Je suis allée me promener, par un temps venteux, il y avait du soleil, de la douceur, et des nuages colossaux et légers. J’ai fait deux pastels, et rencontré un troupeau de chèvres et sa gardienne. Au retour, j’ai vu un vieux chien noir, près de sa maison brûlée, et constaté qu’il y avait avec lui un chat, sans doute abandonné en même temps que lui. Ils attendent le retour de leurs maîtres; qui les ont laissés près de la maison fantôme, et n’accordent pas un regard aux passants, si amical soit leur comportement. Ils attendront jusqu’à la mort ceux qui les ont laissé tomber. Les voisins les nourrissent, mais j'ai beaucoup de mal à supporter ce genre de choses, cela me blesse en permanence.
J’avais répercuté une info concernant de très jeunes filles que les génocidaires de l’OTAN envoient à la boucherie par l’intermédiaire de leur compradore crochu de Kiev. Et je vois en commentaire : « honte à Poutine ! » C’était un orthodoxe que je connais depuis des années. Je suis atterrée de voir pas mal d’orthodoxes français rester complètement et incurablement imprégnés du gauchisme hagard de leur jeunesse post-soixante-huitarde. A l’époque, j’étais facho parce que j’étais anticommuniste, et maintenant, je suis facho parce que je suis prorusse, mais les vrais fachos sont à Kiev, à Bruxelles et aussi à Tel-Aviv, ce qui concerne également toutes leurs satrapies de « l’Occident collectif »...
Bien entendu, ce public ne veut rien entendre des persécutions contre l’Eglise en Ukraine, c’est une Eglise « soviétique », n’est-ce pas ? Le métropolite Longin tabassé, le métropolite Arséni emprisonné depuis un an et demie, c'est bien fait pour eux. Pourtant, c’est pour moi très clair, les méthodes à l'oeuvre rappellent les pires moments du bolchevisme en plein essor. Ce qui est amusant, si on peut dire, c’est de voir la fusion du trotskisme avec le nazisme et le grand capital mafieux. Mais tout le monde ne le discerne pas, les gens continuent à fonctionner selon les schémas du siècle dernier. L’Europe infectée par ces délires idéologiques entretenus savamment sombre dans cette espèce de vilenie enragée propre aux médiocres parvenus. Ces intellectuels de broussailles et ceux qui les ont formés et manipulés entraînent tout le monde vers une guerre dont le populo ne veut pas, mais le populo est désormais en minorité chez lui.
On nous prédit la guerre à grande échelle de façon imminente, et l’UE fait tout pour cela. Mais on nous annonce que l’Europe sera prête en 2030; et en attendant, alors, qu'est-ce qu'on fait ? C’est juste la répétition, ce qui se passe ? Trump et Poutine vont se rencontrer à Budapest. Ils ignorent l’UE et ses parrains, bien qu’ils aient sans doute les leurs, enfin en tous cas Trump.
Nicolas Bonnal m’écrit que
je vis en enfer, à la suite de ma dernière chronique, où j’évoque les
maisons horribles et la « mise-en-valeur » de la berge de la rivière
Troubej. Cependant, Anne-Laure me dit de son côté que la France est de plus en plus enlaidie.
Je crois que nous vivons tous en enfer. Nous sommes de plus en plus contrefaits
intérieurement, de sorte que nous défigurons tout à notre image, qui est celle du diable auquel nous nous donnons, nos propres corps et notre
environnement. Cependant ici, nous sommes nettement plus libres, et beaucoup de
structures mentales humaines restent encore intactes. Et puis il y a l’Eglise.
Ce matin, j’ai dû, comme d’habitude, me pousser pour aller à l'office, mais je sens que
cela me soigne l’âme. Je suis réconfortée par la liturgie, la communion, le
petit mot de l’évêque, la bonté discrète du père Alexeï à la confession, la
gentillesse des vieilles paroissiennes, la chaleur humaine de Natacha, la
vendeuse de cierges...
