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dimanche 11 avril 2021

De la Provence à Pereslavl


Une famille de Moscou a visité ma maison, des gens très sympathiques avec une certaine classe. Ma maison les a emballés, mais pas ses abords. Et je peux les comprendre. De mon côté, je me sens découragée à l'idée de déménager, c'est-à-dire que je le ferai peut-être si je dispose d'argent pour acheter autre chose sans vendre ici, et que je peux prendre mon temps.
Les cosaques attaqueront le 20 la fabrication d'une palissade de bois, pour remplacer le grillage. Déjà, ça fera plus propre, et elle sera de 40 cm plus haute que l'actuelle. Le tuyau du voisin me semble insuffisant pour évacuer l'eau du canal. En plus, il n'a pas ramassé les divers déchets de construction, des bâches en plastique trainent dans l'eau et pourraient aisément le boucher.
Le temps vire enfin au printemps complet, et je me promène une pelle à la main sur mon terrain dévasté, pour réfléchir aux endroits où je vais planter, transplanter, enfin réparer le massacre. J'ai de l'eau qui stagne encore, comme jamais auparavant, même si la majorité des terres a déjà émergé! Au cours de ces déambulations, j'ai vu les voisins qui sont derrière la baraque malencontreuse parlementer avec un air consterné. Ils avaient un grand potager familial qui devait les nourrir, il est à présent à l'ombre tout l'après-midi, grâce à notre pachyderme bâtisseur qui voulait rentabiliser son investissement.
Les cosaques me feront une véranda à la place de la petite entrée que j'avais, en déplaçant le perron au nord ouest, ce qui me fera même une petite terrasse, à l'opposé de la verrue en plastique, à l'abri du poirier et du prunier, avec la vue sur l'isba d'oncle Kolia et mes fleurs. Aux endroits les plus bourbeux, je vais mettre des iris des marais et des hostas, j'en ai vu de blancs, pareils à de petits fantômes. Finalement, le bon côté de la chose, c'est que je tondrai beaucoup moins. Côté voisin, je vais laisser à l'abandon, je n'aurai pas de potager, mais j'ai peut-être passé l'âge.
Après la liturgie, aujourd'hui, j'ai rencontré Kostia et Natacha, qui m'a aidée à rédiger la traduction de mon livre. Elle s'en est remarquablement bien tirée, j'ai l'impression d'avoir écrit directement en russe. Elle m'a fait une préface qui révèle sa profonde compréhension du roman. Nous avons envisagé des solutions pour le publier. Là dessus est entré le père Alexandre, de Rostov, dans notre café français. La sympathie a été immédiate et réciproque. Le père Alexandre est un prêtre très "culturel". Il est grand, fort et chaleureux et m'a serrée dans ses bras en s'écriant: "Voici notre star!"
L'émission de la chaîne orthodoxe SPAS est passée, et j'ai des réactions très émouvantes de Russes touchés par mon amour de leur pays et de leur culture. J'en suis heureuse, car ces émissions sont pour moi un moyen de porter ce témoignage. Certains me disent que je suis plus russe qu'eux-mêmes.
De plus, mes proches, même quand ils ne comprennent pas le russe, ont été content de voir ma maison de l'intérieur, comme s'ils la visitaient, avec les chats, avec Rita, avec des objets et des photos qui appartiennent à notre passé commun et se retrouvent à Pereslavl Zalesski, dans le nord lointain. D'autant plus que tout cela est filmé avec art et sensibilité. L'émission s'intitule "de la Provence à Pereslavl Zalesski". Bien que j'aie passé dans le Gard mes dernières années françaises...




3 commentaires:

  1. En effet, Laurence, j’ai été heureux de connaître, ainsi, votre environnement. Votre maison est, bien sûr, à votre reflet ! Bon courage pour l’amenagement de vos extérieurs.

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  2. Vive le Gard, nous en venons. Attendez cet été pour vendre. Profitez de la nature ! Quid du Donbass et des bruits de bottes chez vous ?

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    1. Pour l'instant, je ne vends pas. J'ai la flemme. Chez nous, on n'entend pas trop les bottes. En fait, je pense que les Russes n'ont pas du tout envie de faire la guerre, et la feront si on ne leur laisse aucune issue.

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