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dimanche 22 novembre 2020

Exil

 Je suis allée hier aux vigiles, c'était l'évêque qui officiait. J'y ai vu les enfants de la famille cosaque, mes petites élèves et leurs frères et soeurs. Mais ce matin, je n'ai pas eu le courage d'aller à l'église, et je n'arrive pas à sortir d'un état de fatigue profonde. Je soupçonne que la situation générale me mine, et le climat est dur, l'entrée dans l'hiver, les journées très courtes. 

L'évêque a eu le covid, sans symptômes trop graves, et sans doute pour cette raison, ne donnait pas sa main à baiser, il se trouve que la petite Dounia, de la famille Rimm, ne comprenait pas et voulait absolument le faire, il a fini par craquer. Au moment de me donner sa bénédiction, il m'a demandé comment j'allais, je lui ai parlé du souci que je me faisais pour la France, et il semblait découvrir la situation. Je lui ai raconté ce que m'avait dit le père Placide. Il m'a cité le cas d'un scientifique allemand qui, devant la montée du nazisme, n'était pas parti, parce que les autres Allemands ne pouvaient pas se le permettre. Il pense que cela ne va pas si mal, car il a vu que Notre Dame de Lagarde à Marseille était bourrée de croyants, et que donc, il en reste suffisemment en France pour sauver le pays. Quand j'avais rapporté les dires du père Placide et son insistance à me renvoyer en Russie, au père Syméon Tomachinski, qui me proposait une traduction, il s'était écrié: "Oh si un patriote comme le père Placide vous a dit une chose pareille, c'est que réellement, là bas, vos affaires vont mal."

Au moment où j'ai pris ma décision, des orthodoxes françaises m'avaient dit que le père Placide était clairvoyant, et un Russe exilé à Nice que lorsque le père Ioann Krestiankine l'avait expédié en France, il avait fait ses valises et était parti. La motivation de mon départ ne résidait pas seulement dans la perspective de l'avenir français que pressentait le père Placide. Car je me trouvais dans la situation de tous ceux qui ont vécu entre deux pays, prise entre deux nostalgies, et j'avais pensé que la Russie était celui où j'avais réussi à me faire une vie, où j'avais beaucoup d'amis avec lesquels je partageais la même vision du monde, alors que j'en avais peu en France. Enfin, il arrive qu'on ne veuille pas être du mauvais côté quand se préparent des forfaits, ce qui a poussé certains intellectuels à quitter l'Allemagne nazie quand d'autres décidaient d'y rester, par solidarité avec leur peuple égaré. Beaucoup de Russes éperdument patriotes ont dû quitter la Russie après la révolution, d'autres ont fait le choix, souvent fatal, d'y rester. En ce qui me concerne, je considère depuis longtemps que notre gouvernement et ses médias sont antifrançais, ils sont également antirusses, en fait, ils sont anti peuple. Ils me paraissent être l'émanation de quelque chose de profondément étranger à ce que nous sommes tous. Ils sont même hostiles à la nature et à la vie. Et une grande partie des fonctionnaires russes qui envoient leur argent et leurs gosses à l'étranger sont dans le même cas.

Néanmoins, au moment où le père Placide, appuyé par le père Valentin et le père Basile, m'a incitée à partir, j'étais résignée à rester en France, je pensais que si la maladie de maman m'y avait ramenée, c'était que la volonté de Dieu était que j'y finisse mes jours. Il m'a même été difficile de m'y décider. Aujourd'hui, je pense que je supporterais très mal ce qui s'y passe, le joug de cette bande de malfaiteurs, leur duplicité, leur cynisme arrogant, tout ce cirque des masques et des confinements, la profonde malhonneteté de tout ceci, et le consentement ou même la collaboration des imbéciles. Je suis ici inquiète et perturbée, je serais là bas complètement enragée.

