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lundi 31 octobre 2016

Une idéaliste




le séchoir à pommes, champignons et autres récoltes, fabriqué en Sibérie
Olga Kalashnikova m’a emmenée partout. Demander la pose d’un système internet correct à la seule firme sérieuse du coin, et elle a tenu à m’offrir l’abonnement, à la prière de son mari ; acheter un lit, et je l’ai trouvé, comme d’habitude, la seule variante possible, un lit de bois, tout simple, et il ne me sera pas livré dans un mois, mais samedi prochain. Acheter le must de la ménagère russe, un séchoir pour les pommes, les champignons, les baies, ce qui permet de conserver tout cela pour l’hiver. Pour l'instant, je n'ai à vrai dire pas grand chose à conserver, mais cela peut venir...
Au retour, elle m’a dit : « Vous savez, on parle souvent des idéalistes comme de gens qui ne prennent pas en considération la réalité de la vie, et moi j’ai toujours considéré qu’un idéaliste était quelqu’un qui conformait sa vie à son idéal. Or cet idéaliste, je le vois enfin incarné en votre personne, qui me donne l’assurance qu’une telle chose est possible, que ce n’est pas une vue de l’esprit. En cela, vous avez le grand mérite de nous montrer l’exemple, d’être un témoignage. J’en ai même eu les larmes aux yeux de penser à vous, venant toute seule ici, et je crois absolument indispensable que vous ayez une liaison internet digne de ce nom, pour continuer votre œuvre et rester en contact avec les vôtres. »
Cela m’a beaucoup touchée, bien que je trouve cela exagéré, car je suis une orthodoxe bien loin de la perfection, et même, je trouve qu’en accomplissant mon « témoignage », j’ai plutôt régressé, je fais ma flemmarde, je me laisse aller sur bien des plans.
Mais je constate que tout le monde vient à ma rencontre, et que les gens font tout pour me faciliter la vie. Personne ne semble se demander : «Qu’est-ce qu’il lui a pris, à cette vieille folle ? » Au contraire, on fond d’attendrissement, et l’on m’aide de toutes les manières.
Pour remédier à l’inconvénient du « siding » dont on recouvre les maisons, et qui fait disparaître les jolies décorations et les fenêtres sculptées, une firme barbare a trouvé la parade : des encadrements de fenêtre ornementés en plastique garantis laideur éternelle.

Ma chatte Chocha, Russe rapatriée, avec ma vielle à roue tout juste réparée par son fabricant, Sacha Joukovski, et le pastel du père Parfionov que je viens d'acquérir.

dimanche 30 octobre 2016

Sacha et le métropolite


J'inclus cet article d'Alexandrina, car cette histoire qu'elle m'a racontée de vive voix a été un des éléments qui m'ont convaincue de revenir dans ce pays. Cette histoire d'amour mystique entre cette petite fille et ce moine devenu métropolite, une histoire au delà de tout aspect charnel, une histoire de communion dans une autre dimension qui n'arriverait pas chez nous et qui n'y serait pas prise au sérieux.

