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lundi 25 octobre 2021

Fringale

 Nil est revenu hier soir, et pour la première fois depuis bien longtemps, de l'avoir attendu m'avait donné faim, une faim de loup. Or il m'avait apporté de la part de sa mère du munster et du saint Nectaire sur lesquels je me suis jetée.

Dans l'après-midi, j'avais eu  la visite de Nadia qui, ces temps-ci, cuisine pour moi, pour m'éviter de le faire. Elle voudrait acheter un terrain et construire mais se trouve dans la plus grande perplexité, car la laideur fantasmagorique des nouvelles constructions gâche absolument tous les quartiers de Pereslavl. Je comprends bien le problème, surtout avec la mort d'oncle Kolia, qui peut ajouter un monstre au dernier joli point de vue qu'il me reste. En fait, je crois que tous ceux qui ne sont pas de la nouvelle facture vont devoir se mettre en communautés pour se protéger de la hideur et de la folie du monde que nous a créé le "Progrès". 

De France m'arrivent de paradisiaques visions de paysages encore intacts, mais combien de temps seront-ils accessibles? Le gouvernement rêve de nous instaurer l'appartement communautaire pour tous, toutes les brebis masquées parquées dans des clapiers radieux. Le prétexte est écologique… Or la seule issue écologique à notre problème général, en plus de neutraliser ceux qui nous l'ont installé pour leur profit, c'est de revenir massivement à une agriculture familiale vivrière, soit à l'agrocécologie et la permaculture, et à une façon de vivre plus modeste et aussi plus communautaire, et cela suppose au contraire la maison individuelle avec terrain. Evidemment, ce serait la fin de ce capitalisme délirant qui désire tellement notre bien. C'est pourquoi il ne veut absolument pas nous foutre la paix.

Le test pris à l'hopital étant encore positif, j'ai été invitée à en refaire un ce matin. J'y suis allée à l'ouverture, cabinet 110, derrière la polyclinique. Je suis entrée dans une espèce de sous-sol sinistre interminable où il devait y avoir à 8 heures du matin une queue de 300 personnes, je m'y perdais, car il y avait des gens absolument partout. Ils attendaient tous pour le cabinet 109, coup de bol. Pour le 110, j'étais la première, on m'a fait poireauter quand même un moment. Puis on m'a vaguement caressé la narine avec un coton tige, même chose pour la gorge. Intriguée, j'ai quand même demandé ce que c'était que ce cabinet 109: le généraliste… Eh bien punaise…

Enfin du coup, je suis ressortie assez vite de cet endroit infernal. J'essaie de jouer un peu des gousli, de chanter un peu, en guise d'exercice respiratoire. J'ai perdu beaucoup, la voix complètement, l'agilité des doigts dans une bonne mesure.










samedi 23 octobre 2021

Orphelin

 


Hier, Ania la voisine est arrivée avec un chat noir dans les bras : « Qu’est-ce que c’est que cela, Ania ? Vous ne m’apportez pas un nouveau chat, j’espère ?

- Je viens vous demander que nous le nourrissions ensemble. Oncle Kolia est mort, son jeune chat cherche à entrer chez nous, il est seul, perdu, il  a besoin d’affection... »

J’étais absolument horrifiée. Je redoutais depuis longtemps la mort d’oncle Kolia, depuis qu’il avait recueilli le chat, d’ailleurs. Lui-même a eu la fin idéale, il a dû mourir chez lui dans son sommeil, comme sa femme il y a deux ans. Mais la mort d’oncle Kolia porte en germe toutes sortes d’affreuses conséquences, le chat noir, et puis il est fort possible que la petite maison qui me réjouissait la vue soit à présent esquintée, pourvue d’un étage supplémentaire ou plastifiée à mort.

