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vendredi 12 février 2021

Bande de tarés.

 

Chocha, Moustachon, Georgette

J'ai l'impression de voir un film de science-fiction quand un mien ami m'explique qu'il a réussi à passer en Biélorussie, à défaut de la Russie, et cela alors que la plupart des candidats à l'émigration ont été refoulés. C'est-à-dire qu'il y en a quand même pas mal. Et ils sont refoulés!

Il fut un temps, c'était la ligne de démarcation. Ou le mur de Berlin. Maintenant, un retraité passe la frontière la peur au ventre avec sa valise en carton, et se sent infiniment soulagé en arrivant à l'aéroport de Minsk, chez le terrible dictateur Loukatchenko...

Parallèlement, Olga vient d'acheter sa maison ici, et se prépare à rentrer en Belgique le temps d'établir le visa de son mari hollandais et d'organiser leur déménagement. 

Un ami infirmier en France ne cesse de subir des tests PCR qui l'obligent à se faire ramoner les fosses nasales jusqu'au cerveau, et subit en ce sens une intimidation permanente. Je comprends qu'au boulot, il soit très difficile de se soustraire à ces pratiques sadiques et douteuses, mais c'est qu'il y a encore trop de gens qui les trouvent normales sans se poser de questions bêtes et méchantes du genre: si le truc est si contagieux, pourquoi faut-il aller nous fouiller la cervelle pour en trouver des traces? Si on en croit le masque, les gants et tout le cirque, il devrait être facile à récolter dans la moindre goutte de salive... Comment peut-on infliger aux gens plusieurs fois de suite des examens aussi intrusifs?

Mais d'après l'hallucination collective qui préside à la dictature sanitaire prémondialiste des Européens, la dictature, c'est ici, où le pire qu'il puisse m'arriver est de faire semblant de m'accrocher un masque cinq minutes sous le menton pour aller faire mes courses, où je vais voir des amis et circule comme je veux, où je me rends à l'église sans qu'on me casse les pieds. Le pire est que la frange navalnichonne de la population locale se croit aussi en dictature, alors que nous sommes peut-être plus libres ici que dans n'importe quelle partie du monde, actuellement, sans restrictions permanentes, sans flicage, sans idéologie envahissante, sans terrorisme intellectuel, sans intimidation agressive et stupide de toutes sortes de minorités d'ilotes enragés.

Mais je crois que le vibrion hagard lâché sur nous par les oligarques mondialistes qui nous veulent tant de bien est en train de se déconsidérer aux yeux de la majorité des Russes.

Aujourd'hui, tempête de neige, une tempête transparente et sourdement lumineuse, qui promène de fantomatiques et scintillants tourbillons blancs. Mais j'ai la flemme de sortir, car lorsqu'il fait froid, il faut s'emmitoufler tellement, et marcher à petits pas pour ne pas tomber, peut-être devrais-je acquérir des skis de fond, mais je n'en ai jamais fait de ma vie. Ce temps, ce véritable hiver russe normal, devrait durer jusqu'à la mi mars, et ce serait vraiment bien, après c'est la fonte des neiges et on n'en parle plus. 

Ma locataire Ira a été rejointe par son fils, Génia le balalaiker, et sa petite amie, plus ses deux filles, plus une amie, plus encore un couple d'amis, avec leur gosse, mais ceux-ci logeaient à l'hôtel. Le soir, nous avions prévu une petite soirée au café français, ce qui n'a pas empêché toute cette compagnie de "déjeûner" à cinq heures de l'après-midi, les Russes mangent à n'importe quelle heure. On leur prépare à dîner, ils  ont déjà mangé. C'est comme cela qu'on en arrive à manger plus ou moins tout le temps et à grossir en proportion. Et je pouvais difficilement me dérober, alors que tout le monde voulait me voir.

Génia me dit qu'il me manque d'être complètement je m'en foutiste pour être pleinement adaptée à son pays. Je pense l'être déjà devenue pas mal. Mais j'ai besoin de pouvoir au moins chez moi gérer les choses de la manière qui convient à ma santé et à mon âge avancé. 

