Translate

lundi 18 décembre 2017

L'hôpital municipal

La statue de saint Luc de Crimée, évêque et prix Staline de chirurgie, qui travailla un temps à Pereslavl Zalesski, devant
l'hôpital municipal
Mon charognard domestique me rapporte toutes sortes d'ordures dans le jardin. Ce matin, c'était un livre de Georges Sand qu'elle était en train de bouffer, où l'avait-elle trouvé? J'ai aussi en magasin un rat congelé, des ossements, diverses épaves de plastique, des chiffons...
En sortant de chez moi, je vois le vieux d'en face qui lui déverse les restes de son repas de la veille. Je ne m'étonne plus qu'elle mange si peu chez moi. Je me récrie et remercie. "Oh me dit le vieux, c'est une chienne si gentille, elle m'accompagne à la pêche chaque fois que j'y vais, et reste couchée près de moi sur la glace, puis elle rentre avec moi.
- J'ai peur qu'elle ne passe sous une voiture, cela lui est déjà arrivé...
- Oh vous savez, elle est très prudente, et même, quand on traverse la rue, elle s'arrête et regarde de chaque côté."
Finalement, elle n'est pas si con, l'expérience lui sert à quelque chose!
Après la pâtisserie, je suis allée à l'hôpital communal pour obtenir le certificat. Outre qu'il n'est guère avenant, j'ai tout de suite redouté une belle galère, une vraie trière romaine. J'arrive au guichet pour expliquer mon histoire, la bonne femme me regarde comme une extraterrestre et m'envoie au cabinet du psychiatre, que je ne parvenais pas à trouver. "Le couloir du milieu! me hurle le gardien.
- Celui de la fin?
- Non, celui du milieu!"
Je ne voyais qu'un couloir, celui de la fin, et ce n'était pas là, c'était juste avant, mais là il y avait la queue, et il fallait avoir reçu un talon pour avoir des chances de passer, mais de tout façon, me dit-on, vous, c'est le narcologue que vous devez voir, le bâtiment rouge au fond à gauche.
Je sors, des bâtiments rouges, il y en avait partout, sans l'ombre d'une indication, y menait un gentil sentier semé de bouteilles, sans doute les clients du narcologue, je les ai suivies comme les cailloux du petit Poucet, puis, perdue, j'ai demandé à un ambulancier: "le GRAND bâtiment rouge, me dit-il, avec les portes en plastique."
J'arrive devant les portes en plastique. Je les regarde comme une poule qui a trouvé un couteau. Un jeune homme en blouse blanche au physique agréable, sorti fumer un clope, me demande ce que je cherche: "le narcologue...
- C'est moi, et c'est à quel sujet?
- C'est pour un certificat comme quoi je ne suis ni alcoolo, ni droguée, ni gâteuse...
- Bon, me répond-il résigné, venez..."
Il regarde sur son ordinateur, si je ne figure pas sur la liste nationale. "C'est n'importe quoi, me dit-il en rédigeant le papier, parce que personne ne peut vous inscrire sur cette liste si vous n'êtes pas d'accord. C'est un truc qu'ils ont encore inventé à Moscou, à cause de toutes les escroqueries, mais cela ne sert à rien."
Qu'à m'emmerder, c'est clair. Mais le narcologue est charmant. "En réalité, me dit-il, vous n'avez sans doute pas tort de venir ici, je suis allé en France dernièrement, on se croirait en Afrique. A Paris, surtout, des quartiers entiers où l'on ne voit plus de Français. Et sur une plage de Catalogne, je pose ma serviette et une troupe de petits noirs se jette avec impudence dessus pour l'occuper! "
Très serviable, il m'emmène quasiment par la main jusque chez le psychiatre, pour m'éviter de revenir le lendemain avec le talon. Le psychiatre me fait entendre un autre son de cloches: "Mais qu'est-ce qui vous a embarquée jusque chez nous? Les gens sont gentils, c'est vrai, mais le climat est dégueulasse, Pereslavl est de plus en plus détruit et abîmé, les fonctionnaires russes sont les pires de la terre, l'orthodoxie elle-même se dégrade, vous n'êtes pas raisonnable! N'importe quel pays serait mieux que le nôtre!"
Heureusement qu'il n'a pas vu, dans mon choix le signe d'un grave dérangement mental, et m'a fait obligeamment mon certificat. Je reconnais que le fonctionnaire russe est grave, mais enfin quand même, d'où vient à certains ici cette conviction inébranlable que leur pays est le pire qui soit? Est-ce que les fonctionnaires européens ne sont pas aussi corrompus que les fonctionnaires russes?

