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jeudi 24 septembre 2020

Equinoxe d'or

 Le jour de l'équinoxe fut celui du début de l'été indien, cette année. Après une incursion glaciale de l'automne, ce répit nous est donné, paisible, doré et tiède. Après quoi, il fera froid, de plus en plus froid, et sombre, de plus en plus sombre. Les dernières floraisons sont pleines d'insectes voletant, abeilles, papillons, bourdons, tout le monde se dépêche de faire ses provisions, de profiter encore un peu de la douceur et de la lumière, et il me revient en mémoire le conte de Poucette qui descend sous terre chez la souris, ou encore le mythe de Perséphone.

Je reste dehors, soit à travailler dans le jardin, soit sur le perron, à regarder le ciel, les reflets et les ombres dans l'herbe verte, les saules lointains qui s'argentent et roussissent. Les animaux se répartissent autour de moi, Rita, Blackos, Georgette, ils prennent leurs dernières doses de vitamine D... 

Aujourd'hui, je suis retournée, avec Katia, pour la première fois depuis l'opération Covid, à Rostov dans le joli petit centre culturel "the Place" rencontrer la folkloriste Liéna, le père Alexandre, Vassia Tomachinski et sa femme. Il devait faire 25°, un ciel doux et limpide, et de chaque côté de la route, des forêts jaunes, translucides, frémissantes. Ce miracle se poursuivra jusqu'à dimanche.

J'ai retrouvé là bas également les Messerer, tombés en panne à Rostov sur le chemin de Ferapontovo. Nous avons pris le thé tous ensemble, fait connaissance, chanté. Je me suis rendu compte que les leçons avec Skountsev n'étaient pas inutiles, je suis plus à l'aise avec la vielle et les gousli. 

Je me disais sur le chemin du retour que nous vivions tous une vie à peu près normale, avec des rencontres entre amis, des expositions, des visites, des liturgies dans des églises que personne ne profane, sans traques policières ni racaille embusquée, ni chevaux mutilés, et que cela devait déjà être considéré comme une grande chance, dont je me demande combien de temps elle va durer. Ce qui se passe en France me paraît de plus en plus relever du cauchemar et de la fantasmagorie. C'est drôle comme dès que j'ai vu ce Macron, je m'en suis profondément méfiée, une tête de traître choisie sur casting, j'aurais plutôt voté pour un crocodile que pour cet individu, eh bien les Français qui n'ont pas décidé de s'abstenir, ont voté pour cet individu plutôt que pour la mère le Pen. Elle n'a pourtant vraiment pas la carrure du dictateur potentiel qu'on nous agite avec tant de pathos, alors que lui, s'il n'en pas la carrure, il en a les appuis tout puissants, et nous voici arrivés au terminus... J'ai trouvé ce soir dans mes courriels un message qui m'a glacé le sang d'un ami de plus en plus malade d'angoisse.

Sobianine semble répercuter à Moscou le discours occidental sur les vagues de virus à répétition et les concombres masqués, je dis bien "semble", bien qu'à vrai dire, il me paraisse un enthousiaste de la dictature numérique mondiale tout à fait convaincu, mais je dis "semble", parce que tout le monde ici a l'air de faire semblant. C'est d'ailleurs ma meilleure raison d'espérer que nous n'allons pas sombrer complètement dans la folie collective et la tyrannie qui s'emparent du reste du monde. Je m'aperçois qu'on peut si facilement hypnotiser des populations entières, et pourtant, il n'y a pas si longtemps, les Français ne se laissaient pas mener par le bout du nez. Il y a des domaines, d'ailleurs, où ils se montrent encore d'une incrédulité et d'un scepticisme en béton armé. Mais ils restent convaincus qu'ils ne peuvent pas être gouvernés par des malfaiteurs d'une rare fourberie et que la dictature, c'est possible dans des pays de tarés comme le moyen orient, la Russie et la Chine, mais pas chez eux.

Fatale erreur, elle est possible partout, et elle cherche à s'implanter partout, mondiale, et sans échappatoire. La Russie où je suis me semble un miracle de liberté. Pourvu que ça dure.

Hier, chez mon génial marchand de légumes, un vieux bonhomme branlant m'a fait tout un discours sur ce qui n'allait pas ici, et d'abord les gens. Les gens lui semblent tous dégueulasses, des voleurs, des minables, des lâches, des pourris. Tous égoïstes, tous vénaux, tous disposés à vendre père et mère. "Mais non, ai-je protesté, dans l'ensemble, je les trouve bienveillants et normaux...

- Pas du tout, pas du tout, et d'ailleurs, la meilleure chose qu'ait faite Staline c'est d'avoir installé la terreur, car les gens ne comprennent que ça. Quand ils pètent de trouille, ils ne volent pas, et ils respectent les vieux".

Je me suis dit que c'était ça, au fond, la mentalité idéologique, prendre tellement les gens pour des cons et des salauds qu'on ne peut envisager de les traiter autrement qu'à coups de fouet, en les dressant comme des bêtes de cirque, et c'est ce que faisait l'idole de ce vieux con, et avant lui bien d'autres réformateurs de l'humanité, à commencer par les nôtres, les Robespierre et les saint-Just, toute cette engeance qui a maintenant muté transhumaniste, avec ses petits sadiques en costars. Dans une telle configuration, il n'existe que deux options: tenir le fouet, ou prendre les coups, je suppose que ce vieux se voyait du bon côté du manche. Mais dans une telle optique, il y a parfois des ratés, et des bourreaux zélés qui se retrouvent parmi les victimes. Comme Trotski lorsqu'il a rencontré son pic à glace.






  

3 commentaires:

  1. Toujours aussi "percutante", Laurence ! Vous avez raison, il faut profiter au maximum de ces journées suspendues entre été indien et premiers frimas...
    De mon côté, J'ai eu ma première séance des 25 cours "Les fondamentaux de l'orthodoxie" organisés par l'Institut de théologie Saint-Serge à Paris. Cela suffit à mon bonheur.

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  2. Texte splendide. Je vous répercute. La seule orthodoxie c'est la nature et la prière. Le reste est du pouvoir et de la palabre.

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