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jeudi 9 juin 2022

la belle fougère


La voisine est venue prendre le thé avec ses chiots dans un panier. Elle m'a apporté de la confiture de pommes de pin, je ne savais pas que cela existait. J'étais mal fichue, et je ne l'ai pas encore ouverte. 

Elle m'a demandé des nouvelles de mon amie qui veut venir s'installer par ici, je lui ai répondu qu'elle ne viendrait pas avant septembre et qu'elle avait en vue une maison près de Rostov, superbe, mais sans gaz. "Ce n'est pas grave, me dit la voisine, un programme gouvernemental de gazification générale est lancé.

- Ah bon? Partout?

- Partout."

J'ai réfléchi un instant: "C'est vrai que vous êtes en train de gagner plein de fric avec les mesures de Poutine... C'est pour ça aussi, qu'on refait la rue principale? "

Elle éclate de rire: "Ce doit être ça, en effet!"

En réalité, Kolia m'a dit qu'un ministre passait demain à Pereslavl, c'est peut-être pour cela qu'on nous a vite réparé la rue...

Les chiots jouaient sur l'herbe, au grand dam de Rita et Georgette. Ils étaient contents, j'ai de l'ombre, un peu de vent. Même la voisine était contente. Elle me dit qu'elle a du mal à faire pousser des arbres. Il y a les saules, les noisetiers qui poussent bien, ici, et on fait maintenant des saules nains. "Quand je pense, me dit-elle, à ce qu'était votre terrain, et vous en avez fait un rêve"!

Elle me dit que son père, qu'elle avait recueuilli, m'écoutait chanter. Lui-même chantait et il avait appris tout seul à jouer de l'accordéon. Dommage qu'elle ne me l'ait pas présenté...

Mes fougères sont enfin florissantes, et je ne me lasse pas de voir la lumière du matin et du soir jouer dans leur feuillage, elles ont quelque chose de magique, chacune d'entre elles semble une ronde de fées. Cela me rappelle un chanson:

Mon père m'a donné un mari,

La belle fougère... 


 Il y a quelques temps, j'ai vu passer cet article très pénétrant de Nicolas Bonnal. Pénétrant et riche. 

Cette réflexion sur le costar cravate je me la fais depuis longtemps à ma manière.  

Je n'ai jamais pu blairer le costar cravate, c'est un costume affreux. D'ailleurs les costumes sont ridicules depuis le XVII° siècle, depuis l'avènement de l'ère moderne, ce n'est certainement pas un hasard. Enfant, je n'arrivais pas à comprendre comment on avait pu passer des nobles vêtements antiques et médiévaux à ces grotesques perruques poudrées, à ces fanfreluches, puis à ce sinistre costume bourgeois. Dans le film "le Dernier Samouraï", on voit de magnifiques guerriers japonais en face d'une armée innombrables de petits automates habillés comme des fonctionnaires occidentaux, et on voudrait me faire croire que nous avons progressé, progressé vers quoi? 

Je ne pardonnerai jamais à Pierre le Grand d'avoir obligé ses boyards à endosser le costume des Européens du XVIII° siècle.

Curieusement, ce costar cravate, en effet, résiste à tout. Je ne sais rien de plus déprimant, et pour moi de moins attirant, qu'un politicien ou un homme d'affaire en costar cravate. Quand à la politicienne en tailleur Chanel, eh bien disons qu'ils sont faits l'un pour l'autre...

Mais le Prédateur cosmique auquel l'article fait allusion aime justement à nous dégrader, à nous habiller comme des clowns, à nous ôter toute noblesse et toute beauté. Dès que j'ai pris conscience de ce prédateur, que j'appelais le diable, et des ravages qu'il opérait sur nous et par nous sur la Création, j'ai cru en son contraire, qui est Dieu et pris son parti contre lui, parce qu'il n'y a pas d'autre option... C'est l'un ou l'autre.     


https://nicolasbonnal.wordpress.com/2022/05/09/maupassant-et-le-horla-avenement-des-predateurs-aux-temps-technologiques/ 


Depuis que nous sommes sous l’emprise de ses prédateurs dépourvus d’imagination (Castaneda) ou de cette modernité techno-sulfureuse, le Temps est, comme je ne cesse de le dire immobile. Même la mode disait Debord n’a plus bougé  et ne bougera plus : costard-cravate. Et nous vivons dans un cercle d’informations abrutissantes et répétées. Debord :

« La construction d’un présent où la mode elle-même, de l’habillement aux chanteurs, s’est immobilisée, qui veut oublier le passé et qui ne donne plus l’impression de croire à un avenir, est obtenue par l’incessant passage circulaire de l’information, revenant à tout instant sur une liste très succincte des mêmes vétilles, annoncées passionnément comme d’importantes nouvelles ; alors que ne passent que rarement, et par brèves saccades, les nouvelles véritablement importantes, sur ce qui change effectivement. Elles concernent toujours la condamnation que ce monde semble avoir prononcée contre son existence, les étapes de son autodestruction programmée. »

2 commentaires:

  1. Pas d'accord avec Bonnal sur l'exemple du costard cravate. Il y a sans doute mieux à garder chez le situationniste Debord, qui a vieilli quand même un peu. Le costume n'est pas mort oui, mais qu'est-ce qui lui fait concurrence, et est en train en fait de le supplanter ? Des parodies indifférenciantes : le jean et le blouson de cuir, vêtements de travail, qui depuis les années 60 déguisent le patron en ouvrier (puis la femme en homme) alors que dans le même temps le jeune bourgeois nihilisé détruit tout sens de la tenue (dans tous les sens du terme) et de la décence ; puis ce fut les simili pantalons treillis militaires qui dans les années 90/2000 déguisaient les civils urbains dėvirilisės (alors qu'en France le service militaire était aboli, d'ailleurs) et les femmes endoctrinées par l'esprit "girl power", en semi personnages de jeu vidéo. Et maintenant le règne du "street-wear" a triomphé en matière d'élégance. Les bourgeois ont aligné durablement le canon de la beauté vestimentaire sur celle rappeur afro-américain. Le costard n'est pas l'ennemi, Bonnal date et se plante en reprenant ce qui est en fait un poncif gauchiste.

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    1. Je n'ai jamais été gauchiste et j'ai toujours détesté le costar. Ce n'est pas pour cela que j'aime tout ce que vous décrivez par ailleurs.

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