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vendredi 23 avril 2021

L'ombre de l'église




J'ai lu ce post qui m'inquiète beaucoup:

Qu'est-ce qu'il est maintentant interdit de faire sur son terrain?

Garer sa voiture chez soi ou sur le territoire adjacent (beaucoup de limitations)

couper un arbre sans permission

laisser des mauvaises herbes (liste de celles-ci?)

creuser la terre trop profond

faire un puits artésien sans permission

construire quelque chose près de la limite

avoir des animaux domestiques (beaucoup de limitations)

épandre, conserver, transporter du fumier

élever des abeilles (beaucoup de limitations, pratiquement interdit)

avoir des toilettes traditionnelles la cabane au fond du jardin

utiliser ses propres semences si on vend le produit

faire du feu, des barbecues, brûler des ordures.

Venir en voiture en l'absence de route asphaltée

des constructions sans permission

encombrer le terrain de divers objets

Faire du bruit

Conclusion. Nous suivons la tendance mondiale à l'interdiction de faire pousser notre nourriture sur notre propre terre et de créer une économie personnelle indépendante.

https://www.facebook.com/maxim.obukhov/posts/10218735800696224?__cft__[0]=AZUW1uP2zhKWCZDQcv4KL_Zts0UqQ_mFCIrcpLXjnI3G4epIPGQ74_KOVn28KsMVt_a83LVOqAYeSP-JfnZKa1-uFsSl7l8yleFHg2Xrr0uNGc5IpnabtUkFWLASM2VOYGmm13d4G_UyBurJL0_2WHt1Pv90IjA4AfTlReJYcu9lZw&__tn__=%2CO%2CP-y-R

Je suis la première à déplorer qu'on construise n'importe quoi n'importe où; mais je partage là entièrement la conclusion de l'auteur du post. La caste mondialiste, qui a ici ses soutiens actifs, cherche à pousser tout le monde dans des fourmillières à la chinoise ou à la Sobianine; et les tentatives de communautés, de retour à la terre, de permaculture, agroécologie, autarcie etc. n'auront plus le droit ni la possibilité d'exister. Je ne vois pas très bien comment appliquer ces instructions dans un pays comme la Russie sans recourir à la terreur rouge. Mais c'est en tous cas le programme universel, que les députés s'emploient à mettre en place, sur ce plan-là et aussi sur le plan sociétal, avec des tentatives sournoises pour imposer ici des lois visant à anéantir l'autorité des parents.

C'est-à-dire que comme d'habitude, on a les discours de Poutine affirmant une chose, et ses députés qui vont dans le sens diamétralement opposé.

Si tout cela est appliqué, cela nous fera la vie parfaitement impossible. D'ailleurs faire au sens littéral la vie impossible aux sous-hommes semble le but de l'aristocratie mafieuse transhumaniste partout où elle est agissante. Il faut que tout devienne laid, vulgaire, sinistre, étouffant, oppressant, indigne, insipide, désespérant, inhumain, invivable, pour nous, pour la faune et pour la flore.

J'ai vu aussi des photos de l'ancien Pereslavl. Il y avait deux églises à l'embouchure de la rivière Troubej, on a détruit la plus ancienne, comme toujours, et laissé les Quarante Martyrs, devant lesquels on prévoit maintenant la piste cyclable sur passerelle. Les photos montrent la fête de la bénédiction des eaux du lac, à laquelle j'ai assistée, en mémoire de la princesse Eudoxie, femme de Dmitri Donskoï, qui avait trouvé asile sur le lac par temps de brouillard, alors que les Tatars cherchaient à s'emparer d'elle et de ses enfants. Qui nous protègera des Tatars d'aujourd'hui, qui sont partout infiltrés, actifs, néfastes et vils au delà de tout ce que nous avions connu jusque là? 

Il y a beaucoup de monde, sur ces photos, à la fête, des gens de toutes sortes, et cette foule est homogène, harmonieuse, le paysage aussi. Il est à la fois naturel et propre, il y a beaucoup plus d'eau dans la rivière et le lac que maintenant. Il devait y avoir aussi beaucoup plus de poissons. Et beaucoup plus de relations entre les gens. Même à Pereslavl, les choses ont changé depuis la première fois que je suis venue, sans parler du saccage de l'architecture. Il y a des voitures partout, une circulation incessante, alors que j'ai connu une petite ville paisible, nonchalante, avec des chèvres, des poules, des grands-mères assises devant leurs isbas, des pique-niques de militaires, des gosses qui jouaient dans les champs ou se baignaient dans la rivière, empreinte de ce désordre russe plein de vie que haissent tous les oppresseurs. Un correspondant m'écrit que lorsque Pereslavl était encore féérique, il rêvait de quitter le désespoir soviétique, qu'ensuite il avait espéré en un changement et que maintenant, il se consolait avec ce qu'il restait du passé. Il m'a envoyé une photo des années 70 qui montre exactement ce que j'ai connu en 99 et qui est maintenant absolument saccagé et méconnaissable. J'avais même fait des aquarelles des isbas représentées sur la gauche. Il y avait dans ce coin, près du musée, près du monastère Goritski, des vues merveilleuses sur la ville et le lac, on les chercherait en vain aujourd'hui.


