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vendredi 24 janvier 2020

Immigration, avant dernier acte...

Ca y est, tombe la neige... et pour l'instant, elle tient. Mercredi je suis allée à Rostov, et au retour, avec le mauvais temps, le crépuscule, les phares, je ne voyais rien du tout, j'avais mal aux yeux et envie de dormir. Le lendemain, j'allai à Iaroslavl, car je n'arrivais pas à obtenir les services d'immigration au téléphone. Mais le navigateur ne trouvait pas la rue, que j'orthographiais mal. Je devais retrouver le père Gleason, qui venait aussi chercher son permis de séjour, et Vassili Tomachinski, dans une pizzeria près du centre de l'immigration, Vassili m'avait donné la même adresse, je pensais que c'était dans le même bâtiment. Affronter l'administration en groupe me donnait du courage, car les Russes ont l'habitude de leurs fonctionnaires. Mais je me suis aperçue que je n'avais pas le numéro de Vassili, que j'aurais appelé pour le rencontrer quelque part et m'y rendre avec lui. J'ai laissé la voiture à la gare routière, par peur de me perdre, et j'ai pris un taxi. En  effet, sans navigateur, je me serais perdue, c'est au diable vauvert, dans un quartier de barres de béton excentré. Sur place, pas de pizzeria, et il soufflait un vent glacial, sans compter que je ne peux rester debout longtemps. J'ai demandé aux gens du coin, et rallié la seule pizzeria dont ils avaient connaissance, à environ 500 mètres du centre. Je n'y ai vu ni le père Gleason, ni Vassili, mais j'ai déjeuné au chaud. Puis j'ai refait en claudiquant les 500 mètres en sens inverse. Devant la porte close en plein vent s'alignaient les Ukrainiens, Ouzbeks, Tadjiks venus s'occuper de leurs affaires d'immigration. Bousculade et rush à l'intérieur, où un écran déterminait quel talon prendre pour quelle queue. Je ne comprenais rien à cet écran, et ce d'autant plus que les gens s'énervaient derrière, à la rubrique "Permis de séjour permanent", il était marqué qu'on ne délivrait pas de talon, et que l'inscription par rendez-vous était fermée pour une semaine. J'ai commencé à chercher autour de moi s'il y avait moyen de se renseigner, si un bureau ou un guichet correspondait à mon cas, et je n'ai rien trouvé, je pense que j'étais trop fatiguée pour faire face. Je me suis retrouvée dans la rue, et j'ai pris, sur les conseils de mon taxi, un bus qui m'a amenée à la gare routière au bout de 45 minutes de trajet, et, complètement démoralisée, j'ai récupéré la voiture.
Alors que j'avais fait plus de la moitié du chemin, le téléphone s'est mis à sonner avec insistance, mais je conduisais. J'ai fini par répondre. Vassili m'annonçait triomphalement que mon permis était prêt, que le père Gleason et lui l'avaient vu. Question: pourquoi ne m'avait-il pas appelée avant, quand je cherchais la fichue pizzeria qui, contrairement à ses indications, se trouvait à un kilomètre et demi du centre des services d'immigration? Mystère de l'intellectuel russe!
Enfin le truc est prêt, je referai l'expédition lundi pour aller le récupérer. Après, il me faudra passer à la police, qui est dans un bled sur le trajet, pour changer l'enregistrement de la voiture. Mais il est fort possible que je doive auparavant faire enregistrer le permis de séjour à Pereslavl. Cependant, je ferai quand même le détour, car on ne peut prendre rendez-vous avec la police par téléphone, il faut le faire sur internet, mais le site ne reconnaît pas les passeports français...
Après quoi il me faudra entreprendre les démarches pour avoir une assurance médicale et parvenir à me faire soigner les genoux...
Au cours de tout cela, naturellement, je ne manquerai pas de mettre en pratique les conseils spirituels d'une  jeune personne de ma connaissance, louer Dieu en toutes circonstances, comme le font les gens qui ont de vrais problèmes, répéter telle et telle prière, ce qu'au cours de ma longue vie je n'avais jamais eu à l'idée de faire, heureusement qu'elle était là pour me le révéler, tandis que je la conduisais à travers le blizzard, les yeux écarquillés.
Deux jours avant cette expédition, alors que j'avais laissé le portillon ouvert dans l'attente du plombier, j'ai vu arriver un couple jovial que je ne reconnaissais pas du tout, lui, je ne le connaissais d'ailleurs vraiment pas, mais elle m'avait logée en hôte payant il y quatre ans, quand j'ai acheté ma maison. Elle m'avait cherchée, disait-elle, tout ce temps-là et m'a aussitôt invitée pour le lendemain, et cela sans me laisser la moindre chance de me défiler!!!.
Elle a trouvé ce compagnon, très gentil, après 25 ans de solitude, et leur entente est touchante. Elle m'a vivement conseillé de faire comme elle et d'en prendre un au plus vite. Elle est très pittoresque, mais je ne crois pas que nous ayons  beaucoup d'affinités... Elle a fait partie d'un groupe folklorique de type sourire permanent et robes de poupées de foire. Chez elle, c'est un festival de mauvais goût, quelque chose comme l'intérieur d'une Yvette Horner pas friquée. Tout y est, tout: le faux artisanat paysan, les fanfreluches, les fleurs artificielles, les broderies de perles de rocaille sur un fond prédessiné industriellement bien miévrassou: bonnes femmes à décolletés pigeonnants et à grandes capelines, petits enfants nunuches, bouquets boursouflés, petits chats, petits chiens, petits oiseaux... Les icônes qu'elle fait dans le genre ne se vendent pas, c'est parce que, me dit-elle, "je jure comme un charretier  quand je n'arrive pas à enfiler mon aiguille!" J'ai eu droit, bien sûr, à beaucoup de conseils et à plein de cadeaux domestiques, plante verte, herbes médicinales. Mon angoisse suprême était de me voir offrir une des tapisseries ornées de perles de rocaille, mais j'y ai échappé, grâce à Dieu. Et pour finir, et m'achever, elle me demande: "Et quand vas-tu te faire construire une clôture décente?
- Comment ça, une clôture décente? Je l'ai fait refaire il y a deux ans, et elle est très bien!
- Je veux dire une clôture métallique, comme la mienne!
- Ah! (et cela fut un cri du coeur irrépressible) Jamais! J'ai horreur des clôtures métalliques!"





