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dimanche 27 août 2023

Saint Nicolas

 


Avec les travaux dans le jardin, les stations debout à l’église me deviennent pénibles. Je suis si occupée que je ne vois pas le temps passer, et il passe, à toute vitesse, il s’éboule, la vie m’apparaît comme une espèce de tourbillon qui se transforme peu à peu en entonnoir vertigineux. Enfin, quand je commence à penser...  Mais je ne pense pas tout le temps.

A la confession, j’ai dit au père Andreï, que j’avais porté des jugements sur les autres et que je m’étais mise en colère. Je lui ai demandé si je devais me confesser à nouveau demain. « Non, à moins que vous ne tuiez quelqu’un d’ici là, ce qui est peu probable, quoique... » Et il me glisse un regard entendu. J’éclate de rire : «Oui, cela pourrait arriver mais d’ici demain, je ne verrai personne ! »

C’est vrai que je deviens irritable, l’angoisse générale, sans doute, d’autant plus que cela fait des années que je vois venir tout cela et me fais du souci. 

Au moment de la communion, j’avais oublié ces états regrettables, j’avais au coeur une douceur immense, et l’eucharistie m’a paru d’une saveur et d’une tiédeur étonnantes. 

J’ai vu, en rédigeant mes dyptiques, une icône de saint Nicolas, posée sur l’étagère où l’on met les objets qui sont à la disposition de qui en a besoin, ce sont parfois des livres, ou comme aujourd’hui des icônes, mais celle-ci a attiré mon regard par sa taille et la guirlande de fleurs en plastique multicolore qui entourait le saint dans sa boîte en verre et qui me détournait du personnage lui-même. J’ai pensé que malgré la guirlande, je la prendrais peut-être car je n’avais pas de saint Nicolas, et c'est un saint très vénéré en Russie, il l'était encore davantage au moyen âge. Ensuite, j’ai aperçu Génia Kolessov, qui l’examinait aussi. Nous avons fait assaut de générosité ; « Prenez-la !

- Mais non, après vous, prenez-la !

- Mais je vous assure....

- Je n’en ferai rien... »

Finalement, c’est moi qui l’ai prise. En réalité, elle me plaît beaucoup, rien à voir avec ce qui nous est proposé habituellement, de la fabrication industrielle, c’est une icône peinte à la main avec amour. Elle appartenait sans doute à quelqu’un qui vient de mourir... Génia pense qu’il faut garder la guirlande, qu’elle fait partie du tout, et il a sans doute raison : «Cette icône est imprégnée de prières... » Nous avons été sensibles tous deux à sa facture naïve, très expressive, très émouvante, le visage du saint n’a rien de mièvre, il est extrêmement présent. Ce n'est sans doute pas un hasard, s'il m'est venu de cette manière, directement dans la cathédrale...

A part nous, personne ne s’y intéressait...

Ce qui se passe en Ukraine est si triste et si révoltant que je n’ai plus de mots. Je suis indignée par les gens cultivés, les slavistes, les orthodoxes qui apportent leur soutien à ce méfait depuis le début, sans discernement, avides de justifier leurs préjugés congelés depuis des décennies. Maintenant, on fait passer l’Eglise ukrainienne, la seule digne de ce nom, pour une espèce d’équivalent orthodoxe d’une secte islamiste parce qu’elle est, voyez-vous, « intolérante », intolérante au diable et à son train démocratique, qu’il vous emporte tous en enfer... Mais halte là! Je me suis confessée, j’ai communié dans la douceur et la lumière. Je suis rentrée chez moi  trier mes poires dans la liqueur dorée d’un après-midi déjà automnal, environnée de chats, et j’ai fait un dessin de mes tournesols qui flamboient doucement partout. Il faut de temps en temps se mettre du baume au coeur.

https://orthodoxreflections.com/?dkspeakoutconfirm=4644045c1026afb8&b=0&lang=en-US


une équipe de pirates se rassemble au dessus de mes poires

d'autres pirates s'agglutinent autour de leur source de nourriture...

Moustachon







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