Me promenant dans le marais, je songeais à tout cela, et priais avec douleur. Les baraques affreuses pullulent, et aussi les ordures. Etrangement d'ailleurs, c'est à une décharge que me font penser ces accumulations de bâtisses disparates et sans style jetées dans la nature comme des packs de lait et des bouteilles en plastique dans les herbes folles et les roseaux. Un ami russe me disait que les lotissements de cottages faisaient penser à des alignements de mausolées. Quand on arrive près du lac et que l'on tourne le dos à tout cela, on parvient encore à l'oublier. Les saules verdoient, des chatons gonflent comme des bulles, le lac au loin, derrière les roseaux jaunes, est d'un bleu vif presque marin, un bouleau solitaire projette dans l'espace une verticale svelte et blanche, et l'on peut ressentir la réponse de tous ces êtres végétaux à l'admiration qu'ils nous inspirent, un lien se crée entre moi qui les regarde et eux qui sont regardés, entre mon coeur et le balancement altier de leurs branches dans le ciel, le mouvement si lisible de l'écriture de la vie tracée par leurs ramures enchevêtrées et bourgeonnantes. C'était vraiment un dialogue muet, un dialogue infiniment bénéfique et nécessaire, dont tout nous prive de plus en plus. Je pensais aux hordes de brutes et d'imbéciles qui nous font ce monde infernal, dont aucun de nous n'est pourtant vraiment innocent non plus. A leur enfance totalement dénuée de ce qui faisait de leurs ancêtres des gens dignes et profonds, à leurs âmes contrefaites et atrophiées, ne sont-ils pas semblables, au fond, aux enfants loups qui n'ont pas reçu à temps ce qui fait de nous des hommes? Semblables et pires, car je me demande s'il ne vaut pas mieux être élevé par des loups que par les sociétés que nous avons laissé créer et qui ne fabriquent pas seulement des idiots attardés persuadés d'être des dieux, mais des monstres qu'on ne peut même pas appeler barbares. Les barbares avaient des poésies, des chansons et des savoir-faire dont ce que l'on fabrique et formate, dans nos termitières à écrans hypnotiques, n'ont plus la moindre idée.  

La Russie offre toujours des surprises: pendant que je faisais mes courses avec mon oeil au beurre noir, je tombe sur une bonne femme à laquelle j'avais prêté 20 000 roubles à contre-coeur, il y a deux ans. A chaque fois que je la rencontrais, elle proclamait, alors que d'ailleurs je  ne lui demandais rien, parce que je soupçonnais que je ne les reverrais jamais, qu'elle me les rendrait avant l'aôut foi d'animal. Et là, tout à coup, bien que la rencontre fût complètement fortuite, la voilà qui tire les 20 000 roubles de son sac. Je ne me promène pas tous les jours avec 20 000 roubles dans le mien!

Un jeune couple est venu me voir, des routards russes lecteurs de mon blog, ils voulaient passer la nuit chez moi, mais j'ai refusé. Hier, j'ai longuement parlé avec la journaliste de Spoutnik, aujourd'hui, j'ai eu ces visiteurs chez moi une grande partie de la journée. J'ai besoin de paix et de solitude. Je sens que je perds le contrôle de mon temps et de ma vie, je suis trop sollicitée. De plus, où les aurais-je mis, quand j'ai déjà la mère de Génia à côté? Ils sont allés dormir dans l'atelier, avant de repartir, du coup je suis allée dormir dans ma chambre, parce que je ne pouvais rien faire d'autre. 

 






Les ruines de l'église dynamitée, en face des 40 martyrs....



Mon évêque nous a fait un jour remarquer que ce qui était détruit prioritairement par le pouvoir soviétique, c'était le plus ancien, le plus typiquement russe. Chez nous aussi, on fera flamber Notre Dame plutôt que Versailles, évidemment.


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