Mais ce qui me frappe, c'est que l'évêque ne prenne pas en considération ce que m'a dit le père Placide, auquel j'ai obéi, et aussi l'impression que pour lui, si Notre Dame de Lagarde est bourrée de gens, peu importe qu'ils soient catholiques ou orthodoxes. Or pour moi, cela importe beaucoup. D'abord parce que malheureusement, la mentalité du catholique français d'aujourd'hui n'est majoritairement plus très proche de celle de Marie Noël, Gustave Thibon ou Georges Bernanos, sans parler même de celle des bâtisseurs de Notre Dame ou des églises romanes. La mienne a été modelée par l'orthodoxie, et on peut se poser la question de savoir ce qui m'a manqué, pour que je me jette sur la Russie et l'orthodoxie à l'âge de quinze ans, comme sur une patrie perdue et sa foi essentielle et consubstantielle. C'est une question que je me pose souvent, et je pense qu'elle sera centrale aux souvenirs d'enfance que j'ai commencé à rédiger. 

Pourtant, je ne peux écouter Debussy ou Satie sans pleurer, ni les chansons de Brel, Brassens, Fauré ou Cora Vaucaire. Les coins les plus modestes et les plus banaux des lieux qui m'ont vue grandir me remontent au coeur, y versant la douce amertume du temps perdu qui ne se retrouve pas, ou du moins pas en ce monde. 

amandier à Saint-Pons-la-Calm





 

samedi 21 novembre 2020

la saint Michel



Aujourd'hui fête de l'Archange saint Michel et des puissances célestes, je me suis traînée à l'église et j'ai même communié. J'ai bien fait, car le service s'est terminé dans l'église du métropolite Pierre. Son premier étage est consacré à l'Archange Michel, pour lequel Ivan le Terrible, qui l'a bâtie, avait une vénération particulière, il lui a même écrit une ode. C'était le moment de prier pour son âme, pour celle de maman, et aussi pour la France, qui est sous son patronage, et pour la sainte Russie. Le père André m'a inondée d'eau bénite. La staroste est extrêmement avenante, elle prend toutes les vieilles dans ses bras comme si elles étaient sa propre mère,moi y comprise. Les gens sont adorables, prévenants, j'ai toujours droit à plusieurs prosphores, à des sourires chaleureux.

En sortant de l'église, je suis passée à la galerie. J'ai encore vendu deux tableaux, et l'on m'a laissé des appréciations très touchantes. Irina m'a dit que je vendais au juste prix, et que pour cette raison, je vendais: "Les gens n'ont pas beaucoup d'argent, et vous restez accessible. Il vaut mieux vendre plus et moins cher, cela renouvelle vos cartons, vous n'allez pas vous faire enterrer avec vos dessins. Regardez, là, j'ai des trucs énormes qui sont là depuis des années à des prix astronomiques. Déjà, le format n'est pas adapté aux appartements où vivent la plupart des gens, mais alors le prix! Vous faites des petits formats accessibles, et c'est ce qu'il faut, des gens qui adorent ce que vous faites achètent avec joie. Moi, je trouve que c'est justifié,vos peintures sont magiques!"

Ce que les gens achètent, ce sont des vues de France. L'exotisme... On m'a pris "le chemin de la Condamine", celui où j'allais me promener quasiment tous les jours avec mon petit Doggie en lisant mes prières. Je pensais le garder pour moi...

J'ai retrouvé quatre cadres que j'avais oublié de mettre et qui vont remplacer ceux que j'ai vendus. Et puis j'ai retouché un tableau à l'acrylique que je vais ajouter. La plaine de Pierrelatte sous le mistral. J'ai un autre petit tableau du même sujet, mais celui-ci, je le garde pour moi.

vendues
Il a neigé. Notre première neige. Le voisin fore un puits, alors que nous avons l'eau de la ville. Le terrain n'est plus qu'un chaos boueux, on croirait les tranchées de 14. Enfin, après cela nous aurons le gazon, les thuyas, les pavés autobloquants et les petits massifs avec des bordures en plastique, peut-etre même un réverbère et un nain de jardin...



retouchée

Psychopompe

 

Lasse d’attendre et d’espérer

J’espère en Dieu.

Michel archange au ciel arqué

Ailes de feu, glaive dressé,

De nous auras-tu donc pitié,

Quand nous viendrons à trépasser ?

