Je me suis souvenue qu’il fallait remercier les cosaques de Pereslavl d’avoir emporté l’icône du miracle de saint Michel à Khonekh, au père Nikita, qui me l’avait commandée, et j’ai fait parvenir à Tania, qui recueille l’aide humanitaire, une photo de ce dernier, avec l’icône. Elle m’a répondu que c’était elle et ses cosaques qui me remerciaient de leur avoir fait connaître cet homme merveilleux. Il les a reçus à bras ouverts, leur a fait de la musique, et tel que je le connais, a dû leur conter avec talent toutes sortes de choses. Le garçon qui a remis l’icône veut à présent faire connaissance avec moi, quand il sera de retour de sa mission. Je lui ai dit que j’en serais ravie. Le père Nikita, dans la foulée, est passé à la télé locale, avec son icône, et ses récits, que je devine colorés, sur l'auteur, la Française de Pereslavl.
J’étais heureuse et émue, je
me souvenais tout-à-coup des raisons qui m’avaient amenée ici. Quoiqu’à vrai
dire, on ne puisse pas parler de raisons, c’est plutôt de l’ordre du destin, peut-être de la vocation. Et
je pensais que j’avais obéi à la volonté de Dieu, qu’il fallait continuer à le
faire, qu’il fallait enfin le faire tout à fait, me confier à Lui, me remettre
entre ses mains, comme un petit enfant à son père. C’est vrai qu’il n’est pas
toujours facile d’être loin de son pays quand on le voit sombrer, et qu’on
souffre de ne pas voir sa famille. Mais l’un et l’autre aussi, il faut les
remettre à Dieu.
Il fait moins froid, mais il tombe des tonnes de neige, on se croirait en février, tempêtes de neige les unes après les autres. C'est très joli, immaculé, étincelant, poudreux, les rues ressemblent à une moquette de velours, et si l'on tombe, tout est si moelleux que même les vieux ne risquent pas grand chose. Seulement, si tout cela commence à fondre et à regeler... Je déneige tous les jours, heureusement que c'est léger, tout ça. Je regarde mon jardin endormi sous les congères, les traces desséchées des fêtes florales, et les nombreux oiseaux qui passent et repassent, autour de la mangeoire, dans la cage ajourée du poirier squelettique, lui faisant une sorte de floraison duveteuse et mouvante. Grâce à la neige, le jour pâle et bref s’irise, et sa couverture nuageuse s’imbibe d’une sorte de phosphorescence rose. Si je n’avais pas de problèmes de sinusite, j’apprécierais ce froid vif et cet univers de cristal. J’ai sorti, avec ma voisine Ania, mon pauvre tapis martyrisé par les chats pour le nettoyer dans la neige. Je l’ai laissé toute la nuit, et le matin, je l'ai dégagé. En effet, les couleurs semblent ravivées
Un chat vient gratter pour déterrer les fonds d'écuelle de ma ménagerie, que je jette parfois pour les corneilles, quand je veux nettoyer. Il est affamé, et je le regarde avec consternation. Je ne veux pas d'autre chat, surtout pas. Mais le voir gratter pendant des heures pour exhumer trois vieilles croquettes ou un croûton... Il est assez sauvage et s'enfuit dès que je sors.
Le livre de Voznessenskaïa recoupe
les récits du père Seraphim Rose et d’autres spirituels orthodoxes sur les
péages et les démons à l’affût, or ce n’est pas que je ne crois pas aux démons,
chaque tour que je fais sur internet me confirme leur existence, mais j’ai du
mal à me faire au côté juridique de tout cela. Je sais naturellement qu’on
exprime ces choses comme on le peut, avec des références à ce que nous
connaissons. Ce que je trouve le moins convaincant dans cet excellent livre, c’est
le paradis, un paradis où les gens inventent des papillons, prennent le thé
dans des maisons meublées de leurs souvenirs, où la neige des sommets a le goût
de la glace à la vanille. Cependant, je me souviens de ce que m’avait dit Olga
Asmus : on a le paradis qu’on se fait. J’avais un jour rêvé de ma
grand-mère morte, elle était dans sa cuisine, où tout était transfiguré et
lumineux. Et le Christ lui-même dit qu’il y a plusieurs maisons dans la maison
de son père. Il se peut que là bas comme ici, les choses soient à notre mesure.
Les expériences de grâce que j’ai eues me laissaient à penser que là bas, c’était
complètement autre chose, que cela n’avait rien à voir avec ce que nous
connaissions. C’était presque inquiétant, bien que je n’eusse jamais ressenti
une telle paix et une telle béatitude, peut-être pas inquiétant mais plutôt étrange et dans tous les cas, indicible.
J’ai commencé à disposer les
ornements de Noël, c’est vraiment chez moi une manie, car n’ayant pas de
famille, cela n’a pas beaucoup de sens, sinon de me rappeler que je suis seule.
J’ai été souvent si frustrée de ne pouvoir préparer toute cette magie pour des
enfants... quand j’étais à l’école, dans une certaine mesure, mais on y faisait
la chasse aux anges, peut-être que maintenant, on n’a même plus droit aux
étoiles ni aux sapins.
Surtout continue ! C'est bon pour toi et pour le Ciel, il n'y a p
RépondreSupprimerOh dommage, il manque la fin!
SupprimerUn petit exemple , afin de convaincre tout un chacun qu'il ne faut pas dételer , malgré les maux et la lassitude .J'ai une maladie grave qui peut encore me faire durer 10 ans , ou 1 mois . On sait pas .Ma passion depuis au moins 40 ans , c'est le chant choral . J'ai même fait un peu de direction . Et voilà que maintenant , je me sens trop fatigué .J'ai même fait un malaise en pleine répète ; ma chère épouse me dit de ne pas arrêter , le toubib aussi . C'est comme le vélo . Si t'arrêtes de pédaler ou du moins , d'avancer , tu tombes . Je vais donc me rallier à ces bons conseils . Le "Ciel" , comme dit Confucius , y trouvera bien son compte.
SupprimerOui, ils ont sans doute raison, et c'est ce que je fais aussi. Dans une certaine mesure, j'ai aussi une espérance de vie déjà pas mal restreinte, ma maladie s'appelle la vieillesse. Et avant de devenir mortelle, elle est de plus en plus invalidante. Mais je crois que c'est Clint Eastwood qui conseille de ne pas "laisser entrer le vieil homme". En même temps, il faut aussi apprendre à s'économiser et à tenir compte de ses capacités.
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