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samedi 4 juillet 2020

réfugiés français

Temps lourd et pénible, et je ne vais pas me baigner en dépit de la chaleur, car c'est le temps idéal pour les moustiques et les taons. Je n'arrive même pas à jardiner. J'ai tondu à grand peine, après m'être aspergée de produit malodorant. Une russe a écrit: "chez nous, il y a peut-etre 80 beaux jours par an, mais ils sont vraiment merveilleux". Oui, c'est assez vrai. Comme disait saint Silouane, tiens ton âme en enfer et espère!
Je voudrais pouvoir jouer des gousli dehors, je commence à mieux me débrouiller, et cet instrument cristallin et hypnotique m'apaise et me met en harmonie avec tout ce qui m'entoure. Skountsev est content de moi: "Tu as fait d'énormes progrès, il y a longtemps que je voulais te prendre en mains, en voilà l'occasion, et ce n'est pas du temps perdu".
Je me dis que si la vielllesse me rend aveugle, il me restera la musique, à moins que je ne devienne sourde!
Une jeune femme m'a téléphoné, Tatiana, elle est iconographe et travaille pour le monastère saint Nicétas. Elle fait partie des enfants spirituels de l'higoumène Dmitri. Elle voulait faire ma connaissance, et me présenter une autre pieuse personne, Ioulia. Je les ai donc reçues. Ioulia était partie en France dans les années 80 et y avait vécu 20 ans, jusqu'à ce que son père spirituel lui dît de revenir dans la mère patrie, car il prévoyait de grands malheurs en Europe. Maintenant, elle vit dans une espèce d'embryon de communauté orthodoxe, dans un village abandonné, avec deux ou trois femmes et un cheval. Le père Dmitri pense que d'autres viendront les rejoindre, et Ioulia, qui lit mon blog, m'a demandé où en était mon ami Nicolas! L'higoumène l'engage à traduire des textes orthodoxes français, et elle traduit aussi des textes hésychastes russes pour un ami orthodoxe français resté là bas, ces textes sont l'oeuvre d'un certain Novikov, qui rend la prière de Jésus accessible point par point. Je lui ai dit que  si elle le faisait pour son ami, elle pourrait aussi le publier à l'usage d'autres orthodoxes français. Elle s'intéressait au père Placide, et à ce qu'il avait écrit, je lui ai prêté son livre sur la spiritualité orthodoxe. Le fait est que le père Dmitri, prévoyant un afflux de réfugiés européens, se prépare à les accueillir. Il voudrait donc constituer une bibliothèque orthodoxe en français, à l'usage de ceux-ci  et il charge Ioulia de s'en occuper. La future communauté orthodoxe est prête, elle aussi, à s'enrichir de Français en perdition. J'ai été très impressionnée d'apprendre tout cela. D'autant plus que le matin même, la vétérinaire m'avait dit: "Laurence, vous avez quand même eu du nez de venir vous installer ici, qu'est-ce qui se passe, chez vous?"
Ioulia me rappelle mon amie Liouba, car elle est à moitié coréenne, comme Liouba est à moitié yakoute, et elles ont un type mongoloïde. Je vois une troublante similitude entre le message de son père spirituel et ce que m'avait dit le père Placide.
Le père Dmitri prône l'hésychasme pour tout le monde, et mes deux visiteuses brûlaient de me mettre sous sa direction spirituelle, mais je ne suis pas tellement prête à ça, je suis de la mauvaise herbe du bord des chemins, un coquelicot... Le père Dmitri fait restaurer beaucoup d'églises de campagne, où ses moines vont servir une fois par mois à tour de rôle. Ses moines ont tous l'air de fous en Christ ou de clochards, mais ceux auxquels je me suis confessée m'ont surprise par leur bonté et leur ferveur. Ils recueillent asociaux et sans abri. Maintenant, ils s'apprêtent à recueillir les Français!
J'étais allée chez le vétérinaire pour savoir si Ritoulia ne serait quand même pas enceinte des oeuvres de Steve, mais c'est trop tôt pour voir sans échographie, et l'échographie est dans un autre endroit. La vétérinaire m'a dit que, contrairement à ce qu'il me semble, ce pourrait très bien être le cas. J'avais un autre problème, tous mes chats ont les oreilles farcies de cette saloperie, la gale des oreilles, et à l'exception de Monsieur, il est très difficile de les soigner, Rom, c'est quasiment impossible, ce chat est complètement dingue et d'une méfiance incroyable. J'avais une très bonne pommade, oridermyl, mais il faut pouvoir trois ou quatre jours de suite traiter ces maniaques. La vétérinaire m'a sorti un produit à administrer une fois, contre tous les parasites, y compris celui-là et ça dure six mois. J'ai réussi à coincer Georgette et Chocha. Restent Monsieur, ça c'est pas dur, Blackos, c'est plus difficile, et Rom, c'est l'exploit. Mais il faut absolument le faire, car il me réinfeste tous les autres.
Au petit marché, j'ai acheté fraises des bois et framboises, et de magnifiques delphiniums pour compléter ma collection, l'année prochaine, ce sera somptueux. Je pense souvent à maman qui les adorait, mais n'avait jamais pu les faire pousser dans le midi de la France...

le truc devant est un églantier, mais il est proche de la rose


doucement le matin, pas trop vite l'après-midi...



4 commentaires:

  1. J'ai apprécié votre alinéa sur le père Dmitri. Quant à considérer le coquelicot comme de la mauvaise herbe, alors là, ma chère, comme vous y allez ! Pour moi, c'est la plus belle fleur du monde mais qui, malheureusement, ne supporte pas d'être cueillie. Combien de fois me suis-je allongé dans les talus pour les admirer dans le soleil ? Ça me fait penser à la merveilleuse chanson de Mouloudji. Donc, je résume : on ne vous cueille pas, vous non plus, n'est-ce pas ?… Je suis aussi heureux de voir qu'il existe encore chez vous de ces fous en Christ un peu clochards qui font le bien autour d'eux. Il semble que la situation en France ne soit pas la même. Autre chose : récemment, je suis allé sur Google Earth et je me suis longuement promené dans Pereslav, notamment dans cette partie de la ville, proche du lac, où il y a tant de petites maisons en bois. Je me souviens aussi d'un café qui porte le nom d'un écrivain français dont je ne me souviens plus… Bon dimanche, Laurence Coquelicot, et que Dieu vous garde.

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    1. Bonjour Philippe, j'adore les coquelicots et ici je n'en vois pas. Ce qui pousse partout, ce sont les lupins, la consoude, la tanaisie... En effet, dans mon Pereslavl, on voit des figures orthodoxes des romans russes du xix siècle, et j'apprécie beaucoup. L'évêque, que j'aime beaucoup, dit que chez nous, la qualité spirituelle est grande parce que l'eparchie est fauchée. Les prêtres et moines ont la vocation profonde et pas un radis.

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    2. C'est sans doute le café Montpensier

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  2. Exact, Montpensier. Sauf que ce n'est pas un écrivain mais un Bourbon, autant qu'il m'en souvienne.

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