Un parallèle tragique
avec les événements d’aujourd’hui (la fusillade de paroissiennes d'une église orthodoxe au Daghestan) : dans ces jours de février à Toula fut
passée par les armes une procession de croyants. Les bolcheviques recoururent ouvertement
à la terreur parce que les prêtres et les paroissiens s’opposaient à la
confiscation des biens de l'Eglise et au pillage des sanctuaires, et aussi à
la suppression de la Loi Divine des programmes scolaires.
article du journal racontant l'événement |
Le journal « Russkie Vedomosti » (N° 25, du 19 février
1918) le raconte comme cela fut :
Hier, au concile local panrusse, on a reçu une déclaration
sur la fusillade d’une procession à Toula… 50 000 personnes y prenaient
part, des ouvriers, des membres de l’intelligentsia, des soldats, des
participants saisis par un élan religieux extraordinaire provoqué par les
persécutions contre l’Eglise. La veille
de la procession, ceux qui ne voulaient pas l’autoriser ont déclaré à Toula l’état
d’urgence militaire.
L’évêque Juvénal de Toula l’a appris seulement au cours des
vigiles. Il a envoyé au comité militaire révolutionnaire son prêtre principal
pour dire qu’il avait appris l’instalaltion de l’état d’urgence trop tard et ne
pouvait remettre la procession… L’évêque a demandé aux autorités d’agir en
faveur de l’ordre…
Les processions, depuis toutes les églises, ont convergé
vers la place du Kremlin, où vers midi, après la liturgie, est arrivée la
procession des évêques, depuis l’église de Notre Dame de Kazan, avec l’icône de
la Mère de Dieu de Kazan. La place était pleine de monde.
On commença à tirer à la mitraillette. On tirait vers le
haut, en l’air, mais avec des cartouches de guerre. La pétarade des
mitraillettes ne donnait pas la possibilité d’accomplir l’office d’intercession.
Le peuple se mit à chanter : « Que Dieu ressuscite » et « Christ
est ressuscité ». La foule avait un comportement calme. La procession se dirigeait à travers les portes Odoïevski
vers la rue de Kiev.
Au moment où les icônes étaient déjà sur la rue de Kiev,
et où le clergé sortait des portes Odoïevski, des rafales de mitraillettes
retentirent du côté du monastère de femmes. Quelques personnes de la procession tombèrent tuées et blessées. Près de
l'hôtel « Artel » ils commencèrent à tirer sur les gens en prière au
fusil. Le très saint vicaire fut blessé de deux balles… Une vieille tomba et
fut tuée d’un tir à bout portant. On
tuait tous ceux qui recouraient à des paroles de mesure ou de reproche. Furent
tués en majorité des ouvriers…
J'ai traduit cet article, car ce témoignage provient d'un journal de l'époque. Je vois des gens nier ce genre de choses et m'accuser de mentir, d'autres les minimiser. D'autres me disent que très peu de gens se sont soulevés, que tous étaient complices, que les croyants étaient peu nombreux. D'autres encore que les Russes supportent n'importe quoi. Qui, à l'époque, pouvait supposer, au sortir d'un état monarchique de droit, que, devant des processions de 50 000 personnes, les autorités feraient tirer sans hésiter à la mitraillette? On nous rebat les oreilles de la provocation du pope Gapone, qui parle de ces gens massacrés parce qu'ils défendaient leur Eglise, leurs sanctuaires et leur foi? La méchanceté qui se déchaînait alors ne pouvait pas forcément entrer dans l'esprit des gens normaux de l'époque. Exactement comme ici, en Europe, des tas de gens ne peuvent se figurer que nos gouvernements pourraient nous livrer à des coupeurs de tête et à des massacreurs, non, pas possible. Pas possible?
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