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dimanche 17 décembre 2017

CHRONIQUES DES MIRACLES

la Croix avant la révolution

III. LE XX° SIECLE: PERSECUTES
De l’histoire de l’église de l’Exaltation de la Croix et de la Vivifiante Croix du Seigneur
Je termine le scénario et par la même occasion, je poursuis mon thème principal, la propagande de la mémoire : du passé vers le présent.
Dans les archives du musée du Kremlin de Rostov est conservé un traité de 1919 entre les organes du pouvoir soviétique du district et les prêtres du cimetière Nikolski, ainsi s’appelait l’endroit au début du XX°siècle. Les biens de l’église avaient été déclarées propriété du pouvoir soviétique et le bâtiment, les icônes et tout ce qui se trouvait à l’intérieur était à la disposition des croyants pour une période limitée.
En 1925, fut constitué par les collaborateurs du musée un acte selon lequel l’église, les icônes et les objets religieux étaient nationalisés, sous le prétexte d’aide aux affamés de la région de la Volga. Les icônes furent retirées, y compris l’icône miraculeuse de saint Nicolas, celle-là même qui apparut aux bergers du XV° siècle. La crucifixion resta dans l’église, mais ses riches ornements ( et c’étaient 200 kilos d’argent et 100 kilos d’or) furent grossièrement arrachés : la Croix en garde des traces jusqu’à aujourd’hui. On lessiva la dorure des icônes, l’église fut désertée et pillée.
En 1928, fut arrêté le prêtre Jean Dobrotine, qui mourut au camp, et en 1937, le chef de chœur et le dernier prêtre de l’église, Alexandre Sokolov. On ne peut que se perdre en suppositions sur son destin, mais ces suppositions sont terribles. On a conservé l’enquête du serviteur du culte et la liste du clergé de 1934. Sur cette enquête, il y a une note en rouge : prêtre de la mouvance du patriarche Tikhon. A cette époque, c’était la condamnation sans appel, on touchait moins aux rénovateurs…
Après l’arrestation du prêtre et du chef de chœur, le pouvoir antichrétien envoya une commission et le processus de fermeture de l’église commença sous prétexte de son état dangereux, alors qu’elle était parfaitement entretenue. Les paroissiens se battirent désespérément pour leur église, écrivirent un grand nombre de requêtes aux organes de direction, y compris à M. Kalinine :
« Par la présente, nous déclarons au Comité exécutif central de l’URSS de la région d’Ivanovo qu’en juillet de l’année courante 1937, furent arrêtés le prêtre, le chef de chœur, escortés selon la ligne du NKVD, l’église est restée fermée. A l’extérieur comme à l’intérieur, l’église a un aspect convenable et un état parfaitement satisfaisant qui ne menace les croyants d’aucun danger pendant l’accomplissement des rites religieux. »
En guise de réponse fut porté le verdict : « A la requête des réunions générales des membres des kolkhoses « Loutch », Boudennov », « Iskra », « Kommounar », « 1° mai » du Comité exécutif du district d'Ilyinsky, l’église doit être fermée. Considérant que l’église n’est pas du tout en état d’être utilisée, le Comité exécutif du district d'Ilyinsky doit être autorisé à la démolir ».
En 1937, on enleva les cloches, et au bout de trois ans, le bâtiment fut transformé en orphelinat…
LE PERE ADRIEN
Beaucoup de choses qui ont eu lieu ici après la révolution et jusqu’à nos jours sont couvertes de l’ombre du secret. Quand nous avons commencé à restaurer l’église et à remonter le portique du côté ouest, devant le clocher, nous avons dû creuser jusqu’aux fondations. A 10 ou 15 centimètres de profondeur, nous avons trouvé des restes de gens, avec des trous caractéristiques au niveau de la nuque. Les corps de ces gens, près de dix ou douze personnes, étaient jetés en désordre les uns sur les autres.
Quand on enterre quelqu’un, les pieds sont orientés à l’est, la tête à l’ouest. Mais ici, ils sont jetés du nord au sud, n’importe comment. La plupart ont un trou dans la nuque, comme je l’ai déjà dit, le visage détruit. Certains n’ont pas de trou, mais le crâne fracassé. Il est connu que les tchékistes tiraient de deux manières : une balle dans la nuque, naturellement, quand elle ressortait, elle détruisait le visage, une balle dans le cœur, alors la personne ne mourait pas tout de suite, on l’achevait d’un coup de crosse. Selon toute probabilité, cela se passa ici dans les années 20, quand on emportait les biens de l’église sous le prétexte d’aider les affamés de la Volga. Je pense que quelqu’un a dû essayer de résister, comme cela s’est produit à Chouïa : c’est la fusillade regrettablement connue alors des ouvriers de Chouïa, aujourd’hui canonisés parmi les nouveaux martyrs de Russie, qui essayaient de s’opposer au sacrilège, on n’avait pas réussi à le cacher, cela se produisit dans une grande ville. Ici, c’est un village perdu. Et selon toute apparence, le fait de cette exécution massive est resté simplement caché.

La Vivifiante Croix a été sauvée par les habitants du coin, qui l’ont transportée au village voisin de Godenovo, dans l’église saint Jean Chrysostome…


Le père Adrien

L'église du cimetière Nikolski avant la révolution
Alexandrina Viguilianskaïa
traduction Laurence Guillon

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