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lundi 1 mars 2021

C'est le printemps....



Nous avons eu +5°, le lendemain - 11 et maintenant -1. Evidemment, tout ce qui avait commencé à fondre a gelé à mort.  Aujourd'hui, c'est  officiellement le printemps.Cela fait sept ans que maman est morte et que je ne l’ai pas revue, moi qui lui écrivais quasiment tous les jours, ou lui téléphonais...

Hier, Blackos avait chié dans le plat où je gardais des pommes, sur le coffre. Aujourd’hui, il a pissé sur le divan. Cela me met dans de telles fureurs qu’il a peur de moi, mais il n’a pas pour autant l’idée d’aller dehors, ou même à la rigueur dans la caisse que je mets à cette équipe d’imbéciles infoutus d’aller faire leurs besoins dans la nature. Je n’arrête pas de laver, la machine tourne sans arrêt, je fais sans arrêt le ménage. Ce chat disparaîtrait de la circulation, bien qu’il me regarde avec des yeux de merlan mort d’amour, je crois que je m’en remettrais assez vite.

Je suis ce matin dans un état de fatigue nerveuse confinant à la détresse, et hier, je pleurais comme un veau à l’église, cela m'est venu sans que je sache pourquoi, une espèce de tristesse cosmique insondable. La dégradation globale de l’humanité, et spécialement de sa partie européenne, me remplit de douleur et d’appréhension. Les gens perdent toute raison, toute dignité, toute compassion. Une bande de jeunes cons, en Russie, s’est amusée à poursuivre jusqu’à l’épuisement complet, avec des motoneiges, une femelle d’élan enceinte, pour l’étouffer finalement à mains nues, ce qui provoque une vague d’indignation bien justifiée. Les photos de ces individus montrent des faciès d’imbéciles ricanants, y compris une fille, avec cette expression qu’on voit à tous les rebuts de l’humanité, aux gardes rouges qui torturaient et éxécutaient des prêtres et leurs familles, aux banderistes ukrainiens poursuivant et terrorisant en meute une juive à moitié nue, aux "jeunes" des banlieues violant ou lynchant en bande. Et cela pendant qu’en France, un viandard dégénéré assassine à bout portant un jeune sanglier apprivoisé, échappé d’une propriété voisine, qui venait gentiment chercher des caresses en se frottant contre cette équipe d’abrutis armés qu’on appelle chez nous des chasseurs, ces grands écologistes, ces amoureux de la tradition. Le Mordor recrute des orques à temps plein. Le pire est ma conviction de notre solidarité profonde dans le péché, alors que je ne peux pas prier pour ces gens-là, c’est au dessus de mes forces. J’aimerais bien en parler avec Fiodor Mikhaïlovitch Dostoievski. Je pense que toute sa vie, il a souffert des péchés des autres, en plus des siens propres, c’est ce qui le rendait si nerveux et si irritable, comme moi d’ailleurs, car il ne trouvait, comme moi, de transcendance que dans l’écriture, qui nous met encore plus à la merci des bacchanales démoniaques.

Iakov, le Français d’origine cosaque, est venu de Rostov avec toute une équipe de gens, un Grec qui voudrait travailler au café, sa femme, un paysagiste et la sienne, et leurs enfants. J’ai invité Génia, qui a expliqué qu’il était réaliste, que la promotion du folklore, ce n’était pas son objectif, qu’il cherchait juste à vendre des balalaikas et des vielles à roue à des touristes qui ne s’en serviront que quinze jours pour la plupart d’entre eux. Moi, je suis réaliste aussi, je pense qu’il faut des gens comme lui pour soutenir des projets idéalistes auxquels eux-mêmes ne croient pas, et où ils trouvent leur intérêt.

Le paysagiste, un Arménien, Andreï, m’a dit qu’il fallait absolument obtenir de mon voisin qu’il fasse un mur maçonné à hauteur de sa butée, pour protéger mon terrain des infiltrations d’eau, et du déversement de sa terre aux premières pluies diluviennes. Balancer la même quantité de terre chez moi, comme le prévoyait cet imbécile, n’est pas pensable, car ma maison est située au dessous de la sienne, et de son terrain, et la cave serait complètement inondée. Il faut également qu’il prévoit un drainage, le long du mur, et qu’il mette un tuyau, là où il a bouché le canal qui longeait la route. Je suis persuadée que ce type ne fera pas ce mur, bien contente s’il met le tuyau, et même cela j’en doute. Il considère qu’il me fait la grâce du siècle en me proposant d’ensevelir mon terrain sous des tonnes de terre. Il me faudrait discuter de cela avec lui calmement et cela me rend malade.

Le paysagiste dit que la bande de terre entre nous est très étroite, et qu’y mettre de grands arbres est impossible, il propose des thuyas. Je me rends compte qu’il faudra des années pour régler ce problème et m’épargner la vue de sa terrasse pleine de crétins hurleurs potentiels, et du parking surélevé attenant, avec ses séries de bagnoles. Or je suis déjà vieille, je n’ai pas trente ans devant moi.

Dans tous les cas de figure, remédier à ce qu’il m’a fait va me coûter encore de l’argent et du temps. C’est pourquoi vendre est peut-être la seule issue, en fin de compte, faire des travaux ailleurs ou les faire ici, je n’aurai que le déménagement en plus, et la différence entre la maison vendue et la maison achetée paiera les travaux, au lieu que là, je taperai dans mes dernières réserves pour améliorer la situation.

Seulement je suis persuadée, en dépit du fait que ma maison est grande et bien aménagée, que l'exiguité du terrain et son caractère marécageux, avec ce que le voisin m’a infligé juste à côté, compromet la vente, et qu’a cause de cela, je n’en obtiendrai pas ce que j’aurais pu normalement escompter.

Voilà, j’ai bien fait le tour de la question.

Pour cacher ça, il faut des thuyas ou des buissons de 3 mètres....


J'ai vu une charmante jeune femme russe, Xénia, une amie des Asmus. Elle a plein d'amis qui étaient partis en Europe et reviennent à présent épouvantés. Elle m'a dit: "A la limite, je me fous de savoir si Poutine est ceci ou cela, pourvu que chez nous cela ne devienne pas comme là bas. Entre les masques, la justice juvénale, la théorie du genre, les migrants et la culture woke.

- Vous avez raison. Car en ce moment, la situation ne peut pas devenir meilleure. Mais elle peut devenir considérablement pire".

Cette jeune femme m'a parlé de penseurs et d'écrivains russes convaincus que la foi reste vivante ici alors qu'elle s'éteint complètement en Europe, et que pour cette raison, tout dépend maintenant du salut de la Russie. Et cela m'a rappelé les réflexions d'un Russe dont je découvre la page, Iouri Kabankov. Il cite Vladimir Kroupine: "Le monde a une âme et c'est la Russie. S'il lui arrive quelque chose, le reste du monde, vain et attaché à la pourriture, périra  aussitôt". Il termine son message par:

Il serait tout à fait opportun de rapporter ici les paroles du très Saint Patriarche de Moscou et de toute la Russie Cyrille, prononcées lors d'une rencontre avec les savants et les étudiants-physiciens après la consécration de l'église attachée à l'université de rechercher atomique nationale: "...l'humanité n'a jamais, par le passé, expliqué et justifié le péché aussi rationnellement... Le concept même de péché, c'est-à-dire le mal, est aujourd'hui par principe, iédologiquement et philosophiquement, placé au même niveau que le droit, la vérité, la sainteté. L'humanité, partant du principe mal compris de la liberté individuelledéclare aujourd'hui que c'est l'homme qui est un système indépendant de toute valeur; c'est lui qui fixe les crières du bien et du mal."  Kroupineparlant du fait que «la solidarité de la vulgarité est encore plus forte que son opposition», semble sonner le glas: «C'est maintenant l'heure de la prièreEt c'est la chose la plus importante. " «Acquérez un esprit paisibleet des milliers d'âmes seront sauvées près de vous» (saint Séraphin de Sarov). "Nous sommes,- déplore Vladimir Krupin, occupés par une peste étrangère depuis l'extérieur et  l'intérieur». Il est ici tout aussi opportun et approprié de citer les vers pleins de relief du remarquable poète et traducteur Semione Lipkine 
A propos de la façon dont il fut effacé de la terre
par l'épée et le feu des hordes féroces de l'Est
nous est parvenue un récit bref et expressif:
"Ils sont venus, ils ont pillé, brûlé
Tué, anéanti, ils sont partis".
A propos de ceux qui maintenant
plongent le monde dans le néant
nous pouvons dire aussi brièvement:
"Ils sont venus comme la peste et le mauvais oeil
mais ne sont pas partis, ils se sont dispersés au milieu de nous".