MON METROPOLITE PERSONNEL
Je ne me vante pas. Je témoigne de la grande miséricorde de Dieu et du miracle de sa Providence.
Il m'est arrivé une histoire incroyable. Elle a a débuté il y a longtemps, mais n'est toujours pas terminée et se poursuit encore maintenant!
Quand j'avais six ans, nous vivions avec mes parents au village de Rakitnoïe, dans lequel affluait un grand nombre de gens, sur la tombe du starets Serpahin Tiapotchkine. Parmi les pèlerins se trouvait le jeune hiéromoine Zinovi, avec lequel j'ai tout de suite noué des liens d'amitiés, si profonds que nous avons décidé de prier l'un pour l'autre. Toujours, toute notre vie, chaque jour. Moi, la petite fille de six ans, et lui, le hiéromoine de Donetsk.
J'ai tout de suite appris à écrire des dyptiques "pour la santé de..." Mais les années passèrent et avec le temps, j'avais oublié mon vœu d'enfant et notre amitié. J'en ai honte, vraiment.
J'avais oublié, mais pas lui!
Presque trente ans (!!!) plus tard, il m'a recherchée par l'intermédiaire de mon papa (l'archiprêtre Vladimir) et m'a invité à sa chirotonie épiscopale dans l'église du Christ Sauveur, à la liturgie patriarcale. Après l'office divin, je me frayai un chemin jusqu'à lui à travers la foule, et nous ne nous sommes plus séparés.
"Je me suis toujours souvenu de toi, me dit monseigneur Zinovi, et j'ai prié pour toi chaque jour que Dieu fait, comme nous en étions tombés d'accord!" J'ai naturellement fondu en larmes de honte et de saisissement...
Maintenant, il est métropolite de Saransk et de Mordovie, je vis dans sa maison, au monastère saint Jean le Théologien, je l'accompagne en voiturei à l'office et à ses obligations de métropolite, il me montre les églises de Saransk, toutes les portes s 'ouvrent devant nous, des carillons nous accueillent... Une telle chose est-elle possible???
J'ai offert à monseigneur une icône d'Alexis de Bortsourman, mon grand-père, comme je l'appelle maintenant. Hier, pendant la liturgie du concile de Kazan, l'icône était sur l'autel, sur le trône, à côté de l'Evangile. Monseigneur priait, et je me tenais dans cette église magnifique et ne pouvais croire que tout cela était avec moi, de façon gratuite et imméritée, selon une grâce supérieure et mystérieuse...
"Je suis maintenant TON monseigneur. Sache-le, je suis ton métropolite personnel!" m'a-t-il dit, pour me faire fondre complètement.
Mon métropolite! A moi!
C'est cela, l'Amour.



Saint Syméon le Stylite

Saint Syméon le Stylite


La neige tient, et il fait froid, mais je m’attends à un réchauffement, c’est encore tôt. Cependant, il paraît qu’il fait nettement plus froid ici qu’à Moscou, d’abord parce que nous sommes 130 km plus au nord et ensuite parce que la grande ville est en surchauffe permanente et que cela crée un microclimat. Mon chien fait plaisir à voir, il se roule dans la neige avec bonheur. Je suis allée à l’église, celle de Syméon le Stylite, le père Dmitri m’a si bien accueillie… Mais la liturgie dure trois heures, chez lui, à Solan, paroisse monastique, elle ne dure qu’une heure et demie. Il nous a fait un long sermon sur toutes les occasions que notre vie crée aux graines de la bonne parole de ne pas pousser, y compris les gens qui observent strictement toutes les règles, mais servent la lettre de la loi au lieu d’être dans l’Esprit de Dieu, c’est vrai, j’en connais, moi, je serais plutôt le genre contraire, la je-m’en-foutiste flemmarde qui attend l’inspiration. Ensuite, deuxième sermon, sur Halloween la fête maudite, qu’est-ce que c’est que cela, d’où ça sort, et pourquoi ? Et l’assistance de se signer largement pour témoigner de son peu d’enthousiasme pour ces réjouissances importées et suspectes.
Beaucoup d’enfants de tous les côtés, l’orthodoxe repeuple la Russie, c’est clair. Le père Dmitri lui-même vient de baptiser son septième exemplaire.
Me voyant arriver, il semble tout content et m’invite à nouveau au repas en commun. Suivi de la catéchèse pour les adultes, ce qu’à Solan on appelait la synaxe quand c’était le père Placide qui venait nous la faire. Le père Dmitri explique à ses ouailles la transcendance et l’immanence, l’apophatique et le cataphatique, les différentes hérésies et les conciles correspondants, la lumière incréée, l’essence inconnaissable de Dieu et ses énergies. Je rencontre le Suisse orthodoxe, l’apiculteur, Benjamin. C’est un type immense, deux mètres, un grand Suisse barbu et bouclé, un cœur à prendre, mesdames, si vous êtes orthodoxe ou si vous avez l’intention de le devenir. Sa femme russe a préféré rester en Suisse, je ne suis pas sûre qu’elle ait fait le bon calcul.
Sur les pots de miel de Benjamin, très bien présentés, on voit une petite croix suisse. Il m’a dit qu’il ne rentrerait pour rien au monde, qu’il se sentait ici chez lui, comme s’il y avait toujours vécu.

