Chocha, Moustachon, Georgette |
J'ai l'impression de voir un film de science-fiction quand un mien ami m'explique qu'il a réussi à passer en Biélorussie, à défaut de la Russie, et cela alors que la plupart des candidats à l'émigration ont été refoulés. C'est-à-dire qu'il y en a quand même pas mal. Et ils sont refoulés!
Il fut un temps, c'était la ligne de démarcation. Ou le mur de Berlin. Maintenant, un retraité passe la frontière la peur au ventre avec sa valise en carton, et se sent infiniment soulagé en arrivant à l'aéroport de Minsk, chez le terrible dictateur Loukatchenko...
Parallèlement, Olga vient d'acheter sa maison ici, et se prépare à rentrer en Belgique le temps d'établir le visa de son mari hollandais et d'organiser leur déménagement.
Un ami infirmier en France ne cesse de subir des tests PCR qui l'obligent à se faire ramoner les fosses nasales jusqu'au cerveau, et subit en ce sens une intimidation permanente. Je comprends qu'au boulot, il soit très difficile de se soustraire à ces pratiques sadiques et douteuses, mais c'est qu'il y a encore trop de gens qui les trouvent normales sans se poser de questions bêtes et méchantes du genre: si le truc est si contagieux, pourquoi faut-il aller nous fouiller la cervelle pour en trouver des traces? Si on en croit le masque, les gants et tout le cirque, il devrait être facile à récolter dans la moindre goutte de salive... Comment peut-on infliger aux gens plusieurs fois de suite des examens aussi intrusifs?
Mais d'après l'hallucination collective qui préside à la dictature sanitaire prémondialiste des Européens, la dictature, c'est ici, où le pire qu'il puisse m'arriver est de faire semblant de m'accrocher un masque cinq minutes sous le menton pour aller faire mes courses, où je vais voir des amis et circule comme je veux, où je me rends à l'église sans qu'on me casse les pieds. Le pire est que la frange navalnichonne de la population locale se croit aussi en dictature, alors que nous sommes peut-être plus libres ici que dans n'importe quelle partie du monde, actuellement, sans restrictions permanentes, sans flicage, sans idéologie envahissante, sans terrorisme intellectuel, sans intimidation agressive et stupide de toutes sortes de minorités d'ilotes enragés.
Mais je crois que le vibrion hagard lâché sur nous par les oligarques mondialistes qui nous veulent tant de bien est en train de se déconsidérer aux yeux de la majorité des Russes.
Aujourd'hui, tempête de neige, une tempête transparente et sourdement lumineuse, qui promène de fantomatiques et scintillants tourbillons blancs. Mais j'ai la flemme de sortir, car lorsqu'il fait froid, il faut s'emmitoufler tellement, et marcher à petits pas pour ne pas tomber, peut-être devrais-je acquérir des skis de fond, mais je n'en ai jamais fait de ma vie. Ce temps, ce véritable hiver russe normal, devrait durer jusqu'à la mi mars, et ce serait vraiment bien, après c'est la fonte des neiges et on n'en parle plus.
Ma locataire Ira a été rejointe par son fils, Génia le balalaiker, et sa petite amie, plus ses deux filles, plus une amie, plus encore un couple d'amis, avec leur gosse, mais ceux-ci logeaient à l'hôtel. Le soir, nous avions prévu une petite soirée au café français, ce qui n'a pas empêché toute cette compagnie de "déjeûner" à cinq heures de l'après-midi, les Russes mangent à n'importe quelle heure. On leur prépare à dîner, ils ont déjà mangé. C'est comme cela qu'on en arrive à manger plus ou moins tout le temps et à grossir en proportion. Et je pouvais difficilement me dérober, alors que tout le monde voulait me voir.
Génia me dit qu'il me manque d'être complètement je m'en foutiste pour être pleinement adaptée à son pays. Je pense l'être déjà devenue pas mal. Mais j'ai besoin de pouvoir au moins chez moi gérer les choses de la manière qui convient à ma santé et à mon âge avancé.
Le soir, je suis allée au café, j'ai commandé en catastrophe des pizzas, acheté des quiches et un gâteau, Katia est arrivée avec encore plus de gâteaux, bref, dans l'improvisation totale, avec des gens qui venaient n'importe quand, nous nous sommes tous retrouvés à chanter dans ce café pratiquement sans arrêt. Gilles et sa femme, le cosaque suisse Benjamin, Kostia et Natacha étaient aussi charmés qu'étonnés. D'autant plus que le niveau était très bon, il y avait là une ancienne choriste de l'ensemble Pokrovski, comme Génia lui-même. Et toutes les autres savaient aussi chanter. J'ai fait remarquer à Kostia et Natacha que lorsque des jeunes gens "entraient en folklore", ils devenaient tous comme cela, que leurs soirées se passaient à chanter, jouer, danser sans arrêt, qu'ils ne pouvaient plus s'arrêter, que cela me rappelait le chapitre du Maître et Marguerite" où toute une administration ensorcelée ne peut plus s'empêcher de chanter sans cesse "Baïkal, mer sacrée". C'est dire à quel point la pratique de la musique populaire éveille des couches profondes de l'être et répond à d'impérieuses nécessités humaines dont on prive l'ensemble de la population.
A l'issue de tout cela, l'adorable Benjamin m'a demandé, avec des yeux comme des soucoupes, de le prévenir obligatoirement à la prochaine séance. Et je lui ai répondu que naturellement, et qu'il faudrait alors inviter aussi Olga et Romane, et Viatcheslav, le cosaque qui joue de l'accordéon, qu'il fallait donner de l'ampleur au phénomène. Génia prévoit une soirée par mois, où chaque participant devrait apporter une spécialité culinaire et une chanson de son pays.
Benjamin m'a offert du vin de miel suisse, qui diffère de l'hydromel russe, et je ne l'ai pas goûté, mais à le voir, comme cela de l'extérieur, cela me rappelle l'aspect du chouchenn breton.
Le froid m'a apporté un chat affamé et congelé qui s'est comporté avec une insolence de migrant déchainé, à tel point que je l'ai mis dehors pour pouvoir nourrir Rita, et pour l'instant, il n'est pas revenu.
J'ai beaucoup de mal à résister aux chats en détresse quand il fait moins quinze et que le vent souffle, et pourtant, je n'en peux plus, des chats, ils me pourrissent la vie, et je n'ai pas assez d'affection à donner à tout le monde, surtout dans la mesure où ils ne sont pas foutus de s'en donner les uns aux autres.
Blackos prend des airs terrorisés, le matin, quand je le surveille pour éviter qu'il ne chie sous mon lit, sur ou sous le divan, parfois il part en dérapant, franchit la chatière, regarde si je monte toujours la garde, et se décide à aller dehors. Mais je me suis rendu compte qu'il se débrouillait pour se soulager dans un pot de fleurs!
Je n'arrive pas à comprendre pourquoi cette bande de tarés ne va pas faire ses besoins dehors, comme tout chat normal.
Blackos |
chez moi
Si seulement je pouvais me téléporter...Gros bisous Laurence :-)
RépondreSupprimerHelena, tu ne peux pas savoir comme je pense à toi et à ces Russes que leur famille française retient la bas, Angelina par exemple. Ou les filles du père Valentin, mais en ce qui concerne l'une d'elles, son mari a sagement acheté un appartement à Moscou et je m'attends à les voir revenir.
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