Parmi les astres écumeux

Sur nous poseras-tu les yeux

Quand nous menant auprès de Dieu

Tu nous découvriras les cieux ?

 

Nous n’avons pas su de nos ans

Tirer de l’or et de l’argent,

Nous avons tout dilapidé

Nous voici vieux et fatigués

Il n’est plus temps.

 

Bel Archange prend donc pitié

De nous et puis de nos parents

Conduis-nous pareils aux enfants

Avec eux dans l’éternité

Dans les grands champs illuminés

D’après le temps.

 

D’après le temps qui a passé

Sur nous sans qu’au fond de nos cœurs

S’éteigne le reflet sacré

Sous le vent sombre des malheurs.

 

Un peu de vie dans la poussière

Qui fleurira dans la lumière

Si Dieu le veut et nous reçoit

Aux champs dorés de l’au-delà.

 


mercredi 18 novembre 2020

Avant la neige

 


Irruption du voisin, il me fait une tranchée le long du grillage pour l'évacuation des eaux. Il me fera livrer de la terre. Sa maison n'est pas plus grande que la mienne, dit-il. Eh non, elle n'est pas plus grande, mais elle est moche, elle est plantée là comme une grosse dent, un colis abandonné, trop près de la mienne, trop près du grillage, un énorme corps étranger. Qui plus est, elle aura cette asymétrie qu'ils adorent faire ici, avec un pan de toit plus court que l'autre, qui descend très bas. Cela donne à la maison quelque chose de complètement difforme et déséquilibré. Les fausses pierres et le toit criard et le tableau sera complet. Lui, estime visiblement que je devrais être ravie d'avoir la vue sur cette oeuvre d'art et le jardin qui va l'accompagner, plutôt que sur un marécage avec des roseaux. La nature fait désordre.

Je suis allée à la banque,  j'ai eu affaire à une jeune femme très gentille, et même trop, car elle s'est fait engueuler par la directrice pour avoir laissé tomber ce qu'elle faisait pour s'occuper de moi. A mon retour, je voulais effectuer un paiement en ligne, mais le site ne reconnaissait plus ni le login ni le mot de passe, ni même le code qu'il m'envoyait par téléphone pour m'authentifier. J'ai essayé d'appeler la Sberbank au téléphone pour expliquer le problème. On ne peut avoir personne directement, surtout pas sa propre agence. Je suis tombée sur un robot, qui me demandait si j'appelais de Russie et quand je répondais "da", répétait qu'il voulait bien m'aider mais ne comprenait pas! Ensuite, c'était tapez un tapez deux, diverses options qui ne correspondent généralement jamais à ce dont on a besoin. J'ai fini par retourner à la banque, où la même jeune fille a arrangé ça. Je lui ai dit: "Vous voulez que je vous dise ce que je pense de tout cela et de votre patron Gref?

- Non, pas la peine, je le sais déjà".

J'imagine ce que cela va donner, si la caste arrive à ses fins et que nous n'avons plus affaire qu'à l'électronique. Nous serons complètement à la merci d'un univers kafakaïen. Mais pour l'instant, cela nous semble pratique. C'est ça le piège, en fait. J'ai beau être flemmasse, je sais que la facilité vient du diable. 

Sur la page d'un écrivain très spirituel, je me suis risquée à un commentaire, et me suis fait remoucher par un de ses admirateurs, sans doute parce que je faisais allusion à mon passé d'institutrice, ce qui faisait de moi une pauvre cloche à ses yeux de brillant intellectuel. Je suis allée voir sa page, elle m'a fait penser à la bibliothèque d'une amie très cultivée qui, me la montrant après l'avoir rangée, m'avait paru en contemplation devant son propre cerveau. Le gars n'a que des posts infiniment distingués et irréprochablement intellos, des tableaux, des films d'art et d'essai, des pensées profondes de penseurs reconnus, posts contre lesquels je n'ai rien, personnellement, chacun d'eux a son intérêt, mais le tout me donne l'impression d'une prétention livresque  qui m'a toujours fait fuir. Il y a en France des intellectuels qui ont une mentalité de caste, et dont le sport favori est d'écraser de leur mépris ceux qui ne leur paraissent pas de leur monde. Je le leur rends bien, et au centuple!