dimanche 19 janvier 2020

Images


Je suis allée à l'église ce matin, pour la fête, à la cathédrale, comme d'habitude. Je m'étais confessée cinq jours auparavant, au père Valentin, mais ici, la confession est systématique, donc, j'attendais devant le lutrin. Sort le père Andreï. Tout le monde se précipite pour avoir sa bénédiction, et à la suite de cela, plusieurs personnes me passent devant, des gosses, des bonnes femmes, or je ne peux pas rester debout longtemps à faire la queue, et tout ce monde-là, si, tout ce monde-là n'est pas dans l'âge critique.
Fort heureusement, devant l'affluence, un autre prêtre est venu officier, je suis allée le trouver, j'avais moins mal qu'hier, parce que j'avais pris du diclophénac, mais je n'avais vraiment pas envie de surmener mes vieux os.
A la fin de la liturgie, le clergé est allé bénir les eaux dans un autre local, et toute l'assemblée a suivi, comme je traîne la patte, je suis arrivée parmi les derniers de la queue qui s'allongeait devant la porte étroite, et au bout de cinq minutes, j'ai décidé que je me passerais d'eau bénite, c'était trop pénible.
Tout était gelé de ce qui avait fondu auparavant. Heureusement que j'ai une voiture. Je suis allée au café français. Les gamins qui servent et la femme de ménage m'ont accueillie joyeusement. Je peux dire que si j'aime les Russes, de leur côté, ils me le rendent bien.
La femme de ménage m'a posé des questions sur les types de la télévision qui m'avaient filmée au café, si j'avais vu l'émission. "Non, je n'ai pas la télé, et bien qu'ils aient promis de le faire, ils ne m'ont pas prévenue du jour où cela passerait, les gens de la télé, c'est spécial. De tout ce que j'ai tourné pour les uns et les autres, je n'ai encore rien vu, d'ailleurs, peut-être que c'est mieux comme ça!
- Mais c'était sur quel thème?
- La vie provinciale et ses figures! Pourquoi j'étais venue ici, si je me plaisais ici...
- Et vous vous plaisez?
- Oui, je me plais, le climat est dur mais j'aime bien les gens, et ils m'aiment bien.
- Comment ne pas vous aimer?"
Ca fait plaisir à entendre!
J'ai vu ensuite arriver le père Constantin avec deux amies. Il m'a proposé de garder ma maison, mes chats et Rita pendant que je serai à l'hosto.


Après tout cela, j'ai décidé de commencer les icônes que l'on m'a commandées en France, car il me revient peu à peu un semblant d'état de grâce. J'ai d'abord poncé sur le perron les planches qu'il me restait de ma collection de Cavillargues, face à un paysage gris et morne, puis j'ai préparé un jaune d'oeuf. Je n'ai toujours pas retrouvé de bon pinceau souple, et cela me gêne beaucoup. Néanmoins, l'activité me procurait la paix intérieure dont Facebook me prive régulièrement, d'autant plus que je la pratiquais en écoutant le psautier lu intégralement par les moines de Valaam. Même lorsque on ne comprend rien, leur façon de lire nous transporte dans un autre monde, ou dans l'au-delà du monde, ou à la source du monde. Mais je les comprends d'ailleurs de mieux en mieux, malgré le slavon. Ce matin, à l'église, je ne comprenais rien du tout, mais eussent-ils lu en russe que je n'aurais pas mieux compris. Alors que les moines de Valaam lisent très clairement, mais que l'on comprenne ou pas n'est soudain pas grave, leur état de prière passe directement dans le coeur.
Enfin si on comprend, évidemment, c'est mieux. Dieu sait que les psaumes sont beaux, mais à y bien réflechir, sont-ils compréhensibles au sens où on entend ce mot d'habitude? Ils sont compréhensibles à la façon de la poésie, c'est-à-dire qu'ils communiquent des choses indicibles grâce à des images, des symboles. Et c'est là mon élément, comme du reste les icônes elles-mêmes, beaucoup plus que des textes plus explicites. Que signifie " si vous dormez au milieu de vos héritages, les ailes de la colombe se revêtiront d'argent, et les extrémités de son dos auront l'éclat de l'or"? Ou bien: "le char de Dieu est fait de myriades, de milliers qui rayonnent de joie"?
Oui, chanter sur la harpe et la cithare, ou manipuler les vibrantes et profondes couleurs, c'est là mon élément et ma meilleure prière.