dimanche 17 décembre 2017

CHRONIQUES DES MIRACLES

la Croix avant la révolution

III. LE XX° SIECLE: PERSECUTES
De l’histoire de l’église de l’Exaltation de la Croix et de la Vivifiante Croix du Seigneur
Je termine le scénario et par la même occasion, je poursuis mon thème principal, la propagande de la mémoire : du passé vers le présent.
Dans les archives du musée du Kremlin de Rostov est conservé un traité de 1919 entre les organes du pouvoir soviétique du district et les prêtres du cimetière Nikolski, ainsi s’appelait l’endroit au début du XX°siècle. Les biens de l’église avaient été déclarées propriété du pouvoir soviétique et le bâtiment, les icônes et tout ce qui se trouvait à l’intérieur était à la disposition des croyants pour une période limitée.
En 1925, fut constitué par les collaborateurs du musée un acte selon lequel l’église, les icônes et les objets religieux étaient nationalisés, sous le prétexte d’aide aux affamés de la région de la Volga. Les icônes furent retirées, y compris l’icône miraculeuse de saint Nicolas, celle-là même qui apparut aux bergers du XV° siècle. La crucifixion resta dans l’église, mais ses riches ornements ( et c’étaient 200 kilos d’argent et 100 kilos d’or) furent grossièrement arrachés : la Croix en garde des traces jusqu’à aujourd’hui. On lessiva la dorure des icônes, l’église fut désertée et pillée.
En 1928, fut arrêté le prêtre Jean Dobrotine, qui mourut au camp, et en 1937, le chef de chœur et le dernier prêtre de l’église, Alexandre Sokolov. On ne peut que se perdre en suppositions sur son destin, mais ces suppositions sont terribles. On a conservé l’enquête du serviteur du culte et la liste du clergé de 1934. Sur cette enquête, il y a une note en rouge : prêtre de la mouvance du patriarche Tikhon. A cette époque, c’était la condamnation sans appel, on touchait moins aux rénovateurs…
Après l’arrestation du prêtre et du chef de chœur, le pouvoir antichrétien envoya une commission et le processus de fermeture de l’église commença sous prétexte de son état dangereux, alors qu’elle était parfaitement entretenue. Les paroissiens se battirent désespérément pour leur église, écrivirent un grand nombre de requêtes aux organes de direction, y compris à M. Kalinine :
« Par la présente, nous déclarons au Comité exécutif central de l’URSS de la région d’Ivanovo qu’en juillet de l’année courante 1937, furent arrêtés le prêtre, le chef de chœur, escortés selon la ligne du NKVD, l’église est restée fermée. A l’extérieur comme à l’intérieur, l’église a un aspect convenable et un état parfaitement satisfaisant qui ne menace les croyants d’aucun danger pendant l’accomplissement des rites religieux. »
En guise de réponse fut porté le verdict : « A la requête des réunions générales des membres des kolkhoses « Loutch », Boudennov », « Iskra », « Kommounar », « 1° mai » du Comité exécutif du district d'Ilyinsky, l’église doit être fermée. Considérant que l’église n’est pas du tout en état d’être utilisée, le Comité exécutif du district d'Ilyinsky doit être autorisé à la démolir ».
En 1937, on enleva les cloches, et au bout de trois ans, le bâtiment fut transformé en orphelinat…
LE PERE ADRIEN
Beaucoup de choses qui ont eu lieu ici après la révolution et jusqu’à nos jours sont couvertes de l’ombre du secret. Quand nous avons commencé à restaurer l’église et à remonter le portique du côté ouest, devant le clocher, nous avons dû creuser jusqu’aux fondations. A 10 ou 15 centimètres de profondeur, nous avons trouvé des restes de gens, avec des trous caractéristiques au niveau de la nuque. Les corps de ces gens, près de dix ou douze personnes, étaient jetés en désordre les uns sur les autres.
Quand on enterre quelqu’un, les pieds sont orientés à l’est, la tête à l’ouest. Mais ici, ils sont jetés du nord au sud, n’importe comment. La plupart ont un trou dans la nuque, comme je l’ai déjà dit, le visage détruit. Certains n’ont pas de trou, mais le crâne fracassé. Il est connu que les tchékistes tiraient de deux manières : une balle dans la nuque, naturellement, quand elle ressortait, elle détruisait le visage, une balle dans le cœur, alors la personne ne mourait pas tout de suite, on l’achevait d’un coup de crosse. Selon toute probabilité, cela se passa ici dans les années 20, quand on emportait les biens de l’église sous le prétexte d’aider les affamés de la Volga. Je pense que quelqu’un a dû essayer de résister, comme cela s’est produit à Chouïa : c’est la fusillade regrettablement connue alors des ouvriers de Chouïa, aujourd’hui canonisés parmi les nouveaux martyrs de Russie, qui essayaient de s’opposer au sacrilège, on n’avait pas réussi à le cacher, cela se produisit dans une grande ville. Ici, c’est un village perdu. Et selon toute apparence, le fait de cette exécution massive est resté simplement caché.