Le soir, je suis allée au café, j'ai commandé en catastrophe des pizzas, acheté des quiches et un gâteau, Katia est arrivée avec encore plus de gâteaux, bref, dans l'improvisation totale, avec des gens qui venaient n'importe quand, nous nous sommes tous retrouvés à chanter dans ce café pratiquement sans arrêt. Gilles et sa femme, le cosaque suisse Benjamin, Kostia et Natacha étaient aussi charmés qu'étonnés. D'autant plus que le niveau était très bon, il y avait là une ancienne choriste de l'ensemble Pokrovski, comme Génia lui-même. Et toutes les autres savaient aussi chanter. J'ai fait remarquer à Kostia et Natacha que lorsque des jeunes gens "entraient en folklore", ils devenaient tous comme cela, que leurs soirées se passaient à chanter, jouer, danser sans arrêt, qu'ils ne pouvaient plus s'arrêter, que cela me rappelait le chapitre du Maître et Marguerite" où toute une administration ensorcelée ne peut plus s'empêcher de chanter sans cesse "Baïkal, mer sacrée". C'est dire à quel point la pratique de la musique populaire éveille des couches profondes de l'être et répond à d'impérieuses nécessités humaines dont on prive l'ensemble de la population.

A l'issue de tout cela, l'adorable Benjamin m'a demandé, avec des yeux comme des soucoupes, de le prévenir obligatoirement à la prochaine séance. Et je lui ai répondu que naturellement, et qu'il faudrait alors inviter aussi Olga et Romane, et Viatcheslav, le cosaque qui joue de l'accordéon, qu'il fallait donner de l'ampleur au phénomène. Génia prévoit une soirée par mois, où chaque participant devrait apporter une spécialité culinaire et une chanson de son pays.

Benjamin m'a offert du vin de miel suisse, qui diffère de l'hydromel russe, et je ne l'ai pas goûté, mais à le voir, comme cela de l'extérieur, cela me rappelle l'aspect du chouchenn breton.

Le froid m'a apporté un chat affamé et congelé qui s'est comporté avec une insolence de migrant déchainé, à tel point que je l'ai mis dehors pour pouvoir nourrir Rita, et pour l'instant, il n'est pas revenu.

J'ai beaucoup de mal à résister aux chats en détresse quand il fait moins quinze et que le vent souffle, et pourtant, je n'en peux plus, des chats, ils me pourrissent la vie, et je n'ai pas assez d'affection à donner à tout le monde, surtout dans la mesure où ils ne sont pas foutus de s'en donner les uns aux autres. 

Blackos prend des airs terrorisés, le matin, quand je le surveille pour éviter qu'il ne chie sous mon lit, sur ou sous le divan, parfois il part en dérapant, franchit la chatière, regarde si je monte toujours la garde, et se décide à aller dehors. Mais je me suis rendu compte qu'il se débrouillait pour se soulager dans un pot de fleurs!

Je n'arrive pas à comprendre pourquoi cette bande de tarés ne va pas faire ses besoins dehors, comme tout chat normal.

Blackos


chez moi


mardi 9 février 2021

Les nains de jardin

 


Il m'a fallu aller aujourd'hui au service d'immigration, car chaque année, il faut montrer patte blanche et dorée, prouver qu'on est ici et qu'on a de quoi vivre. Coup de bol, j'avais retrouvé par hasard mon avis de retraite, j'avais oublié que j'en avais un. Et j'en avais fait faire une traduction assermentée. Cependant, j'avais mal rempli l'enquête, pourtant, je l'avais fait sur le modèle de celle de Gilles. La jeune femme était une de celles qui était venue amener Steve à Rita, sans résultat malheureusement. Mais quand même, elle s'en est souvenue, et je pense que tout va bien se dérouler, seulement évidemment, il me faut y retourner encore une fois.

Il fait froid et clair, et c'est annoncé pour jusqu'à la mi mars. On passera de - 15 à - 9. C'est un vrai hiver russe, comme on n'en fait plus assez. Tout est propre, blanc et magique.

Une artiste dont j'aime beaucoup les tableaux de grand talent, et qui semble avaoir aménagé son intérieur avec autant de poésie que de goût, présentait la photo d'une jolie isba sur facebook, et voilà qu'une gourdasse intervient pour déplorer qu'on accorde de l'importance à ces vieilleries hideuses. Echanges de répliques sur le thème. Elle a fini par produire un poème de Blok sur la Russie misérable du XIX° siècle, en ajoutant qu'on était sorti, en 200 ans - c'est-à-dire plutôt en 100, Blok est mort dans les années 20, mais on n'est pas à ça près - de la Russie des isbas noires et déprimantes. Je lui ai répondu que tout individu qui s'intéresse un tant soit peu à l'art populaire russe sait combien les maisons, les objets quotidiens, les vêtements étaient colorés, poétiques et exubérants et qu'elle en aurait une bonne représentation en allant voir les illustrations de Bilibine plutôt que de s'en référer aux poèmes de Blok, intellectuel de gauche qui tenait vraiment à voir les choses telles que le lui dictait son idéologie, comme aujourd'hui les libéraux d'ailleurs. Je lui ai vivement conseillé de s'intéresser à ce que faisaient ses ancêtres, au lieu de les mépriser. Puis par curiosité, je suis allée sur sa page. Elle dirige une firme qui s'occupe de paysager des espaces, ça promet. Et exhibe, en soupirant que malheureusement, ce n'est pas encore l'avenir de la Russie, une chaumière néerlandaise au bord d'un canal dans des couleurs rose bonbon et bleu layette, il ne manquait que Panpan le lapin et Cui-cui le petit oiseau de chaque côté du nain de jardin. J'ai écrit dessous: "Ah, voilà ce qui vous plait, ce mauvais goût et cette banalité atroces, c'est en une triste copie de cette Europe que vous voulez transformer votre pays féerique? Quel malheur, quelle honte!" 

Je voulais copier la photo pour la mettre ici, mais je n'en ai pas eu le temps, elle l'avait supprimée avec mon commentaire. En réalité, ces libéraux ignares qui rêvent d'une Europe à la Walt Disney sont le résultat du dénigrement systématique par l'URSS de la Russie traditionnelle, qui a très bien préparé l'implantation de la merde mondialiste actuelle. Les barbares du style de cette fille, souvent en position économique dominante, ont tout loisir de perpétrer sur ce qui reste de la Russie les crimes que je vois tous les jours, et cela avec un enthousiasme complet, ils me rappellent les komsomols qui ricanaient quand je n'appréciais pas de voir remplacer des vieux quartiers ravissants par des barres en béton, ces crétins sont leurs petits enfants, ce sont eux qui les ont élevés.

Parallèlement, j'ai vu un butor français contester notre indignation devant l'installation d'éoliennes à proximité d'une citadelle médiévale magnifique. D'abord, tout ce qui est médiéval est obscur, on le lui répète depuis l'école, et aussi à la télé, tout cela doit être éliminé, le féodalisme, l'oppression, j'ai connu comme cela, dans les années 70, des imbéciles, aux Beaux-Arts, qui, lorsqu'on leur parlait des Pyramides d'Egypte, répondaient en déplorant le sort des travailleurs égyptiens dont ils ignoraient absolument tout et à qui ils attribuaient leur triste mentalité de médiocres enragés! Ensuite, ce con est écologiste, de l'espèce la plus obtuse, celle qui déshonore l'écologie. Comme il n'aime pas les centrales nucléaires, allons-y pour les éoliennes, et comme c'est un abruti, il ne voit même pas l'arnaque et outre le préjudice esthétique (mais ça, dit-il, c'est relatif, lui les éoliennes, il trouve ça très beau), les dommages infligés à l'environnement. Qu'on puisse s'extasier sur une éolienne ou une villa en plastique au détriment d'un château ou d'une isba décorée me paraît un signe de profonde dégénérescence, je veux dire qu'il n'y a absolument plus rien à tirer de gens pareils et s'ils deviennent trop nombreux, nous n'aurons plus qu'à mourir, car ils feront de notre vie un enfer complet. L'enfer, c'est leur élément, ils s'y plaisent et détestent viscéralement tout ce qui ne lui appartient pas. La poésie, la beauté, la musique, l'art, la noblesse, la bonté, l'héroïsme, la sainteté, la vérité. Il y a des gens comme cela. C'est effrayant.Obscurément, dans leur cervelle et leur coeur atrophiés, ils sentent à quel point ils sont minables et contrefaits et haïssent tout ce qui le leur rappelle. Ce sont les orques de Sauron.

