Il y a quelques temps, une amie qui s'occupe d'aide humanitaire m'avait demandé d'écrire des cartes et lettres pour les soldats du front, car il paraît qu'ils les apprécient beaucoup, que cela leur remonte le moral. Je m'apprêtais à le faire, à l'approche des fêtes, et voilà qu'elle me déclare qu'il faut les porter le lendemain à 10 h, chez les cosaques, une estaffette partant pour le Donbass à 11h, et on n'avait rassemblé que deux cartes. J'ai pris tout ce que j'avais dans le genre carte, principalement les miennes, avec des photos de mes pastels, et écrit un petit mot sur chacune, avec la prière qu'elle puisse servir de sauvegarde à celui qu'elle atteindra. Chaque fois que je vois la photo d'un de ces jeunes hommes tombés là bas, généralement beaux, avec des physionomies claires et honnêtes, et que je pense qu'il est mort, parfois torturé et émasculé par les hommes de main du bon Zelenski et des maîtres qu'il sert, j'ai la larme à l'oeil. Et la colère au coeur, quand je me souviens des calomnies colportées par les journalistes occidentaux et des slavistes comme Markowitz, dont un certain nombre d'imbéciles orthodoxes boivent les paroles, on se demande sur la base de quels principes. Mais pourquoi m'étonner encore, depuis huit ans que cela dure?
Ma voisine Ania, à qui je confiais tout cela, a soupiré que c'étaient toujours les meilleurs qui périssaient et les salauds qui s'en sortaient bien. Elle est prête à écrire des cartes et à en récolter autour d'elle, pour que "les gars, là bas, aient l'impression d'être utiles...". Le problème, c'est que les gens ne sont pas au courant. Il en est de même pour les concerts géniaux du café français, on ne sait pas qu'ils ont lieu.
Dérapant sur la glace et pataugeant dans la flotte, je suis allée porter tout ça au QG des cosaques. J'ai été reçue par une dame qui s'est réjouie, les cosaques m'ont prise en photo avec Rita dans son sac , et mes cartes. Je leur ai parlé de mon engagement, de la façon dont tout cela était présenté chez nous depuis 2014, de Yelena et ses traductions de vidéos, et je leur ai donné le lien, et aussi de Iouri Iourtchenko et de Dany, "Nous sommes seuls contre tous, m'ont-ils dit, mais Dieu nous viendra en aide".
Ils apportent régulièrement de l'aide, là bas, traversent toute la Russie en camionnette, par des routes difficiles et dangereuses, ils sont sympathiques, directs, dévoués, ils font ce qu'il leur revient de faire.
Une déclaration récente du patriarche Cyrille sur le métropolite Onuphre et l'Ukraine va tout-à-fait dans le sens de ce que m'a dit le père Valentin: "Ne commentez, pas, ne jugez pas et soutenez".
Je suis tombée sur une longue vidéo très intéressante du docteur serbe Aleckovic-Bataille, complémentaire de ce que j'ai pu voir de bien dans le genre, Ariane Bilherand, Valérie Bugaut, surtout Ariane Bilherand, car elles sont collègues, et considèrent nos dirigeants et les politiques totalitaires du point de vue de la psychiatrie. Elle établit un lien que je discerne moi-même entre la mentalité utilitariste et la mentalité psychopathe totalitaire. Dès ma plus tendre jeunesse, j'ai perçu qu'un société strictement utilitariste se caractérisait par la haine viscérale de ce qui était beau, noble et bon, et son besoin de détruire toute expression culturelle de tels sentiments, ainsi, bien souvent que des personnes qui persistent à y tenir et à les transmettre. Une telle société ne peut produire que la plus extrême laideur, assortie d'un ennui et d'un désespoir sans bornes menant tôt ou tard à la corruption, à la dissolution et au crime.Et cela, quelle que soit l'étiquette idéologique dont elle se pare. Elle exècre et traque tout ce qui n'est pas médiocre, vulgaire, pourri et pervers. Toutes les sociétés humaines pertubées par la modernité sont plus ou moins affligées de tels défauts, mais actuellement, la plus toxique de toutes est bel et bien celle qui fut à l'origine de cette dérive, la société occidentale, incapable de sortir de la logique de sa folie.
Mila Alekcovic met le doigt sur le fait que depuis des décennies, les classes dirigeantes sont sélectionnées, ou s'autosélectionnent, en fonction de la conformité à ce modèle. Des gens médiocres, pas trop intelligents, psychopathes, sans empathie, assoiffés d'honneurs, de pouvoir et d'argent. Les gens trop honnêtes et trop compétents étant bloqués d'emblée, car moins contrôlables. Elle souligne aussi que la perversité partagée permet aux membres de cette caste de se tenir par la barbichette, car il y a toujours quelque chose de compromettant dans un tiroir pour l'un ou l'autre. Enfin, ces médiocres hystériques sont convaincus d'être très au dessus de nous, sous-hommes, et qu'il leur est permis d'agir envers nous comme avec du bétail.
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