La Vivifiante Croix a été sauvée par les habitants du coin, qui l’ont transportée au village voisin de Godenovo, dans l’église saint Jean Chrysostome…


Le père Adrien

L'église du cimetière Nikolski avant la révolution
Alexandrina Viguilianskaïa
traduction Laurence Guillon

CHRONIQUES DES MIRACLES

Je continue à partager les histoires étonnantes des héros de notre film sur le monastère de la Vivifiante Croix du Seigneur
II. LE PERE BARNABE
Je me suis marié, j’ai servi dans l’armée… L’Afghanistan, l’Allemagne, Odessa… Et voilà que maintenant, je sers à nouveau. Mais à côté du service, dans cette vie passée, j’ai eu une longue et étrange passion, celle de faire le soi-disant guérisseur. Au début, j’ai appris le massage sportif, ensuite, les points de contact, ensuite je suis passé au sans contact, je m’occupais d’affaires ténébreuses, comme on dit. Eh bien j’ai commencé à soigner les gens. Ils guérissaient, mais chaque guérison me coûtait la perte d’une dent, voici quelle étrange chose m'arriva. Mais le plus important n’est pas là. Bien sûr, j’en cherchais la raison, je me demandais qu’est-ce donc que cette force, d’où me vient-elle et pourquoi m’est-elle donnée.
Un jour, j’arrivai à Yaroslavl au bureau régional d'enregistrement militaire, j’y recevais ma retraite. Il pleuvait à verse, et pour le bureau, c’était encore tôt : je risquais de me tremper sous cette pluie pendant vingt grosses minutes. Je vis des portes ouvertes qu’empruntaient des gens. C’était l’église du séminaire de Yaroslavl. J’entrai aussi et restai tout de suite figé : les gens du chœur ne faisaient pas que chanter ou lire, ils priaient ! Leurs paroles, leur chant entraient profondément en moi, et je me sentais si bien, mieux que jamais auparavant. Je restais debout, je regardais ma montre et regrettais beaucoup que l’aiguille tournât si vite…
A l’époque, je n’étais pas un pratiquant assidu, mais chaque fois que j’allais à Yaroslavl, j’essayais de tomber justement dans cette église, pour écouter à nouveau le chant merveilleux. C’est là que je fis la connaissance d’un prêtre, le père Igor, que je me confessai à lui pour la première fois et communiai, et un jour, il me conseilla d’aller trouver l’archimandrite Dimitri, supérieur du monastère saint Nicétas à Pereslavl Zalesski. J’avais très envie d’y aller, j’en parlai à ma femme qui me dit : vas-y ! Elle me laissa partir…
Je tombai sur le père Dimitri, et il me parla de la construction de l’église du village Pogost Krest, de la Croix Vivifiante du Seigneur et de la communauté monastique qu’avait fondée le frère du père Dimitri, le déjà défunt higoumène Boris Khramtsov. Le père Dimitri me proposa d’y aller deux jours pour aider à faire l’électricité…
Et voilà, ces deux jours de 2004 ne veulent absolument pas finir.