Tout le monde est adorable avec moi, dans cette paroisse, et j’ai revu Olga et sa délicieuse mère qui m’invitent à profiter de leur bain de vapeur quand je le souhaite.

L'intérieur de l'église à la fin de l'office, pendant, je n'ose pas photographier. Elle ressemble à une enluminure. Mais je demanderai la bénédiction du père Dmitri, car elle a de belles icônes.

samedi 29 octobre 2016

Jour de neige et de brouillard







L'église de la sainte Trinité




Olga Kalashnikova m’a proposé d’aller faire une expédition photo dans des endroits pittoresques, car il neigeait dru, ce qui conférait aux paysages un intérêt particulier. En arrivant à la rivière Troubej, j’ai vu sur la rive opposée, dans un demi jour vibrant de flocons, se déplacer une mariée toute en blanc, sous son voile, avec son époux en costume foncé, ils avançaient pareils à des fantômes, dans ce monde hivernal. D’après Olga, la coutume locale veut que le mari porte la mariée tout le long du pont qui franchit la rivière.
En chemin, Olga nous faisait écouter un disque d’accordéon musette : la mer qu’on voit danser le long des golfes clairs… surréaliste d’entendre cela par les rues de Pereslavl brouillées par la neige et le crépuscule précoce.
Nous nous sommes arrêtées sous le monastère Goritski, un endroit où j’ai souvent dessiné quand j’ai découvert Pereslavl en 99. Mais presque toutes les jolies maisons qui accompagnaient les remparts du monastère et ses coupoles ont été remplacées par des monstres de plusieurs étages mal fichus. Ces gens-là croient-ils que les peintres auront encore envie de peindre leurs affreuses bâtisses ?

Olga
Je me souviens d’une isba particulièrement jolie, près de l’entrée du monastère. Le fronton en était orné d’une poule et d’un coq sculptés et peints. La petite vieille qui habitait là, et qui avait de beaux yeux très bleus, m’avait expliqué que ces sculptures étaient l’œuvre de son mari et les représentaient tous deux, lui le coq, elle la poule. Je n’ose pas retourner à cet emplacement de peur de voir cette merveilleuse petite maison remplacée par un machin prétentieux.
Nous avons fait halte au bord d’une rivière, dans la forêt, la neige soulignait tous les reliefs d’une lumière sans éclat, sur les sombres ramures, à la lisière des berges où l’eau commençait à geler. Les roseaux balançaient au vent glacial de petites mains blanches et crispées. L’atmosphère était sévère et magique, mystérieuse, envoûtante.
Puis nous sommes allées du côté de Koupanskoïé, près du musée du chemin de fer, où se dresse une église neuve, en bois, consacrée à la sainte Trinité. Dans cette grisaille, les herbes semblaient balancer des fleurs immaculées et glaciales, je voyais se déployer des rangées de présences oscillantes, d’anges suspendus. Les arbres se perdaient dans la brume neigeuse, où des reflets encore dorés se fanaient ça et là.
A Koupanskoïé, beaucoup de très jolies isbas se conservent encore, et cela donne au paysage une toute autre allure, elles ne s’imposent pas, elles accompagnent les accidents du terrain, elles nous mènent doucement jusqu’à l’église comme une double rangée de paysannes parées pour une fête.
Au retour, Olga m’a invitée dans un restaurant du coin pour prendre le thé, elle m’a offert une bouteille d’hydromel. Les gâteaux étaient très bons, nous avons beaucoup parlé, de l'éducation des enfants, de la très mauvaise influence de l'ordinateur sur leur développement et leur psychisme, de la mutilation grave que représente pour l'âme de nos contemporains la rupture de la transmission du patrimoine culturel et des savoirs faire populaires. 

