Hier soir, je recevais Sérioja, venu à Pereslavl, Katia et Dania, et je m'étais mise en frais, j'avais sorti la nappe brodée, l'argenterie de ma grand-mère et j'avais fait la cuisine. J'ai même allumé des bougies. Dans ma jeunesse, j'aimais recevoir mais je suis devenue assez cossarde. Nous avons passé une très bonne soirée, car on peut dire que j'ai des affinités avec chacun d'eux, l'atmosphère était chaleureuse, sans tensions, avec de gentils échanges de plaisanteries, et nous avons joué des gousli et de la balalaïka, ce qui est consubstantiel à Sérioja comme à Dania, encore plus à Sérioja, peut-être, parce qu'il est tombé dans la marmite lorsqu'il était petit. Mais Dania a avoué que la balalaïka l'avait sans doute sauvé, lorsqu'elle est arrivée dans sa vie compliquée. Il a composé sur moi et mes chats des tchastouchki que je me promets d'apprendre et d'interpréter. Les tchastouchki sont de petits épigrammes satiriques que les Russes improvisent quand ils dansent.
Huit chats dans ma maison
Dorment, mangent et courent,
Tous les coins, tous les recoins
Ils les explorent vraiment bien!
Sérioja était très ému de revoir mes deux chattes Chocha et Georgette, ces deux grand-mères ayant été témoins de ses soirées de jeunesse chez moi, rue Trifonovskaïa, dans les années 2000. Il a reconnu sur le tableau qui le représente, dans ma chambre, mon chat Picasso, mort depuis, qui faisait partie de ces réjouissances. Sérioja est presque quadragénaire et j'aborde le grand âge, celui qui est défini dans le psaume comme le terme de la vie humaine, le surplus n'étant que peines et douleurs...
C'est un fait que je me sens beaucoup plus à l'aise avec les hommes d'abord, et avec les jeunes ensuite. Maman non plus n'aimait pas tellement les femmes et pas tellement les vieux. Mais les vieilles femmes, surtout ici, sont souvent de vraies emmerdeuses autoritaires et donneuses de leçons.
Ils m'ont dit qu'ils s'étaient penchés sur mes chroniques, la veille, chez Katia, et se sont étonnés que j'eusse exprimé dès 2016 mon appréhension de la guerre que nous avons maintenant. Comment, pourquoi? Eux ne s'en doutaient pas. Et j'ai pensé à Xioucha qui m'a déclaré il n'y a pas longtemps: "Lolo, je dois vous demander pardon, vous avez parlé de tout cela pendant huit ans et je n'y prêtais pas attention, et je découvre maintenant toute l'horreur de ce qui se passe là bas". C'est que contrairement à ce qu'on raconte en occident, la propagande de Poutine etc... on n'en parlait guère plus en Russie qu'en Europe. Pourquoi? Une partie de la presse était entre les mains d'oligarques mondialistes pro occidentaux, et diffusait exactement le même catéchisme que le Monde ou Libération. En face, il y avait des chaines gouvernementales qui diffusaient, elles, la "propagande de Poutine", et des chaînes conservatrices, comme Tsargrad. On pouvait au moins faire une moyenne, mais dans les milieux bobos, qu'on appelle ici "bohêmes", il était de bon ton d'être contre l'autorité en place et pro européen, seule la populace imbécile pouvait croire la presse gouvernementale ou traditionnaliste, ce qui n'est pas sans rappeler ce qui se passait au moment de de Gaulle, et comme au temps de de Gaulle, le gouvernement hésitait à taper du poing sur la table pour ne pas avoir l'air d'être répressif et peut-être parce qu'il sous-estimait l'impact de cette meute de chacals distingués aboyant à ses chausses. C'est d'ailleurs après avoir observé ce fait que j'ai du mal à croire dans l'implication de celui-ci dans les meurtres de la journaliste et du politicien qui servent essentiellement à alimenter, en occident, la propagande anti Poutine, ce que ce dernier a d'ailleurs lui-même fait observer: pourquoi ceux-ci plutôt que les autres, tout aussi remontés contre lui? Je me souviens que les émissions de Mikhalkov, qu'on accuse d'être à la solde de Poutine, ont été interdites par la chaîne qui les diffusait. Parce que le patron de cette chaîne ne souhaitait pas voir démasquer les intrigues antirusses de l'opposition libérale, ses liens avec Soros, le gouvernement américain et toute cette caste qui nous a menés où nous en sommes. Des libéraux qui discréditent le milieu intellectuel et justifient a posteriori, pour les nostalgiques de Staline, les répressions aveugles et féroces des années 30.