* * *
On avait diagnostiqué à ma mère, après une opération, une hépatite. Elle se sentait très mal et elle me téléphona un jour en larmes, en me disant qu’elle était en train de mourir. Je priai la Croix Viifiante, je lui demandai son aide et allai la voir. J’arrive et, première chose, je lui demande : « Alors, comment ça va ? »Et elle me répond : « Eh bien voilà, je vais chercher mes analyses. Ils ont mélangé quelque chose, ils en ont prélevé d’autres ». Au bout d’une semaine, elle va chercher ses nouvelles analyses, aucune hépatite.
Eh bien voilà, concluez-vous-mêmes.
* * *
J’ai longtemps souffert de calculs dans les reins. L’échographie et les radios montraient qu’il fallait opérer d’urgence. On me laissa sortir de l’hôpital quelques jours et bien sûr, j’allai vénérer la Croix avec des prières. La nuit, un étrange gargouillement commença dans mes reins, comme une bouilloire qui bout : « bloub, bloub, bloub… » Je ne sentais pas de douleur, j’allai dormir : ça bout, bon et alors ?
Et à lhôpital, après lIRM et les dernières analyses, mon médecin traitant entre dans ma chambre et me demande avec perplexité : «Quas-tu fait de tes calculs ? Peut-être que tu nen avais pas ? » Je lui dis : « Mais cest vous-même qui mavez fait léchographie et la radio ». Le médecin se tut et dit ensuite : « Enfin, tu sais où ils sont passés. Prépare-toi, tu sors demain. Tu nes pas un patient pour nous".

https://www.facebook.com/permalink.php?story_fbid=1731476803600899&id=100002157889785

Alexandrina Viguilianskaïa
traduction Laurence Guillon


Godenovo
Le père Barnabé

СHRONIQUES DES MIRACLES

Ma chère petite amie Alexandrine, Sacha Viguilianskaïa a mené toute une enquête dans la région de Pereslavl pour un film qu'on lui a commandé, et cette enquête s'inscrivant merveilleusement dans le thème de mes chroniques, j'ai décidé de la traduire. Il s'agit de la Croix miraculeuse de Godenovo, dont j'ai déjà parlé. 
Sacha est venue habiter chez moi pour parcourir la région, malheureusement, j'étais à ce moment-là en France. 
Au vu de ce témoignage, je me dis qu'aller à Godenovo confier à la Croix mes problèmes de genou serait peut-être une bonne idée... 



De l’histoire du monastère de la Croix vivifiante du Seigneur, de la Crucifixion miraculeuse et de son destin. J’ai décidé de partager des témoignages divins, puisque on m’a confié de travailler sur un film et que je suis plongée dedans, que les gens apprennent, nous serons plusieurs  à nous émerveiller.
I. Le père Vladimir (de 1980 à 2000, recteur de l’église saint Jean Chrysostome au village de Godenovo. A présent recteur de l’église Dimitri de Salonique au village de Pavlovskoïe district de Rostov.
J’ai officié à Godenovo 20 ans, et beaucoup de choses me lient à la Croix Vivifiante. Même à l’époque soviétique, les gens venaient sans arrêt confier leurs malheurs à la crucifixion miraculeuse : l’un avait un fils drogué, l’autre quelque chose d’autre. Ils venaient, s’installaient dans la maison du gardien, commandaient des offices d’intercession. Et ensuite, ils nous racontaient comment tout s’était arrangé miraculeusement. Et voilà qu’on a amené quand j’y étais un nouveau-né avec une hernie. Nous avons célébré l’office d’intercession, ils ont pris de l’eau bénite et je leur ai donné une prosphore, de l’huile de la veilleuse de la Croix, et quand ils sont allés le faire opérer, les médecins se sont étonnés : il n’y avait plus de hernie. Rien. Comme si on l’avait rêvée.
A un autre petit garçon de quatre ans, les médecins avaient posé un diagnostic terrible : méningite. On l’avait emmené inconscient à l’hôpital, et la mère et le père venaient avec leur dernier espoir. Nous avons également célébré l’office d’intercession, ils ont pris de l’eau bénite, je leur ai donné une prosphore, et je leur ai conseillé de lui bander la tête avec une gaze imprégnée d’eau bénite et de lui en donner à boire. Le petit garçon a bu de cette eau, ouvert les yeux et dit : « Maman, je veux manger ». Alors elle lui a donné la prosphore. Et les médecins ont regardé et dit : « Eh bien nous nous sommes trompés, notre diagnostic n’était pas bon ».
Il y eut encore un autre cas. On avait amené un invalide, un afghan (vétéran  de la guerre d’Afghanistan), il s’appelait Sergui. Il ne pouvait marcher et se déplaçait en fauteuil roulant. Ses proches l’avaient traîné chez les médecins, ils avaient essayé de le guérie, mais rien n’y faisait. Et un jour, il leur dit : « Je connais un endroit où je recevrai la guérison, il nous faut aller là bas ». Il avait entendu parler de la Croix Vivifiante. « Comment irons-nous, c’est si loin ? » lui dirent ses proches pleins de doute. Mais Sergui répond : « Saint Nicolas nous emmènera ». Alors ils se sont préparés : trois amis, sa mère et lui sur son fauteuil. A ce moment-là, il n’y avait pas de route, ils sont allés en voiture jusqu’à Prioziornoïe, et ensuite on l’a porté, là bas, ce sont des marais impénétrables, c’était déjà l’automne, la pluie battante. Ils sont arrivés comme ils ont pu. Nous avons célébré l’office d’intercession, je l’ai oint avec de l’huile sainte, et devant nos yeux, il s’est levé de son fauteuil.

