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lundi 5 avril 2021

Les rythmes


Dimanche matin, à l'issue de l'office de la Croix, on a célébré aussi un moleben sur la tombe approximative de saint Constantin, dernier prêtre martyr de l'église du métropolite Pierre. J'ai rencontré une troupe de scouts, menés par des dames de Moscou, très sympathiques, l'une d'elles connaissait une de mes amies, Marie Gestkoff, scoute émérite. J'ai vu ensuite sur Facebook que l'autre avait entendu parler de moi par sa mère, qui m'avait vue sur scène avec les 3D au club Dom il y a peut-être 15 ans de cela, et pensait que j'étais l'organisatrice du concert, alors que Sérioja et toute l'équipe m'entraînaient là dedans pour chanter souvent au dernier moment!
  Après quoi, je suis partie à Moscou, car l'une de mes vielles grinçait, et de loin Skountsev ne voyait pas le problème. Donc, après les deux heures de trajet, il m'a fallu ajouter à cela la traversée de tout Moscou. 
Sur place, Skountsev, en tenue de cosaque, était filmé et interviewé par un jeune homme. J'attendais dans une autre pièce, avec Rita, en téléphonant à mon amie Liouba. A la pause, Skountsev a réparé la vielle, à vrai dire, c'était bête comme chou, il suffisait de prendre un pinceau pour aller huiler l'axe de la roue. Il s'est occupé ensuite de changer les cotons des cordes, qu'il a remplacés par de la laine de mouton, puis le jeune journaliste a voulu, dans la foulée, me filmer aussi, et m'interviewer. J'ai chanté et joué avec Skountsev un vers spirituel et une chanson cosaque, et puis une chanson  bretonne, "la Vierge et saint Jean-Baptiste", mais là, j'étais la seule à chanter, Skountsev m'accompagnait juste sur sa veille cosaque. J'étais très fière et très heureuse, car nous avons parfaitement fonctionné ensemble, et sans répétition. Il me semble que c'était très réussi.
J'ai exprimé mon amour du folklore, et la foi que je mettais dans sa nécessaire renaissance pour toute personne vraiment russe et qui tient à le rester ou à le redevenir.
Je devais ensuite retraverser tout Moscou pour aller chez le père Valentin, mais il était, avec Liéna, Aliocha et leurs filles, chez le peintre Constantin Soutiaguine, dans son atelier, rue Vavilova, quelque part plus ou moins à mi-chemin, dans ce labyrinthe des quartiers sud de Moscou tout en béton armé. Je commençais à être épuisée, et parvenue à proximité, je ne comprenais rien aux explications de Kostia, qui est meilleur pour parler de l'impressionnisme que pour indiquer un itinéraire. J'ai tourné dans les rues adjacentes jusqu'à la crise de nerfs. Aliocha est venu à ma rencontre et à mon secours. Il est extrêmement gentil et attentionné. 
Je me suis retrouvée dans l'atelier de Kostia, au milieu de ses tableaux, il était visiblement très heureux de recevoir le père Valentin, et bien que celui-ci se fût fait tirer l'oreille pour se décider à venir, il était aussi content que son hôte. Kostia avait fait et exposé toute une série de tableaux magnifiques sur des thèmes évangéliques, et maintenant il aborde l'ancien testament. Il avait quelques craintes sur le bien fondé de sa démarche, le père Valentin l'a complètement rassuré. Kostia a parlé des rythmes, qui sont l'écriture de la vie, et que l'on retrouve dans toutes les formes d'art, la musique, les arts visuels, la littérature, ce qui rejoignait les considérations que j'avais échangées précédemment dans le studio de Skountsev, avec lui et avec le jeune homme qui le filmait. Kostia est un homme enthousiaste, plein d'humour, avec quelque chose d'enfantin, de perpétuellement curieux et étonné. 
Le lendemain, je suis repartie pour Pereslavl. J'ai constaté à mon arrivée que les eaux n'avaient pas tellement baissé, il va me falloir réveiller le voisin qui m'a mis le terrain dans cet état. Lui n'a pas été elevé dans l'univers des rythmes, de l'écriture de la vie qui unit toutes créatures et toutes formes d'art en une subtile symphonie. Il est fin et ouvert à ces choses comme une porte blindée.


avec les 3D...

 




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