Translate

samedi 15 mars 2025

Le vent se lève

 


Dany est revenue de Paris noire comme de l’encre de Chine : la France est foutue, la France est mourante, ce que m’annonçait d’ailleurs le père Placide quand il me renvoyait en Russie, et je me souviens que Cécile, lorsque nous nous promenions à travers les pinèdes et les vergers du Gard, me disait : « Tout est si beau ici, et pourtant dans le calme qui nous entoure, je ressens parfois quelque chose de menaçant, une immobilité mortelle. »

Les Français lui paraissaient partout d’une gentillesse et d’une politesse désarmantes, comme s’ils s’excusaient de vivre encore chez eux, et puis mal attifés, accablés par des sacs-à-dos qu’ils portaient tous comme le symbole de leur asservissement, les rares femmes élégantes qu’elle croisait étaient des étrangères, des Ukrainiennes ou des Russes, la ville était couverte d’affiches de pubs ou de rééducation pédagogique qui s’adressent à des débiles mentaux, il n’y avait plus aucune vie, tout était morne. Le taxi qui l’amenait à l’aéroport, un indépendant, lui exposait ses problèmes quotidiens, il était écrasé de taxes, persécuté par les règlementations et ne pouvait plus travailler normalement. A son arrivée à Moscou, elle a été tout-à-coup sidérée par l'énergie que dégage la capitale russe par rapport à la capitale française, c'est une chose que je ressens moi-même depuis bien longtemps. Au récit qu’elle me faisait de son voyage, je trouvais beaucoup d’analogies avec les descriptions que me donne de temps à autre mon correspondant grec Panagiotis de son propre pays et qui me tirent des larmes. Il me revenait une pensée que j'avais eue il y a déjà longtemps: en Russie, le bien et le mal se font la guerre, en Europe, c'est la paix des cimetières...

Pendant ce temps, les Serbes se soulèvent, et ils se soulèvent avec beauté et panache, en chantant des chants de leur pays, et pas des nunucheries américanoïdes, je regardais leurs visages simples et émouvants, leur fraternité, avec nostalgie et amour, et je les bénissais de rester eux-mêmes, de ne pas vouloir devenir comme nous. Même chose pour les Roumains, qui ont compris qu’on les menait à l’abattoir, comme du reste les Géorgiens, et à mon avis les Bulgares, les Slovaques et bien sûr les Hongrois. Il est évident que les pays de l’est ont moins souffert, moralement et intellectuellement, du communisme que nous du cocopitalisme libéro-trotskiste qu’on nous installe depuis les années soixcante-dix.

https://www.facebook.com/reel/670866302291483

La gauche a toujours été chez nous infiniment stupide, du moins depuis que je suis en âge de me heurter à elle, le problème est que la droite est devenue tout aussi bête. Je m’en suis voulue d’avoir voté Sarkozy, sous l’influence familiale, je m’en mordais déjà les doigts jusqu’aux coudes une semaine plus tard, et j’ai ensuite régulièrement voté le Pen par la suite, jusqu’aux législatives où j’ai opté pour Asselineau  et m’en tiendrai désormais là.  Aujourd’hui, je me dis que voter Sarkozy ou le Pen cela n’avait et n’a plus aucun sens. C’est du pareil au même.

Sur facebook, un certain bishop Elias édite des textes d’une grande spiritualité, j’ai l’impression qu’il est copte. Je viens de voir un prédicateur russe marteler que nous devons apprendre par coeur les psaumes et l’évangile durant le carême, et comment dire, cela ne fait sans doute pas de mal, mais moi, de toute façon, je mémorise de moins en moins, et puis ce discours injonctif ne me touche pas vraiment.

Dans les moments les plus sombres de notre existence, lorsque tout semble s'effondrer autour de nous, il arrive que la seule certitude qui demeure soit celle de notre propre vulnérabilité. L'apôtre Paul, dans son épître aux Romains, évoque avec profondeur cette réalité : "l'esprit lui-même intercède pour nous par des gémissements ineffables" (Rom 8,26). Dans ces instants de fragilité, où les mots semblent futiles et le mouvement superflu, il peut sembler juste de rester immobile, d'attendre, de se retirer dans le silence.

Cette immobilité n'est pas à confondre avec l'inaction ou la résignation. Au contraire, elle est une forme de prière, un acte de foi pur. Loin d'être un abandon, elle est une reconnexion à notre essence profonde, à ce que signifie être humain dans toute notre complexité. Quand les luttes quotidiennes semblent insurmontables, il est parfois nécessaire de s'accorder le temps de ressentir, de pleurer et de se laisser porter par des pensées inexprimées.