Au moment de la Perestroïka, j'ai cru à la grande réconciliation des deux Europe, qui était dans nos intérêts réciproques, matériels, culturels, spirituels, mais j'ai vite déchanté. J'ai compris dès la première guerre d'Irak que nous étions arrimés à l'empire anglo-saxon et que nous n'avions aucune autonomie, car nous n'avions aucun intérêt national à nous engager dans cette aventure. De plus, j'ai observé pour la première fois l'ampleur, l'impudence, l'absurdité d'une propagande énorme et unilatérale, j'étais obligée d'aller chercher des infos sur radio Courtoisie, qui ne diffusait alors que sur Paris. La suite n'a cessé de me prouver que ce que je constatais était vrai: la honteuse intervention en Serbie, la honteuse intervention en Irak, la catastrophique intervention en Libye, puis la Syrie, et évidemment le maïdan et l'Ukraine. Quand je travaillais à Moscou, j'avais toujours un peu peur d'être coincée par la guerre que je sentais venir, soit en France, soit en Russie. Elle ne me paraissait pas encore imminente, mais plus que probable. Tout me semblait aller dans ce sens, la façon dont on travaillait la pâte des ex républiques avec le levain de la discorde, de la haine, de la cupidité, des plus vils instincts de revanche et la quête d'un bouc émissaire pour des péchés largement partagés par tous. Dès 2014, et même un peu avant, quand j'ai entendu cette conversation de Timochenko exhortant à vitrifier le Donbass, fin 2013, j'ai su que cette guerre devenait inévitable parce que l'occident la voulait, parce qu'il voulait la peau de la Russie, et avait aussi des desseins particuliers sur l'Ukraine, d'ordre mafieux mais pas seulement. Le silence, la malhonneteté des médias, pires encore que du temps de l'Irak, ont achevé de m'inquiéter et de m'écoeurer. Aussi, on peut dire que le conseil insistant du père Placide est tombé sur un terrain déjà bien préparé.
J'ai expliqué cela à mes trois copains, et d'une manière plus compétente et plus documentée, Asselineau l'explique aux pauvres dupes qui, en France, ne voient toujours rien, dans cette vidéo. Après l'avoir regardée, j'ai décidé que je voterai pour lui le prochain coup. Je l'ai mise sur les réseaux à l'intention des susnommés qui viennent sautiller dans mes fils de commentaires, comme les étudiants manipulés de la place Maïdan, et trouvent les croix gammées ukronazies purement symboliques. (symboliques de quoi, de nos jours? Quand la jeune gilet jaune défigurée par les flics de Macron en a tracé une sur le sable d'une plage, on ne s'est pas demandé si c'était un symbole solaire, on l'a immédiatement traînée dans la boue...) Mais Asselineau n'est pas sérieux, n'est-ce pas? S'il était sérieux, il serait soutenu par Soros, Bill Gates, Rothschild ou quelque milliardaire français tout aussi pourri? Il aurait à son service tous leurs chacals médiatiques?
Je citerai pour finir le Saker, à propos de l'acte terroriste impudent commis sur Nord Stream, et qui devrait ouvrir les yeux les plus rhédibitoirement fermés:
...il est maintenant évident que les Anglos ont décidé de détruire l’Europe. L’Europe accuse la Russie en dépit des menaces de Brandon et de l’orgasme collectif polonais et du « merci les USA ! » que les Russes ont qualifié de « réaction hystérique-euphorique à la limite de la folie« .
Franchement ? Je pense que l’Allemagne et le Banderastan croupion méritent pleinement et richement un tel voisin. Bien du plaisir !
L’incapacité des Européens à mentionner qui est le coupable évident signifie que le bouton de douleur de l’UE devra être réglé beaucoup plus haut avant que ces lemmings délirants et veules ne reviennent à la réalité. Au lieu que l’Ukraine devienne l’Europe, l’Europe est devenue l’Ukraine.
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