Au départ, je voulais men aller. Parce que c’était très difficile, insupportable. Tous deux avec ma « petite mère », les enfants étaient encore petits, pour tout dire, les bras nous en tombaient. Il fallait envoyer les enfants à l’école, et il n’y en avait pas, là bas. Mais le Seigneur nous a affermis, notre situation s’est améliorée, nous avons tout fait nous-mêmes. De plus, rien que d’entrer dans l’église, c’était déjà la joie, tu t’approchais de la Croix, et c’était tout : nous étions heureux en quelque sorte, tout était normal. Et un jour, c’était à mon avis la saint Nicolas d’hiver, nous célébrions les vigiles, je suis sorti pour la lithie et j’ai levé les yeux vers la Croix, je regarde : des yeux bleus, des yeux humains ordinaires. Et si…graves. Eh bien, la peur m’a saisi, j’ai baissé les yeux, ensuite je les ai levés une deuxième fois, et le regard était déjà comme empreint d’un sourire. Je n’avais raconté cela à personne, seulement à la maison, aux enfants… Depuis les forces nous sont venues et gloire à Dieu. Si on ne m’avait pas muté ailleurs, j’officierais encore là bas…

Le père Vladimir


Alexandrina Viguilianskaïa



traduction Laurence Guillon



samedi 16 décembre 2017

L'âme du peuple


la maison traditionnelle que répare la famille Leïkine
La chanson c’est l’âme du peuple. Notre famille n’a pas toujours les forces de prolonger l’active restauration de notre maison bien-aimée. Et pour nous remonter le moral, nous chantons cette chanson. https://www.facebook.com/100001941877985/videos/1682362061838507/
Quand moi, le père de famille, je m’attriste devant l’ampleur de la tâche, mes fils viennent me voir et me disent : Papa, je vais grandir, je gagnerai beaucoup d’argent et je restaurerai notre maison.
Et cette page, nous l’avons aussi créée pour partager avec vous nos joies et nos découvertes, et recevoir votre soutien dans notre entreprise.
Mais aujourd’hui notre famille demande le principal, ce pourquoi nous nous sommes attelés à cette affaire « désespérée ». Pour nous, être russe, ce n’est pas « LA CRIMEE EST A  NOUS » et « Nous pouvons recommencer ». Bien que nous soyons fiers de nos grands-parents, les arrières-grands parents de nos garçons, et heureux pour les gens de Crimée qui dès la désintégration de l’URSS, souhaitaient entrer dans la composition de la Russie. Mais pour nous, être russe, c’est l’être et non le paraître, aimer son pays, son histoire, être participants à ses racines et à ses traditions, pousser en elles.
C’est pourquoi cela me fait grincer les dents quand, du haut d’une tribune, on nous parle d’exploits éclatants alors que des centaines de milliers de nos combattants (et aussi des Allemands) gisent sans funérailles dans les forêts, les champs, les marais. Quand on parle de la conservation de notre héritage culturel, et que sous mes yeux périssent des dizaines, des centaines de chefs d’œuvre de notre architecture. Quand on parle des CIMENTS SPIRITUELS et qu’on anéantit le « Centre National du Folklore Russe ». En de tels moments, on a parfois simplement envie de (…………)
Je me console en me disant que ce ne sont pas eux mais nous, qui sommes russes. Parce que pour nous, ce ne sont pas des paroles vides, c’est l’air que nous respirons.
Chers amis. Pardonnez-moi ce long texte. Pardonnez-moi ce pathos. Nous continuons notre flash mob pour soutenir le Centre de folklore (pétition au ministère de la culture)
Nous vous demandons de nous soutenir en diffusant tout cela et en vous inscrivant sur notre page. La famille Leïkine

