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jeudi 21 mars 2024

La bête

 


J’ai appelé Mano, pour entendre sa voix, on dirait que ce voyage, je ne l’ai pas vécu, et pourtant, il m’a laissé une empreinte profonde. Je sais que je végèterais en France, mais je réalise à quel point ma famille et aussi Solan me manquent. Je pense à la « bénédiction » que Mano m’a donnée sur le seuil : « Tu as trouvé là bas ta place, tu es apaisée, là bas, tu te réalises »...

Je prie ardemment pour les miens et tout ceux que j’ai vus, et ceux que je n’ai pas eu le temps de voir. Je me fais beaucoup de souci pour eux, le pays est en de très mauvaises mains. J’éprouve devant tout ce qui en émane au niveau officiel, politique, médiatique, une appréhension nauséeuse, une véritable honte, c’est un vrai sabbat qui se déchaîne en occident. Et les gens continuent à se croire en démocratie, hypnotisés par les contes et légendes de l’affreux dictateur Poutine, au moment où le démon qui leur sert de président menace d’envoyer n’importe qui sur le front ukrainien, édicte une loi qui permet de spolier et d’emprisonner les réfractaires, et une autre qui interdit, jusque en privé, dans sa cuisine, de critiquer le gouvernement, les labos pharmaceutiques et leurs médecins vendus, les LGBT, l’avortement obligatoire et les génocides sionistes. (Il a oublié les Ukrainiens, pourtant, ça va avec tout le reste). Ce misérable ment effrontément, prétendant que ce sont les Russes qui bombardent le Donbass depuis 2014, et cela même lorsqu’il est interpellé à ce sujet par une Ukrainienne désireuse de corriger le tir. Je ne peux plus supporter son expression à la fois fausse, vile et impudente, et dire que ma cousine trouve à Poutine « une tête de fou »... S’il était aussi fou que ses adversaires, la planète connaîtrait depuis longtemps un hiver nucléaire.

https://francais.rt.com/opinions/110216-militarisation-discours-envoi-effectif-troupes

Mais le peu que j’ai regardé les nouvelles officielles, c’était instructif. Pour parler de cette loi sur les « dérives sectaires », on montre je ne sais plus quels illuminés qui attendent les extraterrestres, et on les associe aux « complotistes », pour convaincre le troupeau que n’importe quel dissident ou médecin courageux qui s’élèvera contre notre bande de mafieux et leurs discours est un halluciné à enfermer dans les plus brefs délais.

J’ai vu un journaliste exploser d’indignation devant les commentaires stupides et malveillants qui pourrissent ses pages, depuis qu’il est allé observer les éléctions russes, et a fait part de ce qu’il voyait vraiment : un pays normal, où les gens ne vivent pas mal, et des élections bien organisées. Il faut absolument parler du « KGB », de la police, de la terreur, de la misère, de l’alcoolisme, de la brutalité, bref de tous les fantasmes délirants des journalistes et intellectuels français et de ceux qui les écoutent. J’ai moi-même provoqué un tollé en glissant dans un fil de youtube que mon électricien gagnait 150 000 roubles par mois, soit 1500 euros plus ou moins, c’est pourtant ce qu’il m’a dit, et je ne prétends pas que tout le monde gagne cela, mais quand même, un électricien, ce n'est pas un oligarque... Il y a aussi des gens pauvres, j’en connais, et en France, il n’y en a pas ? Des agriculteurs qui se lèvent la peau du cul pour garder 500 euros par mois après qu’on leur a tout piqué ?

A Pierrelatte, j’avais vu aussi la vidéo d’un garçon qui fait habituellement des analyses politiques, et entrait petit à petit dans une colère énorme, violant tous les tabous imbéciles du politiquement correct, et nous criant qu’il ne voterait plus pour personne tant que ne viendrait pas un candidat prêt à pendre un à un les membres de cette caste maudite qui nous détruit et nous humilie sans arrêt, qu’il fallait cesser de se raconter des histoires, d’entrer dans leurs jeux infâmes. J’avais envie de pleurer. Il parlait de son fils qui était « un petit être de lumière » et qu’il ne voulait pas voir grandir dans ce bordel. Quelle magnifique bravoure, quelle verve, et quelle solitude... 

Je me demande si notre satrape de l'usure apatride va réussir à coller les populations européennes exsangues et démobilisées depuis des décennies, dans une guerre qui ne les concerne pas et qui les achèvera totalement. Comme j'ai eu raison, quand je l'ai vu la première fois réciter ses mantras d'un air stupide, de discerner en lui l'instrument de notre fin. Ce sera tout de même dur de pousser nos moutons à l'abattoir, si hagards qu'ils soient, parce qu'ils n'ont plus les réserves d'héroïsme et de dévouement de toutes les excellentes gens qu'on a immolées par deux fois sur l'autel du fric omnipotent. Et si on recourt, faute d'enthousisame, à la coercition, on n'obtiendra pas de grands résultats face aux Russes qui mènent, eux, un combat existentiel. On a déjà vu cela avec les armées perses contre Athènes et Sparte.

