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dimanche 11 juillet 2021

Davai


 Mon séjour à Kourmych tire déjà à sa fin. Je me suis encore baignée dans la Kourmychka. Je voulais y aller hier soir, mais j'ai entendu de loin des cris et du rap et j'ai rebrousse chemin, j'ai une horreur pathologique du bruit et de la musique de merde. Ce matin, silence surnaturel, juste le vent, et personne, juste l'espace et quatre hérons, je n'en avais jamais vu de si près. Je pouvais entendre le bruit feutré de leurs ailes. J'ai dessine la "belle église", la seule qui soit encore entière à Kourmych. Il y en avait une quatrième, du XIV siècle, et celle-ci a été dynamitee par les communistes. À noter ce que mon évêque, monseigneur Theoctyste, a remarqué chez nous, à Pereslavl, s'il y a deux monuments à ruiner, ce sera toujours le plus ancien qui y passera en premier. Le crétin nuisible déteste viscéralement le moyen âge, qui va avec la religion, la paysannerie et la tradition, en un mot avec le cosmos. Chez nous en France, c'est notre Dame qui a brûlé, et pas Versailles.

D'après Genia, si toute cette région est à ce point magnifique et intacte, avec toute une faune préservée, c'est que c'est le parc de loisir des huiles de Nijni Novgorod. Peut-être faut-il désormais aller vivre dans les régions sinistrées, comme Tchernobyl, ou bien la où les féodaux mafieux s'organisent leurs petits paradis, s'ils tolèrent encore quelques sous-hommes dans les ruines de ce qui fut.

J'ai fait un petit récital à Genia et à Sacha, Genia me trouve plus russe que les Russes. Nous étions allés tous trois voir Alexandre, qui fait du bois sculpté. Sa maison est perchée sur un  coteau, avec une vue superbe sur l'horizon déployé et les coupoles de la "belle église" mais son intérieur est comme d'habitude d'un kitsch total. Il est extrêmement gentil. Un couple est arrivé, des gens de Nijni. Profondément méfiants envers toute l'affaire Covid, sa propagande et ses vaccins. Ils meditent le retour à la terre dans leur maison de campagne.

L'émission de Yann Sotty sur moi est sortie. La voici pour mes amis français. 










samedi 17 octobre 2020

Balalaikers

 Au moment de quitter Gorokhovets, un chat que j'avais vu la veille et le matin à la porte du café ou nous avons pris nos repas, et où manifestement on ne le laissait pas rentrer, s'est jeté en miaulant désespérément à notre rencontre. Il serait même monté dans la voiture. Je suis sûre qu'on l'a abandonné et cela m'a tellement affectée que j'y ai pensé pendant tout le voyage. Je ne peux pourtant pas recueillir tous les animaux que je vois, et les miens sont manifestement trop nombreux, ils en souffrent, et moi aussi. Cependant, je me souviens de cas où j'ai passé outre, dans ma vie, et qui me poursuivent encore.

J'ai fait les 200 derniers kilomètres avant Oulianovsk de nuit sous la pluie battante. Plein de travaux, des circulations alternées à répétition, je n'en pouvais plus. Je me disais que tout de même la Russie est un pays spécial, me serais-je lancée en France, depuis Avignon jusqu'à Dunkerke pour assister à l'ouverture d'un musée ?

Je me suis retrouvée dans un super hôtel, avec un restaurant délicieux. La ville semble agréable, le climat aussi, plus lumineux que chez nous. Tout est propre, calme et ne respire pas du tout le délabrement ni la misère. Le musée de la balalaika est situé dans une rue ancienne, une maison de briques, il consiste en deux grandes pièces que mes copains ont très bien arrangées, c'est fait avec goût et simplicité, c'est clair et gai. Avec quelle émotion je les ai retrouvés.... Combien ils m'ont manqué. Cela valait le coup de faire 850 km. 