Mikhaïl Leïkine

Песня- душа народа. У нашей семьи не всегда есть силы на то, чтобы активно продолжать реставрацию нашего любимого дома. И чтобы поднять дух мы поем эту песню. Когда я, глава семьи, грущу, видя глобальность задачи, мои сыновья подходят ко мне и говорят:- Папа, я вырасту, заработаю много денег, и восстановлю наш дом.
И эту страничку мы также создали для того, чтобы делиться с вами, радостями и открытиями, и получать вашу поддержку в нашем начинании.
Но сегодня наша семья просит за главное, за то, ради чего мы ввязались в это "безнадежное" дело.
Для нас быть русскими, это не "КРЫМ НАШ", и "Можем повторить" . Хотя мы гордимся нашими дедами, мальчишкиными прадедами, и рады за крымчан, которые еще с распада Союза хотели быть в Составе России. Но для нас быть русским- это быть, а не казаться, любить свою страну, ее историю, быть сопричастным к ее корням и ее традициям, врастать в них.
 
Поэтому меня, коробит до скрипа в зубах, когда с высоких трибун говорят про доблестные подвиги, а сотни тысяч, наших , (да и немецких), бойцов лежат не похороненными по лесам , полям, болотам, Когда говорят про сохранение культурного наследия, и на моих глазах гибнут десятками, сотнями памятники нашей архитектуры, Когда говорят про ДУХОВНЫЕ СКРЕПЫ и уничтожают " Государственный центр русского фольклора". В такие моменты хочется порой просто, (...........).
 
Утешаю себя тем, что это не они, это мы- русские. Потому что для нас это не пустые слова, а то чем мы дышим.
Дорогие друзья. Простите за длинный текст. Простите за Пафос
. Мы продолжаем флешмоб в поддержку "Государственного центра русского фольклора."
https://www.change.org/p/%D0%BC%D0%B8%D0%BD%D0%…/…/39166806…
Казачья песня:" Полно вам снежочки...."
Исполнители и участники: Илья Слоква, Тихон Макар и Герман, подпеваю за кадром, я папа Миша.


