Avec les travaux dans le jardin, les stations debout à l’église me deviennent pénibles. Je suis si occupée que je ne vois pas le temps passer, et il passe, à toute vitesse, il s’éboule, la vie m’apparaît comme une espèce de tourbillon qui se transforme peu à peu en entonnoir vertigineux. Enfin, quand je commence à penser... Mais je ne pense pas tout le temps.
A la
confession, j’ai dit au père Andreï, que j’avais porté des jugements sur les autres et que je
m’étais mise en colère. Je lui ai demandé si je devais me confesser à nouveau
demain. « Non, à moins que vous ne tuiez quelqu’un d’ici là, ce qui est
peu probable, quoique... » Et il me glisse un regard entendu. J’éclate de
rire : «Oui, cela pourrait arriver mais d’ici demain, je ne verrai
personne ! »
C’est
vrai que je deviens irritable, l’angoisse générale, sans doute, d’autant plus
que cela fait des années que je vois venir tout cela et me fais du souci.
Au
moment de la communion, j’avais oublié ces états regrettables, j’avais au coeur
une douceur immense, et l’eucharistie m’a paru d’une saveur et d’une tiédeur
étonnantes.
J’ai
vu, en rédigeant mes dyptiques, une icône de saint Nicolas, posée sur l’étagère
où l’on met les objets qui sont à la disposition de qui en a besoin, ce sont
parfois des livres, ou comme aujourd’hui des icônes, mais celle-ci a attiré mon
regard par sa taille et la guirlande de fleurs en plastique multicolore qui entourait le saint
dans sa boîte en verre et qui me détournait du personnage lui-même. J’ai pensé
que malgré la guirlande, je la prendrais peut-être car je n’avais pas de saint
Nicolas, et c'est un saint très vénéré en Russie, il l'était encore davantage au moyen âge. Ensuite, j’ai aperçu Génia Kolessov, qui l’examinait aussi. Nous avons
fait assaut de générosité ; « Prenez-la !
- Mais
non, après vous, prenez-la !
- Mais
je vous assure....
- Je n’en
ferai rien... »
Finalement,
c’est moi qui l’ai prise. En réalité, elle me plaît beaucoup, rien à voir
avec ce qui nous est proposé habituellement, de la fabrication industrielle, c’est
une icône peinte à la main avec amour. Elle appartenait sans doute à quelqu’un
qui vient de mourir... Génia pense qu’il faut garder la guirlande, qu’elle fait
partie du tout, et il a sans doute raison : «Cette icône est imprégnée de
prières... » Nous avons été sensibles tous deux à sa facture naïve, très
expressive, très émouvante, le visage du saint n’a rien de mièvre, il est
extrêmement présent. Ce n'est sans doute pas un hasard, s'il m'est venu de cette manière, directement dans la cathédrale...
A part nous, personne ne s’y intéressait...
Ce qui
se passe en Ukraine est si triste et si révoltant que je n’ai plus de mots. Je suis
indignée par les gens cultivés, les slavistes, les orthodoxes qui apportent
leur soutien à ce méfait depuis le début, sans discernement, avides de
justifier leurs préjugés congelés depuis des décennies. Maintenant, on fait
passer l’Eglise ukrainienne, la seule digne de ce nom, pour une espèce d’équivalent
orthodoxe d’une secte islamiste parce qu’elle est, voyez-vous, « intolérante »,
intolérante au diable et à son train démocratique, qu’il vous emporte tous en
enfer... Mais halte là! Je me suis confessée, j’ai communié dans la douceur et
la lumière. Je suis rentrée chez moi trier mes poires dans la liqueur dorée d’un
après-midi déjà automnal, environnée de chats, et j’ai fait un dessin de mes
tournesols qui flamboient doucement partout. Il faut de temps en temps se
mettre du baume au coeur.
https://orthodoxreflections.com/?dkspeakoutconfirm=4644045c1026afb8&b=0&lang=en-US
une équipe de pirates se rassemble au dessus de mes poires |
d'autres pirates s'agglutinent autour de leur source de nourriture... |
Moustachon |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire