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lundi 9 septembre 2019

La télé, plus jamais!

Plus jamais la télé, pourquoi faire? Comme me l'a dit la journaliste: "C'est sympa, de passer à la télé!" Je ne vois pas en quoi c'est sympa. Cela peut avoir l'avantage de me donner la parole pour dire aux Russes des choses qui me tiennent à coeur, mais justement, ce n'est pas ce que la télé me demande. Ou pour parler de mon livre, dans l'espoir qu'on le publie ici,mais je doute que ce soit très efficace, quand l'occasion m'est donnée de le faire, car là encore, on s'attend à ce que je dise sur le sujet toutes sortes de conneries. Passer à la télé, c'est se laisser utiliser par elle, de plus gratuitement, c'est-à-dire que c'est un vrai travail, non rétribué, qui laisse crevé. Je n'ai pas su dire non, mais je sens que ça vient.
Tout, dans cette expédition, était faux; fabriqué d'avance, et en plus, prévu de travers, ce qui était encore plus fatigant, pour moi, et pour la journaliste et le cameraman de service. J'ai fait semblant d'arriver par le train. Le musée du jouet était fermé, car c'était lundi, à la laure de la Trinité saint Serge, personne n'avait donné d'autorisation, parce que sans doute personne ne l'avait demandée, on a filmé vite fait en contrebande au milieu des Chinois grouillants. J'ai refusé de faire semblant d'aller me recueillir sur les reliques de saint Serge, ou je vais me recueillir pour de vrai, ou je reste dehors. Me recueillir pour la photo, non.
Comment "faire de l'humour" quand on vous fait tourner le même truc cinq fois d'affilée en disant quelque chose de convenu? Comment manifester des émotions?
Le seul intérêt de la chose, c'est que j'ai rencontré un jeune guide, censé me faire tout visiter, et à qui on a fait le même coup des phrases dictées, et une responsable locale qui ont pris mes coordonnées pour me communiquer les manifestations qu'ils organisent, expositions d'artisanat authentique, par exemple. Nous avons eu un moment, pendant que les jeunes gens de la télé s'occupaient de leurs affaires de télé, pour discuter agréablement. J'ai aussi découvert un beau point de vue sur l'ensemble du monastère, et là, ça a duré un moment, il fallait faire semblant de photographier, puis répondre avec naturel à une question posée dix fois de suite, en vertu de quoi, j'ai eu droit à deux crêpes qui faisaient partie du scénario, et je n'avais rien bouffé de la journée, car l'équipe était arrivée beaucoup plus tôt que je ne le prévoyais.
Je me disais en mon for intérieur que les mêmes recettes devaient être appliquées aux politiques, à l'information, du genre "viens ici, coco, tu vas répondre, quand je te poserai la question sur la présence russe au Donbass, que tu as vu défiler des chars par centaines..."
Bref, la télé, non!!!!
D'ailleurs, je me demande ce qu'elle me trouve...
Le chauffeur était très gentil avec Ritoulette. Enfin d'ailleurs, les deux autres aussi, simplement, comme me l'a dit le cameraman lui-même: "Bienvenue dans le monde merveilleux de la télévision"! C'est leur boulot qui est comme ça...
Cela serait tellement plus intéressant, si tout cela était vrai, si on s'intéressait vraiment aux réactions d'une Française devant la Russie, s'il y avait un réel souci de comprendre quelqu'un, de voir son pays à travers ses yeux sous un angle différent. Mais la télé est réellement quelque chose de démoniaque.

Le point de vue sur la laure. Le coin s'appelle la colline des crêpes parce que les pèlerins en mangeaient à cet endroit, ce qui d'après la journaliste était "aussi important que d'aller voir les reliques de saint Serge"...

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