Un lecteur qui a pris la peine de lire mes livres à pris aussi celle de m'en faire une critique. Je prends celle de lui faire une réponse officielle !
Le tsar est fréquemment comparé à Staline, parce que ce dernier se comparait à lui. Personnellement, la seule chose que je leur trouve en commun, c'est l'égrégore néfaste d'une police politique. Pour le reste, Ivan le Terrible, malgré des supplices spectaculaires, véridiques ou pas, a fait beaucoup moins de victimes et essentiellement dans la noblesse. S'il y a eu des victimes collatérales chez les paysans, ce n'étaient pas eux qui étaient visés, contrairement à ce qui s'est passé avec la collectivisation. C'était un tsar légitime, oint et couronné et non un dictateur. Il était croyant, cultivé, il avait du sens esthétique et il a laissé de magnifiques monuments, églises et monastères, au lieu de copies de l'empire states building et des monuments pompiers à sa propre gloire. Il était imprégné d'esprit médiéval, ce qui le rachète en partie. Le mien est tiraillé entre divers aspects de sa personnalité paradoxale, il est un peu pervers narcissique sur les bords, il aime séduire et dérouter. Le film soviétique présente un tsar idéal mais là encore, j'y ai vu un tsar, et pas un dictateur moderne, quand je l'ai decouvert à 16 ans. Peut-être d'ailleurs était-ce voulu, le sentiment monarchique, même dévoyé, restant vivace chez les Russes.
Je me mets facilement à la place des hommes. D'abord je suis un garçon manqué. Flaubert disait "madame Bovary, c'est moi" et je pourrais dire de même que je suis Fédia Basmanov. Et puis je pense que lorsqu'on écrit un livre en se donnant à fond à l'expérience, on entre en contact avec absolument tous les aspects de l'humain, c'est peut-être ce que les auteurs ont en commun avec les acteurs. Si l'on n'opère pas cette fusion avec tous les aspects de l'humain, on reste au niveau de son nombril et si c'est très répandu, ce n'est pas forcément intéressant. En cela, le processus romanesque en lui-même me paraît un parcours initiatique et une transcendance qui en soi, m'intéressent autant que le résultat.
Le deuxième roman est en effet un épilogue et la mort du tsar en est le centre, ce qui introduit fatalement une réflexion sur la mort et la vanité du pouvoir. Cependant, je ne dirais pas que la vie en est absente, elle s'exprime à travers le jeune protégé du tsar, qui est positif et lumineux, tout comme son père spirituel Féodor. Et la fin est une projection vers l'avenir.
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