vendredi 15 décembre 2017

Nuit polaire

J’ai tout le temps mal au genou, cela me réveille la nuit et contribue à mon épuisement. Le temps est abominable, moins deux plus deux, gel, dégel, patinoire, pataugeoire. Plus, comme dit le père Valentin "la nuit polaire": nous sommes dans les parages du cercle du même nom. Les hivers doux et nuageux sont particulièrement ténébreux!
A court d'argent, je revends mon studio, que d'ailleurs, je n'arriverais pas à gérer à distance. L'acheteur, c'est la nouvelle mode, exige un certificat médical pour être sûr que je ne suis ni gâteuse, ni folle, ni droguée, ni alcoolique, je trouve cela délirant, car chez nous, soit quelqu’un est officiellement sous tutelle, soit, quelque soit sa vie, sa signature est incontestable. Cela va m’obliger à encore une démarche épuisante. Il va me falloir aussi courir à Moscou remettre tous mes papiers à Sacha, l’agent immobilier, puis à revenir signer, il voulait me faire venir aujourd’hui,  mais s’ils tiennent à leur certificat, c’est râpé jusqu’à lundi.
Dans tout cela, et malgré ma faiblesse et ma flemme, ou ma fatigue, la foi me soutient étonnamment. Je dois en avoir plus que je ne le pensais, car cela me soutient vraiment, avec la perspective de ce que je veux mettre en place pour faire connaître et développer le folklore et les traditions russes. Je pense être là pour dire aux Russes de s'aimer tels qu'ils sont, au lieu de continuer à prendre l'Occident comme référence. Et puis mon livre, le tsar Ivan. Parfois, il me semble que son âme me suit et me porte, elle me tourmente, aussi, mais mon amie Sophie a raison, cette âme a de l’amour pour moi, à sa manière. J’en ressens la sollicitude réelle  et aussi l’exigence vampirique et séductrice à mon égard. De sorte qu’à mon avis, il était assez proche de ce que je décris, et que plus ou moins son ascendant sur Fédia devait correspondre à ce que je montre, même si Fédia était probablement plus sauvage et plus coupable que dans mon livre. Cette communication étrange entre ces âmes et moi me défend tout à la fois de croire en un tsar Ivan saint et irréprochable et en celui de la légende noire instaurée par des racontars ou des exagérations. Je ressens une personne à la fois violente et blessée, dominatrice et fragile, dont le génie politique réel, ou le génie tout court, car le tsar était doué pour bien des choses, était habité par des forces contradictoires: c'était un champ de bataille entre les anges et les démons, ce que nous sommes tous, mais disons que dans son cas, la bataille était plus grandiose, et les enjeux plus sérieux. Les conséquences plus tragiques.
Les libéraux ont organisé la projection d’un film ukrainien à la gloire des bataillons néonazis ukrainiens qui commettent des atrocités au Donbass, et cela à Moscou, l’équivalent serait-il concevable à Kiev ? Parallèlement, le ministère de la Culture a brutalement fermé le Centre de Folklore et confisqué ses archives inestimables, de sorte que je me pose vraiment des questions sur les pouvoirs réels de Poutine ou sur son engagement en faveur des traditions russes et de l’indépendance de son pays. Le funeste centre Eltsine, en revanche, fonctionne très bien, à Ekaterinbourg, et travaille à la division de la Russie, à sa mise en cause permanente, à la calomnie de son histoire, à la destruction de sa mentalité et de son génie propre. Comment ce centre est-il toléré par Poutine ? C’est un foyer d’infection, installé par les Américains. Comment cela a-t-il été possible ? Une correspondante russe installée en France me dit qu’une de ses connaissances russes vomit la Russie, choisit le catholicisme, proclame que rien de bon ne peut sortir de son pays, qu’il faut le mettre sous tutelle internationale, bref, le discours libéral empoisonné du Centre Eltsine. La tradition des occidentalistes qui ont amené autrefois la révolution, et voudraient à présent achever le travail. Des Russes incapables d’apprécier leur propre civilisation, prêts à trahir. Je les ai toujours eu en horreur. Que j'ai choisi la Russie ne me fait pas cracher sur la France, ni décréter que jamais rien de bon n'en est sorti. Mais ces "Russes" là ne connaissent pas leur propre pays, leur propre tradition, ni leur propre foi.
En face, nous sommes divisés entre nostalgiques de Staline et du communisme et nostalgiques de la sainte Russie. Personnellement, j’étais prête à dépasser ce clivage, mais l’agressivité de ces néo communistes qui nient effrontément les répressions et les crimes ou profèrent qu’il n’y en a pas eu assez et qu’il faudrait recommencer m'est insupportable, et je ne peux pas en passer par où ils veulent, c’est-à-dire justifier tout cela.  Installer une sorte de socialisme orthodoxe, pourquoi pas ? Mais justifier les crimes, les massacres, et les destructions inouïes du patrimoine matériel et immatériel, non.
Soljenitsyne avait envisagé des solutions russes assez proches de ce socialisme orthodoxe (et des communautés médiévales) dans « Comment réaménager notre Russie », mais les néocommunistes sont beaucoup trop soucieux de le calomnier, afin de justifier leurs chers massacreurs, pour lire vraiment ce qu’il a écrit.
Je crains que les éléments corrupteurs à l’œuvre ne finissent par pourrir la Russie de l’intérieur. Alors la nuit complète tombera sur le monde. Ce sera la fin.
Et peut-être qu'il doit en être ainsi, avant le second Avènement, mais que notre petit troupeau soit au moins le plus important possible. J'ai lu un post décrivant les atrocités commises envers les croyants au moment de la révolution. Je n'ai pas eu le courage de le traduire et du reste, ce sont surtout les Russes qui ont besoin de le lire. Mais une chose m'a frappée plus particulièrement: des paysans étant venus en foule défendre leur icône de la Mère de Dieu confisquée, on les a mitraillés sans pitié, et ceux qui n'étaient pas encore tombés continuaient à avancer, hommes, femmes et enfants, en invoquant la Mère de Dieu, jusqu'à ce qu'il n'en restât plus un seul en vie. 

