбыстрее,народуменьше,акустикалучше.Мнебылоневчемисповедоваться, потому что япричащаласьтридня назад.Ноя все равнопошлатуда,чтобынетравмироватьотцаАлексея,изабыласказатьемуединственнуювещь, котораяменядействительнобеспокоила, - то,чтопропустилабдениянакануне вечером.
Когдаявышла,небозакуполами только начиналосветлеть.Служил епископ.УвидевменявовремяблагодарственныхмолитвсмаленькойкнижечкойотцаПлакида,он в восторгевоскликнул:«О, дачто жявижу? У васестьфранцузскийперевод!-Да, владыка,яничегонепонимаю,когдачитаютбыстро».ДаваямнеСвоеблагословение,онсказалмне, чтоемустыдно, что он неговорит по-французски,яответила ему, чтомогудавать ему уроки,но у негоникогда не будет на этовремени.Яиспытываюогромнуюморальнуюусталость,ипосещениецерквивэтомконтекстеявляетсяжизненнойнеобходимостью,какойбы слабой яни была.НиколяБонналговорит, что "Путинубил500000украинцев,ичтопророссийцыэтомурады".Ясовсемнерадуюсь,инеПутинубилэтихсолдат,аихнацистскоеукробольшевистскоеправительствоиегоанглосаксонскиеспонсоры, которыезагнали его в угол ввойнеисделаливсе, чтобыпродлить ее ичтобыпогибло как можно большелюдей с обеихсторон.Российскоеправительство, покрайней мере, пыталосьпощадитьмирных жителей,которыесистематическистановятсямишеньюНАТОиегоставленников.Тем не менее,предательствоповсюду,подлость,интриги,коррупция,лицемерие-всеэтосвирепствуетиунасвтылу.Николаиногдазаставляетменя думать, что он радуетсявсему, чтоможетподтвердитьегосамыепессимистическиевзгляды,иособеннореальнымипредполагаемымнеудачамРоссии.Теперь, еслиРоссияполностью повернется не в тусторону,наземленеостанетсяместанидляНиколая,нидляСлободана,нидляДанииЮрия,нидляменя,нидлялюбогонормальногочеловеческого существа.Посмотрите, чтопроисходитнаУкраине,вСириииПалестине.Якаждыйденьвижудушераздирающиеисторииоживотных,конечно, ввоюющихрегионах,ноособенновсамомПереславле.Врайонахбоевых действий многиесолдатыучаствуютвспасениинесчастныхчетвероногих, которыхиногдадаже посылаютсвоимсемьям.Здесьлюди бросают домашнихживотныхнаавтозаправочных станциях,влесу,вдеревнях, гденикогонет,кошкиисобаки, которыебыливквартирах, оказываютсявснегу,нальду,брошенные,голодные,обезумевшие,умоляющиеглазамиилапами,эточудовищно.Некоторыевозмущаютсятемвниманием, которое уделяетсявсемуэтомуневинномуинеоправданномустраданиютакимилюдьми, какя,и, к сожалению, срединихправославныеидажесвященники. Что ж, ясчитаю, чтоспасениежертвнашегобезразличия,нашейбезответственности,нашейжадностиинашегосадизманемногооблегчитсчетнашему ничтожномуинедостойномувидувдень, возможно,довольноблизкий Страшного Суда.Личноуменяестьсвойконтингент милыхпаразитов,ия уже непервоймолодости,янеуверена, что у меняеще есть продолжительностьжизникошки.Иногдаячувствую себя ужасноиз-за того, что незабираюодногоизэтихнесчастных.Ноихфотографиидесятками появляются насайтахволонтеров,иэтипарыглазумоляютнасили, что еще хуже,сдетскойуверенностьюждут, чтомычто-тодляних сделаем.Если бы ябрала их такими темпами, какимияихвижу, у меняужебылобынастоящеестадо...
ЯвиделадвефотографииодногорайонаМосквы,доипосле. Об этомприходитсяплакать,особеннокогдадумаешьожуткихмасштабахразрушений, которыепроизошлиповсюду.Ноодинжизнерадостныйкоммунист,вовсехотношенияхпохожийна тех маленькихкомсомольцев, которыхязналавсемидесятыегоды,восклицаетвкомментариях, чтоэтосовершеннонормально,таковажизнь,всеменяется, да здравствуетновое,долойстарое,"изпрошлогодавайте сделаем чистыйлист"."Проблема,-ответилая ему, - в том, чтовместостароговыстроилиипродолжаетестроитьтолькоуродливое, унылое,безнадежное.Проблема в том, чтовыбольшенезамечаете разницу.Ваши«новые параметры настройки" - это отражение оскудевшейдуши.Старыйрайонбылчеловечным,гармоничнымиживописным.Новоеневызываетжеланиянирисовать его, нижить в нем».
Чем меньшеудураковостаетсядуши, тем ониактивнее,агрессивнееибезкомплексов.Конечно,душаиногдабываеточеньболезненнойитяжелой, без неепрощеобойтись.Покрайней мере, вэтоммире.
ЗдесьгородЮрьев-Польский, который,правда,посравнениюсПереславлемсохранилмногоеизсвоегобылогоочарования,ноэтастараяфотографиядаетпредставление о совершеннофантастическойкрасоте, которуюмыпотеряли,икоторуюмыпотерялиповсюду. Пляски, с победными крикамиибезапелляционнымсамооправданием вандаловнаруинах,кажутсямневсеболее по сути сатанинскими,осознаютони это илинет.
СнаступлениемРождестваявозвращаюсь к связанной с этим традиции,покрайней мере, к той, которуюязнаю. К сожалению, у меняздесьнет вертепа.ВчестьэтогопраздникаязагрузилавИнтернетдвепесни, написанные мнойвтакомдухе,ужедавно.Япою их вместе,потомучтооднакажетсямнепродолжениемдругой.Несомненно, из - заМузеясакральногоискусства в Пон-Сент-Эспри...
Считалка проюжныхгородовВ городе Сент-МариОслепленноемореОслепленноемореПодсолнцемсияет.В городе АрльнааренеПриходя к намКоролеваПриходя к нам Королевапоетнам о своемгореИбо вТарасконеКрасавец сынок
Красавец сынок
УмираетвтюрьмеЭтов городе КарпентрасЧтокорольузнает об этом
Чтокорольузнает об этом
УйдеттудаА ты, паренек