Le royaume mystérieux de l'hiver se découvre


Des emportements dans le silence


Au delà des tristes pensées

Chemin vers la solitude altière

Deux présences

Défilé angélique
L'église



Un pin face à l'espace

Mon petit chien adore la neige
Photo d'Olga Kalashnikova

Le pêcheur russe ne se laisse pas arrêter par les intempéries





vendredi 28 octobre 2016

Une féerie que la modernité assassine, ou Pereslavl Zalesski vu par Olga Kalashnikova

Avril à Pereslavl par Olga Kalashnikova. C'est une vue de la Belle Place, avec l'église de la Transfiguration où a été baptisé Alexandre Nevski. Une vue merveilleuse, dont on ne voit plus aujourd'hui que des fragments.

Kostia m’a emmenée acheter du matériel. J’ai vu une belle isba, très joliment décorée, et en bon état, mais elle était guettée par un gros monstre en blocs grisâtres qu’on a construit juste derrière elle, afin de la détruire lorsqu’il sera terminé. J’ai dit à Kostia : «Vous comprenez que toutes ces maisons qui disparaissent et sont remplacées par des horreurs, c’est la mémoire de vos ancêtres et c’est la référence de la beauté qui se perdent ? Les enfants grandiront au milieu de trucs affreux, leur âme en deviendra difforme.
- C’est juste, m’a-t-il répondu, c’est pourquoi j’emmène les miens en vacances en Grèce, pour qu’ils voient de la beauté.
- Mais c’est justement ce qui ne va pas en Russie, Kostia. Les gens saccagent leur pays sans aucun état d’âme et vont ensuite en Europe se rincer l’œil sur des cités ou des paysages préservés, ne serait-il pas opportun de respecter votre propre héritage, votre culture originale et unique ? »
- Ah mais que voulez-vous, il faut du temps pour ressusciter ce que nous avons perdu il y a 90 ans… »
Et nous, c’est maintenant que nous allons le perdre. La Russie, en 1917, était à la veille de sa plus grande catastrophe, et exactement un siècle plus tard, nous sommes à la veille de la nôtre. Si nous pouvions voir telle qu'elle était toute la beauté du monde que nous avons ravagé en l'espace de deux siècles, nous en hurlerions de détresse. Ce monde vit encore dans chacune de mes cellules, d'une façon mystérieuse, et le tort qu'on lui cause me blesse constamment.
Le père Parfionov m'a fait parvenir un de ses beaux pastels par une’amie, Olga Kalashnikova. J’aime beaucoup ses tableaux. On y voit le Pereslavl que j’ai connu, avant les promoteurs, les vacanciers et les palais de plastique à plusieurs étages. Elle m’a emmenée dans le vieux Pereslavl, voir une église toute neuve qui a l’air d’avoir toujours été là, puis celle des quarante martyrs de Sébaste, à l’embouchure de la rivière Troubej. Il faisait malheureusement trop sombre pour faire des photos de ce paysage d’eau dormante, d’arbres nus, de ciel moiré et de lueurs électriques éparses et fantasmagoriques.
Nouvelle église dans la vieille ville par Olga Kalashnikova

J’ai pris le thé chez elle, nous nous sommes entendues comme larrons en foire. Je m’aperçois avec consternation que j’ai du mal à parler russe, cela me fatigue et j’ai parfois du mal à construire certaines phrases, je ne me souviens plus de l’accentuation, des mots m’échappent.
Olga a fait de magnifiques champignons en pâte à sel et en papier mâché, ce qu’elle appelle des portraits de champignons. On les dirait vivants, car elle a posé directement les bandelettes de papier encollé  sur les spécimens fraîchement cueillis. Disposés dans une corbeille avec des feuilles mortes, c’est extrêmement joli. Mais elle n’a pas voulu de photos, car elle voudrait mettre ses productions en scène elle-même.