Dans le contexte de ce qui précède, il convient de savoir fermement et de se souvenir que la sainte Russie, depuis la chute de Byzance, a été le réceptacle sacré du christianisme orthodoxe, et le monde visible ne continuera à exister que dans la mesure où l'intégrité de ce réceptacle est préservée, puisqu' y brille et vacille encore (si elle n'est plus enflammée comme au temps des apôtres et des apologistes chrétiens), la sainte Foi Orthodoxe

J'ai rencontré aussi au café une jeune femme française, arrivée depuis peu à Moscou. Elle travaille à l'Ambassade. Elle trouve que j'ai un nom de famille breton, et une tête de Bretonne, ce n'est pas la première fois qu'on me le dit. Je sais peu de choses sur la famille de mon père, peut-être un breton est-il venu s'installer dans la Drôme, dans les temps anciens. Je l'ai emmenée à l'église des Quarante Martyrs, et subjuguée par le lac, elle m'a dit qu'elle allait partir droit devant elle pour le contempler. 
Moscou lui plaît beaucoup, et elle se sent en Russie libre comme l'air, tout l'intéresse. Cependant, des collègues de l'Ambassade lui disent que oui, c'est un pays intéressant, "dommage qu'il y règne la terreur". Ce que c'est que l'autosuggestion, quand même... les occidentaux en général et les Français en particulier sont devenus complètement fous. J'ai même connu des gens qui, vivant depuis des années en Russie et incapables de se passer la grille de lecture de Libération et du Monde, passent leur temps à épier ce qui, dans le pays où ils vivent, pourra justifier les préjugés et les mensonges des journaux officiels du pays d'où ils viennent. Un mur peint à l'effigie d'Alexandre Nevski ou du maréchal Joukov? La bénédiction d'un régiment par un prêtre à l'occasion d'une fête? Preuves évidentes du bellicisme impérialiste des Russes et de leur régime oppressif. A noter que l'Ambassade est devenu un véritable bunker, comme si un terroriste guettait nos petits marquis derrière chaque réverbère...
 
A part ça Alexandre Nevsky a gagné les élections avec 55% des voix, mais Sobianine a décrété que pour ne pas diviser les gens, on arrêtait le vote et on ne mettrait personne au milieu de la place de la Loubianka, qui fut autrefois pittoresque, et qui n'est plus qu'un espace où se croisent des flots de bagnoles.




  

vendredi 26 février 2021

A voté.

 

Dieu n'est pas dans la force mais dans le droit

Pour la première fois de ma vie, j'ai voté avec conviction pour un candidat que j'approuve sans réserves, j'ai voté en ligne pour le saint prince Alexandre Nevsky, contre le bourreau de la Tchéka Félix Dzerjinski. D'après le père Gamaris et ses correspondants, ce vote est truqué, le site est fait de telle façon qu'il est difficile à utiliser, moi je n'ai pas eu de problème, au début, j'ai pensé que ma voix n'avait pas été enregistrée, et je suis allée sur le second site proposé, où l'on m'a répondu que j'avais déjà voté. Pour l'instant, Alexandre Nevski est en tête. Il y a peu de votants sur tout le pays. Il me semble que votent avec décision d'un côté les orthodoxes tendance monarchiste, de l'autre les communistes purs et durs. Les autres s'en foutent, et ils ont tort. Cela dit, je me demande qui a eu l'idée grandiose de rétablir Félix, et ensuite de l'opposer à Alexandre Nevski. L'URSS contre la Russie. Et c'est bien de cela qu'il s'agit. Certains communistes mettent en avant le soutien au saint prince des libéraux "maçons" des médias vendus, mais je n'en ai cure. Sans doute veulent-ils manipuler tout cela, les communistes répondent par une autre manipulation. Je pense du reste que toute l'histoire est une provocation destinée à diviser les gens, mais si l'on nous donne un tel choix, je ne vais pas voter pour le bourreau de la Tchéka, et je ne vais pas m'abstenir non plus, tel Ponce Pilate.