le psautier par les moines de Valaam

samedi 18 janvier 2020

Des lueurs dans la nuit

Il fait un temps de mois de mars, sans l'espoir de voir le printemps s'installer, ce qui nous attend, c'est un mois de mars à rallonge, ou bien un coup de froid en février, ou plus tard. J'ai des plantes qui commencent à sortir de terre... Tout est glissant, bourbeux et sale..
Par ce temps ignoble, le sort de la jeune chienne à la chaîne me déprime particulièrement. Elle ne sait pas où se mettre, à part dans sa niche, le sol tout autour n'est que glace mouillée. En revanche, Moustachon le chaton fait plaisir à voir. Il est tout ce qu'il y a de plus joyeux. Parfois, il franchit la chatière en trombe, traverse l'atelier comme une flèche et me saute dessus pour venir ronronner sur mon épaule, au grand scandale de Rita ou de Georgette...
Je suis retournée voir "l'orthopède" qui me propose une hospitalisation d'une semaine pour me faire toutes sortes de procédures destinées à améliorer l'état de mes articulations, sans les opérer. Il me dit que ces procédures réclament un repos complet et que si je reste chez moi, je serai forcément amenée à me déplacer. D'après lui, mes genoux ne sont pas si abîmés que cela, mais l'inflammation, la synovie, le vieux ménisque... Rester une semaine à l'hosto ne me fait pas bondir d'enthousiasme, en plus, il est sinistre. Mais que faire? Au stade où j'en suis, je commence à avoir le plus grand mal à marcher. Et puis sans doute que l'expérience ne manquera pas de pittoresque... En prévision, j'ai commandé des livres.

Aujourd'hui, je suis allée aux vigiles de la Théophanie ou Baptême du Christ, une fête qui compte beaucoup pour moi, car c'est celle de ma conversion à l'Orthodoxie. Je me suis rendue à l'église des Quarante Martyrs de Sébaste, car j'avais vu que monseigneur Théoctyste allait bénir les eaux de la rivière Troubej, puisque l'église, construite par les pêcheurs locaux, est à l'embouchure. Je suis arrivée un peu en avance, pour pouvoir garer et admirer le coucher de soleil sur le lac. bien que l'hiver soit doux, la rivière est gelée, le lac aussi, nous ne sommes quand même pas sur la Côte d'Azur.
L'église est très jolie, entièrement refaite à l'intérieur, mais de façon très harmonieuse. Les gens avaient l'air heureux, la Théophanie est une belle fête, et puis je crois que c'était aussi la venue de monseigneur Théoctyste qui les réjouissait. J'ai vu, du reste, que le patriarche encourageait la nomination d'évêques jeunes qui soient proches des gens, eh bien avec l'évêque Théoctyste, c'est réussi, et j'espère qu'on va nous le laisser longtemps, car nous l'aimons.
Mes genoux me faisaient vraiment souffrir, heureusement, il y avait des places assises. A côté de moi s'est installé un vieux, sa vieille lui a tendrement ébouriffé les cheveux. Puis je me suis aperçue qu'il était un peu égaré et posait sans arrêt des questions. "Pourquoi n'arrêtes-tu pas de parler, lui demande sa femme. Pourquoi es-tu venu ici?
- Mais... pour prier.
- Alors arrête de parler et prie.
- Je prie, mais ça ne marche pas.
- Prie comme un être humain, demande à Dieu de t'aider, et puis réfléchis un peu sur toi".
Au moment d'aller sur la rive en procession, tout le monde s'est levé et approché, moi aussi, mais l'attente a été très longue, j'avais beaucoup de mal à rester debout, mais je ne pouvais déjà plus m'asseoir, si je voulais continuer à participer. Comme c'est bizarre, la vieillesse. Je voyais hier une vidéo où je chantais il y a dix ans, j'étais encore une jeune femme, je me prenais pour une vieille mais j'étais loin du compte. Et là, quand je me regarde dans la glace, j'ai l'impression de voir ma cousine Mathilde, et comme elle, je ne tiens plus sur mes jambes. Une jeune fille m'a fait spontanément passer près du mur pour me permettre de prendre appui.
Je me suis éloignée du cortège, dehors, et j'ai tenu jusqu'à la lecture de l'évangile. Je voyais les cierges posés sur la glace, dans la nuit, et monseigneur Théoctyste lui-même pareil à une grande flamme blanche, de loin, dans sa chasuble candide et brillante, avec sa mitre qui ressemblait à un bulbe d'église. Dans l'ombre épaisse, traversée par de froides lueurs électriques, toute cette compagnie qui chantait, priait, avec des lanternes et des bannières, était tout ce qui paraissait vivant, chaleureux, beau et rassurant, j'imaginais la berge sans eux, sans le sanctuaire, sans ces petites lumières et ces joyeux reflets, sans le carillon qui descendait sur nous, j'imaginais la Russie, le monde sans l'Eglise. Quelle désespérance, quelles ténèbres... "Nous avons éteint au ciel des étoiles qui ne se rallumeront plus" se vantait je ne sais plus quel républicain français. Ces étoiles, à Pereslavl, brûlaient sur la glace au pied de l'aérien, de l'immaculé monseigneur Théoctyste.