Attendre Dieu dans cette fragilité, c'est reconnaître que notre esprit, souvent cacophonique, a besoin de se taire pour entendre l'intercession divine. Les "gémissements ineffables" peuvent être interprétés comme ces élans de notre âme qui, malgré le tumulte, portent en eux une voix silencieuse mais puissante. Ce langage de l'âme, qui échappe aux mots, témoigne de notre désir d'union avec le divin, d'une intimité qui transcende nos douleurs et nos peurs.

Dans cette posture d'attente, nous découvrons que la fragilité n'est pas une faiblesse, mais une ouverture. Une ouverture vers la grâce, vers la transformation. Dans le silence, l'esprit murmure des promesses de réconfort, et se révèle présence. À travers nos larmes, nous pouvons apprendre à faire confiance à ce qui dépasse notre compréhension, à cette force mystérieuse qui nous soutient même quand nous avons l'impression d'être perdus.

Attendre Dieu, c'est donc embrasser notre humanité dans toute sa splendeur et sa fragilité, pour finalement laisser son amour opérer au coeur de notre souffrance.

Bishop Elias votre serviteur.

Ces paroles sont un véritable baume, un précieux moment de répit dans la sarabande d'horreur et d'ignominie qui se déchaîne partout. Une porte dérobée qui s'ouvre.

Notre lien le plus intime avec Dieu : la respiration, par Bishop Elias.

La respiration, ce simple acte vital que nous effectuons de manière automatique, le " cela respire en moi" revêt en réalité une profondeur spirituelle qui nous relie à notre Créateur. Dans de nombreuses traditions spirituelles, la respiration est perçue comme un souffle sacré, une connexion directe entre l'humain et le divin. Lorsque Dieu expire, l'homme, par son inspiration, reçoit l'haleine de vie. Ce don précieux, souvent pris pour acquis, devient alors un symbole de notre communion avec l'Esprit.

Chaque inspiration est bien plus qu'un simple mouvement physique ; elle constitue un acte liturgique, une forme de prière silencieuse. Lorsque nous respirons consciemment, en pleine présence, nous nous engageons dans un dialogue avec Dieu. Ce moment d'intimité se révèle un puissant rappel de notre dépendance à cette source de vie. À chaque respiration, nous reconnaissons que nous sommes soutenus par quelque chose de plus grand que nous, une force qui transcende notre compréhension et nourrit notre être.

Prendre le temps d'observer notre respiration, d’en ressentir le rythme et la fluidité, c'est aussi s'accorder une pause dans le tumulte de la vie quotidienne. Cela nous permet d'accéder à un état de sérénité et de gratitude, rendant hommage à cet acte sacré. En ces instants privilégiés, nous pouvons méditer sur la grandeur du monde qui nous entoure et sur la beauté de la création.

Il est fascinant de constater à quel point, souvent, nous oublions de respirer pleinement. Pourtant, en cultivant la conscience de notre respiration, nous pouvons établir un rapport plus profond avec notre essence divine. Chaque souffle devient une opportunité d'élever notre esprit, de nous recentrer sur l’instant présent et d’éprouver notre connexion à la vie.

Reconnaître notre respiration comme un acte liturgique nous invite à honorer ce lien intime avec Dieu. En inspirant, nous accueillons la vie ; en expirant, nous la partageons. C'est dans cette danse Trinitaire , cette spiration que nous trouvons notre place dans l'univers, en perpétuelle communion avec le divin.

Bishop Elias votre serviteur.

C'est déjà un peu ce que je fais, assise sur ma terrasse l'été, devant mes fleurs, quand la radio et la mobylette ne viennent pas me court-circuiter les neurones... 

Quelques mots :

Pendant ce Carême, suivons le prophète Élie dans notre désert intérieur, par Bishop Elias.

Le Carême est un temps de réflexion et de purification, une invitation à plonger au plus profond de nous-mêmes. Cette année, pourquoi ne pas choisir pour compagnon de route le prophète Élie, figure emblématique de la spiritualité judéo-chrétienne ? Élie, homme de Dieu, a connu des moments de solitude, d’angoisse et de lumière. Sa quête spirituelle résonne avec notre propre voyage intérieur.