Là encore, je me demande ce que fait Poutine. Il lui suffirait de dire: "Ni l'un ni l'autre, on rétablit la fontaine qui était là autrefois". Et tout le débat serait désamorcé. Je suis avec intérêt les vidéos du politologue Mikheïev, et il pense, comme je le soupçonne, qu'un complot a lieu au plus haut niveau de l'état, que c'est là que se situe l'opposition.

De son côté le journaliste Pozner proclame que la tragédie de la Russie est d'avoir choisi l'orthodoxie, tout irait bien mieux si elle était protestante. Et sur le site de l'oligarque Khodorokovski, tout le monde de l'approuver bruyemment, tous les libéraux qui peut-être votent Alexandre Nevski! J'ai répondu que moi, Française, j'avais choisi l'orthodoxie, entre autres parce qu'elle est restée fidèle aux origines, au lieu de dériver jusqu'à enfanter ce monstre protestant qui nous a fabriqué le monstrueux monde moderne capitaliste et matérialiste, dont le communisme n'est jamais qu'un épiphénomène. C'est même pour moi la preuve que j'ai fait le bon choix. Et à l'inverse de Pozner, je me réjouis que la Russie l'ai fait également, qu'elle ait été épargnée par la Renaissance, bien que la Renaissance l'ait finalement violée, en la personne du tsar Pierre qui, à mon avis, n'a pas converti son pays au protestantisme, parce que sa légitimité était d'être le tsar orthodoxe, et que ses sujets auraient alors cessé de le supporter. M'a répondu un type que je connais en incriminant la mauvaise politique de l'Eglise Orthodoxe. Elle n'a pas su, elle n'a pas pu... Ben voyons. L'orthodoxie progressiste n'est pas du tout mon truc. Si je l'ai choisie, c'est aussi, entre autres, qu'elle me restituait le moyen âge.

Ce qui ne veut pas dire que je sois aussi radicale qu'il le semble, car si j'estime qu'on ne doit rien toucher dans l'organisme vivant de l'Eglise, je considère aussi qu'il faut faire preuve de miséricorde et de compréhension, prendre en compte le monde où nous nous trouvons et ne pas harasser les gens avec des exigences devenues impossibles. En général, les traditions évoluent d'elles-mêmes, naturellement. Chaque fois que l'on opère délibérément des réformes, on ampute quelque chose. Ainsi je ne suis pas du tout hostile à l'emploi du russe à la place du slavon dans les liturgies, au moins partiellement. Il me semble que les acathistes à des saints contemporains pourraient être écrits directement en russe. Mais comme ce fut le cas en occident avec le latin, les tenants du russe en font le cheval de Troie de l'oecuménisme et du progressisme, et d'une  protestantisation de l'Orthodoxie analogue à la protestantisation du catholicisme par Vatican II. Je ne vais certainement pas participer à une chose pareille. 

