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samedi 24 septembre 2022

Lumière du Peuple

 

tableau d'Olga Orlova
Liéna me disait quelque chose qui m'a touchée. Quand elle quitte sa datcha, qui n'est habitable qu'en été, elle a l'impression de la laisser orpheline. Elle s'emplit de froid, d'humidité et de silence et semble le lui reprocher. Elle ressent un lien mystérieux avec cet endroit, avec son coin de campagne, et je ressens exactement la même chose, c'est pourquoi il est si difficile de laisser les maisons qu'on a aimées, et d'autant plus quand on y a vécu avec des gens proches, mais pas seulement. J'ai vraiment l'impression que le jardin autour de ma maison est une sorte de microcosme qui s'est attaché à moi, qui a besoin de moi, comme les chats et les chiens, c'est même ce qui m'a dissuadée de déménager. Je sais qu'il me faudra quitter cet espace pour l'autre monde, mais en attendant, j'ai un lien avec lui, il est sensible à mes soins, à mon respect, à ces moments de contemplation et de méditation qui créent un dialogue muet avec tout ce qui existe dans le périmètre. Et c'est ainsi que l'humanité devrait considérer la planète où elle est, au lieu de s'en faire le tyran et la maladie mortelle.
  Il y a quelques jours, la grande artiste Olga Orlova a publié ce tableau. Il s'agit de la maison et du jardin d'une vieille grand-mère qu'elle aimait bien. Sitôt la grand-mère enterrée, ses héritiers ont arraché le pommier, tout bétonné et monté la classique palissade hideuse en profnastyl. du coup, il n'y a vraiment plus rien à dessiner de ce côté...Cette histoire me rappelle celle du bouleau d'en face, massacré par le voisin du petit vieux qui l'avait planté. Il y a des gens qui ne supportent ni la vie, ni la poésie, elles sont une insulte à leur médiocrité, leur rigidité, leur indigence spirituelle. Larissa Kachouk, chez qui j'étais récemment, m'a dit qu'un de ses voisins, ayant acheté une maison avec 1200 m2 de terrain s'était hâté de recouvrir toute cette surface de pavés autobloquants. Il n'aura pas besoin de tondre... mais on peut s'interroger sur la nécessité pour lui d'avoir une maison à la campagne.