Le soleil pointant son nez, je suis partie dessiner sur l'ancienne rive du lac, de plus en plus défigurée par les constructions anarchiques hideuses, et les ordures jetées partout. J'ai passé un moment, dans le vent glacial, devant un paysage austère, gris, car le soleil était déjà parti. Cela sentait la neige, d'ailleurs tout est gelé. Je voulais faire un autre dessin, mais Rita grelottait dans son sac, où elle reste planquée avec juste le museau qui dépasse, la prochaine fois, il me faudra lui mettre une petite laine. Depuis quatre ans, le quartier a été terriblement abimé. Je me disais que côté lac, on ne construirait pas dans le marécage, mais si, ils vont le faire. Pour l'instant, derrière les deux isbas, mais rien ne me dit qu'ils n'approcheront pas plus près. C'est ce que je trouve le plus difficile à vivre, ici. Cette lèpre. Elle se répand même plus vite qu'au temps de l'URSS où les destructions étaient surtout idéologiques.

J'ai trouvé une autre photo de Pereslavl au début du siècle dernier par le célèbre photographe Prokoudine-Gorski, qui a immortalisé l'atlantide russe en couleurs avant qu'elle ne s'abîme dans l'atroce modernité. Quelle beauté.... a la fois vaste et sereine, humble et féerique. En chemin, je demandais pardon à Dieu de préférer souvent sa création aux hommes qu'il a tant aimés et qui profanent tout ce qu'Il a fait pour eux. Encore que ce sont pourtant des hommes qui firent ce paysage tel qu'il était, mais c'étaient d'autres hommes. Enfin c'étaient des hommes, et pas encore des mutants. Pour ceux qui n'ont pas muté, la planète va devenir vraiment inhospitalière.



lundi 16 novembre 2020

Corrélations

 Voici deux vidéos complémentaires. Comme dit mon amie Sophie, l'intelligence consiste à trouver des corrélations. C'est aussi ce que les surhommes hypnotiseurs appellent le complotisme. Notez que ces deux personnes n'ont rien d'illuminés... Donc, complémentaires et "complotistes". Dites-vous bien que si en 1930, quelqu'un avait décrit ce qui se passerait en Allemagne, on ne l'aurait sans doute pas cru. Qui aurait pu penser ce qui, en Russie, allait se produire en 17 et après? Dostoievski l'avait senti; alors que les autres intellectuels russes soupiraient après l'avenir radieux qui en fit des cadavres aux Solovki ou des chauffeurs de taxi à Paris. Aldous Huxley et Georges Orwell ont décrit un futur qui est devenu notre présent. A l'époque, on présentait comme de la science-fiction ce qui était un avertissement. Bernanos et Saint-Exupéry nous ont également mis en garde. Et bien d'autres que l'on qualifie de prophètes quand les catastrophes que nous n'avons pas su éviter ont déjà eu lieu.



Etablir des corrélations n'est pas du tout,à mon avis, une forme d'intelligence moderne. Au contraire, tout est fait aujourd'hui pour enfermer la pensée des gens dans des niches spécialisées. Ce qui les amène à fonctionner tous seuls dans leur coin et à élucubrer des théories fumeuses. Ces gens qui n'ont pas appris à penser de façon globale et corrélative gobent n'importe quoi. C'est à mon avis la raison pour laquelle on voit tant de cons diplômés et même d'artistes et d'écrivains complètement aveugles, et aveuglants: ils servent de caution aux bonimenteurs qui nous perdent, au lieu d'éveiller les gens auxquels ils s'adressent. Pour établir des corrélations il faut être correlié; il faut avoir une pensée synthétique, humble, ouverte, attentive, symbolique, la pensée d'un artisan du moyen âge, à l'abri de la mentalité idéologique systématique. Le docteur Laurent Alexandre, par exemple, qui méprise tant les petites gens, n'appartient pas au cosmos ni à l'humanité qui s'inscrit dedans, mais à une caste de soi-disant surhommes complètement hors sol, c'est pourquoi à mes yeux, il n'est jamais qu'un sinistre et méchant imbécile dont les pensées sont pareilles à des nuages d'encre. Les gens comme lui nous ont fait le monde où nous sommes en défaisant tout ce que l'artisan et le paysan du moyen âge avaient patiemment et humblement édifié.

