J'ai eu la surprise hier de voir, dans le pot d'une plante verte, une petite pensée adventice qui avait fleuri, alors qu'à l'extérieur, je n'ai encore que boue, neige fondue et herbes mortes.
Le voisin, ce soir, m'expliquait que la mairie ne répond pas à ses appels, au sujet de l'inondation qu'il m'a créée. Alors il creuse. Par le canal ainsi ménagé, l'eau commence à s'écouler. Je pense que ceci est la démonstration que son tuyau est trop petit pour remplir sa fonction. Et puis à vrai dire, le poids de toute cette terre, la sienne et celle que d'autres abrutis ont déversée un peu plus loin tout l'été, doit jouer un rôle;
On m'a proposé d'aller visiter une maison à Koupanskoié. C'est là où habite Gilles et où je vais me baigner l'été. Il y a sur place une église, une banque, un centre médical et un ou deux magasins. J'ai constaté que le village avait lui aussi enlaidi, car les horreurs y remplacent peu à peu les isbas. La maison est justement une isba, jolie extérieurement. Elle est sur le bord de la route principale qui traverse le village, enfin pas vraiment sur le bord d'ailleurs, elle est en contrebas, et il y a un espace assez grand, entre elle et la chaussée, et des arbres. Le coin n'est pas spécialement pittoresque, le terrain non plus, mais ce n'est pas un marécage, et avec quelques arbres et buissons on ne verrait plus l'extérieur. Le début du printemps n'est pas non plus le meilleur moment pour apprécier un endroit, plus de neige et pas de verdure. L'avantage de Koupanskoié, c'est qu'on est assez vite dans la forêt ou au bord de la rivière, avec des chemins tranquilles pour se promener. La maison est encombrée d'un tel bordel qu'il est difficile de s'en faire une idée. Il y a une cuisine, avec un poêle russe, assez facile à aménager. Le poêle chauffe des radiateurs qui permettent d'avoir chaud dans toute la maison, et le gaz passe au bout du terrain, on peut s'y raccorder. Une grande pièce, où il faut arracher tout ce qu'il y a sur les murs pour retrouver les rondins équarris de départ et casser une espèce de cloison qui crée une pièce supplémentaire, mais toute en longueur, inutilisable. Une entrée à remettre en forme, une espèce de cellier où installer une salle de bains, un grenier aménageable, une véranda à isoler, pour la rendre habitable l'hiver, mais c'est une très jolie véranda, avec des fenêtres en dentelle de bois. La seule chose, c'est que tous ces aménagements coûtent quand même de l'argent, et prennent du temps et des forces. Le jardin est très mal conçu, tout est planté n'importe comment, les petits massifs dans les vieux pneus et tout ça... Le terrain est clôturé entièrement de grillage, le toit refait il y a dix ans.
Gilles me dit que je ne suis pas près, là où je suis, à Pereslavl, de récuperer un terrain normal pour y planter l'écran végétal qui me cacherait, selon son expression, le "camping car sur pilotis", que mon voisin a collé sur son socle de glaise, en face de son automobile. Je sens à divers signaux, que me tirer de cet endroit, qui sera de plus en plus abimé, ne serait pas une mauvaise chose, et en même temps, cela demande un investissement de forces et d'argent qui me dépasse un peu. Je voulais en discuter avec Gilles au café, mais il était déjà parti. Gilles a une équipe d'artisans corrects...