Slobodan développe toute une
réflexion sur Halloween, les tatouages et les symboles. Le bazar macabre et
satanique plaît aux enfants, et puis ce n’est jamais que du commerce, il ne
faut pas en faire un drame, même si nous le ressentons comme encore une marque
de plus de notre colonisation. On se tatoue n’importe quoi sur le corps, mais c’est
la mode, et puis un diable cornu, quand on n’y croit pas, ne fait de mal à
personne. Mais est-ce vraiment sans y penser, sans accorder aucune importance
au contenu, que l’on choisit de se déguiser en diable, et l’on sait que certains
se ravagent complètement l’apparence en ce sens, se faisant pousser des cornes,
raboter le nez, se modelant à l’image des diables qu’on voit ricaner sur les
fresques médiévales du Jugement Dernier ? Il se pose la question, et si les
gens concernés ne sont pas conscients de grand chose, moi, je suis certaine que
cela n’est pas par hasard. D’ailleurs, si on ne voit en tout cela qu’un
folklore innocent, pourquoi interdire d’autre part les croix, les crèches et
les arbres de Noël ? Pourquoi laisser aux démons la place que l’on n’accorde
plus aux anges ? Il fut un temps, c’était
la mode des têtes de mort, on en mettait partout, j’en voyais sur les
tee-shirts de gosses en classe, sur les vêtements et les accessoires des ados comme des grands-mères dans le métro,
c’était totalement obsédant, et cette marée de crânes fièrement ou
machinalement arborés par des centaines de gens me paraissait tout-à-fait
sinistre. Je suis convaincue que tout symbole et même toute forme a sa charge
mystique ou magique. Les paysans russes portaient sur eux des symboles solaires
de fertilité, leurs descendants se décorent de crânes et de personnages
maléfiques. Pour ce qui concerne Halloween, certes, il y a derrière cette fête
imposée une opération commerciale et une politique d’invasion culturelle, mais
derrière ces raisons évidentes, quand on est fait comme moi, on devine des
prolongements beaucoup plus inquiétants.
Après, j’ai vu un post d’une
femme qui a déménagé dans le Limousin et filme son ravissant village,
authentique, provincial, ses fleurs, son art de vivre. Une femme âgée qui parle
avec émotion et finesse. Je pensais que j’aurais pu finir mes jours dans un
cadre analogue, à Saint-Laurent-la-Vernède. Mais il faut pouvoir s’abstraire de
tout le reste, et se contenter de la contemplation solitaire de ces lieux en sursis dans
la tourmente, dont je ressentais l’immobilité déserte, comme des coquillages vides, rejetés sur la berge. Et les amis que j’ai
laissés là-bas ne trouvent pas cela toujours simple. En quelque sorte, l’enfer
russe ne me paraît pas aussi sans issue ni aussi trompeur que le paradis
français qui survit seulement en certains coins de province, pour combien de temps ?
La Russie défigurée reste vivante, elle a des ferments de renouveau, et des
éléments de tradition qui résistent, et puis pour l’instant, son gouvernement
ne veut pas sa mort.
Dany me parlait des bistrots
parisiens, au petit matin, de leur lumière dans la nuit, de leur odeur de café
et de viennoiserie. J’ai toujours aimé les bistrots moi-même, et la première
fois que je suis venue à Moscou, dans les années soixante-dix, je me suis
étonnée de n’en trouver aucun, je ne voyais que des restaurants ou des
cantines, pas moyen de juste s’asseoir pour prendre une petite consommation en
regardant le mouvement des rues, ou en attendant un copain. Les Russes n’ont
pas la culture du bistrot. Si je vais beaucoup au café la Forêt, c’est parce
que justement, entre deux courses, on peut faire une pause sans commander
tout un repas, et rencontrer des gens que l’on connaît, des gens que l’on ne
connaît pas, discuter avec le patron, et puis aussi donner rendez-vous à quelqu’un
pour une entrevue. J’ai pensé à la chanson de Fréhel : « Où est-il
mon moulin de la place Blanche, mon tabac et mon bistrot du coin ? »
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