Le "complotiste" est celui qui est capable de mettre a avec b pour obtenir c. De voir la réalité comme un grand puzzle, dont les pièces peu à peu s'emboitent sous ses yeux et composent un tableau de plus en plus vaste, et il faut bien l'avouer, de plus en plus terrifiant. Or c'est en regardant en face l'inanité et la profonde nocivité de cette tumeur cancéreuse qu'est la modernité qu'on peut retrouver à la fois la liberté intérieure qui nous en affranchit,et le sens du sacré qui peut nous réunifier et nous relier les uns aux autres. Et nous rendre la vraie lucidité que chez certains, la religion orthodoxe appelle la clairvoyance.

Le saule ou le bouleau

 Dimanche, je suis passée à la galerie et j'ai vendu deux petites aquarelles format carte postale, de la série que j'avais faite à Cavillargues. J'étais contente mais cela me fait quelque chose de m'en séparer, je les aimais beaucoup. 



L'une représente le chemin de la chapelle du saint Sépulcre à l'automne, avec la lune qui s'attarde dans le ciel du matin, l'autre des cerisiers en fleurs.



D'après Irina, qui s'occupe de la galerie, les gens apprécient. On m'a d'ailleurs laissé des échos sur un cahier que j'ai mis à cet effet. Mais je n'ai pas eu le temps de lire, d'autant plus que j'ai du mal à déchiffrer le russe manuscrit, parfois.

La maison du voisin a pris tout son volume. C'est-à-dire que je vois l'espace qu'elle va occuper. Elle arrive comme un ovni sur un terrain trop petit pour elle, et le moins qu'on puisse dire est qu'elle ne s'inscrira pas harmonieusement dans le paysage. Si tout cela est recouvert de siding façon fausse pierre et coiffé de tuile métallique rouge pétard ou bleu électrique, ce sera assez dur. Au fond, la maison contemporaine, à l'image de celui qui la bâtit, ne s'inscrit dans rien et s'impose avec arrogance, comme un Séraphin Lampion architectural. Je suis sûre que toute une petite faune vivait sur ce territoire bétonné sous une coulée de glaise d'un mètre d'épaisseur. Moi qui ne creuse jamais un trou sans ménager les vers de terre et qui évite même de déranger les fourmilières...

J'ai de la chance dans mon malheur, il y a un pépiniériste spécialisé dans les arbres grand format sur la route de Iouriev Polski et si la terre n'est pas gelée à mort, il pourra venir me planter un écran végétal au mois de décembre. Mais cela va me coûter un peu de fric, sans compter qu'il me faudra aussi prévoir de faire maintenant une clôture en bois, comme sur le reste du périmètre. 

D'après lui, il faut laisser quatre mètres entre les arbres, j'aurai la place pour deux sapins et un bouleau. Je voulais prendre un saule argenté, mais c'est plus cher. Encore que j'hésite. Le saule argenté semble avoir beaucoup d'avantages, il est joli, léger et un peu pyramidal. Robuste. 

Une amie m'a dit que sur intervention de l'évêque, son fils serait hébergé généreusement par notre père Andreï, qui a une grande maison et l'esprit de famille, et j'ai trouvé cela si beau, car elle n'avait rien demandé, et le garçon avait grand besoin de cette solution, je trouve beau que l'évêque l'ait senti et que le père Andreï ait fait immédiatement écho. Je dois dire que j'aime les croyants, le clergé de Pereslavl, et notre évêque. Ils sont chaleureux et humains, ils sont touchants. Chacun a bien ses faiblesses, mais il me semble qu'il règne entre nous la solidarité et l'indulgence. Je me sens d'autant plus dans la peau d'une grosse méduse flemmasse en ces derniers temps qui réclament autant de fermeté que de charité. Mais bon, comme je viens de le dire, chacun de nous a bien ses faiblesses.

