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vendredi 18 août 2023

Adieu l'été

 


Liena m’a passé un coup de fil. Elle a reçu la nationalité russe, revu sa mère, sa famille. Marioupol est en grande partie reconstruite, et on y vit paisiblement. Les gens lui font des récits fantasmagoriques des horreurs de la guerre, et cela ne correspond pas du tout à ce que racontent les médias de grand chemin. Je lui ai parlé d’amis, ex-soutiens du Donbass, qui disent maintenant sur la Russie des conneries qui font honte à lire. «Mais tu sais, me dit-elle, moi aussi j’ai des exemples. J’ai une excellente amie qui soutenait le Donbass depuis le début et qui a complètement viré de bord, elle ne veut même plus me voir. Son frère, qui a toujours soutenu les Ukrainiens, a vu de ses yeux vu, à Marioupol, que c’étaient précisément eux qui les tiraient comme des lapins, et pas les Russes, qui n’étaient pas arrivés, et il l'a dit. Cependant, il soutient toujours le pouvoir de Kiev ».

Cela m’a rappelé les communistes irréprochables dont parle Soljénitsyne et qui, envoyés néanmoins au Goulag, continuaient de professer leur foi dans le Parti et les lendemains qui chantent. Certains conditionnements sont si ancrés dans les cervelles qu’on ne peut anéantir le programme sans détruire le disque dur.

Je suis tombée sur une vidéo de Donbass Insider sur la trafic d’enfants et d’organes, cela va généralement ensemble, quoique les morts et blessés de la guerre soient aussi un vivier pour ce genre de récoltes. Des enfants qui disparaissent au Donbass, j’en entends parler depuis des années, bien avant qu’on retourne l’accusation contre les Russes, qui en ont évacué sur l’arrière pour les mettre à l’abri, souvent avec leurs parents. J’avais commencé à regarder auparavant un documentaire polonais sur cette question affreuse, mais je n’ai pas encore réussi à le voir jusqu’au bout, c’est absolument glaçant. Cette fille enceinte qui envisage sans frémir, en toute connaissance de cause, de vendre son bébé à des gens qui en feront une exploitation pornographique, avant de le sacrifier avec des raffinements de sadisme pour le revendre en pièces détachées... Elle s’en fout, cela ne la concerne pas, elle s’en débarrasse et pourra s’acheter une voiture avec le fric. Je veux dire, même si ce n’était pas son propre enfant, cela serait en soi insoutenable. Mais ce bébé croit innocemment dans le ventre de cette extraterrestre qui lui prépare un destin de cauchemar. Je dis innocemment, mais peut-être ressent-il à qui il a affaire, pauvre gosse... Le journaliste demande à l'un de ces trafiquants s’il ne craint pas la justice divine. « Non, répond-il, Dieu n’existe pas, car s’Il existait, avec ce que j’ai fait, il y a longtemps que je serais mort. »

https://vk.com/away.php?to=https%3A%2F%2Fodysee.com%2F%40donbassinsider%3Ab%2Fconference-ukraine-enleve-enfants-vendre-reseaux-predocriminels-fr-27072023%3A1&post=19879744_14327&cc_key=

http://dondevamos.canalblog.com/archives/2023/08/12/40007105.html#utm_medium=email&utm_source=notification&utm_campaign=dondevamos

Je pense qu’à partir du moment où l’on a permis certaines pratiques au nom de considérations « humaines et raisonnables », on a ouvert la porte aux pires des démons. Je me souviens que la mère Hypandia n’approuvait pas les transplantations d’organes, eh bien quand on voit où celà mène, on se dit qu’il vaut mieux mourir quand c’est l’heure plutôt que de participer à des choses pareilles... Et quand à l’avortement, dont la contestation arrache des cris scandalisés à la plupart des bourgeoises françaises, les « victimes de viol », les « victimes d’inceste » etc... il a habitué tout le monde à considérer l’enfant à naître comme un amas de cellules encombrant, pourquoi ne pas en faire quelque chose de rentable ? Au nom de la science ? Et puis, si l’on découpe un foetus de trois mois pour l’extirper de son nid, pourquoi pas un enfant prêt à naître ou un enfant déjà né ? Du reste, la créature du documentaire le dit, à un moment, c'est un amas de cellules, quand on est si petit, on ne souffre pas...