Le père Basile m'a dit dernièrement au téléphone que tout était foutu, mais que néanmoins, la Russie restait notre arche, ou disons que notre arche était en Russie. Il pense que Dieu fait le tri, avant la fin. Nous en avons discuté. Ceux qui restent avec Dieu sont sous sa protection. Il faut tenir bon. D'un autre côté, ce sentiment de débâcle nous donne une espèce d'insouciance. Les nouvelles sont si affreuses, les gens qui nous gouvernent si ignobles, les foules si manipulées et si ahuries, le désastre si inéluctable, qu'on finit par ne plus se poser trop de questions sur notre avenir, très compromis. Et donc on vit au jour le jour, en faisant ce qu'on a à faire et advienne que pourra, le célèbre "avos" russe, je n'aurais jamais cru, au fond, rester si calme dans une telle situation. Certes, je m'irrite encore trop, mais je devrais être hystérique et morte d'angoisse, et ce n'est pas le cas, à défaut d'être emplie de grâce, je peux dire qu'au moins, je ne suis pas trop paniquée, et c'est à Dieu que je le dois.

Un de mes amis, en France, connaît au sein de la catastrophe une réelle et spectaculaire ascension spirituelle, et cela dans une grande solitude. Je suis loin d'en être là. Mais je vais mon bonhomme de chemin, et comme dans ma chanson des Oies Sauvages, j'essaie de "remplir ma destinée jusqu'à la dernière page". Envers et contre tous les nains de jardins et autres concombres masqués.


lundi 8 février 2021

Antigone

 J'ai les honneurs de l'Antipresse! 

RECONQUÊTES par Slobodan Despot Le temps des Antigones 


Dans cette naissance à soi qu’est le NON radical, j’ai vu des femmes s’illustrer plus entièrement que des hommes. Elles m’ont rappelé que la longue filiation des objecteurs de conscience descend de leur ancêtre Antigone. L’homme commence là où il dit: «non». C’était la devise de ma collection «La Fronde» à L’Age d’Homme. Je ne veux pas parler du «non» qui grogne accoudé à un zinc, mais du NON dressé comme une hallebarde qui risque d’être notre dernière parole. C’est le non qui nous engage bien plus fort que n’importe quel oui. Le non qui protège le dernier rempart du sanctuaire intérieur, celui du «ici je me tiens, je ne peux faire autrement» de Martin Luther. En 2020, j’ai dû féminiser cette devise, du moins la rendre inclusive. Dans cette naissance à soi qu’est le NON radical, j’ai vu des femmes s’illustrer plus entièrement que des hommes. Elles m’ont rappelé que la longue filiation des objecteurs de conscience descend de leur ancêtre Antigone. «Il y a des lois au-dessus des lois». La reconquête de notre liberté n’est rien d’autre que la soumission à ces lois-là, non écrites et donc seules sacrées. Ema Krusi designait et vendait des chaussures de luxe dans le quartier chic de Genève. Le confinement a mis à mal son affaire. Elle en a rajouté. A peine eut-elle rouvert sa boutique qu’elle a décidé de n’imposer à personne le port du masque — et l’a affiché en toutes lettres. Fermeture arbitraire. Procès. Ema s’est lancée corps et biens dans la défense de la raison et des libertés, sur YouTube. Lorsqu’elle m’a proposé un entretien vidéo, j’ai été réticent. Que vient-elle faire là, cette Barbie de la mode? Pourquoi fais-tu cela? lui ai-je demandé. — Pour pouvoir regarder ma fille sans rougir le jour où me posera la question: «Qu’as-tu fait, toi, à l’époque où l’on nous enfermait?» La blonde en stilettos masquait une maquisarde en treillis… Encore une Suissesse: Myriam. Elle a voulu voir la Syrie de ses yeux, visiter Alep et tous les lieux dévastés. Elle a compris la perversité de la fable qu’on lui avait servie dans les médias. Recueilli des témoignages. Réfléchi. Analysé. Décidé d’en faire un spectacle théâtral. C’est sage: les vérités les plus choquantes ont besoin parfois des passerelles de la fiction. Son art est l’inverse exact du cerveaulavage mainstream, qui s’emploie à faire passer la mise en scène pour seule vérité. La pièce doit se jouer en mars, dans l’un des pays les plus imbibés de bienpensance. Myriam y a investi son temps, ses relations, son statut social, sa vie. A Paris, Aude Lancelin avait entamé une belle carrière dans le journalisme bon teint, habile et brillante comme une langue qui flatte. Elle n’a pas tenu. L’impatience est la vertu des héros, ceux qui spontanément bondissent hors de la tranchée. Mieux vaut essuyer le feu que se noyer dans la boue. Aude jette des 1 1 Antipresse 271 pierres dans la façade des rédactions en vue. Pierres intitulées Le Monde libre, puis La Pensée en otage. S’armer intellectuellement contre les médias dominants. Vire à l’extrême gauche. Fonde Quartier général pour suivre la devise de Zinoviev et devenir «un gouvernement à elle toute seule». En 2020, elle signe son kompromat définitif, comme diraient les barbouzes: c’est La Fièvre, roman en hommage au martyre des Gilets jaunes, la plus violente diatribe j a m a i s é c r i t e contre la caste qui les éborgne. Où, nul hasard, c’est un jeune journaliste de Libé, Eliel Laurent — quelle phonétique de la fellation! — qu’on essaie de déniaiser de ses stéréotypes dévots sur le monde et la vie. Mais la cible, c’est le tout-Paris, c’est l’entre-soi des cachemires roses et de la bande à Duhamel, ce sont les rites d’une insondable hypocrisie devenue religion officielle. Lancelin ne tombe pas dans le maniérisme de la déchéance façon Houellebecq, elle veut d’évidence dire les choses, aller au plus pressé. Son roman est un acte d’accusation. Et son procureur, la voix du souterrain et de l’inaltérable conscience humaine, n’est autre qu’un homme de ménage, le nettoyeur de chiottes qui ne verra d’autre issue à ces cascades d’immondices que l’intervention surnaturelle. «Je ne crois plus qu’à ça, à vrai dire: la sortie d’Egypte! Je ne sais pas encore quelle forme elle prendra, mais je sais qu’elle viendra un jour…» (p. 171) La sortie d’Egypte! En lisant La Fièvre, j’ai pu croire qu’elle se rapprochait un peu. Très loin de là, à Pereslavl-Zalesski, Laurence Guillon mène un tout autre combat. Orthodoxe, son père spirituel lui a recommandé de quitter la France tant qu’elle en avait la force. Elle s’est installée, seule, dans sa patrie spirituelle. Et là encore, sur son lac menacé, cernée de néorusses spirituellement illettrés, elle lutte contre la laideur uniforme qui s’étend sur le monde. Elle fait redécouvrir aux locaux leurs propres chants que leurs parents ont oubliés. Elle combat les constructions sans âme ni goût, peint dans ses Chroniques de Pereslavl(1) les dérélictions de l’âme et la mue des saisons. Ses cinq chats et sa chienne sont des êtres doués d’âme, j’en témoigne de visu. Et même sa vielle à roue(2). Tant que les Antigones existeront, l’humanité sera épargnée. 