Passage Taïnitski par Olga Kalashnikova.  Cet équilibre entre ces maisons modestes, ces églises féeriques, ces végétations capricieuses est désormais rompu par des constructions prétentieuses, lourdes, disparates, et le désastre se produit à toute vitesse.














jeudi 27 octobre 2016

Première neige





Rouslan m’a parlé du lac de Plechtchéïevo qui aurait un double fond. Pendant une certaine période, comme en ce moment, le lac perd de sa surface et de sa profondeur, et soudain, à travers le gouffre placé en son centre, de l’eau afflue depuis le second lac souterrain, et moi qui suis à deux kilomètres, je pourrais me retrouver avec de l’eau au bout du jardin ou presque.
Il m’a parlé aussi des systèmes de souterrains qui reliaient les monastères et bâtiments publics ou princiers les uns aux autres, comme du reste à Moscou. D’après lui, Pereslavl est une ville pleine de mystères. Je vois qu’il brûle de m’entretenir de ce genre de choses, au désespoir de son ouvrier qui aimerait bien le voir s’intéresser davantage aux tuyauteries…
Toute l’équipe considère qu’une maison avec le gaz et l’eau est le summum de ce qu’on peut trouver. Et la mienne a ce soir le chauffage et l’eau, seulement froide, car il faut encore relier le chauffe-eau à son aération, mais de toute façon, je n’ai pas encore de douche. Le chauffage arrive bien, car il fait 0°, il vente et il neigeote, un saupoudrage blanc qui ne tient pas vraiment.
Kostia m’a dit que les gens, ici, aimaient bien la culture, ceux qui écrivent, chantent ou dessinent. Rouslan apprécie un de mes tableaux, retrouvé chez le père Valentin, qui est une illustration d’un vers spirituel des cosaques Nekrasovtsi « la mer océane ».
En France, j’ai toujours eu des plombiers ignobles, c’est la première fois que j’ai un beau plombier intelligent et charmant qui connait des tas de choses.
Une cliente du café la Forêt m’a dit que je pouvais avoir confiance en Kostia, que c’était un type bien, « nach tcheloviek » !
En allant à ce café, pour échapper au chantier et parce que je ne pouvais utiliser la cuisine, j’ai vu une maison qui ne me paraît pas être un musée et qu’une personne de goût fortunée a édifié dans le style des palais du XVI° siècle russe. Pourquoi, quand on a de l’argent, faire un affreux château Disneyland au lieu de s’inspirer de son architecture ancestrale ? De même, à Krasnoïé, un type s’était fait construire une « ousadba » du XIX° siècle. Mais on peut aussi envisager du contemporain qui ne violerait pas brutalement le style du pays, son paysage et ses églises.
La jeune femme du café appelle les châteaux américains des nouveaux riches des monuments à la vanité.
Ce pourrait être le palais d'un boïar du XVI° siècle, seul le toit n'est pas conforme, mais la tôle choisie est brune et discrète. Et il y a une boîte aux lettres sur la porte! 


La mer océane:



Sur la mer océane,
Sur l'écume blanche plane
Une longue roche grise
 où se dresse une belle église

Une longue roche grise
Où brille une belle église
Dans l'église tout doré 
Un autel bien éclairé

Sur l’autel éclairé
Un évangile est posé
Le relisent ces deux anges
Ces trois lumineux archanges

Le lisent deux anges
Ces trois lumineux archanges
Amèrement devant eux
Sanglote la Mère de Dieu

Sainte Mère Marie
Ne pleure donc pas ainsi
Ah comment ne pas pleurer
Quand mon Fils on a crucifié

Comment ne pas pleurer
Quand mon Fils meurt crucifié?
D'épines on l'a couronné
De vinaigre on l'a communié...

