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vendredi 6 avril 2018

Jeudi pur

Днесь висит на древе, Иже на водах землю повесивый; венцем от терния облагается, Иже ангелов Царь; в ложную багряницу облачается, одеваяй небо облаки; заушение прият, Иже во Иордане свободивый Адама; гвоздьми прогвоздися Жених Церковный; копием прободеся Сын Девы.
Покланяемся страстем Твоим, Христе.
Покланяемся страстем Твоим, Христе.
Покланяемся страстем Твоим, Христе.
Покажи нам и славное Твое Воскресение.

Il pend maintenant sur la croix, Celui qui a suspendu la terre sur les eaux; Il est couronné d'épines, Celui qui est le Roi des anges; Il est vêtu de pourpre parodique, Celui qui revêt le ciel de nuées; Il reçoit des coups, Celui qui a libéré Adam dans le Jourdain; Il est percé de clous, le Fiancé de l'Eglise; Il est traversé par la lance, le Fils de la Vierge. 

Nous nous prosternons devant Ta passion, ô Christ
Nous nous prosternons devant Ta passion, ô Christ
Nous nous prosternons devant Ta passion, ô Christ
Montre nous Ta glorieuse Résurrection

J'ai trouvé cet extrait de la lecture des douze évangiles dans les publications d'Alexandrina Viguilianskaïa, associé à la Croix de Godenovo...
Le "jeudi pur", ont lit à l'église douze extraits de l'Evangile racontant la Passion du Christ. Ces lectures et la liturgie de la Cène qui les précède le matin, avaient été pour moi la révélation du mystère du temps et de l'éternité, il y a fort longtemps, quand j'étais venue passer la semaine sainte et Pâques en Russie: je voyais qu'il ne s'agissait pas d'une commémoration: le rite nous transportait au pied de la croix deux mille ans en arrière, ou la Passion se transportait parmi nous, en cette fin de XX° siècle, ou plus exactement, la Croix traversait ce mystérieux océan des générations humaines, de ce passé dont notre présent n'est que l'écume, s'éboulant infiniment dans cet abîme dont elle est la seule véritable Lumière.
Hier, mon expérience était beaucoup moins intense, on n'a pas la grâce tous les jours. J'étais assise parmi les vieilles dont je fais désormais partie, parce que mon genou et ma résistance ne me permettent plus de faire la maline. 
Le premier extrait, le plus long, expose la dernière soirée du Christ avec ses disciples, son Testament, qui est d'une incroyable élévation spirituelle, entendre de telles paroles, sachant de quelles épouvantables souffrances elles allaient être payées, ne permet aucun doute ni aucun blasphème à tout être encore intérieurement sain: blasphémer Celui qui les a prononcées et qui fut ensuite traîné dans la boue et affreusement torturé, est une infamie sans excuse, est une chute sans rémission, est le symptôme d'un coeur totalement pourri ou d'un aveuglement extraordinaire.
Et pourtant, Celui-là supplie son Père: "Pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font".
Il y a des choses vraiment difficiles à pardonner, en tous cas pour moi, et je pensais à l'homélie du métropolite Antoine sur Staline, ou sans revenir sans cesse aux vieilles lunes, à ce qui se passe aujourd'hui. Lui, pardonnait, et je me suis représenté que Lui savait absolument tout sur chacun de ces êtres dégradés, cruels, hypocrites, ignobles ou lâches qui s'acharnaient sur Lui, tout, chaque minute de leur vie depuis leur berceau, c'est sans doute la raison pour laquelle Il pouvait le faire. Et nous nous ne le pouvons pas, parce que nous voyons seulement les démons grouiller sous des visages devenus de simples masques, et parce que nous avons peur de la seule idée d'être liés à ces créatures des ténèbres, et de nous laisser apparenter à elles par notre indignation même. Ainsi que me l'a dit un jour le père Valentin, qui a pourtant comme moi l'indignation facile, "l'indignation nous ravale souvent au rang de ceux qui nous indignent".
L'actualité et le réalisme de ces textes évangéliques, leur simplicité factuelle et tragique me frappaient tout à coup d'une manière intellectuelle: douter que cela fût vrai, que cela fût du vécu, quand on sait, en plus, que tous les témoins de l'affaire sont devenus des "martyrs", des témoins qui attestent de la vérité du témoignage par leur sang versé, et avant cela, par une vie de vagabonds pourchassés, ne me paraissait pas possible. Cela n'est pas du mythe. On peut trouver des éléments de mythe ou d'exagération orientale dans les Ecritures, mais pas là.
Pourquoi douter de la réalité d'une partie de ce récit et ne pas accepter l'autre, c'est-à-dire la Résurrection? aucun élément ne peut me donner à penser qu'il s'agissait d'une mystification, ni dans le personnage de Jésus, ni dans son message, ni dans le récit et le destin de ceux qui le suivaient.
C'est pourquoi:

Je me prosterne devant Ta passion, ô Christ.
Montre-moi Ta glorieuse Résurrection


La Passion au monastère d'Optino

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