Serioja est toujours aussi drôle mais plus serein, plus mûr, il a trouvé sa voie, il est dans son élément. Il est entouré de toute une équipe de musiciens et d'artisans qui s'entendent bien, qui sont pleins d'enthousiasme. Aucune prétention, aucune affectation, tout dans la sincérité. Serioja et Genia, transportés par le bonheur d'avoir atteint leur but, se sont embrassés et Genia en a même pleuré d'émotion. À la fin des congratulations et des discours d'inauguration, Serioja a commencé à parler de moi, de l'extraordinaire Française Laurence Guillon qui jouait pour eux le rôle d' inspiratrice et m'a donné le micro. J'ai évoqué la période 3D de ma vie, quelquefois fatigante mais si joyeuse, de mon engouement pour le folklore et de l'importance qu'on devait lui accorder dans l'éducation des enfants et les politiques culturelles. "Si vous souhaitez restaurer et entretenir l'esprit et l'âme russe, pratiquez votre musique, sous sa forme authentique, le musée de la balalaika peut vous en fournir l'occasion. Ceux qui pratiquent leur folklore sont plus heureux que les autres, ils n'ont plus besoin de drogue, ni d'alcool, encore que pour l'alcool, je ne suis pas trop sûre, pour ce qui est de la vodka, elle s'y associe souvent, ça je l'ai vu, mais bon, au moins, la vodka, c'est russe ! "J'ai expliqué comment j'étais venue à tout cela, comment j'avais rencontré la fine équipe. Serioja a raconté ensuite:" Sans cette Française, je serais mort, car imaginez-vous que je me suis retrouvé un jour, dans la rue, on m'avait cassé la gueule et dévalisé, je ne savais plus où j'étais et tout à coup, je vois un immeuble qui m'est vaguement familier, je me rends compte que c'est celui de Laura, j'envoie des cailloux sur sa fenêtre et elle me recueille au milieu de la nuit....

- Ah ça, je m'en souviens ! me suis-je exclamée. Mais je n'ai pas osé en parler ! "

À Oulianovsk, au musée de la balalaika, on se sent loin des jeunes beautés assassinées par des brutes vicieuse, des professeurs d'histoire décapités par des tchetchenes, des politiciens pourris, français et russes, et des torchons qu'ils nous collent sur la gueule pendant qu'ils nous font les poches, ravagent nos pays et nous privent de nos derniers droits et de nos dernières joies. Il y a bien quelques masques qui traînent, mais nous sommes tombés dans les bras les uns des autres sans peur ni complexes. J'espère que rien ne viendra compromettre la saine et utile petite affaire de mes balalaikers, dans le "meilleur des mondes" que tentent de nous imposer mafieux et psychopathes. 



lundi 9 septembre 2019

La télé, plus jamais!