Il me paraît évident que les partisans de Pozner, comme ceux de Félix, ne sont plus russes, ils ne sont plus ces Russes qui suivaient Alexandre Nevski et qui votent aujourd'hui pour lui, et c'est chez les vieux-croyants, en fin de compte, que je vois subsister les figures russes les plus pures, bien que je les trouve un peu raides. Enfin du moins c'est ce qu'on dit, parce que jusque là, dans les faits, que ce soit la famille de Skountsev ou celle du Suisse Veniamine, je n'ai pas eu cette impression, et même, à la librairie des vieux-croyants à Moscou, la vendeuse était adorable, elle m'a prêté ses lunettes pour me permettre de lire les étiquettes des icônes qu'elle vendait. Dommage que Pozner, qui déteste et méprise tellement la Russie, en conserve la citoyenneté tandis que tant de Russes, restés exilés dans les pays baltes ou l'Asie centrale ne peuvent revenir dans la mère patrie. On se demande là aussi ce que fait Poutine pour corriger ce méfait d'Eltsine; pourquoi, avec le déficit démographique, on n'ouvre pas généreusement les frontières à tous ceux qui veulent revenir au pays de leurs ancêtres. Là encore, certains ont intérêt à affaiblir définitivement le pays et ils ne sont pas tous américains.


mercredi 24 février 2021

Liberté


Aujourd'hui est le dernier jour de véritable hiver, il faisait encore - 23. Mais demain, nous en serons à 0°; nous allons entrer dans la période intermédiare souvent ingrate du mois de mars.
Hier, j'ai décidé d'aller me promener, pour profiter de ces ultimes moments de soleil, de neige propre, de féerie hivernale. J'ai remonté à pied le cours de la rivière gelée, et croisé des skieurs. J'ai voulu faire un dessin, mais mes doigts gelaient, et j'ai dû m'arrêter.
Tout me semblait si calme, et je songeais que c'était vraiment un luxe, cette paix, cette nonchalante vie provinciale, alors qu'en France on a tellement gâché l'existence des gens qu'ils tombent dans la déprime et parfois le suicide. Ce qui n'empêche pas un contingent d'hypnotisés de répandre toutes sortes de bêtises sur la tyrannie où soi-disant nous vivons. Le pire est que certains Russes sont également convaincus que l'Europe est un paradis et réclament une "liberté" dont elle est à présent complètement privée. 
La liberté est un de ces mots dont j'aurais bien de la peine à dire ce qu'il représente pour ceux qui l'agitent sans arrêt. Pouvoir se déplacer comme on veut, respirer comme on veut, dire ce qu'on pense sans se faire vilipender ni traîner au tribunal médiatique ou juidiciaire, pouvoir publier, exposer, sans censure déclarée ou sournoise, pouvoir confesser sa foi, pratiquer ouvertement, sans provoquer des huées et des sanctions, des moqueries et des pressions, je considère qu'à présent, toutes ces libertés, on les a ici, on ne les a plus en France, et depuis un bon moment.
En fait, j'ai compris dès les facs des années 70, que la liberté pour ceux qui l'invoquent avec tant de colère, n'est censée exister qu'à leur seul usage, les autres, ceux qui pensent mal, ou peut-être même seulement qui PENSENT, dans l'absolu, n'y ont pas droit. 
L'extrême et méchante bêtise qui était la norme dans ces facs est proposée maintenant comme un code de conduite universel, c'est-à-dire que le seul fait de ne pas être complètement con et complètement inculte fait de vous un dangereux réactionnaire.



Sur une page orthodoxe, j'ai trouvé cette histoire édifiante, que j'ai traduite, pour les gens qui ont du mal à comprendre comment un "Dieu bon" peut envoyer les gens en enfer. Dans mon livre, à la question sur ce thème que pose Fédia, un jeune moine répond: "C'est de rester pour l'éternité dans l'état où tu te trouves probablement maintenant". 

C'est-à-dire que ce n'est pas Dieu qui nous y envoie, c'est nous qui y allons, ou plutôt, nous ne sommes pas capables de nous fondre dans son embrasement, et nous "passons à côté du paradis" comme disent les vers spirituels russes. Et Dieu ne peut pas nous prendre de force, l'amour n'est pas l'amour s'il n'est librement consenti.

Mais dans la mesure où l'humanité est Une, où nous sommes tous solidaires, il me semble que peu de gens resteront en dehors à grincer des dents et à se déchirer les uns les autres. Sauf qu'à partir d'un certain seuil de méchanceté et d'ignominie, quand tous les sentiments élevés et profonds deviennent haissables à celui qui ne peut les éprouver, en effet, on se demande comment il est possible de s'intégrer à l'Amour absolu, au Beau absolu, à la Vérité.