dimanche 12 janvier 2020

Harmonie brisée

Le moment approche de récupérer mon permis de séjour de cinq ans, celui qu'on renouvelle automatiquement. Mais on n'en est pas averti par courrier, ni même par courriel, il faut appeler pour savoir si c'est prêt. Et dans ces cas-là deux possibilités: soit on ne répond pas, soit c'est toujours occupé. Pour l'instant, j'en suis au stade numéro un. Après quoi il me faudra aller à Yaroslavl récupérer le truc. Puis à Petrovskoïé refaire l'enregistrement de la voiture. Puis au service d'immigration de Pereslavl me faire enregistrer moi-même à nouveau.
Je me suis traînée à Rostov pour un concert dans ce même centre "The Place". J'étais fatiguée, les douleurs arthrosiques me font passer des nuits en pointillés. en plus je ne chantais pas grand chose. Ce qui me plaît le plus, c'est de chanter avec des gens qui chantent pour leur plaisir, comme Vassia ou Skountsev, dans le cadre par exemple d'une fête ou d'un anniversaire, et d'ailleurs, c'est le mien dans trois semaines.
Les forêts étaient couvertes de givre, tout le long de la route, et de façon uniforme, sur elles flottait une brume vaguement rose, dont l'ourlet oblique laissait paraître, à l'horizon, un ciel bleu pâle.
J'ai rencontré un Français qui va venir s'installer à Rostov, il est en train d'y acheter une maison, près du monastère saint Jacques, et du lac. Sa femme est de Rostov. Elle parle mal le français, et lui à peine le russe, mais il parle italien, de par ses origines, et Katia, qui nous a rejoints, le parle aussi très bien! Il connaissent un Français à Rostov, le ferronnier d'art que je n'ai encore jamais vu.
Le lendemain de cette équipée, je n'avais aucune envie d'aller à l'église, une flemme phénoménale. Je ne sais pas comment j'ai réussi à m'y traîner in extremis. Le père Andreï a essayé, dans son homélie, de trouver des raisons à une récente tragédie locale: une famille a brûlé avec sa maison. Les parents sont vivants, bien que mal en point, mais leurs trois enfants ont péri. Or c'était une pieuse famille orthodoxe, et les enfants étaient adorables, bien élevés et doués. L'exercice était donc périlleux. Même l'évêque a avoué que c'était la deuxième fois de sa vie qu'un événement lui paraissait complètement dépasser sa compréhension chrétienne de l'existence. Moi aussi, je suis restée dépassée. Je pense souvent que nos prières influent sur le cours des choses, d'une manière mystérieuse, c'est ce que pense d'ailleurs tout chrétien. Pas qu'elles s'attirent une récompense, je ne pense pas que ce soit comme cela que ça marche, mais parce que nous sommes en harmonie avec le créé et le Créateur, il y a des malheurs qui ne se produisent pas ou des "miracles" qui surviennent, et aussi, on apprend à tirer un bien d'un mal, à surmonter. Le père Andreï a fait allusion à des comportements contemporains ignobles qui peuvent amener Dieu à frapper de la sorte pour nous réveiller. Mais pourquoi cette famille exemplaire et ses trois enfants? J'avais une amie qui pensait que les inondations catastrophiques de Yakoutie provenaient de nos péchés, mais pourquoi la Yakoutie plutôt que New-York, Washington ou autres expressions de la Babylone maudite des derniers temps? Et puis cette idée que Dieu frappe les gens ne m'a jamais convenu, quand les gens savent si bien se frapper tous seuls. On peut dire que les inondations ici ou les incendies là, quand ils dépassent toutes les proportions connues, sont le fruit du désordre que la bêtise et la cupidité de la modernité progressiste matérialiste ont introduit dans la Création, et comme tout est relié dans le cosmos, le malheur peut surgir chez ceux qui ne l'ont pas provoqué. Et ainsi, les saintes gens souffrir du désordre de tous les autres comme un phénomène morbide peut apparaître sur le pied quand la cause en est une maladie du foie ou du pancréas... en ce sens, nous sommes bien tous coupables de tout ce qui se produit, moi la première qui ne prie pas assez et ne contribue pas assez à la restauration de l'harmonie brisée.
Je me confie à Dieu, pour la suite et la fin de mon existence ici, en particulier, je lui demande de ne pas me faire mourir avant mes animaux, mais je mérite certainement moins de traitement de faveur que la pieuse famille et ses trois enfants.
J'ai vu aussi une vidéo où un prêtre parle du destin des âmes des animaux. Comme je l'ai déjà entendu dire, il n'existe pas sur ce point d'opinion canonique tranchée, mais la croyance généralement admise ici est qu'elle rejoint l'âme commune de leur espèce, le grand Chat ou le grand Chien, le prêtre de la vidéo disait "l'âme de la terre". Cependant, il proposait une hypothèse qui m'avait déjà effleuré l'esprit: leur âme rejoint la nôtre, quand on les aime, nous prenons leur âme à l'intérieur de la nôtre. Quand j'avais enterré Joulik sous un romarin du monastère de Solan, je lui avais dit: "Je te prends avec moi pour toujours dans mon coeur, mon petit chien". "Pensez, dit le prêtre de la vidéo, à ce que vous pourriez ressentir si vous retrouviez votre chat non au paradis, mais en enfer!"
C'est ce qui arrive au chien de Ponce Pilate, dans le roman de Boulgakov, "le maître et Marguerite", jusqu'au moment où ils sont délivrés tous les deux. Mon père Valentin m'avait dit, quand je pleurais mon chat tué devant chez moi: "Nous emmènerons là bas tout ce que nous avons aimé ici bas."

Mon gentil petit chien, vas-tu me pardonner
De recueillir si tôt ce chien qui te ressemble ?
Malgré tout, je le sais, dedans l’éternité,
Nous nous retrouverons à jamais tous ensemble
Et tu ne seras plus, là bas, aussi jaloux,
Car d’amour jaillissant nous ne manquerons point
Dans mon cœur dilaté pour deux petits toutous
La place sera grande, douillette et chaude à point.
On y verra aussi des chats et des nuages
Des champs et des jardins et de grands oiseaux blancs
La mer et son écume et les vents de passage
Des églises dorées et des vitraux d’argent
Tout ce que dans les plis de mon âme épuisée
J’aurai su recueillir, garder précieusement
C’est là tout le trésor de ma vie déchirée

L’amour et la beauté de ses plus clairs moments

Joulik




samedi 4 janvier 2020

chez "oncle Vassia"

