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jeudi 13 août 2020

Critique de lecteur

 Un lecteur qui a pris la peine de lire mes livres à pris aussi celle de m'en faire une critique. Je prends celle de lui faire une réponse officielle !

J'ai terminé vos deux livres. J'ai pu constater que vous savez aussi bien faire un billet d'actualité pour votre blog qu'un roman historique (même si vos billets d'actualité se rattachent souvent à l'histoire). Yarilo est un très bon roman pagano-chrétien. Il m'a fait penser à un commentaire sur Tarass Boulba qui serait un roman tragique et triste s'il n'y avait cette fureur de vivre qui le traverse et porte les personnages. J'ai trouvé dans les passages sur le "méchant" Ivan des ressemblances avec les portraits de Staline. Je sais que vous n'aimez pas la comparaison mais vous l'avez subie, ça se sent, peut-être au travers du film soviétique, je ne l'ai pas encore vu. Par contre, je ne crois que Staline ait eu des moments de grâce comme le "bon" Ivan. J'ai particulièrement apprécié les scènes de repentir de Fédia. Je ne sais pas si c'est universel ou si les femmes réagissent différemment mais vous avez très bien retranscrit ce qu'un homme pense, englué dans le péché, en face de Dieu miséricordieux. L'angoisse, l'auto-accusation, l'absurdité de penser qu'on mérite le pardon ou qu'on mérite quoique ce soit d'autre que la damnation... Ces passages sont vraiment émouvants et auront un écho au moins chez tous les hommes qui vous liront et qui ne sont pas imperméables à la transcendance. 
Alors que Yarilo était un hymne à la vie, Parthène m'a semblé une sorte de bûchers des vanités et m'a laissé une impression étrange. Peut-être l'avez-vous voulu ainsi ? Il est aussi bien écrit mais la tension de la vie entre le péché et le repentir de Yarilo y est remplacée par la fin de toutes choses ou par un poids qui fait chuter toute chose. Une sorte de prologue de l'Ecclésiaste presque. Je suppose que la clef de lecture est la nuit d'agonie du tsar Ivan réunifié parce que c'est la partie lumineuse de cette suite. J'ai particulièrement apprécié la scène où Féodor ramène sa femme dans la chambre du tsar dont elle vient de s'enfuir afin que celui-ci ne refuse pas le pardon de Dieu devant le dernier spectacle de ses péchés.
Mais vous l'avez bien présenté comme un épilogue donc je pense que mes impressions sont cohérentes.

In Christo.

Le tsar est fréquemment comparé à Staline, parce que ce dernier se comparait à lui. Personnellement, la seule chose que je leur trouve en commun, c'est l'égrégore néfaste d'une police politique. Pour le reste, Ivan le Terrible, malgré des supplices spectaculaires, véridiques ou pas, a fait beaucoup moins de victimes et essentiellement dans la noblesse. S'il y a eu des victimes collatérales chez les paysans, ce n'étaient pas eux qui étaient visés, contrairement à ce qui s'est passé avec la collectivisation. C'était un tsar légitime, oint et couronné et non un dictateur. Il était croyant, cultivé, il avait du sens esthétique et il a laissé de magnifiques monuments, églises et monastères, au lieu de copies de l'empire states building et des monuments pompiers à sa propre gloire. Il était imprégné d'esprit médiéval, ce qui le rachète en partie. Le mien est tiraillé entre divers aspects de sa personnalité paradoxale, il est un peu pervers narcissique sur les bords, il aime séduire et dérouter. Le film soviétique présente un tsar idéal mais là encore, j'y ai vu un tsar, et pas un dictateur moderne, quand je l'ai decouvert à 16 ans. Peut-être d'ailleurs était-ce voulu, le sentiment monarchique, même dévoyé, restant vivace chez les Russes. 

Je me mets facilement à la place des hommes. D'abord je suis un garçon manqué. Flaubert disait "madame Bovary, c'est moi" et je pourrais dire de même que je suis Fédia Basmanov. Et puis je pense que lorsqu'on écrit un livre en se donnant à fond à l'expérience, on entre en contact avec absolument tous les aspects de l'humain, c'est peut-être ce que les auteurs ont en commun avec les acteurs. Si l'on n'opère pas cette fusion avec tous les aspects de l'humain, on reste au niveau de son nombril et si c'est très répandu, ce n'est pas forcément intéressant. En cela, le processus romanesque en lui-même me paraît un parcours initiatique et une transcendance qui en soi, m'intéressent autant que le résultat. 

Le deuxième roman est en effet un épilogue et la mort du tsar en est le centre, ce qui introduit fatalement une réflexion sur la mort et la vanité du pouvoir. Cependant, je ne dirais pas que la vie en est absente, elle s'exprime à travers le jeune protégé du tsar, qui est positif et lumineux, tout comme son père spirituel Féodor. Et la fin est une projection vers l'avenir. 

 




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