- Maître, - dit un jour le disciple à son starets, - crois-tu en l'existence du ciel et de l'enfer?

- Bien sûr que oui, répondit l'ancien.

- Pourquoi, alors, on ne les voit pas? - demanda le jeune homme. - Pourquoi sont-ils cachés aux gens? Après tout, si le châtiment des péchés et la récompense d'une bonne vie étaient visibles, cela sauverait de nombreuses personnes d'une multitude d'actes répréhensibles. - Ils ne sont pas cachés, - le maître posa une main ridée sur la tête de son élève, - le paradis et l'enfer sont ici, dans notre tête. «Je ne te comprends pas», dit le jeune homme perplexe, «comment peut-on entrer dans sa propre tête après la mort? Le vieil homme cacha ses mains dans les larges manches de sa veste et répondit: - La mort physique est la destruction des liens entre l'âme et le corps. Nous sommes connectés à ce monde par nos sens - l'ouïe, la vue, le toucher, l'odorat, le goût - c'est ce qui nous fait ressentir le temps. Ils quittent notre âme au moment de la mort. Et qu'arrive-t-il à l'âme lorsqu'elle perd le sens du temps? Elle plonge dans l'éternité. Et exactement dans l'état dans lequel elle se trouvait au cours de la vie. Si une personne était bonne, aimait sincèrement Dieu et faisait du bien de toute son âme, si elle voyait le monde dans une lumière radieuse et percevait tout avec gratitude et joie, alors une éternité lumineuse et joyeuse, ornée de bien et de bonheur, l'attend. Une telle âme se précipite directement vers Dieu, en tant que source de la lumière et du bien. Si son âme était noire, si elle était gouvernée par la peur, l'envie et la haine, si elle faisait le mal et ne croyait sincèrement qu'au mal, alors une éternité pleine de tourments, de chagrin et de douleur attend son âme. Une telle âme n'ira pas à Dieu, car la lumière divine lui sera insupportable. Cette âme vivra dans le voisinage de créatures pleines de haine exactement pareilles, qui ne font que sa causer du mal les unes aux autres. Et c'est là le véritable enfer, car de telles âmes brûlent dans le feu de leur propre mal.




 — Учитель, — однажды обратился к старцу его ученик, — веришь ли ты в существование рая и ада?

— Конечно, верю, — ответил старец.
— Почему, тогда, мы их не видим? — спросил юноша. — Почему они скрыты от людей? Ведь если бы наказание за грехи и награда за добропорядочную жизнь были зримы, это уберегло бы многих людей от множества предосудительных поступков.
— Они и не скрыты, — учитель положил морщинистую ладонь на голову своего ученика, — и рай и ад находятся здесь, в нашей голове.
— Я не понимаю тебя, — сказал озадаченный юноша, — как можно после смерти попасть в свою собственную голову?
Старик спрятал руки в широкие рукава своей куртки и ответил:
— Физическая смерть — это разрушение связей между душой и телом. С этим миром нас связывают наши органы чувств — слух, зрение, осязание, обоняние, вкус — то, благодаря чему мы ощущаем время. Они-то и покидают нашу душу в момент смерти. А что происходит с душой, когда та теряет ощущение времени? Она погружается в вечность. И именно в том состоянии, в котором была при жизни человека. Если человек был добр, искренне любил Бога и от всей души творил добро, если он видел мир в радужном свете и всё воспринимал с благодарностью и радостью, то его ждёт светлая и радостная вечность, раскрашенная добром и счастьем. Такая душа устремляется прямо к Богу, как к источнику света и добра.
Если его душа была черна, если им управляли страх, зависть, и ненависть, если он творил зло и искренне верил только во зло, то его душу ждёт вечность полная терзаний, горя и боли. Такая душа не пойдет к Богу, потому, что божественный свет, будет невыносим для нее. Эта душа будет жить по соседству с точно такими же полными ненависти существами, которые только и делают, что причиняют друг другу страдания. И это истинный ад, ведь такие души горят в огне собственного зла.