Ce masque a été fabriqué par un ami de Vassia
dans un morceau de bois de bouleau
Vassia Evkhimovitch m'avait fait il y a plusieurs années une vielle-à-roue qui était un compromis entre la veille française et la vielle russe. Plus simple que la vielle française, dont on joue avec virtuosité pour faire danser les gens, mais pourvue d'un "chien"pour introduire un rythme. Il se trouve aussi que les vielles de Vassia gardent le côté profond et émouvant de la vielle russe, destinée non à la danse, mais à l'accompagnement du chant. En France, je ne m'en servais pas, j'avais l'impression de ne partager tout cela avec personne, mon passage dans un stage de musique traditionnelle m'avait fait fuir en courant. Et puis, il fallait la mettre au point par rapport à la tonalité de ma voix, il me semblait qu'elle m'obligeait à chanter trop haut. Depuis plus de trois ans, j'attendais l'arrivée de mon déménagement et de la vielle de Vassia. Après, j'ai attendu que Vassia fût disponible.Il fallait aller le voir hors saison en Carélie, dans une base touristique, à 900km d'ici. Et puis finalement, il a déménagé dans un village près de Tver, cela ne faisait plus que 280 km. Mais on ne peut, pratiquement sur tout le trajet, dépasser les 60km/h, et j'ai mis cinq heures. A cause des villages qui se suivent les uns après les autres, des passages piétons qui traversent des routes à quatre voies; de la perversité des gens qui conçoivent des limitations destinées à faire payer l'automobiliste. Plus le temps... A l'aller, tempête de neige jusqu'à l'embranchement de Dmitrov, au retour depuis Dmitrov, jusqu'à Pereslavl.
Tous ces villages, ainsi que Dmitrov, vieille ville russe qui devait être pittoresque, sont ravagés par la modernité, le mauvais goût, les clôtures en prophylastil, le siding, les constructions anarchiques sans proportions ni style; les dégâts opérés sur la Russie par les effets successifs du communisme et du libéralisme ont fait partie des nombreux sujets de conversation avec Vassia, que cela traumatise autant que moi, il était autrefois designer. Originaire de Kazan, il m'a raconté comment cette ville ancienne et ravissante avait été entièrement dévastée en cinq ans par les mafias locales et les affairistes moscovites, avec, cerise sur le gâteau, l'immonde mosquée mastoque qui écrabouille le kremlin, pourtant classé par l'UNESCO. Il paraît que Poutine, malgré son discours sur les ciments culturels et spirituels de la Russie, cite ce massacre en exemple de réussite...
Vassia, tout comme le peintre Alexandre Pesterev, pense que tôt ou tard, tout va y passer et que de la Russie poétique, féerique que nous aimons ne restera absolument rien, à part des églises ou des sites touristiques isolés et dépaysés au milieu des monstres. Malheureusement, c'est ce qui est en train d'arriver au monde entier, puisque ce sont les pires éléments qui se sont emparé partout du pouvoir, et que nous ne pouvons qu'assister impuissants aux effets de leur cupidité et de leur bêtise, de leur folie des grandeurs et de leur cynisme; de leur vulgarité et de leur noirceur.
On ne peut pas dire que Vassia ait choisi le plus bel endroit pour s'installer, la région de Tver est sinistre, et le village de Pouchkino n'a rien pour lui. Même son église n'est pas bien belle, elle est énorme, disproportionnée, un truc du XIX° siècle qu'on a de plus coiffé de tôle métallique bleu pétard reluisant, "bleu comme le ciel" me disent les adeptes de cet infect matériau criard qu'ils affectionnent tellement...
La maison de Vassia est au bord d'une route passante, et le confort y est sommaire. Mais il ne l'a pas payée cher, et puis surtout, dans ce village, il y a le "monde des gousli", qui fabrique toutes sortes d'instruments du même nom. Nous y sommes allés. Cette affaire a été montée par un jeune homme du coin, Sergueï. Il fait travailler dix personnes. Ses gousli sont la gloire de Pouchkino. Ils sont accessibles et de bonne qualité, et il en vend même en Amérique et en Australie. Quand sa fabrique a brûlé, il a pu reconstruire grâce aux souscriptions de ses admirateurs et à l'aide matérielle de la mairie et du village. "Pour choisir ton lieu de résidence, me dit Vassia, regarde si tu peux y travailler, s'il y a des gens à fréquenter, s'il y a des infrastructures, et après, occupe-toi de la beauté du site!"
Vassia a quitté sa base touristique parce qu'il commençait à se "dégrader", tout était trop facile, nourri, logé, un superbe atelier à sa disposition, mais les patrons étaient tyranniques et détestaient particulièrement les gens qui travaillaient bien et avec coeur, ils commençaient aussitôt à les brimer. Et en plus, évidemment, ils avaient un goût immonde, ils aimaient le kitsch, le tape-à-l'oeil, le toc, comme tous les gens qui font du fric de nos jours.
Or si Vassia n'a pas un radis et ne fait pas attention à la déco de sa maison à l'heure actuelle, il a été designer à 2000 dollars par mois. Jusqu'au moment où découvrant la vanité de son existence à Moscou et le caractère profondément aliénant de la vie urbaine, en même temps que la veille-à-roue et le folklore, il a tout laissé tomber, il est allé vivre dans un village et des conditions vraiment spartiates. Puis il a trouvé la base touristique. Et maintenant, il se lance à Pouchkino.
Vassia a l'air d'un gros nounours exubérant, et il s'habille tout le temps à la russe, il trouve cela plus pratique. Il a énormément de personnalité et de talent et il est très sensible au côté comique et absurde de l'existence. Nous avons bien rigolé, un peu bu, et nous nous sommes quittés les meilleurs amis du monde.
Nous avons chanté ensemble, et il a fait un enregistrement. Je dois dire que je me suis sentie beaucoup plus à mon aise et dans mon élément qu'avec mon ensemble féminin. Comme Skountsev et comme Micha, il ne me casse pas les pieds avec des remarques à tous propos, il me laisse chanter, et nous trouvons naturellement un accord. J'espère que j'arriverai à me servir de sa vielle, elle est plus fiable et plus intéressante à utiliser, on peut vraiment jouer dessus, elle a des possibilités plus larges.
Vassia est allé en Europe, mais il a eu l'impression qu'on la lui avait volée, qu'elle n'était plus ce qu'elle était, ce qu'un Russe pouvait autrefois y chercher; et je comprends bien ce qu'il veut dire. Il est allé plusieurs fois au Donbass donner des concerts gratuits. Le Donbass lui a fait une forte impression par l'incroyable dévastation des zones soumises aux bombardements ukrainiens et par l'héroïsme de la population, des gens qui n'ont pas ou plus l'âge de se battre ou dont ce n'était pas le métier et qui se retrouvent en armes.

