IV LES NOMS : LA MONIALE SYNCLETIA SMIRNOVA
De l’histoire de la Croix Vivifiante du Seigneur. La suite.
Alevtina Ivanovna Kouznesova :
« Ma grand-tante, tante Setia, comme jel’appelais,
était née en 1881 dans le village de Baskatch, non loin de Nikolski Pogost. Un
jour, alors qu’elle avait quatorze ans et se promenait avec des amies, tante
Setia vit un convoi d’un monastère de Pereslavl, ce monastère était pauvre et
les moniales demandaient la charité. Le fait est que ma grand-tante avait rêvé
de ce convoi la veille, et d’après ce rêve, elle savait précisément qu’elle devait
le suivre. La fillette se jeta à sa suite, et les moniales la prirent avec
elles à Pereslavl. Ses parents à leur retour la cherchèrent partout, et ses
amies leur racontèrent tout. On la trouva au monastère saint Théodore à
Pereslavl, mais la fillette refusa de revenir à la maison. Les parents
décidèrent que c’était une tocade provisoire et partirent sans rien. La même
chose se reproduit à leur seconde visite et ils virent que se déroulait déjà sa
tonsure. Mon arrière-grand-mère
s’évanouit dans l’église ».
A l’époque du pouvoir soviétique, le monastère saint
Théodore partagea le destin de la plupart des églises orthodoxes. Au début, on
le transforma en commune agricole, et au milieu des années 20, on le ferma. Son
dernier prêtre, Nikolaï Dounaïev, fut passé par les armes en 1937, la
supérieure, l’higoumène Olympiade Gueorguievskaïa, fut arrêtée. Après la
fermeture du monastère, Synclétia revint à sa région natale et s’installa à
Godenov, auprès de l’église saint Jean Chrysostome. Bientôt en fut arrêté le prêtre,
Nikolaï Vedenski. A ce moment, furent
aussi victimes des répressions le clergé de l’église de l’Exaltation de la
Croix, du cimetière voisin de saint Nicolas, l’église fut-elle-même désertée et
pillée, et transformée en orphelinat. Les paroissiens, qui avaient sauvé la
Croix Vivifiante, l’avaient transportée à Godenovo. La moniale Synclétia
elle-même raconte les détails du transport de la Crucifixion miraculeuse.
PROCES VERBAL DE L’INTERROGATOIRE DU TEMOIN SMIRNOVA SYNCLETIA
MIKHAILOVNA, STAROSTE DE L’EGLISE DE GODENOVO, 14 mars 1941.
Question :
- C’est quoi cette croix que le père Nikolaï Vvedenski a
acquise pour sa paroisse ?
- La Croix Vivifiante a été apportée par les croyants du
district d’Ilinsko-Khovanskoïe de la région d’Ivanovo, en accord avec le père
Nikolaï et le conseil de la paroisse. Mais ce n’est pas pour toujours, juste le
temps qu’ils se construisent une chapelle. Cette Croix est vivifiante, elle a
plus de 500 ans. Le père Nikolaï a conseillé de l’emporter dans un endroit
isolé, pour qu’elle n’attire pas trop de monde. Et malgré tout, beaucoup de croyants viennent, ils viennent d’autres
districts et régions, comme par exemple, de la région d’Ivanovo, du district de
Rostov de la région de Yaroslavl, et aussi d’autres paroisses. »(Les
prêtres Alexis Prozorov et Sergueï Veriovkine étaient passés au sujet d’une
affaire à régler avec Nikolaï Vvedenski, recteur de l’église de Godenovo)…
A partir de 1940, la moniale Synclétia protégea l’église des
pillages. Des commissions étaient périodiquement envoyées pour fermer l’église et chaque fois, instruite
par de bonnes gens, elle fermait les portes, elle se préparait un balluchon
avec des provisions et partait pour le marais Sakhoskoïe. La mère s’y cachait des
semaines. Cela se passa plus d’une fois.
La commission venait, l’église était fermée, la décision
était remise à plus tard. A la prochaine venue, c’était la même chose. C’est
ainsi que par miracle, l’église n’a pas été fermée…
Un exploit ? C’en est un…
Alexandrina Viguilianskaïa
Traduite par Laurence Guillon
Pogost Krest avant la révolution |
la Croix Vivifiante |
Le monastère saint Théodore avant la révolution |