On m'avait recommandé de m'inscrire la veille sur un papier qui, théoriquement, devait figurer sur la porte extérieure du service d'immigration pour ne pas faire la queue trop longtemps le lendemain, lors de l'enregistrement du permis de séjour. Mais je n'ai pas vu ce papier le soir, et ne l'ai pas vu le matin suivant. Je suis venue une heure à l'avance, et à la demande de ceux qui arrivaient, j'ai fait un autre papier, où ils s'inscrivaient. Au moment de l'ouverture, débarque un contingent d'ouzbeks et de tadjiks avec leur liste, ce sont eux qui contrôlent tout. J'ai compris que si on ne faisait pas partie de leur tribu, on passait après. J'ai donc attendu quatre heures dans le couloir. Un jeune Ukrainien a pris les choses en main, la liste et sa surveillance. Théoriquement, on devrait avoir un système de talons de queue, géré électroniquement, mais depuis que je viens, il est détraqué et n'a jamais été réparé. Le jeune homme était très gentil et il avait beaucoup d'humour. Je devais passer après lui, mais il m'a cédé son tour. La jeune femme du service d'immigration a été absolument adorable. Elle était contrariée que personne ne m'eût cédé la place avant. Je lui ai expliqué le contrôle asiatique de la liste, et elle m'a dit que l'année prochaine, il me fallait venir la trouver, pour la confirmation annuelle de ma présence, et qu'elle s'en occuperait personnellement. Elle m'a dit qu'elle avait fait récemment un voyage à Paris et que la saleté de la ville l'avait sidérée. Cela m'a serré le coeur.
J'avais oublié mes moufles chez elle, la veille, et les avait cherchées partout, mais elle me les avait gardées. Elle avait un spitz qui est mort dans un accident de voiture, et m'a dit que si Rita avait des petits, elle était preneuse. Rita a séduit tout le service d'immigration, et on lui a même donné à boire.
Entre la visite chez la juriste et le service d'immigration, j'ai fait une halte au café Montpensier, où le personnel a gavé Rita de blanc de poulet, tandis que je prenais ma soupe préférée, la solianka.
Mon permis de séjour est à vie, mais il faut confirmer chaque année qu'on est toujours là et qu'on a de quoi vivre. J'ai un enregistrement (propiska) officiel à mon adresse de Pereslavl. Le permis de séjour tient lieu de pièce d'identité.
Reste l'expédition à Petrovskoïé à la police de la route, pour modifier l'enregistrement de la voiture...