Vassia présente ses vielles


Où t'envoles-tu petit coucou? 
Je m'envole vers cet envol
Où mon âme pourra trouver le repos
Trouve-toi toi-même,
Va aux pieds du Seigneur
Verse devant lui une source de larmes
Et demande lui de t'aider
De t'aider à trouver le repos

mercredi 1 janvier 2020

Meilleurs voeux et tout ça

J'ai passé le réveillon seule avec Facebook; mais la vraie fête, pour moi, c'est Noël, et il tombe ici le 7 janvier, 25 décembre au calendrier julien. Cette fête laïque du Nouvel An ne veut pas dire grand chose pour moi, et depuis le temps qu'on se souhaite une année splendide, la précédente ayant rapidement démontré qu'elle décevrait toutes nos attentes, j'ai du mal à y mettre beaucoup de conviction. Mais c'est l'usage, alors meilleurs voeux et tout ça. Pourtant, il me semble qu'il pourrait y avoir une éclaircie dans nos ténèbres, en tous cas d'un point de vue spirituel, on voit mieux que jamais où se situe le bien, où se situe le mal, et de part et d'autre les troupes se forment, les gens se rassemblent. Je souhaite à tout le monde d'ouvrir les yeux et de trouver la bonne place. Que la lumière et l'air pur chassent les miasmes et les créatures immondes..


petite boule d'or

 La neige tant attendue est venue d’un seul coup sous forme de tempête.  J’étais allée chanter à Rostov avec Katia, et j’ai fait un retour très difficile. La neige fraiche était instable et glissante, il y avait du verglas. Le trajet me demandait une concentration épuisante. Et il faisait déjà nuit noire, évidemment. 
Une des chansons que nous répétons pour Noël est extrêmement jolie. « Elle est de la région de Kharkov, a dit Liéna, c’est en Ukraine, mais avant, c’était la Russie ».

Le croissant se promène, se promène dans le ciel,
Appelant, appelant l’aube à le suivre,
Viens avec moi, aube claire, 
Viens chercher quelqu’un de riche.
Nous avons trouvé un riche, c’est Mikolka fils de seigneur
Mikolka fils de seigneur est assis à table
Il tient trois coupes dans ses mains
Trois coupes pleines, de même contenance,
Bien remplies et toutes d’or.
L’une de vin vert ,
L’autre de bière de grain
La troisième de miel

 Ces chansons  accompagnaient les quêtes de maison en maison, derrière une grosse étoile et des lanternes. Liéna me demande de chanter un noël français au petit concert prévu dans le  restaurant "italien" tenu par des jeunes de Donetsk, à Pereslavl. Mais j'ai remarqué que les gens préféraient quand je chante des chants russes, c'est bizarre mais c'est ainsi. Les chansons françaises sont charmantes, mais les chants russes me plongent dans une autre dimension, et les auditeurs avec.  




Déjà, le lendemain, la neige fondait, je crois que nous aurons un de ces hivers "doux" que je déteste, -  1 +1, gel, dégel, regel, le marécage, la patinoire. Aujourd'hui, le temps est parfait, la neige étincelante, le soleil passe à travers les gros nuages. Pourvu que ça dure... Je dois aller chez Vassia Yekhimovitch qui veut faire la révision de la vielle qu'il m'avait fabriquée et me montrer comment m'occuper d'elle. Elle diffère beaucoup de mon autre vielle, celle de Joukovski, elles pourront être complémentaires.. Vassia est un personnage haut en couleurs, et un grand folkloriste. Je pense que je ne vais pas m'ennuyer.
Il habite près de Tver, j'en ai pour quatre heures de route. Au départ, c'est en Carélie, que je devais aller, 900 km... J'aurais mis deux jours, avec escale à Férapontovo, mais il s'est rapproché de Moscou.

    Le soleil m'a attirée hors de mon trou, pour le premier de l'an, j'ai marché jusqu'au lac, il y soufflait une bise glaciale, Rita a exigé de retourner dans son sac molletonné. Il était entièrement gelé bien qu'il ne fît en fait pas très froid, - 3...  C'est étrange, cette surface immobile, verdâtre, bleuâtre, mate avec quelques accents brillants. En rentrant, j'ai vu cette drôle de maison. Elle est en mauvais état, mais il y aurait un parti à en tirer. De quelle époque est-elle? Une datcha d'artiste-peintre?
Le long de la rivière, les branchages dénudés laissaient voir les églises, leurs grandes croix d'or étincelantes.

mardi 31 décembre 2019

Humeur de fin d'année sinistre

Nous assistons tous à l’installation d’une dictature mondiale ou du moins à des tentatives arrogantes, et accélérées visant à l’installer, mais toujours dissimulées, bien qu’imposées d’en haut, sous des prétextes qui en masquent le contenu.
Ainsi plein de gens, en occident, qui sont persuadés que les Russes sont des brutes, ne comprennent pas la résistance, notemment de l’Eglise, à la loi sur les violences domestiques, une loi qui permet déjà, dans les pays scandinaves, d’enlever abusivement les enfants à leur famille sous des prétextes très légers. On voit aussi des cas de ce genre en France. Et même déjà en Russie, ou sans avoir une telle loi, les fonctionnaires des services sociaux commettent des abus de pouvoir et mettent parfois enfants et familles dans des situations affreuses. Que sera-ce demain, si cette loi est adoptée ?
Si l’on comprend, comme moi, qu’une dictature de type Big Brother est en voie d’installation par des gens qui ont une mentalité de mafieux et de satanistes, on regarde chacune de leurs lois noblement intitulées avec une extrême méfiance. Sous prétexte de protéger femmes et enfants, c’est d’exercer un total contrôle sur les individus dès le berceau qu’il s’agit. Et de briser tous liens familiaux et toute éducation traditionnelle. Cette loi n’est ni plus ni moins que la mise en œuvre du contrôle d’une bande de créatures des ténèbres sur des gosses qu’elles dresseront à leur gré sans que les parents puissent rien faire.
J’en ai trouvé le résumé que voici :
Les « juvénaux » ont le droit de s’ingérer  dans n’importe quelle famille et d’enlever n’importe quel enfant, à leur gré, sans jugement du tribunal.
La quantité d’enfants dans une famille nuit à la qualité de vie de chaque enfant, ce qui crée un prétexte pour les enlever. (Donc si vous avez une famille nombreuse et repeuplez les contrées qui doivent être livrées par les mêmes malades au remplacement de population et au métissage, vous êtes déjà susceptible de voir vos enfants placés chez n’importe qui).
Les « juvénaux » évaluent et dictent aux parents les méthodes obligatoires d’éducation et d’entretien des enfants (si vous êtes contre la théorie du genre, l’initiation précoce à la sexualité, si vous donnez une éducation chrétienne à vos enfants, ou trop intellectuelle, ou Dieu sait quoi encore, on peut vous les enlever) .
Toutes les mesures disciplinaires sont interdites en famille. La punition est une violence et contrevient aux droits des enfants (car si les éducateurs peuvent désormais se permettre de montrer à vos gosses les bienfaits de la masturbation décomplexée, vous, vous n’avez pas le droit de leur donner la fessée qui part toute seule et qui semble même attendue comme une catharsis. Or les meilleurs gosses que j’ai vus de ma vie, les plus attachants, les plus gentiment spontanés, avaient une éducation stricte, où on ne les battait pas comme plâtre, mais où le père était à la fois admiré et respecté).
Les droits des enfants sont supérieurs à ceux des parents. Les parents sont présumés coupables.
La justice juvénale est une instance particulière qui n’est pas soumise aux tribunaux internes et externes au pays (c’est-à-dire que tout cela provient bien du même endroit que la théorie du genre et autres absurdités destructrices, des instances supranationales qui sont, toute personne consciente doit le savoir à présent, entre les mains d’une caste mafieuse au dessus des lois qui est en même temps une secte.)
Par conséquent, les Russes et l’Eglise russe font preuve d’un discernement réconfortant en ne se laissant pas piéger à la culpabilité et aux bonnes paroles. Vous confieriez l’éducation de vos enfants à Georges Soros, aux époux Clinton ? A l’ogre du Petit Poucet ? A Gilles de Rais ?
Parallèlement, nous voyons surgir  ce qui est pudiquement appelé « la loi sur les libertés religieuses » au Monténégro, qui n’est rien d’autre qu’une spoliation éhontée de l’Eglise serbe, devant à mon avis précéder, comme en Ukraine, l’installation d’une « Eglise autocéphale ». Mais la plupart des occidentaux voient écrit : « liberté religieuse » et hochent la tête avec approbation, comme lorsqu’ils voient « démocratie » ou « droits » des uns et des autres. C’est déjà un réflexe de Pavlov bien installé. La loi en question est destinée à casser l’orthodoxie, dernier bastion d’un christianisme cohérent et authentique, et va déclencher sur place les mêmes persécutions qu’en Ukraine. De surcroît, le patriarche Irénée ayant  résisté aux intimidations mafieuses de la CIA, il convient de le punir en déclenchant ces désordres. Ensuite, on ira faire la même chose en Tchécoslovaquie, où des jalons ont déjà été posés, en Géorgie. Et Pompeo s’apprête à aller en Biélorussie, essayer de trouver des maillons faibles. En fait, partout où est allé le patriarche Bartholomée essayer de faire reconnaître son golem autocéphale ukrainien, dirigé par un aventurier notoire et grotesque, déguisé en métropolite, il a été précédé d’une délégation américaine décidée à préparer le terrain, la carotte dans une main et le bâton dans l’autre. Mais plein d’imbéciles font encore une fixette sur le KGB fantôme qui n’existe plus en tant que police politique depuis la Perestroïka, ou disons, les années Eltsine.
Pour ne pas voir que l’Amérique tente de diriger le monde à la manière dont Al Capone administrait Chicago, il faut vraiment délibérément fermer les yeux.
Tout nous est, avec une grande fourberie, présenté sous le paquet cadeau d’intentions magnifiques. Ainsi le pape qui nous livre avec enthousiasme au génocide par submersion migratoire et métissage forcé, indifférent à la détresse matérielle et morale croissantes des indigènes, aux abus dont ils sont l’objet, aux persécutions religieuses (et politiques) de plus en plus patentes, accommode l’Evangile à la sauce bisounours pour nous faire accepter ce qui mettait nos ancêtres à cheval, flamberge au vent, tandis que les manants faisaient chauffer l’huile bouillante aux créneaux. A cela, j’ai trouvé pour réponse une anecdote du métropolite Antoine de Souroj, homme de Dieu irréprochable :
"Je dirigeais une fois la retraite de carême pour les étudiants d'Oxford, et à mon premier entretien, je ne sais plus ce que j'avais dit, un de ceux-ci s'approche de moi et me dit:
- Je quitte la retraite, vous n'êtes pas chrétien.
Je dis:
- Bon, quitte-la, mais explique-moi au moins en quoi je ne suis pas chrétien?
Il dit:
- Vous n'êtes pas pacifiste.
Je dis:
- Non, je ne suis pas pacifiste, je ne crois pas qu'il ne faut jamais réagir. Et toi, tu es pacifiste?
Il répond:
- Oui.
- Et tu es prêt à aller jusqu'au bout dans ton pacifisme?
- Oui, jusqu'au bout.
- Eh bien alors réponds à ma question. Tu entres dans ta chambre et tu vois qu'un voyou s'apprête à violer ta fiancée. Que fais-tu?
Il me dit:
- J'essaie de le convaincre de renoncer à sa mauvaise intention.
- Bien, supposons que pendant que tu lui fais un discours, il continue son affaire.
- Je me mets à genoux, et je prie Dieu d'empêcher cela.
- Eh bien, et si quand même tout se produit, il se lève et il s'en va, que fais-tu?
- Je prie Dieu pour que de ce mal sorte un bien.
- Tu sais quoi? Si j'étais ta fiancée, je chercherais quelqu'un d'autre, parce que oui, ta démarche est cohérente, mais c'est quand même épouvantable!"
En effet, c’est épouvantable, un pape qui livre ses ouailles aux infidèles et participe à la transformation de l’Europe en gigantesque Kossovo. Comme il va exactement dans le sens de la caste qui fiche la pagaille en Ukraine et au Monténégro, et cherche à pourrir la Russie de l’intérieur, toujours à l’affût du maillon faible, du traître qui va faciliter ce sale travail, nous pouvons en conclure qu’il est à son service. 
Cependant, le soulèvement serbe est spectaculaire et bénéficie du soutien musulman local, de même qu’un ministre tchétchène a fait un discours enflammé pour soutenir la Russie orthodoxe éternelle qu’il respecte, contre les « valeurs occidentales » qu’il méprise. Peut-être va-t-il se produire quelque chose de salvateur…