Du coup, je vais faire opérer la chatte de ce garçon pour éviter les naissances de chatons, inenvisageables dans le contexte.


saule argenté

























































 

samedi 14 novembre 2020

Un phare dans les ténèbres

 


Le primat de l'EOU est convaincu que quiconque essaiera de vivre avec Dieu sera sous une protection spéciale qui lui donnera de la force.

Le primat de l'EOU, Sa Béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l'Ukraine, estime que l'Église est entrée dans l'ère apocalyptique. Sa Béatitude en a parlé dans une interview du magazine Shepherd and Flock.

Commentant l'introduction des passeports électroniques, le remplacement progressif de l'argent liquide, l'émergence d'identificateurs numériques, ainsi que l'éventuel contrôle complet de l'État sur la personne, le métropolite Onuphre note que «les changements dans la vie de l'humanité ces derniers temps indiquent que nous entrons dans une nouvelle ère historique, appelée apocalyptique dans la langue ecclésiastique. "

«Ceci est annoncé dans le Nouveau Testament, en particulier dans le livre de l'Apocalypse de Jean le Théologien. Cette époque inaugure de nouveaux défis et épreuves pour les gens, mais quiconque essaiera de vivre avec Dieu sera placé sous une protection spéciale qui donnera la force de supporter toutes les difficultés avec dignité », a souligné le primat de l'EOU..

En même temps, répondant à la question de savoir comment tout cela affecterait la vie spirituelle des croyants, le métropolite Onuphre a déclaré que «là où est Dieu, se trouve la béatitude, et quiconque essaiera de s'attacher à Dieu sera béni même dans les tribulations les plus sévères. L'arme spirituelle la plus puissante dans les épreuves imminentes ce sera la prière et l'humilité. Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. "

En même temps, dit monseigneur, dans l'avenir "l'Église perdra en nombre de croyants ce qu'elle gagnera en qualité spirituelle de ces mêmes croyants".

https://spzh.news/en/news/75784-blazhennejshij-onufrij-cerkovy-vstupajet-v-apokalipticheskuju-epohu?fbclid=IwAR3zgOCdbLA-Y4i9fJ0TTczALGDaEwyr7KR5LtJ7pecqiGCm8JoWcekRHro