Élie a fui vers le désert, un lieu à la fois redouté et sacré où se rencontrent l’absence et l’abondance. Dans cette ambiance de retrait, il a pu dialoguer avec Dieu dans le silence. Ce silence, c’est aussi celui que nous cherchons, loin des distractions de notre monde moderne. Pendant ce Carême, engageons-nous à créer cet espace vital, propice à l’écoute de notre intériorité. Élie nous rappelle que, parfois, dans les tempêtes ou les feux, Dieu ne se révèle pas de manière explosive, mais dans le murmure d’un souffle léger.

Partons alors dans notre propre désert intérieur. Laissons de côté les préoccupations du quotidien, les bruits incessants qui saturent nos esprits. Accordons-nous des moments de prière, de méditation et de contemplation. Comme Élie, prenons le temps d’explorer nos peurs et nos désirs, de mettre en lumière nos doutes. C’est là que l’ineffable s’offre à nous, dans les méandres de notre âme.

Au fil de ces quarante jours, cultivons la patience et la bienveillance envers nous-mêmes. Élie a su faire preuve de résilience et de confiance en la bonté divine, même dans l’adversité. Apprenons à accueillir nos fragilités comme autant d’occasions de grandir. Nous pouvons alors espérer rencontrer l’ineffable, ce trésor caché au fond de nous, qui nous guide sur le chemin de la paix et de la joie.

Engageons-nous à suivre Élie dans notre désert intérieur, dans la promesse d’une rencontre authentique avec nous-mêmes et avec Dieu. Que ce temps devienne nos premiers pas vers notre transfiguration et notre résurrection ... selon la volonté de notre Dieu.

Amin.

Bishop Elias votre serviteur.

Ceci me rappelle un peu l'homélie du père Elisée, à Solan, en 2017, que j'avais trouvée si réconfortante. Et nous avons, avant tout, grand besoin d'être réconfortés...

 J’ai vu aujourd’hui le médecin, après analyses de sang, qui sont normales, mis à part que je reste anémique et j’ai un déficit léger de je ne sais plus quoi qui agit sur la coagulation du sang, mais tout cela devrait passer, Elena Petrovna l’assure avec sérénité. Pas de carême alimentaire, dit-elle, pas compatible avec l’anémie. Mais cela fait un moment que je ne m’y retrouve plus avec les interdits alimentaires, car j’en ai parallèlement de thérapeutiques, ou de prophylactiques, et les lectures machinales, ce n’est pas mon truc non plus. Or voilà qu’arrive l’évêque Elias, avec ses messages lumineux et paisibles largués dans le tonitruant maelstrom de Facebook. Ce soir, je suis partie me promener un peu. Car si pendant deux mois après mon opération je ne sentais pas une grande amélioration, je suis sidérée par ce qui se passe à présent. Je fais le jardin sans problème, je descends l’escalier sans y penser. Enfin, je tiens la rampe, à mon âge, il vaut mieux, mais je mets en jeu mes deux jambes, au lieu d’appuyer sur l’une pour traîner l’autre. Et tout de même, j’ai souffert si longtemps, je me souviens avoir fait des infiltrations d’acide hyaluronique sans grand succès, en France. Evidemment, c’était le ménisque le problème, et personne ne l’a vu ? Le docteur Simakov m’a tâté le genou deux minutes : « Ca vous fait mal quand vous montez ou descendez l’escalier ? 

- Quand je descends...

- Opération une demie-heure, trois jours d’hopital. »

Il ne m’a même pas changé le ménisque, il l’a juste remis en place en sifflotant, et je marche. 

Donc, j’ai décidé qu’il fallait marcher, et je suis allée faire un petit tour dans le marécage. J’ai lu mes prières de communion face au lac et au soleil qui descendait comme une croix sur sa surface bleu marine. Puis j’ai lu un cathisme des psaumes, et lorsque je suis arrivée à la fin, le vent s’est levé, léger et frais. C’est étrange, mais très souvent, quand je lis des psaumes dans la nature, et aussi quand je joue des gousli et que je chante, le vent se lève. Et j’étais là, debout sur l’herbe brûlée par le gel, et ressentais une grâce que ne me donnent pas les lectures lorsque je me les assène pour remplir le contrat. C’était comme l’écho céleste des paroles de l’évêque Elias. C’était une nouvelle direction donnée à mon carême et peut-être à ce qu’il me reste de vie, savoir s’il ne m’en reste pas davantage que je ne le pense ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire