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dimanche 14 février 2021

Recoupements

 Quand même, c'est curieux, la vie, je viens de m'apercevoir que le père Nikita de Donetsk, qui est venu me voir, il n'y a pas si longtemps, était ce même père Nikita, au sujet duquel j'avais traduit un article dans ce même blog, en 2018. Je n'avais pas fait le rapprochement, et d'ailleurs, j'avais même oublié cet article.

 https://chroniquesdepereslavl.blogspot.com/2018/

https://chroniquesdepereslavl.blogspot.com/2020/09/lesperance.html#comment-form

Aujourd'hui, je suis tombée sur un fil de commentaires enragés, sous une déclaration de Poutine comme quoi il ne laisserait pas tomber le Donbass. Ce qui est au plus haut point déplaisant, c'est que ces commentaires sont russes et reprennent exactement mot pour mot les mensonges et la propagande des BHL, Ackermann, Glucksmann, Vitkine etc.... sauf qu'ici, ce sont les Ganapolski et autres journalistes d'Echo Moskvy ou de la chaîne de l'oligarque Khodorokovski, ou encore Navalny et ses navalnichons. C'est-à-dire qu'ici même, au pays du dictateur Poutine, toute une partie des médias reprend exactement les mots d'ordre des nôtres et ment. Purement et simplement, et avec un aplomb terrible. Or Poutine les laisse parler...

Sous cette chape de mensonges, les cris du Donbass ne parviennent à personne. s'ils parviennent, on rétorquera avec le même aplomb, que ces victimes n'ont pas volé leur sort, comme les bobos parisiens le font avec les gilets jaunes éborgnés. C'est-à-dire que pour ces gens, en France ou en Russie, la liberté d'expression, ou les droits de l'homme, sont des concepts réservés à leur seul usage ou à celui de victimes vraies ou fausses, choisies parce qu'elles servent leurs desseins politiques et leurs arrières plans financiers ou leurs règlements de compte personnels. 

Dans ce fil de commentaires, on glapissait l'habituel refrain consistant à mettre la guerre du Donbass sur le dos des menées impérialistes de Poutine, car du côté occidental, il ne saurait y avoir que croisade pour la démocratie naturellement. Curieux que je tombe, en cherchant autre chose, précisément sur cet article au sujet du père Nikita, après avoir lu ce tissu de conneries. Il s'intitule: Mettez la musique plus fort, qu'on n'entende pas qu'on nous tue.

Et c'est bien exactement ce qui se passe. Quand ce sont des Européens qui font la sourde oreille, passe encore. Mais des Russes? 

Il est vrai qu'ils sont russes comme nos bobos sont français: amateurs de monde sans frontières métissé, sous le patronage des usuriers de l'upper class, des surhommes richissimes qui nous veulent tant de bien. Les cris des peuples opprimés ou exterminés ne doivent arriver à leurs oreilles que s'ils vont dans le sens où l'on nous pousse, et qui est celui de notre disparition.

Pour avoir suivi l'affaire depuis le début, traduit abondemment, je sais que les documents que j'ai vus sont vrais, et la preuve en est pour moi, qu'ils sont très peu regardés, ne bénéficiant d'aucun soutien médiatique. S'ils étaient le fruit de la "propagande du kremlin"; s'ils étaient financés, ils auraient une large audience, or même la "propagande du Kremlin" n'a jamais l'audience de ce qui est soutenu par le fric apatride de nos grands bienfaiteurs des lendemains transhumanistes radieux. Ainsi, envers et contre tout, je maintiens que les Russes n'ont pas envahi le Donbass, que malheureusement, Poutine ne l'a pas annexé; que sa population est l'objet d'un plan d'extermination occidental ou plus exactement mondialiste, et se défend comme elle peut, avec un beau courage. C'est même en voyant l'ampleur du mensonge et de la désinformation au Donbass que j'ai perdu toute espèce de confiance dans n'importe quel organe de presse officiel occidental. 

Enfin j'affirme que ce qui se passe là bas est le laboratoire de ce qui nous attend tous, et que ce plan d'extermination concerne autant les européens de souche que les Russes sur leur propre territoire, et que l'Ukraine n'est pas plus indépendante actuellement que ne l'est la Palestine de Tel Aviv. 

Accessoirement, j'ai vu aussi que dans la dictature chinoise, que les mondialistes voudraient bien prendre comme modèle, les gens s'intéressent seulement aux infos censurées qui seules leur paraissent crédibles. 

Dans ce programme d'extermination fourbe et sournois, l'univers "intellectuel" est partout infiltré par des personnages acharnés à détruire la culture locale. Chez nous, le processus remonte à 68. Mais il est également à l'oeuvre en Russie et on ne fait rien, en haut lieu, pour l'enrayer. Il se déchaine à présent afin de réduire la population de nos pays à des ilots résiduels de blancs dégénérés qui ne sauront plus qui ils sont ni d'où ils viennent, et serviront de souffre-douleurs à leurs remplaçants et à la Caste mondialiste qui nous les impose. Il suffit de réécrire leur histoire et de les priver de tous référents culturels ou spirituels leur permettant d'appréhender leur propre culture. La République et les médias ont depuis longtemps effacé la culture populaire qui ne suscite plus que des sarcasmes, pour lui substituer une variété vulgaire dégradante universelle; martelée à la radio, à la télé, dans les supermarchés, une sorte de lavage de cerveau permanent. L'afflux de populations allogènes complètement étrangères à la culture locale va permettre d'achever le boulot. A cela, me répond une Russe, il convient d'opposer une éducation familiale vigilante et solide, et je suis évidemment d'accord, mais ce n'est pas suffisant, car la pression sociale est énorme et l'endoctrinement omniprésent. C'est ainsi que nombre d'ados élevés normalement se désolidarisent de leur famille pour être aussi cons que les autres et ne plus avoir les problèmes d'une mentalité non conforme. Même moi, j'ai fait semblant de m'intéresser à Jonny et Sheila qui étaient tout ce que je détestais le plus au monde, pour ne pas me démarquer de mes copines ou plutôt des copines que je cherchais à avoir. Je suis bien placée pour savoir qu'il n'est pas facile d'être seul contre tous. 

C'est pourquoi je ne cesse de prôner la pratique du folklore, dans un pays qui ne l'a pas encore perdu. Le folklore donne avec la joie de créer, de s'exprimer, de chanter, l'accès à une communauté, il est par essence un facteur de mise en communion. A l'église, on prie dans son coin, à moins de chanter au choeur, si l'on dessine, écrit, lit, on est aussi tout seul, mais la musique traditionnelle et la danse se pratiquent en groupe; elles sont un moyen de communication, un ciment du groupe. Ceux qui reviennent au folklore reviennent en Russie. Ils ne sont pas, comme je l'étais avec mes dessins et ma graphomanie, et mes lectures, isolés et marginalisés. Et ils restent avec leur famille, car ils jouent et chantent en famille, ils se trouvent des conjoints qui chantent aussi, leurs enfants grandissent là dedans, c'est un instrument de résistance humaine, culturelle et spirituelle. Je voyais bien, l'autre soir, l'émerveillement de ceux qui avaient été invités à notre soirée du café où l'on ne cessait de chanter et de jouer.

Du coup, ce soir, j'ai été invitée à manger une fondue chez Benjamin, notre Suisse cosaque. Il habite à ce qui était il n'y a pas si longtemps l'extérieur de Pereslavl et se retrouve cerné par les bâtisses de nouveaux riches, heureusement qu'il a du terrain... 

Il a un petit garçon, Savva, qui paraît très pensif et très observateur, tout l'intéresse, il écoute et sourit. Sa femme est la fille du métropolite vieux-croyant qui a précédé l'actuel métropolite Corneille, et qui lui ressemble un peu, disons qu'il avait le même genre de visage russe très noble. Une fois veuf, son père était devenu moine, puis métropolite.  Elle m'a montré l'album de leur mariage, et les excellentes photos de sa soeur m'ont emplies d'un véritable émerveillement, car on était là vraiment en Russie, d'ailleurs même Benjamin a l'air russe, là au milieu, autant que sa chemise et ses bottes, et la fiancée, en costume vieux-croyant, une robe très simple, très belle, un voile fermé sous le menton, tout semblait si beau et si pur, comme l'écho d'un monde perdu pourtant encore récent. Mais là encore, la communauté des vieux-croyants reste puissante, au point d'avaler tout cru un Suisse de deux mètres, et je le comprends, car Benjamin n'est pas de son temps, heureusement pour lui, il est complètement à sa place là où il est, comme sur ces photos de mariage, avec sa couronne dorée sur la tête et sa chaste fiancée. 

Benjamin pense que Poutine est suffisemment astucieux pour trouver son compte dans le retour de Navalny et les remous provoqués dans la société, il pense que c'est une sorte de diversion. Il s'attend à des changements profonds qui n'iront pas dans le bon sens, en tous cas en Europe, mais éventuellement aussi en Russie, seulement plus tard. Dans 20 ans. Il y a des chances pour que je ne les voie pas, mais je plains son petit garçon Savva ou d'ailleurs tous les enfants de la terre de devoir vivre dans le monde qu'on nous fait.



mercredi 26 décembre 2018

« Mettez la musique plus fort, que l’on n’entende pas qu’on nous tue »



Anna Reviakina
03.12.2018, 07:15
Exclusif
traduction L. Guillon

saint Vladimir de Dokoutchaïevsk
Anna Reviakina, poétesse et publiciste, parle du destin de l’orthodoxie dans les territoires dUkraine hors contrôle, de l’inventaire des saints et de l’importance pour les orthodoxes de rester solidaires.
Le plus affreux qui puisse arriver à l’Eglise Orthodoxe Ukrainienne du Patriarcat de Moscou serait de ne subsister que sur les territoires qui, depuis déjà quatre ans et demie, ne sont plus l’Ukraine. Là est le paradoxe.
L’archiprêtre Nikita Panassiouk
Je suis liée au père Nikita par une vieille amitié et par une petite ville à la frontière de la RP de Donetsk  et de l’Ukraine. Le père Nikita Panassiouk est le premier et le seul recteur de l’église Saint-Vladimir de Dokoutchaïevsk. Du père Nikita émane une sorte de lumière absolue, il a un cœur énorme et des yeux clairs, impossibles à cacher, même derrière des lunettes. Il est le dépositaire et le participant de la légende du célèbre starets, le père Zossime.
Quand les arbres étaient encore grands et que Dokoutchaïevsk vivait dans une complète tranquillité, on fit inopinément au père Nikita la proposition de déménager en Russie, on lui promit une paroisse et une confortable maison. Le père Nikita avait surmonté, avec beaucoup de difficultés, les premières années de son ministère à Dokoutchaïevsk , son troupeau était petit, la ville de travailleurs ne se pressait pas trop de se tourner vers Dieu, le passé soviétique se faisait sentir. Le père Nikita n’avait pas baissé les bras, fait ce qu’il avait à faire dans la petite ville ukrainienne, mais il reçut la proposition d’un ministère en Russie comme une voie que lui ouvrait le Seigneur. 

Le starets de Donestk
Les relations du père Zossime avec le père Nikita étaient paternelles. Le père Zossime avait ce genre de relations avec beaucoup de gens, chaleureuses, bonnes, il donnait de nombreux conseils, il bénissait beaucoup de monde. On venait voir le père Zossime de tous les coins du pays et même des prêtres, et aussi quelques hommes politiques qui se considéraient comme ses enfants spirituels. Il trouvait des mots pour tous , des mots clairs, justes, il prévenait l’un  (comme Ianoukovitch, par exemple), il admonestait l’autre. Bien sûr, le père Nikita alla chercher la bénédiction du père Zossime pour son départ en Russie, le recteur de l’église de Saint-Vladimir ne pouvait pas faire un tel pas sans la bénédiction du starets.
Zossime répondit alors par un refus, il ne le bénit pas, il dit que son enfant spirituel  aurait encore une occasion d’aller servir en Russie. Le père Nikita en fut très désappointé, se rembrunit, ils s’assirent pour prendre le thé ou déjeuner, la conversation était déjà partie sur autre chose, il y avait alentour d’autres prêtres, d’autres questions. Le père Nikita ne participait pas à la conversation, il pensait qu’il s’apprêtait à partir en Russie servir, mais sans bénédiction, bien sûr, rien de bon ne pouvait sortir de ce dessein. Et voilà que le père Zossime se retourne vers le père Nikita et lui dit de ne pas augmenter mentalement son chagrin mais de continuer sa voie sur place à Dokoutchaïevsk. Et à la fin, de nouveau la phrase : «Tu auras encore l’occasion de servir en Russie ! »
Le père Zossime mourut en 2002. En guise de viatique, le starets dit : « …avant de partir pour la vie éternelle, je vous délivre mes dernières paroles, frères, sœurs, et tous ceux qui prient dans notre monastère : accrochez-vous à l’Eglise Orthodoxe Russe, en elle est le salut ». 
Un pays protégé par Dieu
Les frontières de l’église ne coïncident pas, et ne peuvent coïncider avec celles des états. Les états se divisent tous de façon horizontale, or l'église, au contraire, parle de division verticale. Les gens d’église pensent que leur patrie, c’est celle d’en haut. Le rythme de la vie ecclésiale ne correspond pas à celui de la vie de l’état. L’église est une structure plus puissante et plus ancienne que l’état, elle dispose d'une clairvoyance unique. Nous, les habitants d’un état séculier, ne pouvons même pas imaginer ce qu’il y aura sur terre dans un demi siècle. Nous, chrétiens orthodoxes, pouvons exactement donner le jour où tombera la Pâque. Dans cinquante ans, cent ans ou mille ans
« Autrefois, dans la liturgie, nous lisions ainsi : « notre pays protégé par Dieu, ses autorités et ses armées ». Depuis le début de la guerre, nous avons une bénédiction spéciale pour ne pas rappeler les autorités, car ce sont justement elles qui l'ont déclenchée. Maintenant, nous lisons « notre pays protégé par Dieu et son peuple orthodoxe ». Les lignes où nous prions pour les prisonniers ont pris un sens particulier » raconte le père Nikita.
Aujourd’hui l’église est une source de spéculations politiques. Chaque mot prononcé ici, sur le territoire de la République Populaire de Donestk, est entendu là bas, de l’autre côté. Nous pouvons porter, par certaines de nos déclarations, du tort à nos frères sur le territoire ukrainien. C’est justement pour cela que le père Nikita se tait plutôt que d’accepter de commenter quelque chose. C’est pour cela que les frères de la laure de la Dormition de Potchaïev ont publiquement adjuré les gens de croire seulement en l’information qui paraît sur le site officiel de la laure, de ne pas céder aux provocations des médias.
Aujourd’hui, ce qui se produit à Kiev n’a pas de relations avec le meurtre de l’église, il est impossible d’anéantir l’Eglise Orthodoxe Russe. S’il n’y a pas d’église où prier, les gens le feront dans les appartements, les caves, n’importe où. Pour l’essentiel, la coupole de l’église Orthodoxe Russe, c’est le ciel étoilé lui-même, au dessus de la tête de ceux qui élèvent leur prière. Ce qui est terrible, c'est autre chose, c’est qu’on oblige les gens à suivre les schismatiques, ils remplacent la vérité par leur propre demie-vérité à un seul éclairage, attentent cyniquement à la foi, déforment les faits, interprètent le passé, essaient d'acculer le chrétien orthodoxe dans un coin, et l’homme est faible, surtout l’homme contemporain qui est plus souvent conduit que conducteur.
Dans le giron du Christ
En un certain sens, les églises qui sont réparties sur le territoire de la RPD se trouvent en sécurité. « Oui, nous avons des privilèges. Ce dont, bien sûr, nous sommes redevables à nos dirigeants. Ce qui se passe là bas, sur l’autre territoire, dans un sens cela ne nous concerne pas, cette coupe est passée loin de nous, mais d’un autre côté, pouvons-nous ne pas penser à nos frères, aux difficultés auxquelles ils se heurtent chaque jour ? La guerre, c’est notre douleur commune, dit le père Nikita, les premières prières que nous adressons pendant la liturgie c’est pour notre grand seigneur et père sa Sainteté le patriarche de Moscou et de toutes les Russie Cyrille, notre seigneur et père sa béatitude le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine, notre seigneur sa Sainteté le métropolite Hilarion. Prier pour le métropolite Onuphre est aujourd’hui un honneur particulier, c’est justement lui, au moment présent, qui est le soutien de l’Orthodoxie sur le territoire de l’Ukraine. C’est un véritable héros, qui conserve l’unité, console les gens ».
Inventaire des saints
L’église de Dokoutchaïevsk porte le nom du métropolite de Kiev Vladimir (Bogoïavlenski), qui fut glorifié par l’église Russe Orthodoxe en 1992 comme prêtre martyr. Son jour de célébration est le 25 janvier. Il y a cent ans, au concile Panukrainien, fut posée la question de l’autocéphalie de l’église ukrainienne en Ukraine. Le métropolite Valdimir avait alors défendu l’unité de l’église Russe. «A Kiev, c’étaient des temps particuliers, du reste, comme maintenant, dit le père Nikita, une tentative d’ukrainisation, la situation de la laure des Grottes de Kiev était conflictuelle, c’était lié au schisme, et à la révolution. Je parle souvent à mes ouailles avec les paroles du père Zossime et celles du prêtre martyr Vladimir, selon lesquelles il faut rester accroché à l’église orthodoxe Russe ».
Le 25 janvier 1918, cinq soldats armés vinrent trouver le métropolite Vladimir, l’emmenèrent hors de la Laure et le tuèrent férocement, près du rempart de la forteresse de Staraïa Petcherskaïa, non loin de la rue Nikolskaïa. « Les reliques du métropolite Vladimir se trouvent dans les grottes Proches de la Laure des Grottes de Kiev. Aujourd’hui, se déroule l’inventaire de la propriété. En quoi les gens qui le font sont-ils mieux que les mécréants de l’époque soviétique ? demande le père Nikita et il répond lui-même : en rien ! et ils prétendent lutter avec le passé communiste ! Que font-ils, là-bas ? L’inventaire des saints ! les reliques des saints et des justes qui se trouvent à la laure, ce sont aussi des propriétés ? Les gens deviennent fous, mais continuent à se prendre pour des gens ! »
Nous nous tuerons nous-mêmes
Et pendant ce temps, les problèmes humains qui ne concernent pas la guerre et autres folies ne changent presque pas. « Les gens ne changent pas beaucoup, et ils créent les mêmes problèmes, à eux-mêmes et aux autres. Seulement il y a quelque chose qui s’aggrave, dit le père Nikita, et ça me fait mal d’en parler, mais les gens continuent à forniquer et ne craignent pas de tuer leurs propres enfants. La guerre, ce n’est pas seulement la mort par les obus qu’on nous lance dessus. C’est aussi la dégradation morale, c’est la façon sans appel avec laquelle la femme est prête à ne pas recevoir l’enfant que Dieu lui donne. Elle va le tuer. Le nombre des avortements a augmenté. Les gens vont moins souvent se faire arracher une dent que commettre un avortement. Les gens souffrent de perdre leurs cheveux à cause du stress, mais que les enfants tombent de leur mère, tout le monde s’en moque ».
L’Ukraine, en s’enfonçant peu à peu dans l’obscurité de l’insuffisance économique, et maintenant, en plus, dans l’état de guerre, perd la foi non seulement dans le pouvoir mais dans la vie humaine, dans le droit même à cette vie. L’Ukraine occupe la première place en Europe pour les interruptions de grossesse. Près de 20% des habitantes de l’Ukraine par an refusent leurs enfants déjà conçus. En Europe occidentale, cet indicatif est de 3-4 pour cent. En Europe de l’Est de près de 14%.
« On entend souvent la comparaison : comment c’est là bas et comment c’est ici, dit le père Nikita, et ce n’est pas comparer, qu’il faut, mais s’occuper de soi. Les avortements, c’est un fléau à double tranchant ! Et si aujourd’hui on ne nous bombarde pas, nous continuons à faire des avortements, nous tuons notre futur. Nos ancêtres vivaient pendant la guerre bien plus mal que nous mais ils faisaient des enfants. Dans le vrai froid et la vraie faim ».
Plus fort, la musique
Très bientôt ce sera le 19 décembre, la Jour de la Saint Nicolas. Traditionnellement, nous aurons un service ce jour-là dans l’église saint Vladimir de Dokoutchaïevsk, après le service, sera ouvert un marché sur le territoire de l’église, les paroissiens feront cuire des brioches, des pirojki, les cosaques installeront des samovars, on servira le thé à tout le monde. Les moyens récoltés serviront à faire des cadeaux aux enfants. «Fasse le Ciel que cette année, on ne nous bombarde pas. L’année dernière, pour la saint Nicolas, nous étions allés féliciter les enfants de l’orphelinat municipal, il y avait eu un bombardement très puissant, les obus tombaient dans les rues de la ville. Mais nous marchions quand même, nous nous cachions derrière les maisons, nos genoux tremblaient, nos jambes se dérobaient, tellement nous avions peur. Arrivés à l’orphelinat, nous avions félicités les enfants, distribué les cadeaux, le spectacle avait commencé, c’était terrible, certains versaient des larmes, mais on n’a pas supprimé le spectacle. J’ai alors prié et demandé : « Mettez la musique plus fort, que l’on n’entende pas qu’on nous tue ».
« Père Nikita, mais qu’est-ce qui va se passer par la suite ? demandai-je
-Je ne sais pas, répondit le père, mais ce que je sais, c’est que Dieu est avec nous ».

le père Nikita