«Ania,  me suis-je écriée, je veux bien vous aider financièrement à assumer le chat, mais vous en avez quatre, et moi j’en ai six, et même presque sept, car j’ai un vieux qui vient épisodiquement. Le chat d'oncle Kolia a besoin d’affection, mais moi, je n’en ai plus à donner, elle manque à ceux que j’ai déjà et qui sont incapables de s’en donner les uns aux autres. Qui plus est, s’il n’est jamais venu chez moi, c’est qu’il a peur des miens. J’ai déjà les incessantes querelles de Rom et de Robert, et je ne sais par quel miracle Chocha s’est arrêtée de pisser et de chier dans la cuisine, mais enfin vous avez vu ce que cela donnait... Je suis moi aussi une vieille, et la dépendance de tous ces chats à mon égard m’angoisse de plus en plus. Je prendrais plus facilement un chien, pour décourager de venir les chats ultérieurs. »

Ania s’excusait frénétiquement, je comprends bien son problème, je vais essayer de parler de ce chat aux bénévoles de Pereslavl, mais moi je ne peux plus...

Or les voisins immédiats d’oncle Kolia ont laissé mourir leur chien de faim. Leurs chats ont déménagé l’un chez Ania, l’autre chez moi. La voisine Violetta aurait peu de chats et beaucoup de place, mais son génial fils lui a offert un chien de type Rosie, complètement dingue, que contrairement à ce qu’auraient pu laisser présager les nombreuses leçons que Violetta me donnait, elle ne contrôle pas du tout, et qui pourrit la vie de la paire de chats qu’elle avait déjà...

Le sort fait aux animaux me révolte complètement. Je n’en peux plus des miens, mais j’ai quelquefois l’impression de racheter un peu tout le mal qu’on leur cause. D’un autre côté, il faut aussi préserver ceux dont on s’est chargé, il faut pouvoir assumer, j’assume de moins en moins.

vendredi 22 octobre 2021

Pas de troisième piège.

 Le premier moment de panique passé, j'ai commencé à réfléchir à l'information de Macha, qui diffère complètement de ce que m'avait dit l'urologue, lequel avait téléphoné    devant moi à un médecin de cette clinique (privée et payante). Le coup de l'enfermement systématique me suis-je dit, ça commence à bien faire. J'irai trouver l'urologue dans un premier temps, quand j'aurai le droit de sortir.

Il y a 2 jours, Volodia Skountsev m'avait adressée à son médecin personnel, un cosaque qui chante avec lui mais qui est aussi cardiologue, spécialiste de la covid et travaille à l'hôpital Botkine de Moscou. J'avais envoyé un texto à cet homme que j'hésitais à déranger. Il m'a appelée hier, je lui ai exposé toute l'affaire, il m'a demandé de lui envoyer tout mon dossier, ce que j'ai fait. Il m'a dit que côté covid, maintenant de toute façon, au bout de 3 semaines, le truc disparaissait forcément et qu' il fallait juste éviter des séquelles. Pour le reste, il proposait d'essayer de faire partir les cailloux par un traitement approprié, car ils n'étaient pas très gros, et que c'était possible. Au cas où on n'y arriverait pas, l'hôpital Botkine dispose d'un appareil pour pulvériser les cailloux, il serait toujours temps d'y recourir.

Donc nul besoin de se précipiter dans un troisième piège. Un ami du père Valentin dit qu'en Russie, il faut bien connaître son pope. Il faut aussi bien connaître son médecin.

En trois jours chez moi, n'étaient les problèmes de cailloux que nous allons traiter, j'ai repris pas mal de forces et un certain équilibre nerveux. Je ne dis pas que je pète le feu, mais c'est quand même le jour et la nuit. Je préfère confier ma santé au copain de Skountsev. Nous avons un ami commun, et la directrice de la clinique de Iaroslavl se fiche sans doute éperdument de ce qui peut m'arriver pour peu qu'elle arrive à me faire payer 10 nuits plutôt qu'une seule.

J'en ai un peu marre de bouffer des médicaments, mais il va falloir faire encore un effort. Si c'est chez moi, je tiendrai le coup.

J'ai récupéré Rita. Curieusement, depuis mon retour, ma vieille chatte Chocha s'abstient de souiller la cuisine. Ce doit être une sorte de miracle. 