Dans le même temps, je lis "le grand Meaulnes". Je l'ai acheté ici. Je ne l'avais jamais lu: au moment où j'aurais dû le faire, je dévorais Dostoievski. Mais quel merveilleux roman... Il me semblait autrefois relever d'un passé récent, et je vois aujourd'hui le gouffre qui nous sépare de cette France encore si poétique, si romantique, si héroïque et si aristocratique jusque dans ses petites gens, leur simplicité, leur savoir vivre, leur langue riche et noble. Et comme Alain Fournier donne une dimension sonore à ses visions oniriques de la France provinciale d'alors, je l'entends autant que je la vois. Je me souviens de mes promenades avec Cécile dans la campagne gardoise. "C'est si beau, me disait-elle, et pourtant, dans cette beauté déserte et muette, il y a comme une menace latente". Dans la campagne gardoise, les bruits étaient mécaniques en semaine, les tracteurs, les débroussailleuses, les tronçonneuses, et le dimanche, on avait les pétarades des chasseurs. Alors que la campagne hivernale d'Alain Fournier résonne de mille sons subtils, les appels des bergères, le claquement des sabots, ceux des enfants et ceux des chevaux, le pays qu'il décrit est vivant, plein de sève et de rêves, et mon coeur se serre à la pensée que tout cela allait être bientôt englouti par l'énorme, le stupide, l'implacable vingtième siècle qui nous a tous embarqués dans un maelstrom de crimes et de dégradations, à commencer par Alain Fournier lui-même, avec son âme patricienne et visionnaire, et son immense talent.

Après quatre jours d'une inexplicable céphalée, je suis délivrée et euphorique, ça fait du bien quand ça s'arrête... Il faisait si beau que tout fond, ruisselle et dégoutte, je suis restée assise au soleil, sans manteau, et j'ai même joué des gousli dans le fil d'une brise douce. Evidemment, l'ouvrier qui travaille à coller une grosse pustule à l'isba d'en face avait branché sa radio, mais moins fort que ne le fait le voisin d'à côté, de sorte que les gousli couvraient l'écho de cette horrible série de bruits qui détruit les derniers neurones du rhinocéros de base. 

 




9 commentaires:

  1. I am an American Trad Catholic who is also a Russophile and Monarchist. I found your blog through Father Gleason, and have enjoyed reading through your posts. Keep up the good work!

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  2. Toute l'actualité est dans cette très courte vidéo - De Joël André
    https://youtu.be/HnBF7o_Ob80

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    1. Vous avez raison, ils nous disent tout, et j'ajoute à la chronique cette collection de souvenirs!

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  3. Comme vous écrivez bien, c'est tellement agréable de vous lire même si ce qui est écrit ne l'est pas du tout, et comment pourrait-on parler de l'actualité avec un sourire ? Merci beaucoup pour tout ce que vous nous donnez. Joël André

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  4. Tres joli dessin en haut! C'est de la craie grasse?

    Oui notre époque est triste, moche, les habits sont moches et les couleurs tristes, on voit des gens en survet gris ou noirs, des poches aux genoux et des formes molles en dessous, sweetshirt et casquette tout est gris ou de couleurs ternes. La jeunesse porte les pantalons serrés en bas, l'entrejambe vers les genoux, les poches arrière sont sous les fesses... Les filles même grosses mettent des leggins moulants, noirs, qui font comme une deuxième peau, tout est synthétique et il n'y a pas de joie et de couleurs dans les habits de notre époque. Les maisons c'est pareil, le béton domine et tout est gris, noir blanc, froid. L'orange le jaune et le rouge sont proscrits, des couleurs des années 60, quand les pantalons étaient larges en bas, les filles avaient des truc courts ou très longs mais en couleurs, l'époque explosait de couleurs, une certaine joie de vivre régnait, la liberté; et sans Smartphone..
    Ici sous la neige et la grisaille, les gens n'ont pas eu a donner leur avis pour entrer dans l'Otan, mais ils ont l'air content. Dans la grisaille ambiante, les journaux envoient des cris de haine à chaque fois que je vois les titres. Même un timbre-poste avec le logo de l'Otan a été édité. Il a disparu rapidement, victime de son succès? Oubliées les années de prospérité, les années orange-rouge-jaunes, les années d'intelligence et de bon voisinage, nous sommes Nato! Bienvenue aux States qui pourront aller partout aux frais des contribuables. Merci aux générations de Global Young Leaders qui se sont succédé et ont changé la politique du pays, la façon de penser de ses habitants. Maintenant on est avec les autres, on n'est plus tout seul à côté du grand méchant voisin, avec qui on s'entendait quand même si bien... C'est super, on va servir de bouclier aux autres pays, mais on est plus fort que tout seul n'est-ce pas? En groupe comme un troupeau peureux, glissé dans sa masse chaude et rassurante... Ce pays aurai pu garder sa liberté et sa souveraineté mais il faut un courage qu'il a perdu, sapé par les politiques corrompues, comme partout en Occident. Quelle place de choix, médiateur entre deux camps, en équilibre et neutre...Mais non la guerre c'est la paix.

    Je vais devoir partir alors, tant la grisaille et la noirceur arrivent, je ne suis pas de ce pays et je ne suis pas d'accord, pourquoi s'entêter et se fâcher? La terre est grande... Mais quelle tristesse.

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    1. C'est de la craie sèche et du crayon de couleur. Comme vous dites, quelle tristesse. Et quelle honte.

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  5. Attente

    De vaines pensées
    Qui agitent les âmes

    De vaines recherches
    Qui voilent les regards

    De vains souvenirs
    Qui habillent les corps

    De vains désirs
    Qui s'élèvent dans les coeurs

    De vaines questions
    Qui emplissent les gorges

    De vaines réponses
    Qui dansent sur les lèvres

    De vaines images
    Qui apprivoisent les sourires

    De vaines apparences
    Qui emportent les passants

    Et le Silence
    Caché dans l'ombre
    Attends immobile
    Que l'homme acculé
    Appelle sa royauté

    Extrait de "Desertitude"

    En prière avec vous

    SL, Ermitage Sainte Marie d'Egypte, Suisse

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