Je suis depuis ce matin sous l'impression de ce message du métropolite Onuphre, et je suis convaincue que cet homme est en ce moment notre phare, c'est lui le véritable chef spirituel de toute l'orthodoxie, celui que nous a donné Dieu pour les derniers temps, car je ne connais pas bien les autres patriarches ou métropolites, mais aucun ne me semble avoir son rayonnement, son attitude judicieuse, humble, aimante, clairvoyante et ferme. Méprisé et persécuté par le patriarche Bartholomée qui règle ses comptes et remplit la commande politique de gens ténébreux, il reste dignement à sa place et nous invite à faire de même. Le patriarche Cyrille, qui souffre sincèrement de la situation du métropolite Onuphre et de son troupeau, ne m'apporte pas personnellement de réconfort, parce que je le vois se plier à l'opération covid, marcher dans une combine qui vise à asservir l'humanité et détruire les dernières traces de christianisme; et je ne peux pas ignorer ce que j'ai compris, car un chrétien n'est pas un zombie privé de cervelle. Je veux dire que si beaucoup de gens sont hypnotisés par les techniques de secte qui nous sont imposées, lui ne peut ignorer ce qui se passe vraiment. Pour des raisons inconnues, il marche à fond. Et qu'on en me fasse pas valoir les victimes du Covid parmi le clergé. Oui, il y en a, il y en a beaucoup trop, mais les mesures appiquées sont de manière de plus en plus évidente, absurdes, excessives, inadéquates; les discours fourbes; les buts de l'opération inavouables et très certainement épouvantables. Je ne demande qu'à me tromper mais j'ai parfois le sentiment que le patriarche a peur. Et même dans l'optique où le gouvernement russe ferait en partie semblant d'appliquer tout cela pour gagner du temps, trouver une issue nationale ou que sais-je, ce que j'ai espéré, que j'espère peut-être encore, il pourrait alors nous le faire comprendre au lieu de tolérer les fermetures d'églises, ces mesures et tout ce cinéma des masques qui ne protègent vraiment personne mais nous baillônnent, nous privent de visage et de souffle, d'identité, de dignité, de communication normale, et dans l'ensemble de tous nos droits les plus fondamentaux, tout en profanant la sainte communion. Qu'y a-t-il de plus sinistre que ces prêtres et ces fidèles masqués, que ces communions qui sentent l'alcool? Le métropolite Hilarion, lui, va jusqu'à faire de tout cela la réclame enthousiaste. Je ne veux pas juger, bien sûr, mais quand même...Pendant que le pape, qui applaudit notre invasion organisée par des populations violentes et inassimilables, fait le voeu pieux et équivoque que l'univers transhumaniste dans lequel on veut nous faire entrer de force "reste au service de l'humain", ce qui est bien improbable, est-il naïf à ce point? Après la mort du métropolite Amphiloque, je ne vois plus qu'un phare dans les ténèbres de cette tempête mortellement dangereuse pour notre intégrité physique, psychique et spirituelle, c'est le métropolite Onuphre, et je prierai pour que toute la sainte Russie, ou le petit troupeau qui en restera dans ses diverses composantes artificiellement séparées par des malfaiteurs, soit réunie avant la fin en un seul patriarcat, dont il serait le chef spirituel infiniment digne, et qu'il nous conduise jusqu'au trône du Christ revenu parmi nous. Après tout, la chrétienté russe n'est-elle pas née à Kiev? Il serait logique qu'elle y trouvât sa fin eschatologique, après la chute de Moscou aux mains des impies, dont elle ne s'est toujours pas affranchie, et qui la profanent en permanence par les destruction de son patrimoine et la construction d'orgueilleuses citadelles de Mammon, avec un clergé baillonné et des églises toujours sous la menace de fermetures punitives. Oui, je crois en la sainte Russie, c'est là ma dernière patrie, et le métropolite Onuphre m'en paraît l'incarnation, bien que par ailleurs, il soit d'origine moldave,  mais on est souvent russe d'abord par l'âme, comme on l'a vu dans le cas de la grande duchesse Elizabeth et de la famille impériale. La sainte Russie transversale aux diverses unités administratives sous occupation mondialiste totale ou partielle, la sainte Russie éternelle.



Ténèbre lumineuse

 

Un correspondant m'envoie ceci:

Pardonnez-moi de me mêler de ce qui ne me regarde absolument pas. Mais à la lecture de votre avant-dernier message, j’ai eu l’impression que l’ennemi vous a placé des bâtons dans les roues (canalisation, route peu praticable) pour vous empêcher de faire quelque chose qui pourrait vous être favorable, source de plus de paix pour les années qui arrivent.
A la lecture de votre dernier ‘papier’, j’ai eu cru comprendre qu’il avait gagné, trop facilement… J’ai l’impression que là où vous êtes, vous allez vous retrouver à votre corps défendant dans une petite cité de banlieue, comme il y en a tant chez nous. J’ai (encore!) l’impression, fausse peut-être, que la Russie ce n’est pas ça. Ce qui se profile à Pereslavl, c’est la banlieue de Dallas…

Cela m'a plongée dans la perplexité, car à vrai dire, on peut vraiment se poser la question. Je me la pose, surtout par les temps qui courent. Ensuite, Henri m'a dit que les obstacles pouvaient aussi être des avertissements de mon ange gardien. Je suis un peu vieille pour aller me mettre dans un endroit très peu accessible, très désert, si je m'entends avec l'apiculteur, ce sera déjà bien, et il y a des chances, les apiculteurs ont généralement une bonne mentalité, mais il est possible que l'endroit soit sans internet, sans téléphone, et si on a oublié le sel, c'est un exploit de repartir le chercher. 