Je suis sortie installer le restaurant des mésanges. La lumière est pâle, mais elle est là, irisée et magique. Le vent était doux, depuis quelques jours le froid recule, pour mieux sauter...




jeudi 21 octobre 2021

Jamais deux sans trois.

 Bon alors voilà. J'attends les résultats du test, qui devraient arriver demain. Mania, la fille de mon père spirituel, a appelé Iaroslavl, où on ne lui a pas donné du tout les mêmes renseignements que le joyeux urologue qui m'avait gardée 10 jours dans son bouillon de culture, le temps que j'attrape le cafard et le covid. Pour pulvériser les cailloux, c'est comme d'habitude, dix jours d'hospitalisation. Elle est en train de se renseigner sur l'hôpital orthodoxe de Moscou. J'ai pris un tel coup sur la tête que je ne sais même pas quoi dire. Je vais retrouver ma chienne et m'en séparer encore. Et il faudra traverser ces dix jours sans devenir complètement dingue, et ça, c'est plus problématique. Je commençais juste à être un peu moins ébranlée nerveusement... Ce qu'il y a de sûr, c'est que tant qu'à faire, j'irai plus volontiers à Moscou. Mon père spirituel a ses entrées sur place....

J'ai l'impression d'un cauchemar sans fin.

mardi 19 octobre 2021

A la maison, même les murs nous soignent.

 


Tout est si paisible, chez moi, cela me paraît irréel.

Il y avait constemment du bruit et de l’agitation, à l'hopital, il ne se passait rien, personne n’avait rien à se dire, mais il y avait ce bruit, le bouillonnement de l’oxygène, les raticinations d’une vieille qui jurait, invectivait et gémissait dans son coin, les téléphones qui sonnaient, les conversations, les va et vient... Je me demandais chaque matin comment je tiendrais jusqu’au soir, et le soir jusqu’au matin. Je commençais à avoir les mains qui tremblaient, et toutes sortes d’idées noires. Je commençais vraiment à avoir peur pour ma santé mentale. Et de m’imaginer Dany, à plat ventre avec son masque dans sa réa, m’emplissait d’une véritable terreur. Heureusement, elle commence aussi à sortir du tunnel.

Des gens m’écrivaient qu’il fallait sortir de là, que les hopitaux étaient « peu recommandables ». Je ne sais pas si c’est vraiment le cas, mais j’étais dans un état d’angoisse permanent.  Le médecin jouait avec mes nerfs, elle m’a lâché le 12° jour. En me disant que je devais rester en quarantaine jusqu’aux résultats du test.

Ce 12° jour, elle m’a laissé mariner encore la moitié de la journée, et puis j’ai eu à peine le temps d’apeller le collaborateur de Gilles, j’ai été accompagnée jusqu’à une porte dérobée qui m’a laissée dans une cour glaciale.

J’ai retrouvé ma maison sans y croire, et surtout sans parvenir à me calmer. Cette ignoble angoisse ne me quittait pas. Katia est venue m’apporter des provisions et discuter un peu avec moi. Puis c’est la voisine Ania qui est passée : « Ne vous en faites pas, s’ils ont vous ont laissé partir, c’est que c’est bon. »

Tout me paraissait d’un calme surnaturel. Et la vue par les fenêtres, qui n‘a pourtant rien de rare, lumineuse et ouverte. J’ai dormi comme une masse dans un lit normal et un silence total. Le lendemain, j’ai senti que les choses reprenaient leur place.

Ma fatigue reste écrasante. J’ai demandé à Nadia de m’aider, elle va m’apporter à manger. Ici, l’appétit revient quelque peu.

Tout le temps que je suis restée là bas, je songeais aux gens qui, pour diverses raisons, se retrouvaient enfermés, asiles psychiatriques, mouroirs, cachots, Florenski aux Solovki, dont les lettres sont si poignantes. Il faut une grande force d’âme pour surmonter ce genre d’épreuves. Ce petit aperçu m’a fait comprendre que j’étais loin de l’avoir.