Cela fait déjà un moment que les ressemblances entre le communisme bolchevique d’il y a un siècle et le bolcho-capitalisme qui s’installe commencent à m’apparaître. Mais le second s’exprime un peu différemment. Pas de camps de concentration, en tous cas pas pour l’instant. Mais les paysans ont presque tous disparus, les derniers se suicident en série. C’est me semble-t-il mieux réussi que la collectivisation atroce des années 30 qui fait un peu désordre et a laissé subsister quand même quelques kolkhosiens et leur folklore, depuis longtemps oublié chez nous par les « exploitants agricoles ». Les campagnes, les petits commerces, les artisans sont l’objet depuis longtemps de persécutions subtiles, l’URSSAF, les normes européennes, les impôts, le manque de considération, et maintenant, cela ne vous étonne pas que les tribunaux donnent toujours raison aux emmerdeurs qui ne supportent pas le chant du coq ni les sonnailles des vaches, et font déménager des gens de leur ferme ancestrale ou fermer des boulangeries ? Dans tous pays et civilisation normaux, les nécessités du travail passeraient avant les caprices des mauvais coucheurs…
Pas de destruction officielle d'églises, pas de persécutions avouées, mais l'incendie jamais poursuivi et même rarement commenté dans la presse, de nombreuses églises, dont Notre Dame dont on ne me fera jamais croire qu'elle fut victime d'un mégot mal éteint. Et les profanations de cimetières, les destructions de crèche, les intimidations diverses, les sarcasmes, la propagande incessante et imbécile des séries télévisées, des romans, des manuels scolaires, l'histoire effacée et travestie, là aussi on dirait que le libéralo-bolchevisme arrive mieux à ses fins que le bolchevisme en bottes de tchékistes.
Enfin pour ce qui est de la terreur rouge, nous avons plus subtil, nous aurons la terreur noire qui commence d'ailleurs déjà, et à laquelle s'opposer est raciste, d'autant plus qu'en tant que blancs, nous avons à peine le droit d'exister, comme on le démontre à la fois à la population de souche et à celle qu'on lui importe par millions, en lui fournissant toutes les justifications qu'elle attend pour piller, violer, torturer et tabasser impunément.
Il me manque même pas au tableau les spoliations, puisqu'on envisage de rendre la propriété viagère pour tous, sauf pour la poignée de sangsues qui contrôlent le monde, et les appartements communautaires, puisque nous sommes vivement invités, avant d'y être obligés, à héberger les hôtes africains invités par nos satrapes.
Si vous voyez tout cela, on vous dit que vous avez la berlue; ou mauvais esprit. 
Cependant, je viens de regarder des vidéos sur l’ancien ministre Yves Cochet qui m’ont fait réfléchir.  On parle de transhumanisme, de dictature globaliste, de pucer les gens et de les traquer avec la reconnaissance faciale, comme en Chine, cet immense abcès de germes toxiques consuméristes dont certains égarés admirent la « réussite économique ». Mais lui est persuadé que tout va s’effondrer et qu’on en reviendra aux carrioles attelées d’ici 15 ans, il se prépare à vivre en autarcie sur sa ferme. Je ne suis pas éloignée de le croire, en réalité, c’est même ce qui m’aide à supporter tout ce que je vois de révoltant. On accumule trop de méfaits et de monstrueuses bêtises pour que cela puisse encore durer bien longtemps. Et là, je ne parle même pas de justice divine mais de l’enchaînement des causes et des conséquences.  La fantastique nuisance de la civilisation technologique fondée par le capitalisme arrive certainement au bout de son ubris déchaînée.
Il ne reste plus qu’à se tourner vers Dieu, à lui faire vraiment confiance au sein du maelstrom qui nous engouffre tous dans le fracas des clameurs médiatiques et des cris impuissants de rage et de terreur. Ce que je ne fais pas assez.