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mercredi 20 septembre 2017

Lendemains de fête

D'après Ilya, les dames du service d'immigration, même si elles ont décidé de m'accorder le permis de séjour, feront traîner la remise des documents jusqu'à la mi-octobre, comme elles l'avaient annoncé... Mais je suis soulagée de toute manière. Je recommence à m'intéresser au bricolage dans la maison et au jardinage. J'ai planté des framboisiers, un hortensia, déplacé des astilbes. Il y a beaucoup de travail, des années...
On a enlevé à Rosie ses points, elle a mordu le vétérinaire qui la trouve complètement tarée. Complètement, peut-être pas, et j'ai pitié de ce machin encombrant qui enquiquine tout le monde et qu'on doit toujours rembarrer. Mais quand même... c'est Rantanplan.
J'ai commencé à donner des cours de russe à Didier, mais le génie de la pâtisserie traîne ses ailes tel l'albatros captif lorsqu'il s'agit d'apprendre une langue. Et d'abord l'alphabet! Didier ne sait pas recourir à la "prise d'indice", comme on disait à l'école, c'est-à-dire procéder par comparaison et association. Il faut dire que ses lunettes laissent à désirer et que sa concentration est mise à rude épreuve.
Il a heureusement un certain humour, car il lui en faudra beaucoup dans son environnement russe. C'est ce que lui a dit le cosaque Iouri: "Mais mon cher, tu es en Russie!" Ici, on s'arrange, on tourne les règles, on fait à sa manière...
La vieille tsigane qui fait la vaisselle le trouve méchant. J'ai pris sa défense: "C'est un grand professionnel, il est responsable de ce qui se passe ici, pour lui le travail, c'est tout, et les apprentis doivent apprendre et la fermer, car ils ne savent rien. Alors il s'énerve et il râle, mais ça c'est très français, cela ne veut pas dire qu'il est méchant!
- Toi, me dit la tsigane avec un sourire édenté, malin et tendre, ça se voit: tu es orthodoxe! Tu es simple..."
Ma journée sur la "belle Place" avec les ensembles folkloriques m'a beaucoup remonté le moral: je suis à ma place, entre l'évêque Théodore, les moniales du monastère homonyme, les cosaques, Kolia Sakharov, Dmitri Paramonov, Volodia Skountsev et quoiqu'il arrive désormais, je suis avec ce qu'il reste de la sainte Russie, son dernier petit troupeau, car à mes yeux naturellement, ni le néostalinien ni le libéral ne font pas partie de cette entité sacrée, du moins tant que le repentir ne leur aura pas rendu la conscience de leur filiation culturelle et spirituelle...
Est-ce moi qui ai choisi la sainte Russie ou elle qui s'est emparée de moi et ne m'a plus lâchée? voici que tout à coup, le mauvais temps ne me gêne plus. D'ailleurs il n'est mauvais que par comparaison... L'autre jour, pendant la fête, sous d'épais nuages parcimonieusement et fugitivement éclairés par de timides rayons de soleil sporadiques, Kolia Sakharov me disait, ravi: "Et nous avons tellement de chance qu'il fasse si beau!"
Et en effet, il ne pleuvait pas, donc il faisait beau. Et même très beau.
Pour faire rêver les gourmands, ces quelques gâteaux:


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