Plus jamais la télé, pourquoi faire? Comme me l'a dit la journaliste: "C'est sympa, de passer à la télé!" Je ne vois pas en quoi c'est sympa. Cela peut avoir l'avantage de me donner la parole pour dire aux Russes des choses qui me tiennent à coeur, mais justement, ce n'est pas ce que la télé me demande. Ou pour parler de mon livre, dans l'espoir qu'on le publie ici,mais je doute que ce soit très efficace, quand l'occasion m'est donnée de le faire, car là encore, on s'attend à ce que je dise sur le sujet toutes sortes de conneries. Passer à la télé, c'est se laisser utiliser par elle, de plus gratuitement, c'est-à-dire que c'est un vrai travail, non rétribué, qui laisse crevé. Je n'ai pas su dire non, mais je sens que ça vient.
Tout, dans cette expédition, était faux; fabriqué d'avance, et en plus, prévu de travers, ce qui était encore plus fatigant, pour moi, et pour la journaliste et le cameraman de service. J'ai fait semblant d'arriver par le train. Le musée du jouet était fermé, car c'était lundi, à la laure de la Trinité saint Serge, personne n'avait donné d'autorisation, parce que sans doute personne ne l'avait demandée, on a filmé vite fait en contrebande au milieu des Chinois grouillants. J'ai refusé de faire semblant d'aller me recueillir sur les reliques de saint Serge, ou je vais me recueillir pour de vrai, ou je reste dehors. Me recueillir pour la photo, non.
Comment "faire de l'humour" quand on vous fait tourner le même truc cinq fois d'affilée en disant quelque chose de convenu? Comment manifester des émotions?
Le seul intérêt de la chose, c'est que j'ai rencontré un jeune guide, censé me faire tout visiter, et à qui on a fait le même coup des phrases dictées, et une responsable locale qui ont pris mes coordonnées pour me communiquer les manifestations qu'ils organisent, expositions d'artisanat authentique, par exemple. Nous avons eu un moment, pendant que les jeunes gens de la télé s'occupaient de leurs affaires de télé, pour discuter agréablement. J'ai aussi découvert un beau point de vue sur l'ensemble du monastère, et là, ça a duré un moment, il fallait faire semblant de photographier, puis répondre avec naturel à une question posée dix fois de suite, en vertu de quoi, j'ai eu droit à deux crêpes qui faisaient partie du scénario, et je n'avais rien bouffé de la journée, car l'équipe était arrivée beaucoup plus tôt que je ne le prévoyais.
Je me disais en mon for intérieur que les mêmes recettes devaient être appliquées aux politiques, à l'information, du genre "viens ici, coco, tu vas répondre, quand je te poserai la question sur la présence russe au Donbass, que tu as vu défiler des chars par centaines..."
Bref, la télé, non!!!!
D'ailleurs, je me demande ce qu'elle me trouve...
Le chauffeur était très gentil avec Ritoulette. Enfin d'ailleurs, les deux autres aussi, simplement, comme me l'a dit le cameraman lui-même: "Bienvenue dans le monde merveilleux de la télévision"! C'est leur boulot qui est comme ça...
Cela serait tellement plus intéressant, si tout cela était vrai, si on s'intéressait vraiment aux réactions d'une Française devant la Russie, s'il y avait un réel souci de comprendre quelqu'un, de voir son pays à travers ses yeux sous un angle différent. Mais la télé est réellement quelque chose de démoniaque.

Le point de vue sur la laure. Le coin s'appelle la colline des crêpes parce que les pèlerins en mangeaient à cet endroit, ce qui d'après la journaliste était "aussi important que d'aller voir les reliques de saint Serge"...

mercredi 14 août 2019

On se m'arrache...