NOTES 1. chroniquesdepereslavl.blogspot.com 2. Vidéo: Laurence avec sa vieille à roue chantant une vieille chanson cosaque (4 min). • Texte paru simultanément dans le n° 188 (Février 2020) de la revue Éléments.

https://antipresse.net/aparchive/271643/Antipresse-271.pdf?mc_cid=bdd296797d&mc_eid=afabf62dac


Je la chante trop mou, mais j'étais un peu malade. J'en ai fait une adaptation française qui ne trahit pas du tout le sens.

Les pigeons gris 

 

Nous avons dormibeaucoup trop dormi 

Et laissé passer le Royaume promis 

Et laissé passer le Royaume promis 

Sont venus volant deux beaux pigeons gris 

Sont venus volant deux beaux pigeons gris 

Non ce ne sont pas des pigeons volants 

Non ce ne sont pas des pigeons volants 

Mais des anges d’argentdeux beaux anges blancs 

Mais des anges d’argentdeux beaux anges blancs 

De mon âme en peine les gardiens vigilants 

De mon âme en peine gardiens éplorés 

Qu’as-tu fait mon corpsqu’as-tu donc méfait? 

Qu’as-tu fait mon corpsqu’as-tu donc méfait? 

De ce beau Royaume ne t’es pas soucié 

De ce beau Royaume ne t’es pas soucié 

Le feu de l’enfer tu m’as préparé 

Le feu de l’enfer tu m’as préparé 

Le feu dévorantpour l’éternité 

Le feu dévorantpour l’éternité 

Maintenantmon corpson va t’enterrer, 

Maintenantmon âmeon va te juger. 

Maintenantmon âmeon va te juger. 

Devant le Seigneurtombe donc à ses pieds 

Devant le Seigneurtombe donc à ses pieds 

Seigneur tends moi la mainSeigneurprends pitié