tableau de Pavel Ryjenko |
La France devient une véritable dictature, une dictature sournoise et stupide, et j’en voyais tous les germes dans les facs des années 70, tandis que mes compatriotes se vautraient dans un hédonisme béat. C’est d’ailleurs cette génération qui est la plus aveugle sur la nature des événements. L’aveuglement, l’hypnose, l’amnésie des Français, leur ignorance sont absolument phénoménaux.
On en arrive au « passeport
vaccinal » qu’il était complotiste de redouter il y a six mois. J’ai vu
cela annoncer à la télé française par une bécasse radieuse, avec toute une
brochette de connards allègres qui approuvaient bruyemment. Maintenant qu’ils ne le cachent plus, ce qu’ils disent aux complotistes dans mon genre, c’est « et alors c’est
très bien, on va pouvoir vivre normalement ». Or nous ne vivrons pas
normalement, du moins pas avant des année, et après des événements que je
pressens bien horribles. Car le but n’est certainement pas de nous guérir, le
but de tous ces philanthropes n’est pas notre bien, c’est notre disparition.
J’en suis convaincue.
Pour ce qui est de la Russie, elle offre
plusieurs vaccins, et même un traitement, mais Sobianine va instaurer à Moscou
l’accès au métro par reconnaissance faciale, ce qui n'est pas bon signe. Isabelle me dit qu’en Thaïlande,
il n’y avait aucun cas de covid, mais on fait également mollement semblant d’observer
les « mesures internationales », sans doute à l’issue de pressions et
chantages divers, et l’on va vacciner les gens, dans un pays qui n’est pas
malade. En Russie, on faisait semblant avec plus ou moins de rigueur, on a sorti des vaccins nationaux, ce qui me semble depuis un moment le signe que
c’est une manière de ne pas plier devant les vaccins douteux de Big Pharma-Mafia ni les
mesures du fou furieux Bill Gates.
J’ai écouté une interview du dessinateur
Marsault, qui remplace pour moi Lauzier que je lisais dans les années 70, dans
sa critique au vitriol de la France contemporaine. C’est un jeune homme lucide,
courageux, et honnête intellectuellement, ce qui lui vaut la haine féroce de la
camarilla qui tient toute la « culture » déconstruite depuis ces
mêmes années maudites. J’avais même le coeur serré, en l’écoutant. Il s’est
fait tout seul, exclus de tous les cénacles qui lui auraient permis d’arriver
plus vite, d’avoir un large succès, et maintenant, étiqueté facho, on le traite de tous les noms, il sent le souffre. Il
a évoqué la tentation de se soumettre aux diktats de la caste pour se faciliter
la vie, mais il a observé qu’une fois marqué du sceau d’infamie, on ne pouvait
plus rien faire d’autre que d’assumer son rôle. Il se sent mieux, dit-il, avec
les gens simples, les petites gens, qu’avec les artistes ou les intellectuels,
et il a eu ce mot que j’ai trouvé si vrai : « avec les gens normaux,
en fin de compte ».
J’ai suivi la même trajectoire, sauf que je
n’ai pas réussi à me faire comme lui une petite niche écologique, il a
énormément travaillé, et moi, j’ai perdu toute ma jeunesse dans la recherche
anxieuse de l’homme de ma vie que je n’ai jamais trouvé.
Je travaille maintenant, avec mes
forces de vieille, en espérant que Dieu me prête vie...
Les gens qu’il décrits, j’en ai vu des
exemplaires russes dans une vidéo faite par un jeune comédien. Des acteurs et
actrices exaltées qui jouent aux cow-boys et aux indiens, évoquant les
« risques qu’ils prennent », en « bravant la
terreur ». Quels risques ?
demande le jeune acteur. Que risquez-vous ici ? De quoi vous
plaignez-vous ? Vous avez une vie en or et la possibilité de vous promener
dans le monde entier. Des gens l’invectivent dans les commentaires, je lui ai
apporté mon soutien. Un type écrit : « Nous ne voulons plus vivre
sans liberté, dans la terreur ». J’ai écrit en réponse : « Allez
en France pour savoir vraiment sans quoi et ou vous vivez ». J‘ai pensé à
ces gens de l’Ambassade, dans leur bunker, incapables d'aller voir ailleurs que dans le Monde, dans leur Monde de papier, ce qui se passe vraiment. Le pire est que si tout cela est
manipulé par des salopards qui savent ce qu’ils font, tous les
individus qui marchent là dedans, au fond par intérêt, contrairement
à Marsault, ou à moi-même, s'accommodent si bien du mensonge perpétuel qu'il leur devient une seconde nature, d'autant plus qu'il est le sésame de la réussite et de la vie sociale. Ils finissent par s’auto hypnotiser et croire à ce
qu’on leur raconte et au rôle qu’ils interprètent. Il fallait voir ces actrices
russes se délecter de jouer les héroïnes et les grandes consciences. Quand
j’étais petite et que je jouais aux indiens, moi aussi, je croyais presque que
j’étais une squaw courageuse qui bravait les méchants cow-boys. Presque, mais
eux, ils s’y voient tout à fait, d’autant plus que la police russe n’a pas pour
habitude, comme la nôtre, d’éborgner les opposants... Le politologue Mikheiev,
qui est très pénétrant, analyse cela comme une mentalité de secte. Oui, c’est
ainsi que je le ressens, toute l’intelligentsia française a une mentalité de
secte, et un certain nombre de Russes en sont victimes dans le même genre de
milieux, la différence, c’est que, pour l’instant, c'est juste un certain
nombre, et que des gens comme Mikheïev ou Mikhalkov peuvent encore s’exprimer, alors
que chez nous, ils seraient exclus de partout, et même emprisonnés comme Ryssen.
