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mardi 27 mars 2018

Le bahut fidèle



Je me demande si le printemps va finir par arriver. Il neige à nouveau, on annonce -13 la nuit, et je ne vois pas la température remonter avant le 6 avril, les prévisions pour le mois entier ne sont pas plus réjouissantes, on arrive à 10° à la fin avril. Je me souviens avoir lézardé à la datcha en tee-shirt sur mon hamac fin avril dans le vent tiède...
Cela veut dire que le printemps sera très court, peut-être pourri, comme l'année dernière. On a envie de planter, de voir pousser, d'être dehors. C'est dur.
Et dire que début janvier, tout avait fondu!
En Russie, on dit que le printemps s'installe après Pâques, Pâques, c'est le 8 avril. Pourvu que ce soit un vrai printemps...
J'ai poursuivi l'ornementation de mes plafonds. Je préfère qu'elle reste discrète dans mon atelier, pour ne pas jurer avec les tableaux qui envahiront les murs, je me défoule surtout dans la cuisine. J'ai des doutes sur le résultat, j'aurais dû placer les motifs plus loin du lustre.
J'ai acheté une clématite, qui reste sur le bord de la fenêtre, face au jardin tout blanc. Des fleurs de sedum, qui ont stagné des mois dans un vase, ont fini par donner des racines, je les ai plantées dans un pot, en attendant de les mettre un peu partout dehors. J'ai planté des oignons, qui me font de la verdure pour les salades, un trognon de céleri, qui s'est enraciné et donne des feuilles pour la soupe.
En France, j'ai fait découper un miroir pour mon cadre paysan typique, comme on en voyait dans les isbas. Il est au dessus d'un bahut ancien qui se trouvait dans l'appartement de fonction que j'ai occupé à Moscou dans un "dipkorpous", immeuble pour diplomates. J'ai vu ce bahut la première fois quand j'ai été invitée par un collègue dans cet appartement, il était accompagné d'autres meubles anciens que lui-même y avait trouvés et que des occupants précédents avaient abandonnés: les exporter de Russie est très compliqué. Puis cet appartement a été attribué à une néo-soixante-huitarde qui s'habillait comme une clocharde et m'avait dit, toisant avec mépris le duffle-coat bleu marine que m'avait confectionné ma mère à un moment où j'étais particulièrement fauchée: "Je reconnais toujours les bourges à leur goût pour le bleu marine". Le bahut avait dû lui sembler désagréablement bourge, lui aussi, car avec son jules "artiste", elle avait trouvé le moyen d'endommager le placage en posant une casserole dessus, ce que j'ai constaté en récupérant l'appartement après son départ, dans un rare état de crasse. Puis l'ambassade nous a virés des "immeubles pour diplomates" en nous recommandant de virer nous-mêmes tout ce qui était à l'intérieur. Le bahut m'a donc accompagnée dans mon nouvel appartement. Quand j'ai dû quitter la Russie, ne pouvant emporter cette antiquité, je l'avais mis à la datcha, où il est resté, après la vente de celle-ci, mais quand je suis revenue à Pereslavl, le nouveau propriétaire me l'a restitué. Ses gosses l'avaient un peu crayonné et y avaient collé des pastilles, je l'ai nettoyé, et nous voici, le bahut et moi, à nouveau ensemble...




le lustre est un cadeau de Xioucha



au bord du lac


5 commentaires:

  1. Malgré le printemps qui se fait attendre, je vous envie...

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    1. malgré le printemps qui se fait attendre, cela ne va pas trop mal! C'est l'actualité qui m'angoisse et me révolte.

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  2. La décoration de ta maison prend forme ! C'est superbe...j'adore ton aquarelle !

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