Hier, c'est Anatoli de "Thomas", la revue orthodoxe à l'usage de ceux qui doutent, qui est venu m'interviewer, heureusement que je suis trop vieille pour avoir la grosse tête. J'ai été isolée et marginalisée toute ma vie, écrivant et dessinant dans mon coin sans avoir ni milieu porteur, ni accès à l'édition et aux galeries, et maintenant, les Russes se bousculent pour venir me voir et me demander mon avis sur tout. Sans doute Dieu voulait-il m'épargner de tourner à la femme de lettres pontifiante.
Anatoli est arrivé au moment où j'avais chez moi le père Vadim, son épouse, et Katia, qui allait dans leur paroisse, à Moscou. Par un hasard étrange, je les avais déjà rencontrés de mon côté à l'anniversaire du père Valentin. Il faisait beau, pour une fois, un peu orageux, les moustiques ont commencé à être virulents en fin de journée. Nous étions assis, et les poires tombaient autour de nous. Je suis submergée sous les poires, il est désormais clair que je ne pourrai toutes les ramasser ni les utiliser, mais je vois que d'autres en profitent, souris, insectes, oiseaux... Je fais des confitures, mais la confiture, c'est plein de sucre. J'en mets le minimum et j'utilise du fructose, mais quand même. Je fais des compotes mais le congélateur n'est pas extensible. J'ai fait deux litres de jus, mais cela ne se garde pas des mois...
Le père Vadim et son épouse ont vécu aux Etats-Unis, et ne partageaient pas du tout l'avis d'Anatoli sur la paradis du droit et de la démocratie, moi non plus. Anatoli est manifestement libéral, et considère, comme la presse occidentale, que la Russie agresse le monde entier, ce qui me laisse perplexe, on dirait que le libéral russe, comme le bobo français, n'habite pas la même planète, ou peut-être existe-t-il dans un monde parallèle. Enfin, il a eu la délicatesse de ne pas insister, et sur tous les autres sujets, on pouvait discuter. Il est d'ailleurs resté un bon moment à le faire, je lui ai même servi de ma soupe russe qu'il a trouvée excellente. Il m'a interrogée sur la foi, car il lui arrive de douter. Il pense que tout le monde doute, à part quelques personnalités simples et merveilleuses qui ont le don inné de la foi. Il m'arrive aussi de douter, mais de moins en moins. Ou peut-être que le monde me paraîtrait si absurde et si atroce que j'en perdrais la raison, alors je préfère garder ma raison avec le Christ. Il m'a posé la question rituelle sur la souffrance et l'injustice, l'une et l'autre souvent attribuées à Dieu, alors qu'elles sont le fait de notre cruauté, de notre bêtise, de notre cupidité, le fait  du diable, en un mot, si évident ici bas que je croirais en Dieu à contrario devant le spectacle de sa nuisance inlassable et astucieuse. J'ai remarqué aussi que la prière agissait et que les gens qui vivaient en Dieu n'étaient pas victimes des mêmes choses, bien qu'ils puissent l'être de persécutions abominables. Parfois, c'est vrai, des événements tragiques nous restent inexplicables, j'en suis venue à l'idée que nous ne pouvons tout simplement pas tout comprendre. Mais en vouloir à Dieu de ce que nous ne comprenons pas en le traitant de tous les noms, c'est donner la victoire à ce qui nous scandalise.
Par exemple, depuis deux ou trois cents ans, on assiste à l'extermination systématique de ce que l'humanité compte de meilleur, de plus noble, de plus vrai, de sa fine fleur. Les indiens d'Amérique, la Vendée, la paysannerie française en 14, russe avec la guerre et la collectivisation, les vrais intellectuels, les vrais artistes, pas ceux qui se déshonorent dans toutes les mauvaises causes et ne pensent qu'à la ramener, ceux qui se consacrent à leur oeuvre quoiqu'il puisse leur en coûter. Mais à cela, j'ai une réponse: si nous allons vers la fin des temps, comme je le crois, Dieu fait ses dernières moissons de justes. Jusqu'au moment où il ne restera pratiquement plus que des cancrelats rampant dans les ordures dont nous recouvrons la terre, et c'est du reste prédit. Anatoli était d'accord.
Je n'arrive pas à faire face à toutes les tâches que je me donne, entre le quotidien, le jardin, les poires, les traductions, mon livre, dessiner, apprendre les chansons de Liéna, travailler ma vielle, car ainsi que l'a remarqué Vassia Ekhimov, auteur de l'une des miennes, "je chante bien, mais je joue mal!"
Il me faudrait plusieurs vies, et il ne m'en reste plus guère.

Katia, à la faveur de l'interview, m'avait piqué mon hamac et Georgette


lundi 12 août 2019

Le camp des saints

Belle journée d'automne. La lune qui se lève dans un ciel vaguement turquoise est rose et ovale, une pierre lisse et transparente. Je ramasse des tonnes de poires, je fais des tas de pots de confiture. La voisine m'a donné, pour me remercier de sa récolte, un gâteau fait avec mes poires, et un pot de confiture.
Ce matin, j'ai fait dire une pannychide en mémoire de Bernard Frinking, mort récemment, à un âge avancé, et étant donné sa vie, il est sans doute heureux de se trouver là où il est à présent, auprès du père Placide, mais il laisse sa femme Anne, âgée elle aussi et inconsolable.