Pereslavl est complètement défiguré et justement, je suis tombée sur une photo du début du XX° siècle: un tapis d'églises, de coupoles, de clochers, des prairies, de petites maisons, ce devait être tellement beau que si j'y étais brusquement transportée maintenant, je crois que je me mettrais à pleurer. Et puis une maison de bois ravissante, qu'on a écrasée pour faire un garage ou un magasin de pièces automobiles, je ne sais plus... quel genre de pithécantrope a-t-il pu commettre une chose pareille et où était l'architecte conseil de la ville, il paraît qu'il y en a un? Le siècle du transhumanisme et de "l'intelligence artificielle" s'installe, comme celui des idéologies précédentes, sur la destruction obtuse du patrimoine culturel, spirituel, matériel et immatériel, car pour nous faire un univers de monstres et nous persuader qu'il est le meilleur possible, il faut effacer tout ce qui pourrait nous rappeler ce que nous avons bradé aux brigands de grand chemin et aux psychopathes auxquels nous nous sommes tous donnés. Et certains le font avec enthousiasme, il n'y a rien de plus actif qu'un imbécile cupide, ce qu'on appele pudiquement un esprit pragmatique. Comment a-t-on pu en arriver là, où même nos villes se mettent à ressembler aux gigantesques amas d'ordures en plastique dont nous ne parvenons pas à nous débarrasser?




Cependant, il existe ici un précipité positif, les cosaques désireux de s'approprier leurs traditions perdues, un évêque humain et intelligent qui amène de bons prêtres, qui provoque une bonne dynamique, des gens qui ici et là défendent les bonnes causes ou s'intéressent au folklore. Et dans ce mouvement, nous nous inscrivons bien, Katia et moi. Les balalaikers proposent de monter, dans cette ville où la prolifération de petits musées stupides sert d'alibi à la destruction de tout le reste, une succursale du musée de la balalaïka d'Oulianovsk: une partie didactique, avec des collections d'instruments, des photos, des outils, une partie salon de thé, avec une petite scène, des tables, la possibilité de se rencontrer, de jouer, chanter, inviter des intervenants, donner des conférences, organiser des débats, et aussi commercialiser les balalaikas de la firme. J'ai vu le Suisse cosaque, que cela intéresse beaucoup, et une de mes iconographes de Nikitski voudrait apprendre la balalaïka. Ici, il y a la possibilité de nourrir les âmes. Tout cela évidemment, si la caste malfaisante qui a lancé l'opération covid nous en laisse la possibilité... 

Ce Suisse, Benjamin, est venu chez moi pour participer au tournage d'un documentaire d'information sur l'affaire du lac.  Ce qui me rendait nerveuse, c'est que la dame à l'origine de l'initiative n'arrêtait pas de tout diriger et dicter, où nous placer et ce que nous devions dire, et je trouve cela terriblement agaçant.

Benjamin est un ami de mon voisin, mais à la vue du départ de construction, il a soupiré que cela gâchait "un peu" la vue. Benjamin est un amoureux de la Russie, au point qu'il est même devenu vieux-croyant, et il souffre également des ravages opérés sur le patrimoine par les descendants dégénérés de ceux qui l'ont édifié.

En réalité, je pense déjà à ce que je ferai pour récupérer une vue normale, c'est-à-dire des plantations. Et si la situation devient intenable, je vendrai pour aller ailleurs. Enfin si d'ici là on ne nous a pas spoliés de tout, voire même massivement exterminés en douceur, façon docteur Alexandre, en tant que biomasse inutile aux dieux mécaniques de l'Olympe transhumaniste.

Après quelques courses, je suis allée regarder le coucher de soleil sur le lac qui chuchotait doucement à mes pieds, ce beau lac qui est là depuis des millénaires, qui a nourri, abreuvé et baigné des générations de Russes, de vrais Russes, qui avaient d'autres valeurs que ces gnomes prêts à le mettre aujourd'hui en coupe réglée, et le transformer en marécage plein de moustiques, en égoût pour leurs affreux cottages, d'ici la fin du processus, avec un peu de chance, je serai morte, ou le Second Avènement aura eu lieu. Le lac avait la couleur de l'or, comme le fond des icônes, cette ténèbre lumineuse au delà de laquelle Dieu ne se laisse plus entrevoir.