Dès le départ, mon premier séjour a été une erreur d'aiguillage. On aurait du traiter la crise de coliques néphrétiques et m'envoyer aussitôt chez le spécialiste à Iaroslavl, mais ici, ils aiment bien enfermer les gens des siècles à l'hosto, avec tous les germes qui s'épanouissent et trouvent un terrain favorable dans les organismes stressés et affaiblis. 

dimanche 17 octobre 2021

Dernier jour

 Hier, j'étais prête à partir aujourd'hui, au besoin en chaussons. On m'a demandé de finir le protocole de soins pour sortir demain. Donc ce sera demain, au besoin en chaussons. Je suis à l'aube de ma dernière horrible, interminable journée dans ce lieu d'angoisse. L'avantage, c'est que je serai officiellement immunisée pendant quelques temps, peut-être arriverai-je à aller en France...

Une amie vaccinée Spoutnik V à récemment contracté la covid labellisee, avec perte d'odorat et de goût. C'est dire si ce que l'on nous met en demeure de nous injecter est efficace. À refaire tous les mois, sans doute....

Une journée et puis une nuit. J'essaie la mobilisation intérieure. Le pire c'est le matin jusqu'au déjeuner, vers une heure, après la soirée passe plus vite. Et la nuit si l'on échappe aux insomnies. 

Mania Asmus me dit que je ne suis pas obligée de retourner faire la queue à la polyclinique pour recevoir une nouvelle ordonnance pour Iaroslavl. Elle va s'en occuper, téléphoner, ce dont je lui suis bien reconnaissante. Je suis fatiguée, je voudrais en finir. J'ai plonge dans un marécage d'idées noires et d'angoisses sans beaucoup de défenses spirituelles. Ça fait réfléchir.

J'ai pris en aversion ce fil de nouvelles internet que je compulse sans arriver à m'arrêter à rien et qui me confronte à toutes sortes de monstres et de drames. Saint Paissios disait que s'il n'avait eu la certitude que le Christ aurait le dernier mot, il serait devenu fou. On se constitue une certaine carapace, la mienne à cede dans les grandes largeurs. Et tant mieux, au fond, il faudra en tirer les conclusions qui s'imposent. 

samedi 16 octobre 2021

Le bout du tunnel ?

 Sur mes deux toubibs, il y en a une qui est jeune, humaine et rassurante. Il me semble qu'elle me laissera sortir lundi, après une radio, je l'espère car chaque jour est plus dur que le précédent. J'ai beaucoup de mal à ne pas céder à la panique. Je fais des carrés au crochet en répétant la prière de Jésus. Ma tablette marche très mal, et voir défiler des infos sur les animaux martyrs, les psychopathes transhumanistes et les projets totalitaires des gouvernements à eux soumis ne me remonte pas précisément le moral. Un individu triomphe de me voir covidee, alors qu'il a vraiment fallu que je vienne le chercher dans son vivier hospitalier, le truc, j'ai vécu normalement et en pleine forme jusqu'ici, voyageant dans toute la Russie. Il me traite comme une imbécile, m'accusant de critiquer la France au profit de la Russie, or je n'ai jamais renie la France. Je critique son gouvernement et les bobos sur lesquels il repose mais ce n'est pas la France, ça. En revanche, ça a l'air d'être la sienne, il doit avoir un QR code au milieu du front, le gars. Un bon petit soldat du nouveau monde. 

À ceux qui brûlent de me rentrer mon indiscipline dans la gorge,  de me piquer et de me marquer, je dirais que si je pouvais avoir dans L'OMS leur belle confiance de moutons, je serais trop contente de me mettre à l'abri d'un autre joyeux séjour éventuel. Il fut même un temps où je me bercais de l'illusion que le spoutnik v n'était pas aussi suspect que ses équivalents occidentaux. Or je vois de plus en plus de témoignages du contraire. Ce matin encore une artiste peintre qu'une deuxième dose à rendue très malade et qui se renseigne sur covivac, le vaccin introuvable réservé à Poutine et au patriarche. Comme par hasard. Ce qu'il faut à L'OMS c'est un équivalent à sa merde.

Slobodan Despot fait bien le tour de cette question dans son dernier briefing:

Les enjeux sont graves, mais combien s'en rendent compte ?