Natacha, avec le père Constantin et moi

Ensuite, je me suis retrouvée une fois de plus au café français, avec le père Constantin et une amie à lui, accompagnée de son jeune fils, une journaliste d'Ekaterinbourg, qui écrit aussi des vers, Natacha. Natacha, éberluée par le phénomène que je représente, a voulu m'interviewer. C'est une journaliste orthodoxe, et j'étais de mon côté intéressée par ce qu'elle me racontait. Par exemple, elle ignorait tout de la répression des gilets jaunes, des yeux crevés, des mâchoires et des pommettes explosées, des mains arrachées, des furieux coups de matraques jamais sanctionnés, des vieux piétinés, gazés ou même étranglés, comme je l'ai vu récemment sur une photo saisissante. On ne dit rien de tout cela aux Russes, qui doivent continuer à croire que l'Europe et l'Amérique sont des paradis prospères et démocratiques, que l'Ukraine est libérée et que seule "l'intervention russe" au Donbass l'empêche de vivre pleinement son bonheur national dans le concert des nations civilisées où les femmes ont des culottes en dentelles... Pas mal de Russes, d'après elle, et surtout des jeunes, sont très irrités par le Donbass et la Crimée  qui les empêchent eux aussi d'entrer dans le monde merveilleux de Walt Disney et croient volontiers les calembredaines de journalistes en tous points semblables aux nôtres, animés par les mêmes rancoeurs, la même détestation du peuple au sein duquel ils vivent, et qu'ils méprisent, au service des mêmes maîtres mondialistes. Il faut dire que d'après elle, Ekaterinbourg est en plus un endroit de pointe, pour ce genre de mentalité, avec l'infect centre Eltsine, à la gloire de celui qui a vendu la Russie en pièces détachées, où l'on couvre de boue l'histoire russe et le peuple russe, exactement comme on le fait actuellement du peuple français. Le sentiment antireligieux y est très vif, il faut dire que de ce côté-là, la propagande est aussi très active. Or si j'ai entendu raconter toutes sortes d'histoires de brigands sur l'Eglise et ses "popes en Mercedes", et admet d'ailleurs que certaines puissent être vraies, je n'ai jamais rien vu de tel de mes propres yeux. Ekaterinbourg est d'après une émission de Nikita Mikhalkov qui m'avait beaucoup intéressée, un endroit stratégique pour les ennemis extérieurs et intérieurs de la Russie, qui, depuis Ivan le Terrible, œuvrent toujours de concert pour y mettre la pagaille. Car le plan est de scinder ce grand pays en plusieurs morceaux et éventuellement, de le placer sous tutelle internationale, j'ai entendu de mes oreilles, au cours de cette émission, des libéraux le proposer, parce que "les Russes sont incapables de se gouverner eux-mêmes".
Cependant, Natacha ne pense pas que ce plan se réalisera, Dieu l'entende. Au bout d'une heure de conversation, elle m'a demandé ce que je voyais comme issue au problème mondial de l'installation de la dictature universelle à visée transhumaniste, et à la dégradation méthodique de nos peuples respectifs, en vue de les faire disparaître. Car toute révolution est exclue, et celles qui ont précédé nous ont préparé le monde affreux où nous sommes. Une révolution qui aboutit à un changement de régime ne réussit que parce qu'elle a le soutien de financiers ténébreux et de sociétés secrètes malfaisantes, comme on l'a vu en France, puis en Russie. Si elle n'est pas soutenue par ces gens-là, et donc manipulée, de manière à utiliser la colère populaire, justifiée ou non, pour servir les intérêts de ceux qu'elle croit combattre, elle échoue fatalement, et surtout de nos jours. C'est le Donbass, avec l'extermination planifiée des populations civiles, sous les calomnies ou le silence de la presse universelle. Ou les gilets jaunes. Une répression sauvage, sans aucune sanction des tribunaux, avec un cynisme total. Je ne suis pas politologue, mais ce que je ressens, c'est que nous ne nous en tirerons pas sans intervention providentielle, et que ce que nous pouvons mettre en pratique, c'est la création d'arches, de refuges, soit dans le fin fond des campagnes, car notre salut passe par la restauration d'une agriculture familiale normale, soit même simplement des regroupements autour de lieux sacrés, des regroupements culturels, spirituels, des communautés où l'on sauvegarde, soutient, échange, transmet. En attendant peut-être la fin des temps: le camp des saints... Refuser de jouer plus longtemps, refuser de participer et d'écouter le chant des sirènes.
Elle m'a demandé, elle aussi, si je n'étais pas nostalgique. Bien sûr que si... Et je pense que je refoule même cette nostalgie comme j'ai refoulé un temps les personnages de mon livre, pour rester concentrée et forte. Je ne peux écouter une chanson de Brel ou Brassens sans pleurer, même Trenet me tire des larmes. Mais je suis davantage nostalgique dans le temps que dans l'espace.