Un ami me fait part de son indignation devant la mise à mort de l’Eglise ukrainienne, la persécution de ses dignes hiérarques et de ses croyants fervents, la mise-à-sac de la Laure de Kiev, et l’exhibition au Louvre de ses icônes profanées. Et tout cela sous les applaudissements enthousiastes des soutiens orthodoxes, parfois d’origine russe, des néo trotskistes nazisionistes, trop heureux de finir le travail bâclé de la révolution bolchevique, et de tordre le cou à ce qu’il reste de la sainte Russie. En effet, au vu de tout cela, on se demande ce qu’attend le feu du Ciel, car nous avons depuis un bon moment outrepassé Sodome et Gomorrhe... cependant, justement, on nous a prédit l’abomination de la désolation, pour les derniers temps, il faut peut-être s’y préparer, je dois dire que j’ai du mal. Et d’autre part, il se peut que la justice immanente se fasse l’instrument de la justice divine, c’est souvent le cas.

L’été prend fin aujourd’hui, dans un prélude pluvieux à un refroidissement progressif.  Je suis allée hier nager dans la merveilleuse rivière Troubej. Je descends au fil de l’eau, en brasse, pour contempler ce qui m’entoure, et jouir du silence et de ses sons discrets. Puis je remonte en dos crawlé, pour détendre ma colonne vertébrale et mes muscles atrophiés. Alors défilent au dessus de moi de blancs nuages sur un ciel d’azur, et les feuillages écumants des saules qui moussent et s'écartent dans la lumière. Ce ne sont pas seulement toutes les fibres de mon corps qui se relâchent, mais aussi tous les noeuds de mon âme qui se défont.

Soudain, j’ai vu une nageuse blonde, et arrivant à son niveau, me suis exclamée, surprise : « Katia ! » Pereslavl est une ville où même quand on va nager dans un endroit désert, on croise quelqu’un que l’on connaît !

Je me remets à dessiner, j’ai essayé de le faire au bord de la rivière, mais comme j’étais à l’ombre sous le couvert des arbres, je me suis fait dévorer par les moustiques, bien que théoriquement, au mois d’août, ils soient censés nous foutre la paix. Je n’ai donc pas tenu longtemps. Et chez moi, c’était pareil. Seule la terrasse reste fréquentable, car il y a de l’air, et du soleil, ils aiment l’ombre et la vapeur immobile. Des hordes de choucas se jettent sur mes poires, ils me regardent avec inquiétude, malgré leur apparence patibulaire, mais il y a largement assez de fruits pour eux et pour moi, ils s’attaquent d’ailleurs aux plus mûrs, qui sont aussi les plus inacessibles, sur les branches du sommet. Je pense au célèbre tableau, emblème du printemps russe « les freux sont arrivés », où l’on voit un bouleau encore dénudé couvert de ces oiseaux noirs. Je pourrais faire un pendant à cette oeuvre : « Les choucas se préparent à partir ! »

Inachevé, pour cause de moustiques...

 

De l’été, c’est le dernier jour,

Limpide et doux comme le miel,

Comme les mots de bel amour

Qu’on adresse au Coeur éternel.

 

L’air est suave et déjà léger

Folâtre, enfantin, lumineux,

Il nous vient de ta bouche, ô Dieu,

Qui respire en tout ce qui est.

 

Au fil fugace des flots verts

Glisse mon corps régénéré,

Sous les nuages à l’envers,

Les vagues des saules grisés.

 

L’eau d’or tour à tour tiède et fraîche

Apporte les fragments perdus,

Cassés, froissés et puis fondus

Du ciel d’azur aux berges rèches...

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