Je vois dans tout cela les symptômes hideux d'un abrutissement général et même d'une espèce de possession. C'est le résultat d'une rééducation et d'une perversion des gens menées avec une terrible constance, sous des formes et avec des succès  divers, dans le monde entier, du moins dans le monde de culture européenne auquel il faut bien ajouter la Russie puisque Pierre le Grand l'a arrimée à la nef des fous il y a 300 ans, et que les bolcheviques ont parfait le travail. 
Il ne reste plus qu'à espérer que la nef russe se détache à présent de ce Titanic, de ce vaisseau fantôme, et pour de bon. De manière plus ou moins consciente, et malgré les manifestations de cet horrible esprit dont cette histoire est mon dernier exemple, je crois que dans l'ensemble, les gens ici, le sentent. 
Ma marchande de légumes azerie me dit que son fils, à son grand désespoir,  brûle de partir défendre la Russie, et les tchétchènes s'enrôlent massivement, tandis que les libéraux s'exilent vers les pays où coulent le lait et le miel et qui exportent partout la démocratie à coups de bombes, de terrorisme et de révolutions financées.Je lui ai demandé le nom de son fils: Elvin, "lumière du peuple". J'espère que Lumière du Peuple reviendra en vie, il est musulman, mais je prierai pour lui quand même; sa mère est à la fois si fière de lui, et si inquiète...
Je n'ai pas d'enfants, mais je le comprends bien, et me fais du souci pour mes jeunes amis ou les fils des autres. Cela dit, ceux qui pensent trouver bon acceuil en occident, et s'imaginent qu'il est envers la Russie tout sucre et tout miel se trompent lourdement. J'ai compris depuis longtemps que le moment venu, si elle ne se défend pas, la Russie sera traitée comme la Serbie, sans doute pire, il n'y aura pas de quartier. Il faut être, en dépit de la certitude d'être la fleur de la nation, son intellect et sa conscience, d'une rare stupidité pour ne pas le voir, qu'on soit russe ou européen, d'ailleurs. Car les Européens, si leurs maîtres prennent le dessus, ne seront pas à meilleure enseigne que les Russes. Nous serons tous traités comme les gens du Donbass, c'est-à-dire comme des Peaux-rouges. Hachés menus par les bombes, privés de tout, battus, torturés et violés par les chiens de la Secte, quel que soit le nom qu'on leur donne.
Si le Donbass s'est dressé, la Russie, ou ce qu'il restera d'elle une fois partis ceux qui n'ont plus grand chose de russe et vivraient aussi bien partout, le fera aussi; curieux pourtant de voir que les musulmans qui font partie de la fédération, ou ceux qui viennent de pays limitrophes, sont les premiers à foncer pour la défendre. Restés plus traditionnels, ils comprennent sans doute mieux à quels démons nous avons affaire. Il faut espérer que Poutine sera à la hauteur de la décision qu'il a prise et ne trahira pas les attentes des gens qui comptent sur lui, et pas seulement en Russie. Quelquefois, on se le demande. Ce n'est pas le tout de parler avec décision, il faut assumer jusqu'au bout.
Je viens de voir une émission de Tsargrad, d'où il ressort que parmi ceux qui s'en vont, il y a beaucoup de migrants qui, pour des raisons diverses, estiment que ce n'est pas  leur problème. En revanche, une partie des ressortissants d'Asie Centrale bien installés en Russie s'enrôlent parce qu'ils considèrent la Russie comme leur pays et comprennent les enjeux planétaires de l'affaire. Les formalités pour obtenir la nationalité russe seront grandement simplifiés pour ceux qui s'enrôleront dans l'armée. A bon entendeur salut. 

J'ai ecouté également l'interview d'une actrice sensible et modeste qui a fait le voyage au Donbass pour voir de ses yeux et confirme tout ce que je sais depuis huit ans, entre autres, l'attitude digne et dépourvue de haine de ces gens maltraités et decidés a se battre pour survivre, et je ne parle pas seulement de survie physique, mais de survie morale, spirituelle.  Ces gens lui ont paru épurés par leur combat et leurs épreuves. Elle évoque la façon dont les "gens intelligents et éduqués" considèrent la "populace", et leur constante dérision a l'égard de tout ce qui est russe, et en particulier des grands classiques de la littérature, comme Tolstoï et Dostoïevski, dont " plus personne n'a besoin".Cela ne vous rappelle rien? Elle demande aux gens d'être capables de compatir, cette faculté de compassion étant une des plus belles qualités russes, dont l'oeuvre des grands classiques est imprégnée, et aussi d'envisager les points de vue inverses, car bien sûr, elle se fait traiter de tous les noms par un certain public.



1 commentaire:

  1. Contrairement à la Russie la France n'a pas appris à ses citoyens de confession musulmane qu'ils devaient s'y tenir à carreau.
    Ils n'ont pas vécu leur Grozny-sur-Seine, eux. Je crois aussi que les Tchétchènes, après Staline, après le Poutine de la deuxième guerre de Tchétchènie (alimentée par des puissances étrangères, certes) ont compris qu'ils n'auraient pas une troisième chance de survie en tant que peuple si ils avaient le malheur de se montrer une ultime fois hostiles. Et la leçon a du passer chez tous les Musulmans de Russie.
    Sur l'islam le Palestinien Sami Aldeeb, parmi bien d'autres citoyens de terres d'Islam, a bien mis les points sur les i. Cette religion est viciée, dangereuse pour ce qui la concurrence, inrėformable, et elle ne peut cohabiter pacifiquement avec d'autres qu'avec la menace jamais trop loin d'une botte sur sa nuque.

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