Mikheiev et Mikhalkov ont d’ailleurs un énorme soutien populaire.
Marsault prévoit un avenir très sombre pour la
France, et hélas, je crains qu’il n’ait raison. Je ne peux plus écouter
Debussy, ou Ferré, Brassens, Brel, et même Charles Trenet sans pleurer comme un
veau.
Il y a plusieurs mois que je me demande avec Dany parfois ce que fait Poutine, et pourquoi on a laissé revenir Navalny. Une Russe avait fait une réflexion qui m’avait paru très comique : « Les juges vendus ont donné la parole à Navalny pour qu’il se discrédite ». Mais en réalité, il est bien possible que ce soit vrai, que, sachant qu’il se grillerait très bien lui-même, on l’ait laissé et revenir, et s’exprimer, justement pour qu’il se discrédite. Car s’il est largement soutenu par les bobos russes et les jeunes décervelés des villes élevés hors sol, j’ai l’impression que le reste du pays en est complètement écoeuré, et le soutien des diplomates étrangers n’arrange pas ses affaires.
Marsault disait dans son
interview qu’il faisait de la politique de comptoir, et je revendique moi-même le café du Commerce. Je ne suis
vraiment pas une politologue ni une économiste. Cependant, je réagis à un
ensemble de signaux, il m’arrive des pièces dont je ne sais pas trop quoi faire au début et qui finissent par former un puzzle.
Dany me dit que la pourriture de la télé russe
est absolument hallucinante. Les libéraux dans la presse se lâchent
complètement. Tous ces phénomènes jouent un rôle certain dans le dévoiement de
la jeunesse, élevée déjà par des parents coupés de leur passé russe à la suite de l’expérience
communiste, comme nous le fûmes du nôtre par la gauche républicaine qui, ainsi que me le
faisait remarquer Mano, en vilipendant toutes nos valeurs, nous mettait sans
anticorps spirituels ni culturels face à la colonisation consumériste des USA
et leur sous-culture déferlante. Mais pour l’instant, la société russe dans
son ensemble n’est pas prête à accepter sans réagir ces doses massives de
poison, d’autant plus que tout cela est fait sans aucune finesse, les gens sont
indignés, ricanent, et ce qui m’ennuie, trouvent dans ces démonstrations, dans
l’affection des libéraux pour tout ce qui est étranger, et dans le soutien des
étrangers à tout cela, une raison de justifier a posteriori les répressions
staliniennes : les traîtres, la cinquième colonne, l’occident pourri. L’occident ça
l’arrange bien, car il faut absolument faire de la Russie l’ennemi idéologique
idéal. Je pense qu’il a délibérément favorisé ce renouveau communiste et son
négationnisme, ce qui explique son soutien aux néonazis ukrainiens sous commandement d'oligarques à double ou triple passeports.
D’un autre côté, je me suis souvenue, à l’occasion
du vote Dzerjinski contre Alexandre Nevski, de ce que me disait Nazarov, que le
pouvoir cherche à légitimer la période communiste pour se légitimer lui-même.
Il me semble qu’on essaie d’opérer une synthèse entre le patriotisme russe, l’expérience
communiste et l’orthodoxie ; c’est ce que représentent à la fois le
régiment immortel, largement récupéré par les communistes, et l’église des
armées justement contestée pour son côté kitsch, lourdingue, et son mélange d’orthodoxie
et de figures politiques plus ou moins douteuses. C’est ce que représente
également Prilepine, me semble-t-il. Personnellement, je suis pour une union de
toutes les forces « patriotiques » mais contre la légende
négationniste qui est proposée et assortie de reproches à l’égard de l’Eglise
tels que : «Vous dites que vous avez la religion du pardon, et vous
ne pouvez pas oublier tout ça. » Précisément, on ne peut pas l’oublier, ni
décanoniser nos martyrs, on ne doit pas l’oublier, mais on peut le pardonner.
Le pardonner est possible, et même souhaitable, c'est aussi le message de mes romans sur Ivan le Terrible. Mais pas le nier. En dehors de ce détail, un
socialisme orthodoxe aurait mon adhésion.
Dans cette perspective, laisser les libéraux
batifoler dans leurs médias jusqu’à l’écoeurement du public, et leur Navalny se discréditer
lui-même est peut-être une stratégie.
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