.В Шацком уезде крестьяне собрались к зданию ЧК выручать конфискованную Вышенскую икону Божией Матери. Красноармейцы открыли огонь по толпе. Очевидец рассказывал: " Я солдат, был во многих боях с германцами, но такого я не видел. Пулемет косит по рядам, а они идут, ничего не видят, по трупам, по раненым лезут напролом, глаза страшные, матери — детей вперед, кричат: " Матушка Заступница, спаси и помилуй, все за Тебя ляжем!" Страха уже в них не было никакого"."
(Прот Владислав Цыпин, ИСТОРИЯ РУССКИЙ ЦЕРКВИ, 1917-1997)

C'était cela, cette moisson de martyrs que faisait le Seigneur dans la montée des ténèbres, c'était cela, la sainte Russie. C'est avec elle que je veux être au jour du jugement. Pas avec ceux qui l'ont martyrisée, ni avec ceux qui la vendent aux Américains. Ceux-là appartiennent au diable, non seulement par leurs péchés, mais surtout par le culte qu'ils lui vouent: adorateurs déterminés de Belzébuth et de Moloch. Les péchés, nous en sommes tous pourris, qu'y faire, sinon confier à Dieu notre pauvre personne dolente afin qu'il la guérisse... Mais se prosterner devant de noires idoles et sacrifier des vies sur leurs autels, cela est grave, cela exige un repentir profond, pas des fanfaronnades ni de nouveaux appels au meurtre ou à la trahison.




jeudi 14 décembre 2017

climatodépendance

Depuis quelques jours, je suis extrêmement fatiguée. Il faut dire que la température hésite entre moins deux et plus deux, et qu'il n'y a rien de pire. L'hiver de l'année dernière, à la température stable au dessous de zéro, était une vraie bénédiction et d'ailleurs, je pétais le feu. Là, j'ai la tension dans les chaussettes, il faut aller la récupérer et la remonter à coup de café et de thé sucré, et en plus, je traîne la patte...

La jambe me fait mal,
Boute selle, boute selle,
La jambe me fait mal
Boute selle à mon cheval...

Ce matin, je voulais prendre un taxi pour aller à la pâtisserie, car ce qui avait fondu hier avait gelé pendant la nuit, mais naturellement, toute la ville ayant constaté la même chose, il n'y avait pas de taxis de libres,et je suis allée à pied à l'arrêt de bus, à quatre ou cinq cents mètres d'ici, les faire sur la patinoire, ce n'est pas rien. On étudie chaque pas qu'on fait, en se demandant si on n'ajoutera pas bientôt la fracture du col du fémur à l'arthrose du genou, est-ce bien à moi qu'il arrive de me faire de telles réflexions? Eh oui. Je suis dans la peau d'une vieille peau.
Mon imbécile de chienne s'est plutôt calmée, mais elle a une nouvelle manie, aboyer comme une dingue au milieu de la nuit. La chose se prolongeant, je suis sortie pour essayer de la faire rentrer. Elle circulait en me faisant des pieds de nez et des bras d'honneur et j'ai laissé tomber: la poursuivre en chemise de nuit et bottes de feutre sur la patinoire n'est plus de ma compétence ni de mon âge. J'en venais presque à souhaiter qu'un voisin lui file un coup de fusil, tant l'amusement se prolongeait. D'un autre chien, on eût pu attendre qu'il se lassât. Mais Rosie est inlassable, et un autre crétin canin dans le lointain lui renvoyait la balle avec une extraordinaire obstination.
De sorte que je n'ai encore pas pu dormir normalement.
Mais ce qui illumine mes jours, c'est la perspective du concert avec Paramonov, et les petits garçons dont j'ai publié la vidéo, l'accordéoniste et ses frères danseurs. Ce sera un grand moment!

Ajouter une légende