Ne pleure pas ainsi
Notre sainte Mère Marie
Il s'en va ressusciter
De l'enfer, il va remonter.

Il s'en va ressusciter
De l'enfer remonter
Et l'hymne des chérubins
Nous lui chanterons tous demain

Alléluia, notre Dieu gloire à Toi
Alléluia, notre Dieu gloire à Toi.







mercredi 26 octobre 2016

Un coup pour pas grand chose

Près de l'église du Christ Sauveur, dynamitée par les soviétiques pour faire une piscine, reconstruite ensuite "à l'identique" selon la conception de Loujkov, c'est-à-dire forcément pas pareil, et assez kitsch, mais de loin, l'effet n'est pas trop mal.

Je suis partie pour Moscou, afin de récupérer une lettre recommandée arrivée chez mon père spirituel, et de prendre mon premier cours auprès de Dmitri Paramonov, le roi des gousli.
Les cours de gousli ont lieu dans un palais du XVII° siècle, au cœur du vieux Moscou. On y parvient par le pont du Patriarche, une passerelle qui part de l’église du Christ Sauveur, avec vue d’un côté sur le Kremlin et de l’autre sur la fabrique de confiseries «Octobre Rouge » et le monument vraiment monumental dressé à Pierre le Grand par le sculpteur Tsereteli.
Beaucoup d’intellectuels moscovites pensent que ce monument est une horreur. Mais malgré mon peu d’affection pour Pierre le Grand, et mon peu d’enthousiasme pour Tsereteli, ce machin me semble conférer au quartier une dimension fantastique, et le peintre Alexandre Chevtchenko l’a si souvent représenté sur ses toiles que je ne peux plus imaginer ce coin sans lui.
C’est un peu comme la Tour Eiffel, elle est moche mais on s’y attache. Il y a pire.
Le monument à Pierre le Grand

En arrivant dans le palais, j’apprends que Paramonov est malade et a reporté la séance. C’est une situation que j’ai déjà connue par le passé, mais je ne venais pas de Pereslavl Zalesski.
D’autre part, Xioucha a paumé la lettre recommandée, ce qui aurait très bien pu m’arriver, mais du coup, je suis venue pour rien.
Enfin si. J’ai vu Xioucha et fait du tourisme dans le centre de Moscou. Et puis je suis allée acheter de quoi peindre et dessiner dans un grand magasin de fournitures pour artistes.
J’ai rejoint le lendemain Zoïa, qui vient chercher toutes les semaines son fils handicapé, et elle m’a ramenée. Elle est d’une extrême gentillesse.
Cela m’a permis de rapporter un carton à dessins dans lequel j’ai retrouvé un tableau presque fini que je pourrai offrir à Olga. Il était resté en rade chez mon père Valentin. Que n’ai-je pas semé derrière moi au cours de ma vie vagabonde… J’aimerais bien ne plus bouger jusqu’au grand départ, où je n’aurai plus à me préoccuper de mes diverses épaves.
Il fait très froid, aux alentour de 0°, avec un vent agressif qui sent la neige. Rom a répondu à mes appels par des miaulements désespérés. A mon avis, il est resté dehors pendant toute mon absence, car il a peur des ouvriers, il a peur de tout le monde. C’est mon pauvre Français dans la tourmente. J’ai cru qu’il n’allait pas rentrer, mais il a dû se faufiler dans la cave pendant que je l’appelais, il est ressorti quand les ouvriers sont partis.
Il fait 11° dans la cuisine, j’ai sorti les bottes de feutre et le poncho péruvien.

Les nouvelles de France m’affligent profondément. Et la propagande russophobe hystérique et parfaitement mensongère que vomit notre classe politico-médiatique infâme.
Le Kremlin depuis la passerelle
Le monument à Pierre le Grand et la fabrique Octobre Rouge par Alexandre Chevtchenko